Connaissez-vous L'Auberge du Chien noir, un téléroman diffusé à Radio-Canada?
J'ai attrapé la chose à l'occasion au fil des ans, sans être un fidèle auditeur (je ne suis un fidèle auditeur d'aucun téléroman, je suis bien trop indiscipliné pour ça!), c'est une production qui me semble unique en son genre en ce moment à la télé par son ton bon enfant, presque naïf, et son absence de prétention. L'histoire met en scène des gens ordinaires qui, ma foi, ont l'air plus réels que les participants des nombreuses émissions de télé-réalités :-) (et un peu moins tartes, il faut avouer, grâce au jeu des acteurs professionnels).
Si je vous parle de cette émission aujourd'hui, c'est qu'hier soir, au Club Soda de Montréal, il y avait un spectacle bénéfice mettant en vedette les personnages de ce téléroman à succès.
Le spectacle, au bénéfice de la grande guignolée des médias, s'intitulait d'ailleurs Le Cabaret du Chien Noir, et en était à sa 4e année de présentation (un spectacle différent chaque année).
Les textes de ce spectacle de variétés comme on en voit rarement de nos jours, étaient signés par les auteurs du téléroman, Pierre Poirier et Sylvie Lussier.
Pourquoi va-t-on assister à un variété du genre Cabaret du Chien Noir? Bon, pour la cause d'abord, puis pour passer une soirée amusante à peu de frais, quand même (30$ incluant entrée, une bière et un don supplémentaire, dans mon cas). Et aussi pour voir comment des auteurs et comédiens font pour faire passer l'idée que leurs personnages montent un spectacle dans la vraie vie alors qu'ils ne vivent que dans la fiction habituellement. L'idée a quelque chose d'original, même si une fois encore, ça a un aspect naïf.
Les auteurs n'en sont pas à leurs premières incursions musicales avec leurs téléromans.
Déjà, à l'époque de leur téléroman précédent, Quatre et demi, ils avaient présentés un spectacle télévisé donné par leurs personnages. Le long-métrage dont ils ont signés le scénario, L'Odyssée d'Alice Tremblay, dont j'avais signé la critique pour la revue Solaris (voir au bas de la page de ce lien), comportait également son lot de scènes chantées. Enfin, le cadre même de l'Auberge du Chien Noir est propice à pousser la chansonnette avec un piano-bar dans l'auberge. Bref, non seulement le ton de leurs téléromans rappellent celui d'une époque lointaine, mais l'idée bon enfant de faire chanter tout ce beau monde dans un spectacle de variétés semble relever de la même nostalgie. Certains y voient de la quétainerie, n'empêche que le téléroman a beaucoup de succès, et auprès d'un public diversifié, si je me fie à toutes les strates d'âge du public présent hier au Club Soda.
On ne parle pas ici de donner un méga-spectacle à grands déploiement et le présenter pendant des mois soirs après soirs. Le Cabaret du Chien Noir présenté hier était un one shot. Et je dois avouer que le dévouement des artistes pour la cause (il y a tout de même plusieurs semaines de travail derrière une production du genre) est beau à voir, surtout que tout le monde avait l'air de s'amuser sur scène. Certains, comme Arianne (Julie Daoust) semblaient un peu timide au début mais se sont déchainé un peu plus à mesure que le spectacle progressait.
Je trouve utile d'ajouter que le dévouement en question était total: Les recettes (et non les profits) étaient remises en totalité à la grande guignolée, aucun artiste, artisan ou technicien n'étant payé pour sa prestation.
Le spectacle lui-même était plutôt amusant et j'avoue avoir été étonné par le talent de chanteur de plusieurs comédiens. Car, avouons-le, quand on va voir ce genre de spectacle, on s'attend au niveau de L'Heure de Gloire à la télé; des comédiens qui ne sont pas du tout des chanteurs professionnels et qui hésitent par moments. Or le niveau de maitrise de la voix dont ont fait preuve la plupart des artistes présents force l'admiration. Aussi, j'ai aimé les voir interprété sur scène des personnages de télévision, ce qui est plutôt inhabituel, pour eux comme pour le spectateur.
Parmi les bons moments de la soirée, je retiens le très bon et très jazzé Can't buy me love de Laurent (Renaud Paradis) en entrée de jeu et l'exceptionnelle voix de Manon (Sophie Paradis) dont la prestation était accompagnée d'une chorégraphie tango... intense! C'est la variété des numéros qui étonne le plus, en fait. De la guitare électrique de Christian (Stéphane Côté) en passant par les interprétations de Richard Desjardins de Norm (Claude Prégent), de l'Emmenez-moi d'Aznavour interprété à 14) ou de la touchante et fort à propos La vie de factrie de Clémence DesRochers interprétée par Anaïs (Catherine de Sève), on a eu droit à de l'humour, du rock, du blues et même du western! :-). Quelques sketches humoristiques et échanges de blagues à la Ti-Gusse et Ti-Mousse permettaient d'alterner les numéros avec des moments plus rigolos. Je retiens également le surprenant Cabaret interprété par Jeanine (Élizabeth Chouvalidzé) et le Piano Man de Alex (Pierre-Alexandre Fortin).
Le fait que les comédiens jouaient leurs personnages apportait un élément assez étrange à toute l'entreprise. Par exemple, Sylvain Massé, en Ken, a interprété une version heavy rock de L'Enfant au Tambour (imaginez-le à la manière de Gerry Boulet), ce qui ne devait pas être facile, quand on sait que la voix du comédien n'est pas nécessairement aussi poussée que celle de son personnage. Si vous êtes un habitué du téléroman, j'imagine aussi que l'effet d'étrangeté pouvait venir du fait que pour certains personnages, ils devaient sembler totalement hors-contexte. Je pense à Henri, l'avocat joué par Jean Maheux, au tamtam et chantant Ô Jésus de Zachary Richard! Ce décalage, sorte de remise en abîme, faisait en sorte parti de l'expérience de ce spectacle.
Je m'en voudrais d'oublier en terminant la montée de lait politique effectuée par Marc (Vincent Gratton) à la toute fin du spectacle, montée de lait principalement dirigée contre Stephen Harper et qui aurait fait la joie de Stéphane Dion :-). Cette flambée a d'abord été accueillie avec étonnement par l'audience, qui s'est ensuite reprise à grand renfort d'applaudissement.
Enfin, même s'il ne s'agit pas de chanteurs professionnels, le niveau de professionnalisme des comédiens, les accompagnements musicaux (un band de 11 musiciens incluant une section de cuivres), les arrangement et le ton bon enfant et sans prétention font que le Cabaret du Chien Noir était un spectacle de variétés fort réussi.
L'ensemble nous ramène un peu à l'époque des variétés de Gilles Latulipe, et on comprend comment les gens s'amusaient et pourquoi les spectateurs aimaient ce genre de spectacle.
Car on dira ce qu'on voudra, même si on n'est pas un fan du téléroman, le spectacle présenté au Club Soda hier soir était finalement une fort agréable et amusante soirée!
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