vendredi 28 septembre 2007

Cultures pré-Incas/Incas en Équateur: Rumicucho

Avouez que vous avez cru pendant quelques jours que j'en avais terminé avec mes explorations de sites de cultures et civilisations pré-Incas et Incas.
L'Empire Inca, à son apogée, s'étendait jusqu'au sud de l'actuelle Colombie, c'est dire qu'il comprenait la plupart du territoire couvert aujourd'hui par l'Équateur (à l'exception de l'amazonie). Évidemment, ici comme ailleurs, il y a eu des cultures et civilisations avant que les Incas ne conquièrent le territoire. Entre autres... les Caras, Paititis, Cañaris et la culture Quitu.
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En Équateur, contrairement au Pérou, les sites archéologiques sont très peu exploités, développés, voire pas du tout excavés dans certains cas. Et comme ils ne sont pas très exploités touristiquement, il y a peu d'infrastructures disponibles, donc encore moins de visiteurs qui font l'effort de s'y rendre. Les plus importantes ruines du pays sont actuellement à Ingapirca, et pour s'y rendre, une fois à Cuenca, au centre du pays, il faut se taper deux heures de bus sur une route de terre battue...
Aujourd'hui, question de poursuivre mes explorations au maximum avant de rentrer, j'ai donc fait l'effort de prendre le bus, puis le métro, puis le bus, puis une camionnette, pour me rendre visiter le tout petit site de Rumicucho, à quelques kilomètres au nord de Quito.
Comme pour prouver que ce ne sont pas tous les touristes qui font le trajet, j'étais le seul et unique visiteur du site (cout d'entrée 1$) pendant les 45 minutes que j'y suis resté.
Anecdote: Rumicucho est situé environ 1,5 km au nord de la ligne équatoriale, donc je me suis baladé dans l'hémisphère nord de la terre pour la première fois depuis 4 mois :-)
J'ai pu me rendre à Rumicucho, donc, et mon guide-chauffeur de camionnette, Fernando, était intéressant, mais plus désireux d'impressionner par l'énergie dégagée par les conjonctures solstices, équinoxe, constellations, allignement, équateur terrestre, etc, que par l'archéologie et l'histoire de cette culture. Je reste donc sur ma faim coté informations historiques.
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Et ces informations sont tellement vagues et contradictoires que je ne peux meme pas vous dire qui a érigé Rumicucho avec certitude.
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Rumicucho ("pierre angulaire", en Quechua) était un site cérémoniel, et la chose est assez évidente quand on visite ses ruines. Le site, excavé à moitié, nous fait découvrir les ruines d'une pyramide tronquée d'une forme oblongue dont le dernier pallier adoptait une forme ovale. Il s'agirait d'un site érigé par la/les culture/s Quitu-Cara. On sait peu de choses de cette/ces culture/s (ou en tout cas on ne transmet pas ce savoir au visiteur, l'entrée étant gardée par une personne pour vendre le billet à 1$, aucun plan ou information supplémentaire n'est disponible). Toutefois, la forme et l'orientation des ruines du temple trahissent la fonction du site.
Et son emplacement, au sommet d'une coline, trahit autre chose aussi: Une influence Inca.
Ça se complique :-)
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Directement au nord, le site offre une vue du volcan Cotacatchi, alors que directement au sud, on peut voir le Cotopaxi (beau choix d'emplacement, non?). À l'ouest, le cerro Marca et droit à l'est, le sommet du volcan Cayambe, qui lui, est situé directement sur la ligne équatoriale. Le dessus de la grande pierre centrale sur le pallier suppérieur est concave et devait contenir de l'eau pour faire un miroir astronomique. On peut donc imaginer le site comme l'emplacement idéal pour faire des cérémonies, et pour observer le ciel. Sa forme en pallier et ses murs laissent croire qu'il aurait aussi pu s'agir d'une forteresse (d'où les suppositions que le site aurait été érigé par les Incas lors de la conquete de ce terriroire au XVe siècle). Par contre, personnellement, je n'ai pas été convaincu par l'aspect stratégique forteresse de l'endroit. Le site n'est pas très étendu, et s'il s'agissait d'une forteresse, elle n'abritait pas des centaines de guerriers... or les tribus des environs étaient nombreuses...
On a découvert le site de Rumichuco dans les années 1950, puis on l'a un peu excavé, puis remis au gouvernement, qui l'a laissé dans l'oubli pendant plus de 20 ans, avant de le protéger à titre de patrimoine culturel. Ainsi, une partie des roches a été ramasé par les résidents des environs qui les ont utilisées pour batir leurs maisons... (soupir).
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On a longtemps cru que les Quitu qui avait érigé le temple de Rumicucho avaient tenté de l'installer sur la ligne équatoriale, en faisant une légère erreur de 1,5 km. Mais en 2003, sur le mont en face, juste au sud, on a découvert deux plate-formes concentriques, dont une daterait de l'époque Quitu (l'autre aurait peut-etre été utilisée par les Incas?). Ces plate-formes, sur le Katikilla, sont situées directement à la latitude 0º,0', 0".
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Quelques photos explicatives.


Une vue d'ensemble des palliers les plus élevés de Rumicucho, tel que présenté au visiteur aujourd'hui. Les murs, considérablement larges, étaient constitués de deux rangées de pierres, jointes par une sorte de mortier fait de boue séchée. Définitivement pas similaire à l'architecture Inca observée ailleurs pendant mon voyage.


Vue d'ensemble du secteur nord, prise du sommet du pallier suppérieur. Au loin, à droite, on voit une forme ovale, j'y reviendrai plus loin, car ce lieu était important lors du solstice. Notez aussi la poussière qui lève au vent au loin à gauche, la vallée de la Mitad del Mundo est un endroit très sec et secoué de très forts vents.

Voilà la partie nord du site. Au solstice, le soleil arrive directement entre les montagnes que vous voyez au fond, et à ce moment, les rayons du soleil éclairent directement le centre de cet ovale. L'ovale, lui, fait très "Temple du soleil Inca", ce qui obscurcit le mystère entourant Rumicucho...


On ne le voit pas beaucoup, puisque sa cime est cachée par les nuages, mais tout au loin, au centre, c'est le volcan Cayambe (cime recouverte de neige), situé sur l'équateur terrestre. À l'équinoxe, le soleil se lève directement sur le sommet volcanique.

Autres vue d'ensemble des niveaux suppérieurs de la pyramide, pour ce qu'il y en a d'excavé. Tout autour, j'ai pu repére des roches et structures basses sur au moins deux niveaux inférieurs, et j'ai estimé qu'il devait y en avoir un troisième plus bas, selon la forme de la petite colline où repose Rumicucho.

L'Esprit Vagabond dans l'escalier menant au pallier suppérieur du temple. Derrière moi, on voit le Katikilla, sur lequel on a découvert les deux plates-formes cérémoniales. Le sommet du Katikilia est sur l'équateur terrestre et aligné avec le sommet du Cayambe. À l'équinoxe (que je viens de rater de 5 jours à peine), le soleil qui se lève sur la cime du Cayambe vient d'abord frapper le sommet du Katikilla.

Le secteur nord-est, une vue de la vallée en contre-bas (et de la poussière levée par les vents violents)... Aujourd'hui, quand on regarde la montagne en arrière-plan, tout au fond, on dit qu'il s'agit d'Atahuallpa, le dernier Inca, qui repose couché. On peut effectivement voir une forme de profil, tete et torse, avec un peu d'imagination :-).
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