J'imagine que vous en avez entendu parlé, puisque les médias ont invité le chanteur Paul Piché pour sa run de lait médiatique lors de la sortie de son livre intitulé Déjà Vu.
Si j'ai pris du temps à réagir à la publication du chanteur, c'est que je devais prendre le temps nécessaire pour appuyer mon interprétation de sa théorie de la récurrence mathématique des modes depuis 1945. Il aurait été facile de dire que je trouvais la chose ridicule, mais pas très intelligent de ne pas étayer mon opinion.
Le fait que le livre en question soit publié par un éditeur qui est un vendeur de livre (les anglais disent publisher) sans être un éditeur (editor), et qui est renommé pour ne faire aucune direction littéraire, ne m'aide pas à vouloir me procurrer l'ouvrage en question.
Je n'ai rien contre le fait que quelqu'un élabore sa théorie personnelle sur le pourquoi des choses dans le monde. Par contre, quand l'auteur nous arrive avec une belle formule mathématique ultra-simple pour expliquer l'univers, j'ai des importantes réserves sur le sérieux de l'affaire.
Piché trouve étrange que tout le monde focusse sur sa formule, mais coup donc, il doit s'assumer, elle est imprimée sur la couverture du livre! Pire, il affirme qu'il s'agit de la formule algébrique de notre inconscient collectif! Wo, minute, là!
Je ne vous casserai pas la tête avec des maths poussées, comme celles qui sous-tendent la théorie du chaos, mais disons qu'en tant qu'ex-étudiant en mathématiques, j'ai toujours été et je suis toujours un partisan du fait que la vie fait appel à des variables trop nombreuses et complexes pour tout expliquer ou prévoir ou analyser à l'aide de formules simples. Sinon, les prévisions météo seraient toujours 100% exactes, voyons donc!
Les modes et tendances ont l'avantage d'être un sujet d'étude plus flou, moins défini que la météo ou la reproduction des souris, et dans un sens, ce flou profite à la théorie de Paul Piché.
La formule développée (découverte?) par l'auteur est la suivante: y=2(x-80)+45. Le y est de moi, puisque sa formule mathématique n'égale rien (?), mais suggère par les exemples cités que y est l'année à laquelle l'année x renvoie en terme de mode récurrente.
Les exemples sont nombreux, et on en a cité plusieurs. Pour les fins de ce commentaire, mentionons-en deux. 1963=2(1989-1980)+1945. En 1963, J.F. Kennedy déclarait «Je suis berlinois» et en 1989, le mur de Berlin tombait. CQFD.
Second exemple: La chanson Dégénérations de Mes Ailleux, endisquée en 2004, ferait écho aux succès de Garolou en 1973. CQFD?? (rapport?).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Piché étire l'élastique loin au-delà de la mathématique ou de la moindre science tout court. je ne peux que penser que personne n'aurait parlé de cette théorie farfelue si l'auteur n'avait été une vedette. On n'aurait certainement pas invité un nobody pour parler de cette formule farfelue à Tout le monde en parle, et être tendre envers sa théorie en plus, en tous cas!
Piché aura beau me fournir des centaines d'exemples pour appuyer sa théorie et sa formule, je ne pourrai jamais y adhérer. Pourquoi? Parce qu'on ne prouve pas une idée par l'exemple. En fait, j'accepterais peut-être la preuve par l'exemple à condition que les contre-exemples n'existent pas ou soient infiniment peu nombreux par rapport aux exemples concluants.
Je m'explique.
En appliquant la formule Piché, par exemple, à l'invasion de l'Irak (par Bush-fils) en 2003, j'arrive à l'année 1991, année de la première invasion en Irak (par Bush-père, en plus), ce qui devrait me faire croire que toute l'affaire fait du sens. Mais en appliquant la formule à l'ascension de l'ADQ au titre d'opposition officielle en 2007, j'arrive à l'année 1998, année d'une élection tout ce qui a de plus normale avec le PQ prenant le pouvoir avec une majorité. Piché nous assure que les contre-exemples existent, mais sont très peu nombreux. Ok. Autre contre-exemple, l'oscar remporté par The Departed de Scorcese en 2006 fait écho à celui de James Cameron pour Titanic en 1997. Quel rapport entre les deux oeuvres? Ah, Leonardo DiCaprio joue dans les deux films! Voyez comme on peut faire fitter les exemples si on veut vraiment?
Continuons le jeu un instant, si vous permettez. Le film le plus populaire de 2007 a été Spider-Man 3. 2007 renvoyant à 1999, Star Wars Episode I était le plus populaire cette année là... Cette fois, je n'arrive pas à voir un lien évident... Il s'agit de suites (en fait, un prequel pour Star Wars), mais il sort des dizaines de suites à chaque année, alors l'argument me semble faible.
Toujours en cinéma, lieu de plein de modes et de tendances, en 2001, Steven Soderbergh sortait Ocean's 11, un remake du film homonyme de... 1960... or 2001 renvoi à 1987, qui renvoi à 1969... Zut, ça ne marche pas!
Attendez... Star Wars Episode I est sorti en 1999, qui renvoi à 1983, année de sortie de Return of the Jedi, le dernier Star Wars a être sorti avant Episode I! Ça marche donc ! ?
En fait, vous voyez où je veux en venir. En élaborant une formule aussi simple et en la justifiant simplement par des exemples, Piché commet le péché de ne sélectionner que les exemples qui confirment la formule, évitant les autres situations. Et comme les exemples font références à des modes, il est facile de trouver quelque chose de convaincant... Si Kennedy n'avait pas fait sa déclaration en 1963, je suis sûr qu'un autre événement relié à l'Allemagne s'est déroulé en 1963 et qu'on aurait pu lui coller la référence pour la chute du mur en 1989.
Dégénérations, par exemple, a beau avoir été endisquée en 2004, elle est devenu populaire (donc à la mode, tendance) en 2006... Évidemment, on pourrait certainement trouvé un groupe traditionnel pour jumeler l'affaire au lieu de Garolou si on cherche vraiment dans une autre année, non? Vous avez compris mon point de vue.
Pas convaincu que toute l'affaire ne tient qu'à un fil (imaginaire)?
Ok, alors testez MA formule à moi, je viens de la découvrir pour les frins de ce commentaire, et elle explique comment le monde, la mode, les tendances, se répetent selon des boucles depuis 1950 selon l'équation suivante: y= 2(x-1985)+1950.
Yep.
Selon cette formule (ça m'a pris au moins 20 minutes pour la découvrir, sérieusement), l'année 2007 renvoi à l'année 1994. Or l'arrivée comme chef de l'opposition officielle de Mario Dumont en 2007 renvoi donc à sa première élection en tant que député en 1994!!! Stupéfiant, non?
En 1982, alors que The Police lançait l'album contenant leur plus grand succès, Every Breath you take, avec les parloes mondialement connus I'll be watching you... cette année 1982 renvoi, selon ma formule, à l'année 1944, année du grand succès de Bing Crosby I'll be seeing you! Étonnant, non?
Encore!
Ok, en septembre 2001, des attaques faisaient s'écraser un avion sur le Pentagone à Washington et couper la ligne de métro qui passait sous les tours jumelles de New York. Or 2001 renvoi, avec ma formule, à 1982, année où un avion de Air Floride s'est écrasé sur Washington la même journée où le métro de cette ville a déraillé!! Avouez!
Une dernière, la meilleure, pour illustrer comment ça marche: Star Wars Episode I, premier film de la dernière trilogie (que nous avions réusi à connecter à Return of the Jedi avec la formule Piché...), sorti en 1999, qui renvoi selon ma formule à 1977, année de la sortie du premier film de la première trilogie Star Wars!! Hé! Ma formule, dans ce cas, semble fonctionner mieux que celle de Piché!!!
Anyway, vous aurez compris que je n'accorde que peu de crédibilité à l'ensemble. En tant qu'écrivain, je déplore même qu'un éditeur ait publié le livre, plutôt qu'un bon roman ou un bon livre tout court, et que des lecteurs dépensent leur argent pour lire ce genre de théorie plutôt qu'un bon livre. Je trouve même que c'est profiter de la naàîveté des gens qui se cherchent un gourou. Je n'ai rien contre les livres à réflexions psychologiques ou sociologiques, mais je trouve pathétique un livre qui dépend de quelques observations et de coincidences mathématiques et que l'on vend comme une théorie valable. Piché, avec ce livre, a l'air d'un gourou et son éditeur d'un profiteur.
Vous doutez que ce ne soit que des coincidences? Vous aimez bien la formule de Piché? Ok, des coincidences, en voulez-vous vraiment qui frappe plus fort que le Je suis berlinois de Kennedy attaché à la chute du Mur de Berlin?
Attachez votre ceinture, en voici une amusante série de 22, ma conclusion suivra.
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Abraham Lincoln a été élu au Congrès en 1846.
John F. Kennedy en 1946.
Abraham Lincoln a été élu président en 1860.
John F. Kennedy en 1960.
Les deux ont été tués un vendredi.
Les deux ont été tirés dans la tête.
La secrétaire de Lincoln s'appelait Kennedy
Celle de Kennedy s'appelait Lincoln.
Les deux assassins étaient du sud
Les deux successeurs à la présidence venaient du sud.
Ils s'appelaient tous deux Johnson.
Andrew Johnson, successeur de Lincoln, était né en 1808.
Lyndon Johnson, successeur de Kennedy, était né en 1908.
John Wilkes Booth, l'assassin de Lincoln, était né en 1839.
Lee Harvey Oswald, l'assassin de Kennedy, était né en 1939.
Les deux assassins ont des noms complets de 15 lettres.
Lincoln a été tué au théâtre Ford
Kennedy, dans une Ford Lincoln
Lincoln a été tué dans un théâtre et l'assassin s'est réfugié dans un entrepôt.
Kennedy a été tué d'un entrepôt et l'assassin s'est réfugié au théâtre.
Une semaine avant son assassinat, Lincoln était à Monroe, au Maryland.
Une semaine avant sa mort, Kennedy était avec Marilyn Monroe.
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Vous trouvez ça hallucinant? Trop de coincidences pour conclure que les deux événements/vies ne sont pas reliés par un élément mystique ou surnaturel? Sans mentionner que la formule Piché ne relie pas les années de ces événements majeurs!?
Well, sans vouloir vous décevoir, on peut tout de même déboulonner quelques pièces du puzzle ici et là, non?
J'imagine que les deux présidents ont eu plus d'une secrétaire... On choisi celle qui fait notre affaire ici et le tour est joué. Johnson est un nom plutôt répandu... Après tout, même au Québec, on a eu trois premiers ministres de ce nom... Une semaine avant leurs morts respectives, ils ont certainement visités plusieurs endroits et rencontré plein de gens, on prend ceux dont les noms ont des consonnances similaires... et en fait, tout ce château de coincidences s'effondre totalement si on n'est pas absolument convaincu qu'Oswald a bien tué Kennedy, en plus :-)
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Bref, vous aurez compris, je l'espère, qu'avec un peu d'imagination, on peut relier presque n'importe quoi... alors la formule Piché? Bof!
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P.S. Mathématiquement, soit je n'y comprends rien, soit il y a un hic, mais selon la formule Piché, rendu en 2015, on renvoi à... 2015.. ? Et en 2016, on fera référence à l'an 2017... pas encore passé??? On aura fini de répéter les modes passées ou on commencera à créer les modes futures? :-)
Dans la version que tu donnes d'abord de la formule de Piché, il semble manquer les 19, parce que sinon, 2(2015-80)+45 ne donne pas 2015...
RépondreSupprimerAuquel cas, on peut simplifier la formule de Piché pour qu'elle donne y=2x-2015 et la tienne pour qu'elle donne y=2x-2020. Ce qui suggère aussitôt que ta formule aussi va dérailler après 2020...
Mathématiquement, d'ailleurs, il s'agit toujours de la même droite dans le plan cartésien, avec un léger décalage vertical.
Pour la formule de Piché, je donne celle qu'il offre. Il semble en effet que les 19 soient manquants, puisque sinon, on ne dépasse pas 1999 en utilisant seulement les deux derniers chiffres pour l'année (Piché ne passe pas le bogue de l'an 2000, tiens! Hehe).
RépondreSupprimerJe ne voulais juste pas la modifier en en parlant, mais bien donner celle qu'il nous donne...
Évidemment que ma formule déraille aussi, puisqu'elle est inventée sur le même modèle! :-)
Rassure-toi, ma formule n'était pas inscrite là pour avoir l'air valide!!! Au contraire!!
Ceci précisé, Jean-Lopuis, ton opinion de scientifique sur la question?
RépondreSupprimerEuh, je ne suis pas un spécialiste de la culture populaire, alors les retours en question ne me disent pas grand-chose. Je sais bien que, dans les années 90, on disait que c'était le retour des années 60, ou quelque chose. (Piché n'a rien inventé, en tout cas, sauf sa formule.)
RépondreSupprimerJ'avais vaguement écouté son entrevue avec Charette. Je m'attendais vaguement à ce qu'il mentionne la sacrosainte corrélation entre la longueur des jupes et le cours de la bourse, mais je ne sais plus s'il l'a fait.
Mon avis, c'est qu'il n'est peut-être pas entièrement dans le champ, pour une période suffisamment courte pour qu'elle conserve certaines des mêmes technologies et structures sociales et suffisamment longue pour qu'il y ait une succession de générations.
Au fil des ans, il y a eu toutes sortes d'analyses prétendant découvrir des cycles de récurrence. En économie, il y a les fameux cycles de Kondratieff, qui ont d'ailleurs suscité des critiques assez semblables aux tiennes. En démographie, David K. Foot a décelé des cycles dans la séquence des générations creuses et pleines, avec des effets prévisibles sur l'économie. Tout ceci remonte à la croyance que des phénomènes collectifs peuvent reproduire l'évolution d'un individu, en clair, que la culture d'un pays, ou l'économie, ou la société, peut passer par les mêmes phases qu'une personne.
Dans Le déclin de l'Occident, Spengler proposait que les sociétés, cultures ou civilisations passent de manière organique par différentes étapes. L'idée a été reprise par d'autres, dont Arnold Toynbee, qui a inspiré Poul Anderson (voir A Knight of Ghosts and Shadows, si je me souviens bien), pour revenir à la sf.
Ces cycles sont, comme chez Piché, des expressions d'une réalité que l'on n'essaie pas d'appréhender directement, mais qui peut se décrire par une formule. On peut y croire ou non. À moi, il me semble qu'une population humaine qui échapperait aux chocs produits par une guerre cataclysmique ou une révolution économique pourrait effectivement reproduire des évolutions semblables sur une longue période de temps. Si ce n'est que parce qu'il y a des phénomènes empiriques qui pourraient impartir un certain rythme.
Chez Kondratieff, l'investissement dans l'innovation absorbe le capital qui a exigé un certain temps de formation. Lorsque l'innovation accouche de nouveautés profitables, le capital requis pour une nouvelle vague d'innovation est généré peu à peu. En démographie, il semble probable que l'emploi d'une génération dépende du nombre de demandeurs d'emploi et de la date de son arrivée sur le marché du travail. Il y a des économistes sérieux qui conçoivent le chômage qui a dominé de 1975 à 1995, par exemple, comme l'effet d'une surabondance de main-d'oeuvre par rapport à la taille de l'économie.
Etc.
Est-ce que j'y crois dur comme fer? Il y a beaucoup de facteurs susceptibles d'interagir. Comment savoir lesquels prédominent? Est-ce que l'enchaînement d'une génération pleine et d'une génération creuse compte plus que l'accumulation d'inventions?
Dans le monde réel, le Québec a connu une longue période de paix et de prospérité depuis la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale. Cela permet peut-être de voir émerger des cycles qui seraient complètement perturbés dans un autre contexte. Est-ce que cela va jusqu'à s'appliquer à la culture? De manière très large, peut-être, mais pas à l'année près. Si la culture franco-canadienne alterne entre phases régionalistes et phases internationalistes, par ex., entre Louis Fréchette et Louis Hémon, entre Céline Dion et Mes Aïeux, ce serait peut-être compréhensible, tout comme une alternance semblable serait détectable en politique...
Voyons le Québec : de 1867 à 1897, les conservateurs dominent, à deux accrocs près. C'est une période de marasme économique et assez frileuse sur le plan idéologique ou social. De nombreux francophones émigrent. Période de 30 ans.
Suit l'ascendance libérale de 1897 à 1936, une période de 40 ans marquée par un retour de la prospérité (jusqu'en 1929) et une certaine effervescence au niveau de la politique (indépendantisme), de l'éducation (nouvelles institutions) et de la culture (arrivée du cinéma, de la radio, école littéraire de Montréal, etc.). La natalité baisse, au plus
creux en 1937.
De 1936 à 1960, à un accroc près, sur une période de 25 ans, on passe de la catastrophe économique à une certaine aisance, mais qui ne profite guère au peuple puisque Duplessis thésaurise. L'Église demeure puissante et les arts modernes réprimés. La natalité
augmente.
De 1960 à 1989, sur une période de 30 ans, l'économie est plutôt prospère, malgré des crises passagères, les institutions se rénovent et la culture se transforme, tandis que l'autorité religieuse recule. Plusieurs partis politiques se passent le pouvoir, mais tous sentent le besoin de réformer, que ce soit dans le sens des investissements publics, de l'État-Providence, de l'équité sociale ou de l'entrepreneuriat assisté par l'État. La natalité s'effondre.
De 1989 à aujourd'hui, sans dire que ce soit une période d'immobilisme, on notera que la population québécoise n'arrive pas à se décider. Les partis traditionnels obtiennent de très courtes victoires, le référendum de 1995 est partagé à quelques fractions près et le gouvernement est maintenant minoritaire. La culture retombe dans la tradition (les conteurs, les groupes néo-trad, les adieux prolongés des Ferland et Vigneault) tandis que l'économie reste marquée par la récession du début des années 90, la stagnation démographique et le poids des dettes accumulées. Les religions sortent du placard (pas toujours celles qu'on attendait...) et on limite ses ambitions... Signe de cette indécision, qui sait, la natalité est à plat, mais n'accuse pas de tendance spectaculaire à la hausse ou à la baisse.
Est-ce que ces grands cycles décrivent quelque chose de réel, ou sont-ils des mirages? Il y a des réalités concrètes à la base (le nombre de naissances), mais tout le reste est-il circonstanciel ou modulé par les grandes tendances?
Mystère.
Rassure-moi, Hugues, il ne s'agit pas de Paul Piché, le chansonnier?
RépondreSupprimerDaniel Sernine
Jean-Louis,
RépondreSupprimerMystère... justement, et non pas solution miracle à formule algébrique simpliste.
Daniel,
Oui, oui, le Paul Piché chansonnier... Triste, hein?
Hugues