Suite et fin de mes explorations de choses dont je ne parle pas - en général - mais qui font toujours partie des voyages...
Mon systeme digestif est en bonne voie de récupération de ses moyens et me confirme que je reprendrai la route demain.
Ainsi, j'ai encore un peu de temps à Lima pour vous confier tout ce que vous ne voulez pas savoir sur les toilettes latino-américaines.
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Les toilettes sont un sujet dont on ne parle à peu près jamais. Que ce soit dans un journal de voyage, journal de bord, journal personnel, ou bien dans les romans ou contes, il est très très rare que l'on parle des toilettes.
(Une exception célèbre, le film Pulp Fiction, dans lequel le personnage joué par John Travolta est toujours aux toilettes lorsqu'il se passe quelque chose d'important, mais comme c'est du Tarantino, normal que ca sorte de l'ordinaire).
Mais je m'égare...
Si je veux parler des toilettes latinos, c'est en partie pour informer les gens qui n'ont jamais vécu l'expérience, et en partie pour rappeler de bons souvenirs à mes lecteurs qui connaissent bien le sujet (ou tente justement de l'oublier, hehehe).
Mise en contexte: Ce billet étant rédigé du point de vue d'un résident natif du Canada, voici un résumé essentiel pour apprécier la suite et comprendre en quoi les toilettes latinos sont un petit choc culturel.
Pour un nord-américain moyen, une toilette, c'est quelque chose de simple, que l'on trouve un peu partout, et dont l'usage est gratuit, meme dans les lieux publics. Le fonctionnement est simple; vous faites ce que vous devez y faire, jetez tout dans le bol (qui a une forme de Stade Olympique de Montréal, hehe) et tirez la chaine. De l'eau vient nettoyer et emporter tout ca dans un autre univers. Fin de l'aventure toilettes.
Si vous avez un soudain besoin naturel en public, vous repérez une toilette publique, quelque part non loin, dans un immeuble à bureaux, un centre commercial, un restaurant, un café, une bibliothèque publique, allouette...
Fin de la mise en contexte.
En Amérique latine, l'aventure toilette est souvent plus ardue à vivre...
On trouve de toutes sortes de toilettes en Amérique latine, je m'en voudrais de généraliser ici, coyez-moi. On trouve des toilettes sèches (hum), des trous dans le sol avec une plaque de béton autour (re-hum), des toilettes turques (guère mieux), et des bols (ah, les stades olympiques!).
Mais voici en quoi meme les toilettes-avec-bol se distinguent des toilettes nord-américaines; il manque généralement un siège, un réservoir d'eau ou une chaine (ou poignée), du papier, une serrure (quand il y a une porte) et souvent, il manque un peu de tout ca et un évier à la sortie aussi...
Je sens que je tourne autour du pot...
Je me rends compte qu'il est difficile de parler de toilettes sans tomber dans le grotesque... Hum, voilà pourquoi on n'en parle jamais dans les romans, tiens! Hehehe... Je sens que je vais m'enfoncer mais je poursuis. Alons-y simplement... Faisons une liste.
Ce qui étonne en général, ici, c'est que:
1. Il n'y a pas de papier. Apportez votre papier semble la règle. Parfois meme dans les hotels où vous louez une chambre, mais pas toujours. On peut parfois acheter quelques carreaux de papier à une madame-pipi.
2. Le papier ne va pas dans la toilette après utilisation. Il va dans une poubelle. Je sais. Yark. Mais c'est ca ou bloquer la toilette en tirant la chaine. Vous voulez vraiment bloquer une toilette latino en tirant la chaine? Moi non.
3. L'odeur. Oui, avec ce papier usagé dans une poubelle, le plus souvent à ciel ouvert... Je vous passe les détails.
4. Une fois sur cinq, environ, il n'y a pas de chaine ou d'eau anyway. Il y a quelqu'un (si vous etes chanceux, sinon, vous devez le faire vous meme) qui ramasse de l'eau au seau dans un gros baril et qui vide le seau dans la toilette pour flusher.
5. Les toilettes ne sont jamais gratuites. Parfois, le paiement est différent si vous les prenez avec quelques carreaux de papier ou sans. No kidding. Au Pérou, par exemple, ca peut etre de 50 centimos avec et 40 sans. (rappel: 10 centimos = environ 3 cents canadiennes).
6. "Touriste", en español, ca se dit turista. Oui, oui, c'est délicat, mais ca fait partie des résultats de ceux qui sont passés avant vous aux toilettes parfois. Car...
7. Les toilettes sont rarement propres. Les poubelles (voir point no. 2, si si) sont souvent débordantes et leur contenu se retrouve par terre... sans parler des kids qui urinent par terre également... bref, retour au point no. 3 mais avec du visuel en plus.
8. Les toilettes sont difficiles à trouver. Dans les coins plus modernes, les plus grandes villes, alors oui, il y a des installations un peu partout, mais dès que vous sortez un peu, vous etes cuits. Ce qui amène...
9. Les locaux décident de se soulager un peu partout. C'est particulièrement vrai avec les enfants, qui urinent n'importe où, mais on trouve aussi des "no.2" dans des coins pas si éloignés ou cachés que ca... (Que voulez-vous, j'ai décidé de couvrir le sujet!)
10. Les neuf points précédents varient en fonction des régions et surtout, des pays. Il y a directe corrélation entre le niveau de vie et d'éducation et le niveau de salubrité des toilettes, c'est aussi simple que ca.
Quelques notes en terminant:
D'abord, précisons que l'Argentine se distingue par ses toilettes contemporaines (européennes) qui sont, dans les hotels, memes accompagnées de bidets. L'Argentine est aussi le seul des pays que j'ai visité à disposer de la plomberie fonctionnelle pour que l'on dispose du papier dans la toilette. C'est aussi le pays où les toilettes publiques sont les plus propres, et souvent gratuites. une exception culturelle, quoi!
La Bolivie obtient facilement la palme des pires toilettes et systemes sanitaires. Elle obtient aussi la palme du nombre de personne que j'ai vu se soulager en public, incluant les jeunes enfants que les mères tiennent au-dessus de la rue, en demeurant sur le trottoir, et en leur enlevant leurs culottes pour qu'ils se soulagent dans la rue, au risque d'aroser les passants! (Vé-ri-dique).
Les grandes villes sont nettement mieux équipées en toilettes que les petis pueblos.
La seule valeur sure pour aller aux toilettes à peu de frais et dans un endroit très propre un peu partout sur le continent: Les restaurants McDonald's! :-)
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Et je conclue sur une citation de Che Guevara... question de donner à ce billet une aura de respectabilité :-) hehehehe...
(Rappel: Le Chili est le premier pays où Che est allé en quittant son Argentine natale pour son premier voyage en Amérique du Sud. Premier choc culturel).
"Les toilettes sont sales. On ne se próccupe guère de propreté au Chili. Les chiliens ont l'habitude (qui est répandue partout en Amérique du Sud, comme j'allais le constater par la suite) de ne pas jeter le papier usagé dans la toilette mais par terre ou dans une corbeille."
-- Ernesto Che Guevara, Diarios de motocicleta (ma traduction).
(Il s'agit d'une note ajoutée à son journal, probablement aux alentours de juillet-aout 1952)
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(Notez que je n'ai pas décidé d'agrémenter ce billet de photos :-)
J'aurais pas cru pouvoir résumer ce qu'on peut penser des toilettes en Amérique latine, mais tu l'as très bien fait Hugues !! C'est toujours un stress se lancer dans une toilette inconnue! Je rajouterais peut-être le choc du retour ! Ca me prend toujours quelques jours pour recommencer à jeter le papier dans les toilettes sans avoir à y penser! Mais je traîne quand même toujours encore du papier de toilette dans ma sacoche !
RépondreSupprimerHahaha,
RépondreSupprimerMerci Hélène, j'avais oublié ce détail !
(Moi aussi je me retrouve à trainer du papier dans mon sac de jour pendant quelques semaines!)
Je me permets de publier également le commentaire de Agnès, recu à part:
RépondreSupprimer"La citation du Che donne une certaine classe à ton billet! Ton résumé me rappelle, claro, pas mal de souvenirs... en Bolivie notamment. Depuis j'emporte un jupe longue lors de voyages de ce genre, au cas où!! Bonne continuation, Agnès."
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Et j'ajouterais aussi un détail que j'avais oublié.
Comme la plomberie latino (un sujet complexe et fascinant en soi) n'est pas rendu à l'installation des tuyaux en forme de S sous les drains, l'odeur d'égout est omniprésente dans les toilettes latinos meme les mieux tenues, meme dans les petites auberges propres...
Hugo
Merci de ce billet, Hugues. C'est donc clair : si je vais un jour en Amérique du Sud, ce sera en Argentine seulement.
RépondreSupprimerJoël Champetier
Hahaha...
RépondreSupprimerMais il ne faut pas se priver des autres "beautés naturelles" pour cette raison, bien sur!
Cher Joel,
RépondreSupprimerComme si tout ca n'était pas assez déjà, il ne faut pas oublier que notre délicat systeme digestif d'occidental a un comportement parfois... euh... imprévisible dans ces pays d'Amérique Latine... et que, paradoxalement, la dernière chose dont on a besoin en cas de panique, c'est d'une toilette latino!:-)
"Vous ne savez pas ce dont est capable votre systeme digestif tant que vous n'avez pas passé quelques mois en Amérique latine"
- Confidence d'une voyageuse préférant demeurer anonyme, juillet 2007.
Hugo, intarrissable sur le sujet :-)