jeudi 27 octobre 2011

Zeitgeist

Lors de la publication de photos des indignés sur ce blogue, vous aurez peut-être remarqué l'affiche qu'on avait placé sur la reine Victoria au Square du même nom à Montréal: Zeitgeist.
Le mouvement Zeitgeist (présent au Canada), s'applique aujourd'hui à faire la promotion d'une économie basée sur les ressources plutôt que sur l'argent. Le mouvement s'est d'abord articulé autour d'un film de l'américain Peter Joseph, mais a rapidement pris une tournure différente depuis la sortie d'un autre film, Zeitgeist: Moving Forward, où sont explorées les théories de Jacque Fresco et de son Projet Vénus.
Le film Zeitgeist est un amalgame qui tente de déboulonner quelques idées reçues, notamment l'idée que la religion catholique soit représentative d'une réalité historique en la personne de Jésus. Si le film apporte divers éléments intéressants, il manque de clarté quand à la provenance de ses sources d'informations factuelles. Toutefois, pour qui savait déjà que le mythe de la naissance, l'oeuvre miraculeuse et la mort/résurrection de Jésus tenait à la fois de mythes existants, de fabulation, de métaphores et de volonté subséquente de réécrire l'histoire, les faits ne sont pas si étonnants que ça. Un autre segment de Zeitgeist concerne la théorie du complot pour les attentats du 11 septembre. Ce segment-là passe moins bien, car malgré l'accumulation fascinante de faits, documents et d'arguments, il laisse en plan trop de questions pour convaincre. Zeitgeist n'est pas le premier documentaire à tenter de nous démontrer le complot du 11 septembre, et concernant cette idée, je vous invite à lire la discussion et les arguments échangés sur Fractale-Framboise lors de la sortie de Loose Change, un film similaire à Zeitgeist sur la question. Les arguments contre Loose Change s'appliquent aussi bien à Zeitgeist. L'idée centrale du film, qui dénonce le contrôle de la majeure partie de la population par un complexe militaro-financier, repose donc sur un segment qui ne tient pas la route. Les autres exemples importants relèvent également de complots; ceux-là pour les deux guerres mondiales et celle du Vietnam. Une fois encore, si le film comporte son lot de faits et de vérités, il dérive parfois sans fournir de réponses à certaines questions trop importantes pour être ignorées.
Le film Zeitgeist: Moving Forward, est beaucoup plus intéressant. Il s'agit d'un film plus maîtrisé, dont l'objectif et le sujet est mieux contrôlé. Une longue première partie s'affaire à convaincre que l'humain n'est pas intrinsèquement violent et que la violence que l'on observe un peu partout est un effet de certaines névroses causées par l'environnement social. Puis, le film passe à une section critique de l'économie mondiale actuelle, basée entièrement sur l'idée de profit maximal. Enfin, on réuni ces deux sujets en présentant le Projet Vénus de Fresco, une vision du futur qui propose une alternative à l'économie actuelle; une économie basée sur les ressources.
Cette fois-ci, le reproche que l'on pourrait faire au film est une certains naïveté. Je m'explique. Sans vouloir traiter les défenseurs de cette théorie d'utopistes, il reste que leur modèle - intéressant et qui semble tout à fait valide - semble souffrir du même mal que les théories économiques néolibérales; on oublie que l'on parle d'humains. Dans le cas des théories économiques, on assume que le marché est efficient car tous prendront des décisions rationnelles, alors que pour appliquer la vision de Fresco, il faudra convaincre tous les humains de se plier au projet, une affaire impossible, évidemment, d'où le qualificatif de naïf. Le marxisme, dans son idée la plus simple, était atteint du même mal: en mettant les humains dans le système, ça ne peut pas marcher.
Reste que l'existence de ces mouvements de plus en plus présents un peu partout - et de plus en plus organisés, de plus en plus reliés entre eux - confirme que l'idée du marché libre et du capitalisme sauvage n'est plus acceptée comme idéal de société. Les décideurs de ce monde finiront par s'en rendre compte eux aussi, quand ils commenceront à subir la pression de la classe moyenne qui s'effondrera lentement. C'est d'ailleurs déjà le cas en Europe et aux États-Unis, où les mouvements de protestations sont les plus forts.
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mercredi 26 octobre 2011

Démocratie et corruption aux Ides de Mars

Ce n'est pas le premier film à caractère politique auquel participe George Clooney, mais c'est peut-être celui dont le sujet est le plus directement et ouvertement politique. Je parle de The Ides of March, un film dans lequel Clooney tient un rôle principal, en plus de le réaliser et l'avoir co-écrit. Difficile d'assumer plus que ça un point de vue et un film.
The Ides of March raconte un point tournant dans une campagne démocrate américaine en vue de l'élection présidentielle; les primaires de l'Ohio, dont le résultat sera décisif pour les deux candidats encore en lice. Nous suivons les quelques jours cruciaux avant le vote, par Stephen Meyers (Ryan Gosling) et Paul Zara (Philip Seymour Hoffman), les deux organisateurs de la campagne de Mike Morris (Clooney), le candidat charmeur, charmant et inspirant qui rappelle évidemment Barack Obama dans la mesure où dans le cadre du film, il représente l'espoir d'un changement profond à la maison blanche.
Alors que les stratégies se multiplient et que le vote approche, les coups volent de plus en plus bas, et les influences convoitées de certains politiciens ayant plusieurs délégués dans leurs poches deviennent un enjeu majeur dont la valeur marchande se transige en promesses de postes importants au gouvernement. On s'éloigne alors des idéaux de Mike, de Steven ou de Paul.
The Ides of March traite donc avec finesse de loyauté, de corruption, de désir du pouvoir, d'espoir et de perte des illusions. Le film sera certainement catalogué comme cynique, en ce sens qu'il fait une démonstration assez épouvantable de l'impossibilité d'accéder au pouvoir sans devoir faire d'importants retour d'ascenseur ou sans avoir de squelettes dans son placard - et fort probablement les deux. On comprendra le titre du film au premier degré, puisque le vote de l'Ohio se déroule le 15 mars. Mais son second degré est plus révélateur, puisque c'est aux Ides de Mars qu'a été assassiné Jules César par des conspirateurs, alors qu'on lui reprochait entre autres d'avoir mis fin aux campagnes électorales corrompues en nommant lui-même les magistrats. La mort de César allait mener à l'accession au pouvoir d'Auguste, la mort de la république et l'avènement du régime impérial. Le film de Clooney comporte un casting de luxe (Marisa Tomei, Even Rachel Wood, Paul Giamatti), qui n'est pas étranger à la crédibilité des personnages et à l'intérêt que chacun de ceux-ci apporte à un scénario intelligent, bien rythmé et qui ne manque pas de rebondissements. Le cinéaste ne se prive pas non plus pour glisser plusieurs messages politiques à l'intérieur des débats et des commentaires du candidat Morris ou de certains organisateurs politiques. The Ides of March offre donc un bon moment de cinéma pour qui s'intéresse aux jeux politiques derrière la politique, mais qui découragera tous ceux qui croyaient encore un tant soit peu à la démocratie sensés supporter le processus. Si, comme moi, vous n'entretenez plus d'illusions à ce sujet - et la présidence d'Obama semble justement nous le prouver - vous trouverez que c'est un film excellent, divertissant et intelligent à la fois.
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mardi 25 octobre 2011

Tintin dans l'histoire, en attendant Spielberg

Il y a quelques semaines, les éditions La Presse et le magazine Historia publiaient au Québec Les personnages de Tintin dans l'histoire, un livre grand format qui met en parallèle la première apparition de chaque personnage important de la "famille Tintin", avec l'album où il apparaît et la réalité historique qui a en grande partie inspirée Hergé pour écrire chaque album. Plus qu'un documentaire sur l'oeuvre elle-même, le livre fait le lien avec l'histoire contemporaine, et propose dix articles sérieux sur ces faits historiques. Si l'Anschluss et la dictature stalinienne sont des sujets largement connus, c'est moins le cas pour la guerre du Gran Chaco, la piraterie et le trafic de l'opium. Ces articles historiques sont évidemment l'essentiel de ce que ce livre offre de nouveau en regard à l'oeuvre d'Hergé. Par contre, même un tintinophile dilettante comme moi a trouvé quelques nouvelles informations intéressantes dans l'exploration des personnages ou de la vie de leur créateur au moment des événements rapportés.
Je savais, par exemple, qu'Hergé avait dû interrompre la publication hebdomadaire de L'Or noir suite à l'occupation de la Belgique et l'arrêt du Petit Vingtième. Il avait alors écrit Le Crabe aux Pinces d'or, pendant la guerre, en commençant sa publication dans un journal contrôlé par l'occupant et soumis à la censure. Je n'avais par contre jamais réalisé à quel point cet épisode, situé en très grande partie dans le désert ou sur la mer, permettait à son auteur d'apporter un certain exotisme sans avoir à identifier un pays d'Amérique, d'Europe ou d'Asie. Si le Maghreb demeure une évidente toile de fond, aucun pays ni ville existante n'y est identifié. Et on notera que ce passage par la mer lui a permis la création du Capitaine Haddock.
Cette édition québécoise est en fait une réédition locale du livre publiée en Europe par Le Point et Historia, comme une édition hors-série de leur magazine. Le livre est présenté dans le format habituel de la BD tintinesque; cartonnée, pages couleurs, alors c'est également un très bel objet, comportant une généreuse centaine de pages illustrées.
L'ouvrage se termine sur un article concernant l'historique des rares (et souvent malheureuses) adaptations au cinéma des aventures de Tintin, article mettant la table pour le nouveau film de Spielberg qui sort justement cette semaine en Europe, et qui est attendu en primeur nord-américaine à Montréal... probablement quelques semaines avant sa sortie prévue aux États-Unis. On peut aussi voir la bande-annonce en français sur le site européen du film.
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lundi 24 octobre 2011

Zombies frais dans les rues de Montréal

Notes pour un billet sur les zombies à Montréal (*).
Samedi dans les rues de Montréal, vous êtes peut-être tombés sur des zombies. Par une amusante coïncidence, je parlais justement l'autre jour de ma relation de générale indifférence avec le zombie, mais il semble qu'une bonne partie de la population ne partage pas mon sentiment, à voir la popularité d'une activité organisée en marge du festival Spasm; la marche des zombies. La coïncidence est d'autant plus étrange qu'il y avait aussi un article dans le Devoir de ce samedi sur la popularité du zombie, article citant un étudiant de maîtrise qui en a fait son sujet d'étude. le zombie est maintenant à l'université. L'article fait également le lien entre le personnage du zombie et les manifestations mondiales récentes.
Une quantité impressionnante de zombies était présente sur la petite place qui fait face à 'édicule du métro Mont-Royal. Certains maquillages étaient plus inspirés que d'autres, alors que certains ont semblé confondre plusieurs sous-culture; j'ai ainsi vu quelques clowns-zombies.
D'autres accentuaient involontairement la métaphore avec leurs cellulaires et leurs cigarettes.
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La marche empruntait l'avenue du Mont-Royal du métro jusqu'à St-Laurent. La traversée de la rue St-Denis s'est avérée un spectacle des plus amusants. On entendait des conversations comme:
"Qu'est-ce qui se passe?
- Une marche de zombie.
- Ah, bon."
Ou encore:
"Ils marchent pour quoi?
- Ils revendiquent les droits des zombies.
- Hein?"
Sans oublier:
"Ils revendiquent quoi?
- Rien. C'est une marche, pas une manifestation.
- Ah, pas rapport avec les indignés?
- Non.
- Ils devraient, je sais pas, juste aller voir un film, au lieu de bloquer le trafic.
- Justement, ils vont voir des films de zombie, au club soda. C'est un festival."
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Je suis persuadé que les organisateurs et les forces de l'ordre avaient sous-estimé le nombre de zombie qu'il faudrait faire traversée, puisqu'aucune mesure n'avait été prévue pour bloquer la rue ou le croisement temporairement. La présence de plusieurs centaines de spectateurs et curieux ajoutait à la congestion.
Le seul policier présent pour réguler la circulation n'a jamais perdu son calme, malgré les concerts de klaxons d'automobilistes impatients sur St-Denis, offrant en plus quelques scènes amusantes aux spectateurs.
Les enfants étaient parmi les plus convaincants dans leur démarche, vraiment dans leur personnage.
Sur le coin sud-ouest du croisement, il y avait parfois plus de photographes et vidéographes que de zombies.

La simple traversée de St-Denis a pris près d'une heure, un zombie à la fois.
[Dernière photo sur la carte mémoire de l'appareil de
l'Esprit Vagabond trouvé sur le trottoir]
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(*) Extrait du carnet de notes de l'Esprit Vagabond, retrouvé au coin St-Denis et Mont-Royal avec un vieil appareil numérique Nikon.

dimanche 23 octobre 2011

Indignation du dimanche

Une réflexion en trois temps, court billet d'humeur, en relation avec mes billets précédents sur l'économie mondiale. En guise de préambule, cette phrase qui résume à merveille les effets pervers du système monétaire et économique actuel:
"Si l'on devait résumer le sens des événements: En 2008, les États ont pris sur eux l'endettement des banques, menacées de faillite dans la crise des subprimes. Trois ans plus tard, les banques et le marché se retournent contre les États et spéculent sur leur faillite".
- Martin Legros, Philosophie Magazine, septembre 2011.
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Un. Salaires dans la finance.
Dans sa chronique économique dans le Devoir de samedi (disponible ici si vous êtes abonné), Gérard Bérubé révèle que: "Entre temps, les banques ont renoué avec les bénéfices milliardaires. Sur le front des salaires, le Wall Street Journal assure que les 25 plus grosses institutions financières cotées à la Bourse de New York ont versé la somme record de 135 milliards à leurs salariés l'an dernier".
Je retiens surtout de cette citation les mots "record" et "l'an dernier". On parle d'un très petit groupe d'entreprises (aux "bénéfices milliardaires"), qui versent des salaires exorbitants, indécents, à leurs dirigeants, et ce, en période de crise. On parle évidemment de ces entreprises milliardaires qui ont été rescapées par l'argent public qui est venu s'ajouter à la dette de l'état et qui prolonge la crise engendrée par ces mêmes entreprises. Que ça soit en Europe ou aux États-Unis, où l'on ne voit pas de solution à la crise de la dette, on parle des états qui ont sauvé les banques avec l'argent public. Ça ne vous indigne pas, même un tout petit peu?
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Deux. Profits de la finance.
"Les résultats des [...] banques n'ont rien «d'excitant», a estimé Jim Sinegal, analyste à Morningstar".
Cette citation aurait dû être cataloguée "humour noir" ou "cynisme", puisque l'analyste mentionne ensuite:
"Bank of America est repassée dans le vert avec un profit de 5,88 milliards."
"JPMorgan Chase [...] a pourtant publié un bénéfice en baisse de 4 %, à 4,3 milliards."
"Les recettes de Well Fargo ont elles aussi reflué, de 6 %, pour un bénéfice en hausse de 22 %, à 3,8 milliards".
"Le chiffre d'affaires de Citigroup est resté stable mais ses profits ont augmenté de 74 % à 3,8 milliards".
Toutes ces citations et informations sont tirées d'un article de l'Agence France Presse, relayé par Le Devoir.
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Trois. Ministres des finances.
Un article de La Presse canadienne, que l'on peut lire dans Le Devoir et La Presse,  mentionne toutefois que:
"Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a déclaré hier qu'il était plutôt optimiste par rapport aux perspectives de croissance des économies canadienne et américaine. «Actuellement en Amérique du Nord, je suis confiant d'assister très prochainement à une modeste croissance qui favorisera la création d'emplois. »"
Cet imbécile  - qui suit aveuglément les politiques économiques caduques, comme l'a démontré la crise - partage avec ses collègues d'un peu partout au monde l'incompétence de ne pas voir que la crise en question est systémique, qu'elle est due à ces politiques-mêmes.
Pour terminer avec un trait d'humour noir à mon tour, à voir les salaires dans les grandes banques, on espère que c'est là que seront créés les emplois dont le Ministre parle!
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Trois publications surprises

Un peu d'auto-promotion pour attirer votre attention sur trois publications récentes. Chacune d'elles est arrivé comme une surprise dans mon automne autrement tranquille, alors c'est avec grand plaisir que je vous présente ces trois textes.
La première est un beau cadeau imprévu qui m'a été offert: Une participation à titre d'auteur dans le numéro 180 de la revue Solaris.
Bien que ça ne soit pas ma première publication dans Solaris, j'ai été touché d'être approché pour faire partie de ce numéro, car il est historique. Avec cette 180e livraison, la revue Solaris
Ma nouvelle s'intitule "La petite brune aux yeux verts" relève peut-être du fantastique, mais peut-être de la science-fiction, ça sera au lecteur de décider comment il l'interprète, mais sa réaction dépendra peut-être également de ses lectures antérieures de mes nouvelles dans Solaris. Cette nouvelle inédite est en fort intéressante compagnie, puisqu'au sommaire, je suis entouré d'Alain Bergeron, Yves Meynard, Élisabeth Vonarburg et Mario Tessier; cette compagnie soulignant l'honneur que j'ai de partager les pages de ce numéro avec ces écrivains accomplis. Je m'en voudrais d'oublier de mentionner que le numéro est ouvert par une nouvelle venue, la lauréate du Prix Solaris 2011, Josée Lepire, qui avait l'air plutôt fière elle aussi de faire partie de l'aventure.
La seconde publication est une autre agréable surprise: la réédition d'une nouvelle écrite en collaboration avec Christian Martin.
J'avais invité Christian à écrire une histoire avec moi pour un vague projet que j'avais en tête, mais qui n'a finalement abouti à rien. Par contre, la collaboration avec Christian allait bon train et j'ai rapidement eu l'idée d'intégrer cette collaboration au numéro spécial du fanzine Temps Tôt, qui allait être un hommage à son fondateur, Christian Martin. La nouvelle, intitulée "Le Sacrifice" a donc été publiée dans Temps Tôt #47 en avril 1998.
Cette réédition se fait dans le cadre de la publication récente du recueil de Christian Martin intitulé "La Terre promise (et autres nouvelles de SF)". Ce recueil est disponible gratuitement en format électronique en suivant le lien vers son site.

Enfin, ma troisième publication d'automne, d'une autre nature, était également imprévue, et un honneur; j'ai été invité à écrire la préface de l'imposante bibliographie de Stephen King qu'a publié Alain Sprauel, en France. Sous une amusante couverture définitivement fanique, Stephen King, La bibliographie cache un travail impressionnant et un document de première main présenté avec clarté. Je n'hésite pas une minute à recommander l'ouvrage à tous les amateurs du genre.
Bonnes lectures.
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vendredi 21 octobre 2011

Un cabaret, une bonne cause, un après-midi à Radio-Canada et ma chance légendaire

D'absence de chance
Scrat, un être dont la chance légendaire...
me rappelle la mienne!
Je vais vous dire une chose; je ne suis pas chanceux. Je ne veux pas dire que je suis malchanceux dans la vie en général, mais bien qu'autant que le hasard soit concerné, je ne suis pas chanceux. Quand on parle de tirage au sort, ou tout autre genre de jeux ou loteries, je ne gagne jamais. Jamais. Jeune, les jeux qui me plaisaient le plus étaient ceux qui impliquaient le plus de réflexion et le moins de hasard possible; Scrabble, Boggle, etc.
À la blague, j'avais pour habitude de raconter que j'avais déjà gagné 10$ grâce au hasard, lors d'un événement sportif auquel je participais. Nous étions environ 80 participants et pour nous encourager, les organisateurs avaient obtenus de divers commanditaires près de 70 prix de présence. On tirait les noms des gagnants d'un chapeau et j'avais alors déclaré à mes copains que jamais mon nom ne sortirait de ce chapeau. Un gars de Kenogami qui s'appelait Fred m'a pris au mot et m'a parié 10$ que mon nom sortirait. Ne tenant absolument pas compte des probabilités (7 contre 1), j'ai pris le pari... et gagné 10$, puisque mon nom n'est pas sorti. J'avais réussi à remporter un prix lors d'un tirage au hasard, en misant contre ma chance de gagner...
J'ai une autre anecdote à ce sujet. Elle se déroule à Vancouver. Un bel après-midi, je reçois un appel d'une employée de la librairie Chapters du centre-ville de Vancouver. Elle me félicite et m'annonce que j'ai remporté leur tirage pour souligner la sortie du film d'animation Ice Age. Mon prix: Des laissez-passez pour voir le film en avant-première avec des amis, une semaine avant sa sortie officielle. Yé. Je suis content, la remercie, prend note d'aller chercher les billets et raccroche... incrédule. Je suis perplexe car je ne me souviens pas avoir participer à ce tirage, je ne savais même pas qu'ils avaient un concours en relation avec ce film au Chapters. Après enquête, j'ai appris que mon amie Suze était passée par le Chapters et voyant le concours, avait rempli un coupon à mon nom et l'avait déposé dans la boîte. J'avais remporté un prix grâce à un tirage au sort. Cette fois-ci, le truc, ça avait été de ne pas avoir été au courant ni de ma participation, ni même de l'existence du tirage.
Un soir en décembre 2010
Décor du bar de l'auberge du chien noir.
Cette longue introduction pour en venir à ma participation à un tirage en décembre dernier. J'assistais - comme ça m'est arrivé à l'occasion au fil des ans - à un événement bénéfice présenté au Club Soda: Le Cabaret du Chien Noir. Il s'agit d'une soirée pleine d'humour et de chansons, organisée par les acteurs et artisans de Radio-Canada qui travaillent sur le plateau du téléroman L'auberge du Chien Noir. C'est sans prétention et ça permet de s'amuser en participant à une bonne cause (la guignolée des médias). Lors du Cabaret de décembre 2010, donc, il y avait un tirage organisé dans la salle, et tant qu'à être là pour la cause, j'ai acheté un billet de tirage. Quelle n'a pas été ma surprise - et celle de tous les membres de ma famille qui connaissent très bien ma relation avec la chance dans les tirages - d'entendre mon numéro parmi... les deux seuls gagnants! Incroyable. On prend mon nom et mon numéro de téléphone en me disant que je serai contacté bientôt pour profiter de mon prix: un après-midi à Radio-Canada, dans les coulisses et les studios, ainsi que sur le plateau de tournage du téléroman.
Salle de répétition, où les lignes reproduisent les décors.
Puis le temps des fêtes passe, puis l'hiver passe, puis Pâques passe, puis je pars pour les Balkans, tout ce temps sans nouvelles de mes amis du cabaret. Coup donc, je me dis que l'affaire sera tombée entre deux chaises, ou que le papier avec mon téléphone aura été égaré par mégarde, ce sont des choses qui arrivent. Dans ma famille, on ne s'étonne pas vraiment - malgré quelques incrédules - puisqu'il était absolument anormal que mon nom soit tiré, l'absence du prix du tirage ramène l'événement dans l'ordre des choses; c'est en fait comme si je n'avais pas gagné.
Mur de l'entrée de l'auberge, rarement vu à
l'écran puisque c'est là que l'on place les
caméras. Il est aperçu par la porte du bar.
On me demande bien pourquoi je ne les appelle pas, mais d'une part, c'est pas trop mon style, et d'autre part, ce n'est pas comme si je n'avais jamais mis les pieds dans les coulisses de Radio-Canada (malgré mon intérêt pour toute l'affaire, je ne suis pas du genre à m'imposer). Jusqu'au jour où ma mère me demande mon autorisation de les contacter en mon nom, puisqu'en fait, tout est de sa faute, parce que c'est elle qui avait organisé notre présence en famille au Cabaret de décembre 2010. Elle communique avec les gens du Cabaret, et je suis immédiatement contacté et invité dans les coulisses de la SRC. Mon affaire était bel et bien tombée entre deux chaises, par manque de chance...
Un après-midi d'octobre 2011
Voici donc pourquoi mercredi dernier, j'ai passé l'après-midi à Radio-Canada. L'accueil a été très chaleureux, on nous a d'abord fait visiter les studios du téléroman, où on avait monté quelques décors pour les scènes prévues au programme de tournage de la journée; réception de l'auberge, bar et cuisine du personnage d'Hélène. Nous avons aussi eu droit à un tour des installations techniques de la régie (image et son), avant d'être mis entre les mains d'une charmante guide pour un tour privé de Radio-Canada. Centre de l'information et studios de radio pendant que tout ce beau monde est en ondes, visites des décors, des studios, des salles de répétition, département des costumes, des accessoires, etc.
Tournage d'une scène dont la diffusion se fera en janvier
ou février prochain.
Après cette fort agréable visite dans les entrailles de notre télé, nous sommes revenus dans les studios de l'auberge pour assister au tournage des scènes de l'auberge, en direct du plateau. Outre l'aspect rarement accessible au spectateur de voir les comédiens faire une, deux, trois puis quatre prises de la même scène, c'est l'aspect technique qui m'intéresse particulièrement. le travail du réalisateur, par exemple (qui est désormais sur le plateau, et non en régie comme ça se faisait par le passé, la télé emprunte les manières du cinéma), ou encore les nombreux détails qui viennent interrompre une prise, comme un problème de raccord de mèche de cheveux. Le tournage télé demande plusieurs prises de la même scène, ne serait-ce que parce que le réalisateur ne dispose que de 3 caméras et veut avoir en main des plans éloignés, moyens ou rapprochés pour chaque scène, et éventuellement chaque personnage ou groupe impliqué dans la scène. Entre les prises et pendant la préparation des scènes par l'équipe technique, les comédiens sont venus nous rencontrer et discuter avec nous, ce qui était fort sympathique de leur part.
Ce fut donc une journée agréable, divertissante et instructive, le plateau étant la cerise sur le sundae de cette visite de Radio-Canada. Je remercie donc chaleureusement les artistes et artisans de l'auberge du Chien Noir de nous avoir si gentiment accueillis.

jeudi 20 octobre 2011

Journée noire pour l'avenir de la pensée au Canada

"Le pouvoir (et l'argent) doit-il toujours l'emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s'interroger publiquement?"
Poser la question est y répondre.
Un court billet-réaction, suie à la publication de la nouvelle sur le règlement hors-cour de la poursuite de Barrick Gold contre les auteurs et le petit éditeur Écosociété, qui avaient publié le livre Noir Canada, sur les abus des compagnies minières canadiennes en Afrique.
J'avais fait écho à cette publication - et à cette poursuite - dans un billet précédent, m'étant moi-même penché sur l'implication des compagnies canadiennes et la complicité du gouvernement du Canada dans leurs agissements au Guatemala. Tout mon intérêt pour cette histoire est venu en fait de la gène, du malaise et disons-le clairement, de la peur, de gens que j'ai rencontré au Guatemala avec qui j'avais abordé le sujet des compagnies canadiennes. Même les coopérants du projet d'accompagnement Québec-Guatemala n'avaient pas osé se prononcer sur le sujet ou être cité concernant l'implication du Canada dans les violences et les violations de droits humains au Guatemala.
Dans le communiqué de presse du règlement hors-cour, on mentionne que le livre sera retiré du marché et que les auteurs évitent ainsi "un procès de 40 jours et de multiples procédures représentant en soi des coûts financiers, humains et moraux colossaux" Noire journée pour la liberté d'expression de ceux qui osent poser des questions aux grands riches de ce monde.
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Dans une lettre publiée dans le journal Le Devoir en décembre 2010, et signée par une trentaine de professeurs de droit, on pouvait déjà lire:
" Les auteurs de Noir Canada n'ont sans doute rien fait de plus que le travail auquel on s'attend des penseurs et des chercheurs au sein de chaque collectivité. Derrière la poursuite dont ils sont l'objet, demeure une question fondamentale: peut-on encore être critique dans notre société? Le pouvoir (et l'argent) doit-il toujours l'emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s'interroger publiquement? Au-delà de ce que recouvre la notion d'atteinte à la réputation, c'est donc l'avenir de la pensée qui se jouera ici".
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Malgré tout, on retrouve les paragraphes suivants à la fin du communiqué de presse annonçant le règlement.
"Les Auteurs réitèrent ce qu’ils ont écrit dans l’introduction de Noir Canada, à savoir que « cet ouvrage ne constitue pas une condamnation sommaire de sociétés » qu’il cite, et qu’ils ne s’étaient pas donné pour mandat d’assurer ultimement la véracité des allégations que le livre développe à partir de documents publics. Les Auteurs maintiennent que Noir Canada a été écrit afin de susciter un débat public sur la présence controversée d’intérêts canadiens en Afrique et d’en appeler à la création d’une commission d’enquête sur cette présence canadienne en Afrique. Ils maintiennent toujours cette position et continuent de s’enquérir du rôle des sociétés privées actives en tant que partenaires commerciaux auprès de représentants politiques africains engagés dans des conflits armés. Écosociété considère que Noir Canada est pertinent et d’intérêt public, que la thèse qui y est développée constitue une contribution essentielle à la pensée critique et méritait d’être publiée. Écosociété entend poursuivre sa mission d’éditeur indépendant qui publie des essais d’intérêt public visant à susciter des débats de société".

Alire, 15 ans et un million de livres plus tard

La maison d'édition Alire a 15 ans et célébrait l'événement par une petite soirée amicale doublée d'un lancement de nouveaux titres, au Lion d'Or, à Montréal... là où nous avions justement célébré ses 10 ans en 2006. Je ne répéterai pas ce que signifie pour moi l'existence d'Alire et ma participation à cette famille littéraire exceptionnelle, autant comme auteur que lecteur, mais je trouvais important de souligner cet anniversaire, d'autant plus qu'au début, le milieu de l'édition me semblait regarder les aventuriers d'Alire avec au mieux une bienveillante complaisance et au pire, un dédain pour cette manière de faire les choses différemment et les ambitions des créateurs de la maison.
Tout l'honneur de cette réussite revient à Jean Pettigrew et Louise Alain, les fondateurs d'Alire, ainsi qu'à Lorraine qui les a soulagé de la paperasserie, un facteur souvent négligé par les nouveaux entrepreneurs.
La soirée de mardi m'a également permis de faire deux bonnes acquisitions parmi les nouveautés: Montréel de Éric Gauthier et Odyssées Chimériques de Claude Lalumière (et les deux couvertures, reproduites ici, sont splendides, n'est-ce pas?). Ce faisant, j'ai peut-être bien acheté le millionième livre vendu par Alire depuis 15 ans; un chiffre impressionnant qui aurait été atteint "aux environs" de mardi...
Enfin, parmi les auteurs de la saison nous ont présenté leur oeuvre, je retiens la véritable performance du conteur Éric Gauthier, qui nous a emmené dans Montréel pour ce qui semblait une visite guidée de la ville, avant de plonger dans le sous-sol imaginaire des éditions Alire par un de ces détours dont il a le secret et de rendre un vibrant hommage à la maison.
Le reste de la soirée a été occupée à échanger sur divers sujets avec les copains et les auteurs du milieu, une activité toujours aussi stimulante qu'enrichissante à mes yeux.
Merci Alire. Et bonne fête encore!



mardi 18 octobre 2011

L'erreur économique mondiale

Intro
Je disais dans un billet précédent - qui me sert d'introduction à cette chronique sur les politiques de droite en occident - que les règles imposées par le FMI et le néolibéralisme, et l'observation de ses effets néfastes dans les pays où il a été impliqué, représentent un beau laboratoire de politiques économiques... Je posais la question: En tire-t-on des leçons?
Il semble bien que non.
L’idéologie dominante des ajustements structurels repose sur le principe de l’efficience du marché libre et de l’intervention gouvernementale réduite au minimum. La conditionnalité telle que pratiquée par le FMI est donc soutenue par le néolibéralisme. Ce sont les mêmes principes qui gouvernent les États-Unis depuis Reagan et qui gouvernent actuellement le Canada et le Québec depuis près d'une décennie.
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Le jeu des sept erreurs
Pour vous faire comprendre à quel point cette idéologie est devenue dominante, voici quelques affirmations que vous ne mettez même plus en doute tellement on vous les a martelées pendant des années, alors que si vous prenez la peine d'y réfléchir, aucune n'est sensée. Elles sont suivies de quelques notes personnelles.
Les salaires de 5-8 millions sont normaux pour un poste de PDG.
Nous parlons de la rémunération d'une seule personne, pour une seule année. Quand on sait qu'une part de cette rémunération comporte des avantages fiscaux en plus, je me demande à partir de quel montant on va commencer à réaliser que c'est un chiffre répugnant. Le président de Bombardier(*) - pour prendre un de nos fleurons québécois - offre un bon exemple. En 2009, le pauvre bougre faisait que 3,89 millions alors qu'en 2008, il avait fait 7,83 millions. Malgré cette baisse incroyable, il a fait en deux ans 11,72 millions de dollars à lui seul. Dans un pays où le salaire moyen est d'environ 40 000$, à partir de combien de dizaines de millions trouvera-t-on qu'un salaire devient simplement indécent? Pourtant, ce qu'on lit dans les médias, ce sont des commentaires comme: « Ça peut sembler élevé, mais si on compare ce salaire avec les autres entreprises de cette catégorie, c'est très raisonnable » par un analyste financier qui dit ça le plus sérieusement du monde. La meilleure manière de vous faire accepter l'inacceptable, c'est de vous faire croire que c'est normal.
Il est normal de rémunérer un PDG des millions même si son entreprise doit être subventionnée.
Celle-là est superbe. Reprenez l'exemple de Bombardier ci-haut, et gardez en tête qu'il s'agit d'une entreprise qui reçoit des subventions des gouvernements. Oui. Et mieux encore, comme parfois, ces subventions sont contestées auprès de l'Organisation mondiale du commerce, il faut également que notre gouvernement se défende devant l'OMC, ceci aux frais de l'état. Ailleurs, quand les banques américaines et européennes - qui versent également des salaires "raisonnables" de plusieurs millions à leur dirigeant  - se sont retrouvés ruinées, c'est évidemment l'état qui a payé pour les sauver. Elles continuent de rémunérer leurs dirigeants de la même manière depuis. Ces entreprises continuent - totalement incohérentes - à prôner la non-intervention de l'état.
Comme les pays sont endettées, ils doivent couper dans les dépenses.
C'est un mantra qu'on entend depuis des décennies. S'il y a du vrai dans la saine gestion budgétaire de l'état, le fait demeure que l'état qui veut équilibrer un budget en difficulté peut aussi jouer sur ses revenus. Au Canada, en baissant les impôts des plus riches et des grandes entreprises, et en baissant le taux de la TPS de 7% à 5%, le gouvernement actuel a réduit sérieusement les revenus de l'état canadien. Il est donc maintenant aux prises avec des déficits et des problèmes budgétaires à cause de ses propres actions. Plutôt que de revenir sur ses positions déficientes et corriger le tir, il veut maintenant couper les services aux citoyens. Ils accepteront sans broncher puisqu'ils sont habitués à ce mantra.
Monter les impôts des entreprise nous rendrait non concurrentiel face aux autres pays.
Voici la justification des gens de droite la plus stupide que j'ai entendu. On l'utilise pour convaincre les gens que la seule issue aux problèmes budgétaires de l'état est de couper les dépenses. Or regardez dans tous les pays occidentaux qui pratiquent cette idéologie: aucun n'arrive à s'en sortir. Tous sont incroyablement endettés, tous ont à affronter des déficit gigantesques, et chacun continue de dire qu'ils ne peuvent pas augmenter les impôts des riches et des entreprises, pour demeurer concurrentiels. Mais eux comme leurs concurrents sont ruinés... faute de revenus! La première composante d'un budget est le revenu. Il est ardu, sans revenu, d'équilibrer un budget. Or le plus grand succès du néolibéralisme est de rendre normale l'idée que les états ne doivent pas imposer la grande entreprise, se privant ainsi de revenus majeurs.
Monter les impôts des riches n'est pas souhaitable; ils payent déjà plus que les pauvres.
Il est vrai qu'un PDG qui gagne près de 12 millions en deux ans paye plus d'impôt que le type qui nettoie son bureau. Combien d'impôts? Au Québec, même si ce PDG était salarié à 100% de sa rémunération et vivait seul, sans aucune déduction ou abri fiscal (ce qui est virtuellement impossible), il ne payerait pas plus de 6 millions sur ces deux ans. Doit-on trouver horrible qu'il ne lui reste alors que 6 millions sur deux ans pour subvenir à ses besoins? Une fois encore, à partir de quel genre de besoins et de salaire net d'impôts doit-on considérer que ce contribuable est rémunéré de manière indécente et doit donc contribuer plus?
On doit réduire les interventions de l'état, réduire la taille de l'état. La bureaucratie coûte cher et est inefficace.
Une autre parmi les préférées des néolibéraux. Il n'y a pas à regarder bien loin pour voir les effets pervers d'une telle pensée. Le Québec a effectué son virage privatisation et sa cure d'amincissement de l'état au ministère des transports, et le coût de nos infrastructure à grimpé en flèche. Belle efficacité. On assiste ici à un très beau coup d'état, au sens où un petit groupe a maintenant le pouvoir, conserve son pion sur la pointe visible de ce pouvoir et utilise ce pouvoir pour s'approprier indûment les fonds publics. Les américains, en vagues successives depuis les années 80, ont aussi aminci l'état, notamment au niveau des organismes de surveillance des marchés financiers et de la réglementation de ceux-ci. La crise financière mondiale qui découle directement de ces marchés est un exemple flagrant d'effet pervers de l'absence de l'état pour encadrer l'économie de marché. (Notez que le Canada ayant résisté à ce genre de libéralisation des marchés financier a été un des pays qui a le mieux résisté à cette crise financière - une autre leçon que personne ne semble vouloir comprendre).
Votre priorité est l'économie.
Si vous avez suivi la dernière campagne fédérale, ou une des nombreuses campagnes provinciales... ou même simplement l'actualité québécoise et les commentaires de notre PM sur les demandes répétées de commission d'enquête, vous noterez que les gens de la droite économique vous disent sans cesse que votre priorité est l'économie. Ils répètent ce messages à la moindre occasion. Les médias relaient l'information... au point où chacun en vient à penser que c'est vrai. Or si vous questionnez les gens, ils pensent plus à la justice sociale, à l'environnement, à leur santé, à leur éducation et celle de leurs enfants, à leurs loisirs. Certes, ils veulent également un emploi qui les satisfait et leur permet de gagner leur vie, mais ceci ne relève pas de l'économie. Il ne faut pas confondre finances personnelles et économie.
Les tenants de la droite adoptent alors un discours incohérent: Ils cherchent d'abord à tout prix à stimuler l'économie, en voulant stimuler la demande, donc la consommation, ce qui a un effet négatif sur les finances personnelles. Et comme ils prônent la non-intervention de l'état, ils se coupent du potentiel de redistribution de richesse, donc de la possibilité d'aider réellement les citoyens à occuper un bon emploi ou avoir de meilleure finances personnelles. Les politiques qu'ils défendent sont excellentes pour l'économie des riches; le seul groupe de citoyens dont la priorité est effectivement l'économie.
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De l'actualités économique et financière occidentale
Je poursuis mon exploration des politiques de droite en observant plusieurs manifestations (au Québec et ailleurs dans le monde), ainsi que les actualités récentes sur l'état des finances de la plupart des pays industrialisés. J'ai déjà donné mon opinion sur la cause principale de la collusion et corruption au Québec; il semble bien que l'obstination du gouvernement actuel force les gens à manifester dans les rues pour réclamer une enquête. Plus au sud, chez nos voisins américains spécialistes de la finance et de l'économie, d'autres manifestations durent maintenant depuis plus d'un mois, à Wall Street et ailleurs dans New York et leur mouvement s'est récemment amené chez nous. Les protestations publiques ne s'arrêtent pas ici; au contraire, puisque l'on voit depuis des mois, des manifestations monstres avoir lieu en Grèce, en Espagne et au Portugal, pour prendre trois exemples outre-Atlantique.
D'ailleurs, côté économie et finance, ce qui a retenu l'attention des derniers mois, c'est d'abord la crise de la dette américaine, puis l'incertitude face à celle-ci et à l'économie du pays. Les nouvelles d'outre-mer ne sont guère plus encourageante, puisque l'euro fait face à sa plus grande crise depuis sa création. L'économie de la plupart des pays de l'union est aussi incapable de se relever de la crise de 2008; au point où on parle même de l'Italie, troisième économie européenne, comme étant en difficulté.
L'aide viendra d'où? On parle déjà d'aide en provenance des pays émergents. Notez que des pays principaux du BRIC; le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, aucun n'a pratiqué des politiques néolibérales intensives dans la dernière décennie.
Pendant ce temps au Canada, l'annonce de la coupe de milliards accompagne toujours une absence totale d'incitatifs de relance économique, et la poursuite d'une politique fiscale aberrante favorisant les grandes entreprises au détriment des services aux citoyens et créant un déficit monstre qui augmente notre dette nationale. se dirige-t-on aussi bêtement malgré les signes?
Les États-Unis ont appliqué ces politiques sous l'administration Bush: voilà où ils en sommes. Aveuglément, le gouvernement Harper applique les mêmes stratégies économiques que les républicains américains. Il est facile de comprendre où cela risque de mener le pays. Il se vante d'avoir traversé la crise mieux que d'autres, sans comprendre que c'est justement dû à des politiques différentes, appliquées par ses prédécesseurs, et que ce sont justement les surplus du Canada qui lui ont permis de traverser la (première) crise.
Un manque de vision équivalent fait aboutir le Québec à couper cette fois-ci dans la santé et l'éducation, après avoir dilapidé des fonds en réductions d'impôts pré-électorales en 2008 au moment où la crise mondiale se pointait et à lancer un plan de bradage de ressources naturelles sans redevances conséquentes pour l'état, une fois encore sous l'absurdité qu'il faut être concurrentiel, alors que d'autres pays demandent leurs dû et que ceux qui ne le font pas se font exploiter honteusement.
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Conclusion
Quel est le lien entre les dénonciations d'Hugo Chavez, le FMI, les actualités résumées ci-haut et la crise mondiale dont personne ne semble pouvoir sortir? Le lien est simple: ce sont les politiques économiques des gouvernements de droite. Un marché le plus libre possible et des états qui n'interviennent plus. Point. Pourtant, les expériences économiques du FMI dans plusieurs pays du monde nous montraient exactement ce qui allait arriver avec ces politiques.
En fait, c'est simple: les bases économiques même de l'idéologie néolibérale sont erronées (**).
Dès décembre 2009, Lionel Barber du Financial Times écrivait « The global financial crisis marked the collapse of the "efficient market hypothesis", which said economic actors behave rationally and markets efficiently. In fact, the world discovered (again) that economic actors can behave irrationally and markets can be anything but efficient » 
Là où nous en sommes aujourd'hui, c'est à déplorer l'incroyable accroissement de l'écart entre les riches et les pauvres partout sur la planète. Et même le FMI, dans un article publié dans sa revue Finances et Développement de septembre 2011, souligne que  « L’accroissement de l’inégalité des revenus dans les pays développés est lié à une hausse de la dette intérieure et extérieure ».
La conclusion qui s'impose est d'une évidence désarmante: Il est impossible que la situation s'améliore si ces politiques ne sont pas modifiées profondément. Et il est impossible de modifier ces politiques sans apporter un changement majeur de l'idéologie défendue par les gens qui dirigent les états.
Au Québec, on commence à peine à comprendre le lien entre ces marionnettes à la tête des états et les marionnettistes que sont les plus riches de ce monde.
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(*) Je prend Bombardier, mais n'importe quel PDG du groupe des 100 aurait fait l'affaire. Bombardier est un bon exemple, puisque c'est une compagnie dont les Québécois sont fiers et qui évoque la PME démarrée par J.A. Bombardier.
(**) Bien que l'économie soit présentée comme une "science" dans les université et par les économistes, toutes les théories économiques reposent sur des hypothèses qui ne se retrouvent jamais dans la réalité, leur application simpliste implique donc des résultats différents des théories.

lundi 17 octobre 2011

Murales montréalaises (2)

Un petit billet qui fait suite à la publication récente de photos de murales aperçues ici et là à Montréal. C'est toujours sans prétention et pour le plaisir de partager ces quelques découvertes, une fois de plus croquées lors de mes marches récentes dans les rues de la ville.


Je suis persuadé que celle-ci est assez récente, puisque sur ce même immeuble, au coin Berri et Cherrier, je suis certain qu'il y avait déjà une murale, mais il me semble que celle-ci avait été défigurée avec le temps par des graffitis imbéciles qui n'ont aucun respect pour l'art urbain malgré leur prétentions à en faire (c'était l'opinion du jour, hehe).


Le titre en français de celle-ci est "L'euphorie des sages", mais en espagnol, c'est plutôt (ma trad.) "La naissance d'une nouvelle conscience". C'est à la fois beau et osé comme image, c'est même étonnant dans le paysage tranquille d'une rue touristique. La présence de l'étoile communiste et de citations latinos (comme "Je préfère mourir vivant que de vivre mort" - ma trad.) étonnent également.


Ici, près du coin Rachel, sur Rivard, il y a clairement eu un projet de murale. Est-ce que celui-ci a été abandonné, pour être par la suite recouvert de cet horrible graffiti, ou est-ce ce dernier qui a découragé les auteurs de la murale en cours? Impossible de le savoir, mais pour ma part, le dessins s'origine semblait bien plus intéressant que cette tache visuelle.


Je dois bien être passé dans ce coin là des dizaines de fois au cours des deux ou trois dernières années (c'est sur René-Lévesque, coin St-Laurent, près de la porte du quartier chinois), jamais je n'avais noté cette murale-ci. On peut dire que c'est un mélange hétéroclite, mais pas inintéressant, même si je ne saisi pas la signification (jolie fille, tour de la bourse, marque de bière latino, temple sur la montagne et palmiers?).


Les lecteurs attentifs auront reconnu celle-ci, puisque j'en avais déjà fait mention lors de ma préparation de la couverture de la convention Anticipation, en 2009, puisque la murale en question se trouve à quelques pas du palais des congrès - et juste à côté de paralumes devenus célèbres depuis.


Je termine ce survol avec la très belle double murale de la Place Borduas dans le quartier latin (qui relie St-Denis à Berri, en face de la rue Emery). Comme on le voit à gauche, cette murale célèbre le manifeste Refus Global, en plus d'évoquer l'oeuvre de Borduas. A droite, la seconde partie était en cours de réalisation lors de mon passage sur les lieux.
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dimanche 16 octobre 2011

The Tree of Life

Si vous lisez mes critiques de films sur ce blogue - ou que vous les lisiez à l'époque où je participais régulièrement à la rubrique Sci-néma de Solaris - vous avez peut-être compris l'importance que j'accorde au scénario dans un film. Ainsi, rien d'étonnant à ce que je vous avoue ne pas être un grand fan de cinéma expérimental, ou encore de cinéma abstrait.
Mais, comme dans toutes choses, il y a des exceptions. The Tree of Life, plus récent film de Terrence Mallick, en est une. La preuve, c'est qu'il est impossible de simplement résumer ce film en vous disant quelle histoire il raconte. Oh, la pochette du DVD parle bien de l'histoire des souvenirs d'enfance de Jack O'Brien, élevé dans les années 50, mais il est évident qu'il s'agit d'un résumé réducteur qui a été imprimé là pour éviter de faire fuir les cinéphile moins habitués au cinéma différent. Je parlais de cinéma répertoire ou plus audacieux l'autre jour, eh bien The Tree of Life est ce que j'ai vu de plus audacieux depuis des années au cinéma, sans que le film ne devienne incompréhensible, désagréable ou ennuyant.
Impossible à résumer, certes, mais on peut toujours dire que tout le film repose sur une impression, et sur le questionnement relié à cette impression. On parle ici de l'enfance, mais pas nécessairement de l'enfance de Jack, bien que l'on soit témoin de l'impression qu'il a conservé de cette enfance. C'est cette impression qui domine le film - il n'y a rien d'expliqué, et on ne sait jamais si ses souvenirs représentent la réalité ou découlent de ses sentiments relatifs à cette enfance. Les questionnements qui découlent de ses souvenirs d'enfance sont nombreux, et souvent mystiques. The Tree of Life pose de nombreuses questions existentielles - et ne semble répondre aucune en particulier, même si on lance des pistes sur l'amour et le pardon - mais n'en est pas pour autant un film prêchi-prêcha. Enfin, la finale, une séquence sans dialogue de vingt minutes, laisse le spectateur en réflexion.
Côté réalisation, c'est incroyablement beau comme cinématographie. Des images du cosmos aux édifices modernes de la ville où travaille Jack, en passant par la cour de la famille de Jack dans les années 50, omniprésente, rien n'est glauque dans ce film. Et c'est également très audacieux, autant dans son ambition cinématographique que dans son montage. Qu'il s'agisse de séquences de dizaine de minutes sans dialogues, ou même sans personnages, ou qu'il s'agisse de recréer l'univers à partir du Big Bang, on ne peut pas dire que le film manque de grandeur. La séquence cosmique, qui doit bien faire vingt minutes à elle seule, est la plus belle et audacieuse séquence de science (fiction) que le cinéma ait produit depuis les saisissantes images de 2001: Odyssée de l'espace.
Vous aurez compris que je recommande ce film, qui passera à l'histoire comme un grand film. Par contre, assumez vos préférences et vos goûts, ce film n'est pas pour tous, soyez simplement prêts à vous laisser aller pendant la projection plutôt que de tenter de comprendre intellectuellement ce que vous verrez. L'expérience vaut le détour.
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Une pensée pour ma planète inondée

Je ne peux qu'éprouver tristesse et empathie envers les gens de la Thaïlande en ce moment. J'ai souvent dit par le passé que voyager rapetissait la planète et réduisait les écarts et incompréhensions entre les peuples. Bien que je sois, comme tout le monde, très touché par les drames qui secouent le monde à chaque jour, j'avoue l'être un peu plus quand ça touche mon monde, le monde où j'ai mis les pieds et où, dans le cas de la Thaïlande, où j'ai été si bien accueilli. La photo d'Ayutthaya (que j'ai visitée) publiée au bas de l'article de Radio-Canada me serre le coeur.
En espérant que la situation s'améliore rapidement pour les populations touchées, mais aussi pour le patrimoine que représente cette fascinante région du monde, surtout que ce patrimoine est souvent à quelques mètres à peine au-dessus du niveau de la mer.
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La marche des 99%

Square Victoria
Vous l'aurez peut-être vu aux informations hier soir ou aujourd'hui; le mouvement d'indignation contre les inégalités sociales qui a débuté en Amérique du Nord à Wall Street, est en train de se mondialiser. Montréal ne fait donc pas exception aux villes où des sympathisants du mouvement se regroupent et occupent une place publique.
Dans ce cas-ci, on parle du Square Victoria. Il est situé juste en face du centre de commerce mondial (notre World Trade Center à nous), est bordé par la Tour de la Bourse, les banques CIBC et Scotia, le siège social de Québécor et se trouve juste au bout de la rue St-Jacques, haut lieu du quartier historique des affaires. Les indignés, comme ils sont désormais appelés, y ont donc érigé un campement.
Hier, après un regroupement de manifestants sympathiques au mouvement, une longue marche a eu lieu dans les rues du centre-ville, marche à l'itinéraire en grande partie improvisé sur le champ.
Victoria indignée se cache le visage
J'y étais - il faut être cohérent et assumer ses opinions - et j'ai donc marché avec les indignés, regroupés sous l'appellation des 99%, en référence au partage inéquitable des richesses dans nos sociétés.
La marche est partie du Square Victoria avant de monter la côte du Beaver Hall jusqu'au Square Philips, où elle a emprunté la rue Ste-Catherine vers l'ouest. Les véhicules sur l'artère commerciale et toutes les rues transversales ont été immobilisés par la foule composée de quelques milliers d'individus marchant calmement.
Les marcheurs ont fait un détour via McKay et René-Lévesque pour revenir sur Ste-Catherine vers l'est, la rue ayant été désertée par les véhicules entre temps. La foule a parcouru les quelques kilomètres jusqu'à St-Laurent, puis est remonté vers la Place d'Armes, pour rentrer enfin au Square Victoria. L'ensemble a été calme et pacifique, et les policiers ne sont intervenus que pour contrôler le trafic routier sur les axes empruntés par les marcheurs.
Montée de la côte du Beaver Hall
Malgré l'aspect hétéroclite des sympathisants et des indignés, c'est le sentiment commun de faire partie de la majorité de la population et d'être manipulé et exploité par une infime minorité qui unit tous ces gens. On utilise des chiffres évocateurs sur l'augmentation de richesse du groupe des 1% de canadiens les plus riches alors que les grandes corporations dépensent plus de 25 milliards par an pour payer dix milles lobbyistes qui orientent les politiques de nos gouvernements. L'étude récente de la situation au Canada publiée par le Centre Canadien de politiques alternatives le dit carrément: "This generation of rich canadians is staking claim to a larger share of economic growth than any generation that has preceded it in recorded history".

L'occupation de la Rue Ste-Catherine
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Slogans
J'avais déjà un billet en préparation sur le sujet des politiques de droite - il sera publié plus tard cette semaine - alors les préoccupations relevées par le mouvement avaient déjà attiré mon attention et obtenu ma sympathie. Et si la marche d'hier s'est déroulée pacifiquement et dans le calme, ça n'a pas été le cas ailleurs dans le monde où la crise a frappé plus durement qu'ici. Malheureusement, nos gouvernements actuels, plutôt que de comprendre la situation, adoptent des politiques similaires à celles des états qui sont aujourd'hui au coeur de la crise, ce qui n'augure rien de bon pour notre avenir. Évidemment, les 1% les plus riches n'ont pas trop à se préoccuper de ces choses-là, leur avenir et leur subsistance est assurée pour plusieurs vies encore, avec les richesses indécentes qu'ils continuent d'accumuler sur le dos d'états qu'ils endettent.
Vers la Place d'Armes
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À vous:
Étiez-vous à la marche d'hier?
Statistiquement, faites-vous partie des 99%?
Et idéologiquement?
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vendredi 14 octobre 2011

Quelques films pour un week-end pluvieux

Moneyball
Moneyball est d'abord un bon film de baseball... sans être un film sur le baseball. L'histoire de ce directeur général joué par Brad Pitt aurait très bien pu se passer au hockey ou au football professionnel, mais le fait est que c'est arrivé au baseball. Car Moneyball s'inspire de fait réels. Pitt joue Billy Beane, directeur général des Athletics d'Oakland, qui, au début des années 2000, doit composer avec un budget relativement petit à comparer aux grandes équipes de la ligue américaine comme les Dodgers ou les Yankees. Il décide de faire confiance à un jeune économiste féru d'analyse informatique, pour établir des paramètres qui lui permettent de bâtir son équipe à partir de joueurs au salaire modeste, plutôt que de repêcher ses joueurs de manière traditionnelle. Ses décisions seront alors contestées par tous, y compris par le gérant de l'équipe sur le terrain - joué par le très drôle et affable Philip Seymour Hoffman.
Si Moneyball divertira les amateurs de baseball comme les non amateurs, un minimum de connaissances du jeu permet d'apprécier plus pleinement le film. L'ensemble est très bien ficelé, de tous les points de vue. Il faut dire qu'avec Bennett Miller à la réalisation (il avait signé Capote, d'où la présence de Seymour Hoffman dans un rôle mineur), ainsi que deux grosses pointures au scénario (Aaron Sorkin et Steve Zaillian), le film crée des attentes. Et il les comble, en ce qui concerne ce spectateur-ci. On ressort de la projection un peu triste (mais je ne suis pas certain que ça soit volontaire) mais le punch final est étonnant, surtout pour un film de sport.

Potiche
Dans un tout autre registre, je suggère la drôle et irrévérencieuse comédie française Potiche. Potiche raconte les mésaventure d'une famille dont le père est le président de l'entreprise héritée de son beau-père. L'action se passe dans les années 1977-78 et le cinéaste François Ozon a pris le parti de le réaliser à la manière des années 70 (coins d'image arrondis, wipes, écran partagé en deux ou trois, etc.). Le scénario est adapté d'une pièce de théâtre - ce qui paraît parfois quand on sent le découpage en actes, avec peu de diversité dans les décors et lieux de l'action. L'histoire a le mérite d'être à contre courant de ce que l'on voit actuellement; c'est-à-dire que c'est politiquement incorrect (mais représentatif de son époque), et que ça met en scène des personnages assez typés; la mère de famille (la potiche du titre) dévouée, trompée mais qui ferme les yeux, le père absent qui travaille toujours et mène l'entreprise d'une poigne de fer, s'opposant toujours aux syndiqués, le député-maire communiste qui défend ceux-ci (joué avec tendresse par un Depardieu très présent, dans tous les sens du terme), la fille gâtée, mal mariée, probablement trompée elle aussi, qui voue un culte aux idées de droite de son père et son mari absent, et enfin, le fils étudiant en sciences politiques, ardent défenseur de la gauche et artiste dans l'âme. Toute la famille ainsi que la secrétaire-amante du président verront leur vie chamboulée lors d'un affrontement entre le patron et les employés de l'usine de parapluie... nous faisant du même coup passer un bon moment devant un écran.

Unknown
Un autre changement de registre, puisque Unknown nous plonge en plein suspense. Le film débute alors que Martin et sa femme Liz arrivent à Berlin pour un symposium auquel il doit participer, et que celui-ci oublie une valise sur un chariot de l'aéroport. En voulant aller la récupérer, le taxi où il se trouve est impliqué dans un accident, et Martin se retrouve inconscient pendant 4 jours à l'hôpital. Il retourne alors à son hôtel, où il découvre non seulement qu'un Martin Harris est déjà présent, mais qu'il l'est au bras de sa femme, et que celle-ci ne le reconnait même pas. Sans papiers (ils sont dans sa valise), en parti confus et à la mémoire chancelante suite à son traumatisme, il se lance donc à la poursuite de lui-même, sa vie, ses proches. Mais avec peu d'argent liquide et sans papier d'identité, cette poursuite dans Berlin s'avérera plus étonnante et dangereuse que prévue.
Porté par un Liam Neeson idéal pour ce rôle, Unknown est un film surprenant. En tant que suspense, c'est même un film étonnant et qui devrait vous tenir en halène du début à la fin. L'ensemble réussit à dégager une atmosphère étrange et inquiétante, souligné par la direction photo, tout en gris, en glauque et en teintes bleutées. Et même s'il vous réserve un certain nombre de surprises, le scénario demeure d'une cohérence interne sans faille, ce qui est plus rare qu'on pense dans un genre ou on met habituellement le punch sur un piédestal. La présence des jolies Diane Kruger (une attachante immigrante bosniaque) et January Jones (Liz, au comportement mystérieux) dans les rôles secondaires ne nuit pas non plus à la beauté du film. Enfin, l'aspect exotique et multiculturel du scénario et des lieux représentait déjà un avantage en ce qui me concerne.
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jeudi 13 octobre 2011

Êtes-vous cyberactiviste?

En février dernier, je signais deux billets élaborant quelques dossiers qui avaient interpellés ma fibre activiste.
Certains dossiers récents me font voir que cet élan n'était pas que passager. Mon séjour en Europe centrale et dans les Balkans m'aura fait prendre une pause après mon suivi de l'élection fédérale de mai, et après quelques mois de retour au pays, me voici de nouveau interpellé par diverses actions ou dossiers locaux ou internationaux. Un court échange de vues avec mon ami Jean-Louis Trudel sur Facebook m'a mené à réfléchir plus à fond sur mes choix d'implication en ligne, d'où ce billet sur le cyberactivisme.
Sur la scène locale, je suis un des 33 644 (au moment d'écrire ceci), à avoir signé la pétition déposée devant l'Assemblée nationale demandant une enquête publique sur la collusion dans l'industrie de la construction et sur le financement des partis politiques au Québec. Ouverte pour signature jusqu'à la fin d'octobre, cette pétition ne changera rien à l'orientation du gouvernement en place, mais est un moyen parmi d'autres qui est offert au citoyen de s'exprimer. Le but de l'exercice étant à la fois de faire savoir aux autres québécois qui partage mon opinion qu'ils ne sont pas seuls, ainsi que d'appuyer les députés de l'opposition (peu importe leur allégeance), qu'ils représentent bien l'opinion de certains citoyens en désaccord avec le gouvernement. Car selon notre système politique, s'il y a des gens pouvant influencer les débats en chambre et éventuellement l'orientation du gouvernement, ce sont eux.
Dans le cas de ce dossier chaud au Québec, d'autres croient que le temps des pétitions et éditoriaux est dépassé et invitent maintenant les citoyens à passer à l'action. On verra si l'activisme sur le terrain, au cas par cas, pourra donner plus de résultats que le cyberactivisme dans ce dossier-là.
Toujours au niveau des pétitions, mais plus engagés en terme d'activisme, l'organisation Avaaz permet de s'impliquer sur diverses crises internationales. Chacun est libre d'appuyer la cause qui lui est chère, ou de ne pas appuyer une position qu'il ne partage pas avec le reste de la communauté Avaaz. L'organisation a été fondée par un canadien qui habite Manhattan. Elle célébrait cette semaine l'atteinte des 10 millions de membres partout sur la planète, ce qui n'est tout de même pas rien. Une fois encore, l'acte de signer des pétitions ne semblent pas très engageant, mais du côté d'Avaaz, on parle d'organisation qui peut faire des représentations auprès de députés ou d'autres organisations, avec des pétitions autrement plus imposantes que ce que l'on retrouve au niveau national ou local. Et même si une signature de pétition ne remplace jamais l'activisme sur le terrain, il reste que parfois, c'est le seul moyen que l'on a pour exprimer notre appui à un dossier international. La demande de la Palestine à l'ONU est un bon exemple de cet aspect de l'organisation. Ma signature de la pétition d'Avaaz en support à une reconnaissance de l'état palestinien ne changera rien en elle-même, mais avec les autres, elle lance un message d'encouragement envers les palestiniens, leur faisant savoir qu'ils ont des appuis dans divers pays du globe, incluant, dans mon cas, l'appui d'un citoyen d'un pays dont la position va à l'encontre de leur demande. Au moins, je leur démontre mon désaccord avec les actions sans subtilités de mon gouvernement et sa politique copiée-collée sur celle des États-Unis dans ce dossier. Et puis Avaaz fait plus que de faire circuler des pétitions, leur dossier syrien étant un excellent exemple de leurs actions. Les résultats obtenus dans le cas du projet de loi en Ouganda sur la criminalisation de l'homosexualité en est un autre.
Le ras-le-bol général de plusieurs citoyens du monde envers les dirigeants et les financiers qui continuent à s'enrichir, malgré les crises économiques et financières et les nombreux plans de sauvetage des banques dans le monde, est peut-être aussi le signe que je ne suis pas le seul à m'être découvert un fibre plus activiste que je ne le croyais. Et ceci me fait croire que je ne suis pas le seul non plus à avoir compris que les politiques de droite de plusieurs pays et institutions internationales est la cause de ces problèmes. Mais tel qu'énoncé dans mon article sur le FMI, j'y reviendrai dans un prochain billet, ce qui fait aussi de ce blogue une forme de cyberactivisme personnel.
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