samedi 28 mai 2011

Sarajevo: entre l'histoire et le présent (2)

Quelques photos commentées faisant suite au billet précédent sur mon exploration de Sarajevo.

Comme la cité a été longtemps sous l'emprise de l'empire ottoman, quelques édifices conservent encore aujourd'hui les influences arabes dans leur décoration ou leur architecture d'ensemble.

Le Pont Latin qui relie les deux rives est aussi un lieu historique important. C'est juste à côté de l'entrée nord du pont qu'a été assassiné Ferdinand, alors héritier de la couronne d'Autriche. Cet événement est vu comme l'élément déclencheur de la première guerre mondiale.

La cathédrale (catholique, celle-là) de Sarajevo, où Jean-Paul II est venu célébrer la messe (en 1997) après les accords de paix.

"L'autre" cathédrale (orhodoxe) rappelle au visiteur que les choses sont plus complexes ici qu'ailleurs. Les monuments à la paix rappellent toutefois que le pays tend à mettre le passé derrière lui.

Gros plan sur les ruines du quartier historique que l'on voyait dans le billet précédent.

Le vieux quartier turc est aujourd'hui rempli de petites boutiques et d'artisans divers. Je n'ai pu résister à la tentation d'acheter une cafetière bosniaque, qui ma foi, vous permet d'infuser très simplement un délicieux café, pour peu que vous aimiez votre breuvage corsé.

La mosquée de l'empereur et son minaret est un des édifices qui domine le paysage de la rive sud de Sarajevo. Les minarets de Sarajevo sont d'ailleurs complètement différents de ceux que j'avais jusqu'ici pu voir en pays musulmans (Malaysie et Maroc). Aussi, ceux de Sarajevo sont silencieux; aucun appel à la prière du Muezzin s'y font entendre.

Szuze et Istvan dans le quartier historique...

Le séminaire catholique Vrhbosnanska Bogoslovja, aperçu par hasard lors d'une balade dans la partie nord de la ville.

Istvan et Szuze posant sur le symbole qui a défini Sarajevo pendant une décennie. La mascotte des jeux (voir billet précédent) fait maintenant l'objet d'une affiche vendue dans les boutiques où il est représenté en étant la cible de sinpers serbes alors qu'il transporte de l'eau potable.

Vue de la rivière Miljacka. À droite, sur la rive sud, le bâtiment qui ressemble à un petit parlement de la Hongrie est l'académie des beaux arts de Sarajevo.
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Sarajevo: entre l'histoire et le présent

J'espère revenir sur Sarajevo avec plus que quelques billets-photos, mais en attendant d'avoir du temps pour écrire, voici au moins quelques images de la ville qui m'a fortement impressionné.

Tous les gens de ma génération se souviendront des jeux olympiques de 1984 de Sarajevo. Aujourd'hui, l'affiche de bienvenue à Sarajevo avec la petite mascotte des jeux est toujours présente à la gare ferroviaire, sauf que l'on peut y voir des traces d'impact de balles.

La rue Ferhadija qui donne son nom au quartier commercial du centre-ville est bordée d'immeubles d'inspiration austro-hongroise qui ne sont pas sans rappeler les grands boulevards de Budapest. (Sarajevo, à une époque, avait plus ou moins été annexée à l'empire de Vienne).

À cinq minutes de là, vous vous retrouvez en plein quartier historique turc (Sarajevo était à l'époque partie de l'empire ottoman). Aujourd'hui, on y retrouve des boutiques, des artisans et des trucs touristiques. Parmi les artisans intéressants, nous avons rencontré un travailleur du cuivre, qui apparaît dans le livre de l'UNESCO qui a classé ce quartier patrimoine de l'humanité en le citant comme exemple.

Qui dit empire ottoman, dit influences islamiques, surtout qu'une bonne partie de la population locale est musulmane (en fait, quand on parle de Bosniaque, on parle ici de musulmans, automatiquement, puisque les serbes de Bosnie sont orthodoxes et les croates de Bosnie sont catholiques). Et qui dit islam dit mosquées; ici, dans la cour intérieur de la mosquée de Gazi Husrev, érigée en 1531.

Vue de quelques ruines du quartier historiques, dont l'ensemble est dominé par le minaret de Gazi Husrev et la tour d'horloge. 
La tour d'horloge se dresse au milieu du quartier, à partir d'une cour intérieur anonyme et qui est entourée de petites boutiques et de cafés.

Bascarsija, qui est une petite place du quartier historique est considéré comme le coeur de Sarajevo. Au centre de la place (à droite sur la photo), on peut voir la Sebiji, une fontaine publique en forme de kiosque.

La rivière Miljaka sépare Sarajevo en deux parties et est traversée grâce à quelques ponts, comme le Pont Latin, en pierre, que l'on voit sur cette photo. Pendant le siège de Sarajevo, traverser un de ces ponts était l'équivalent de risquer sa vie, puisque vous étiez complétement à découvert.

La cathédrale orthodoxe, comme tous les édifices religieux serbes, n'a pas été touchée lors du siège mené par l'armée de la Serbie (ex-armée de Yougoslavie). Aujourd'hui, la place devant la cathédrale est le théâtre de parties d'échecs amicales.

Je me trouve devant un des deux édifices du gouvernement du pays appelé Bosnie-Herzégovine. Le pays est constitué de deux entités quasi autonomes (mais de plus en plus intégrées); la Bosnie-Herzégovine et la République serbe. Le drapeau que l'on voit derrière moi (le drapeau officiel du pays) est issu d'un compromis et ici, on nous a avoué que peu de gens au pays s'y sentent relié; les Bosniaques lui préférant leur fleurdelysé, les Serbes le drapeau tricolore de la Serbie. Ce simple drapeau montre bien combien la situation est encore compliquée en Bosnie-Herzégovine et que malgré que la paix y règne, le pays est loin d'être exempt de tensions. Sarajevo, la capitale où est évident le mélange des trois religions, n'échappe évidemment pas à ces tensions.
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vendredi 27 mai 2011

Télégramme de Sarajevo - deuxième partie

Sarajevo est une superbe petite capitale, tranquille et vivante à la fois, mélange de cultures qui fascine et étonne, qui semble en harmonie mais qui révèle aussi que les blessures du passé récent ne sont pas encore guéries; j'y reviendrai dans mes billets sur la capitale de la Bosnie-Herzégovine. Cette capitale qui ne ressemble à rien des villes que j'ai visitées auparavant se dresse déjà comme une jolie surprise du voyage, une belle découverte dont le caractère m'aura marqué.
Sarajevo, c'est le multiculturalisme à l'image de la Bosnie-Herzégovine, et ce pays est à l'image de ce qui était le multiculturalisme de la Yugoslavie et des Balkans dans leur ensemble.
Sarajevo c'est un passé rempli d'histoire et de conquête; des romains aux ottomans, et des deux guerres mondiales, avant les olympiques de 1984 et bien avant la guerre civile; mais c'est cette guerre récente qui retient l'attention ici. Pourtant, la ville est vivante et animée, les gens y sont accueillant et chaleureux, amicaux et respectueux. Enfin, c'est une ville verte entourée de jolies montagnes, un paysage où se côtoient minarets et clochers, musique des années '80 et traces encore visibles des impacts de balles sur les édifices.
Bref, Sarajevo c'est beaucoup, et une très belle expérience de voyage. C'est, dans mes récents voyages, un des endroits les plus émouvants où j'ai mis les pieds.
Plus de détails dans quelques jours, car je me déplace à nouveau et je ne sais pas quand j'aurai mon prochain accès internet.
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jeudi 26 mai 2011

Dans l'appartement de Jasmina à Osijek

Située à l’écart du reste de la Croatie, dans la partie de la Slavonia qui s’étire jusque vers la province de Vojvodine en Serbie, Osijek a été le théâtre d’affrontements intenses pendant neuf mois de la fin 91 à l’été 92. Les Serbes avaient conquis les villes frontalières de la Croatie et Osijek est devenue la ligne de front entre ceux-ci et les Croates. La ville, aujourd’hui, ne voit pas passer beaucoup de touristes, d’après ce que l’on nous a dit. Pour ma part, c’était l’endroit idéal pour casser un long trajet de train entre Pécs et Sarajevo, prochaine étape du périple.

En arrivant à Osijek, nous n’avions pas de réservations, mais avions quelques adresses. Une longue marche nous a mené sous un soleil de plomb vers Grojni Grad, le centre-ville plus moderne de la ville, puis le long de Europska Avenija vers Trvda, le vieux centre de la cité. Malheureusement pour nous, l’hostel que nous avions localisé s’est avéré fermé en après-midi, ne laissant qu’un numéro de téléphone à titre de référence. Comme il était situé à même un bar-pub-club qui promettait un beau party le soir venu, on a préféré aller voir au Maksimilian, une maison d’hôte non loin, mais qui avait l’air hors de notre budget. Au Maksimilian, nous sommes tombés sur Jasmina, qui nous a appris que c’était complet, mais qui nous a offert d’un même élan de louer son appartement, un peu en retrait du centre, dans le quartier de la gare ferroviaire. Après s’être rapidement entendu sur un prix, Jasmina- efficace et aimable à la fois – a communiqué avec une dame pour faire préparer la clef et les lits dans l’appartement, et a contactée une copine qui est arrivée au Maksimilian moins de 5 minutes plus tard pour nous servir de taxi vers l’appartement. En moins de temps qu’il n’en faut pour apprendre à prononcer Osijek ("Ossyek"), nous étions logé dans un superbe petit appartement avec salon, salle de bain privée et cuisine équipée. De quoi trouver dommage qu’Osijek ne soit qu’une étape de passage, mais de quoi nous impressionner par l’accueil des Croates envers les visiteurs. Si Jasmina et son amie sont représentatives de la Croatie, nous allons être bien reçus.
Le reste de la journée et la soirée a été consacré à explorer les rues d’Osijek, parfois en silence devant les vestiges du conflit qui a fait rage ici il y a moins de deux décennies.


Le quartier de Gornji Grad est dominé par une gigantesque cathédrale, mais surtout par de larges boulevards qui comprennent diverses lignes de Tramway.


La cathédrale néo-gothique St-Pierre-St-Paul (les deux fondateurs de l’église chrétienne semblent un duo populaire dans le secteur – voir Pécs), avec ses amusantes gargouilles. (Daniel, je crois qu’il s’agit de néo-gothique rayonnant, si j’ai bien compris la nuance que tu m’as expliqué!)


Dans Tvrda, le vieux centre-ville, les rues sont étonnamment larges pour une ville de cet âge.


Une petite église (St-Michel Archange) et quelques édifices colorés donnent un charme sympathique à l’endroit. Dans ce secteur de la ville, on dirait qu’Osijek est un petit village et nom une ville de 100 000 habitants (une petite ville, selon la copine de Jasmina et les standards européens).


En empruntant le tram entre les deux centres, j’ai pu observer le travail du conducteur et admirer les édifices art nouveau le long de l’avenue.


Plusieurs édifices (particulièrement dans Trvda) portent encore la marque des affrontements; quelques-uns sont détruits, d’autres ont été réparés, d’autres encore ne portent que les marques d’impact de projectiles ou de mortier; on en a aussi vu qui était fraîchement plâtrée mais pas encore repeints. L’édifice en long, au centre, est une école, encore fréquentée aujourd’hui.


Dernier cliché à Trvda avant de remonter vers l’appartement de Jasmina pour une confortable nuit de sommeil, avant la Bosnie-Herzégovine.
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Pécs

Pécs est une belle petite ville du sud de la Hongrie. Avec ses rues calmes et ses places photogéniques, en plus de ses habitants forts sympathiques, Pécs s’est avéré un moment fort agréable pour débuter réellement le voyage, puisque jusqu’à maintenant, j’étais resté à Budapest et les environs.


Széchenyi Ter, la plus grande place de Pécs – un endroit réservé aux piétons – est aérée et entourée d'édifices plus impressionnants les uns que les autres. À gauche sur la photo, la varoshaza (Hôtel de ville) domine complètement la partie sud de la place, où l’on peut aussi voir quelques monuments et fontaines.


L’autre extrémité de la place offre l’édifice le plus original de Pécs; une ancienne mosquée érigée a l’époque de la domination de l’empire ottoman sur la région, mosquée qui a été « convertie » au catholicisme par la suite. L’église actuelle - toujours appelée Gazi Kazim Pasha Mosquee - comporte encore des arabesques islamiques au-dessus des arches et fenêtres ainsi qu’un mirhab où l’on peut encore voir des inscriptions en arabe, bien que ce dernier ait été décoré d’une vierge Marie et surmonté d’un Christ en Croix.


Sinon, l’intérieur offre un fascinant mélange de cultures religieuses, avec ses arcs rouges et blancs qu’entourent des fresques chrétiennes. Que l’on soit religieux ou non, l’ensemble est d’une grande beauté.


Istvan et Szuze dans les rues piétonnes de Pécs (ici sur Kiraly Utca).


La belle tour d’horloge de la varoshaza qui domine la place centrale de la ville.


Une partie des fortifications de Pécs est encore debout. A droite, au loin, on peut voir les 4 clochers de la cathédrale.


Deux des clochers de la cathédrale St-Pierre-St-Paul; l’édifice avait été d’abord conçu avec deux clochers avant que l’on ne décide d’en ajouter deux autres quelques décennies plus tard.


Si l’intérieur de l’ancienne mosquée fascine, l’intérieur de la cathédrale force l’admiration; abondamment décorée et ornée de nombreuses fresques, l’ensemble bleu et or forme un intérieur resplendissant que l’humilité de l’extérieur ne laisse pas prévoir.


Sorcière aperçue en errant dans les rues nord du centre-ville.


Cette église passe presque inaperçue au milieu de tant d’édifices imposants.


Fontaine Zsolnay, du nom de l’inventeur de ce type de porcelaine dont on orne plusieurs toitures en Hongrie encore aujourd’hui.


Vue d’ensemble de Széchenyi ter.
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Aquincum

Il y a quelques millénaires, la région où je me trouve était appelée Pannonia et il s’agissait d’une province sous le contrôle de l’empire romain. L’Empereur Auguste a été le premier à déclarer que les frontières de l’empire allait maintenant jusqu’au Danube. La capitale de la Pannonia, à cette époque, était appelée Aquincum. Bien que la région ait subi quelques changements politiques, Aquincum est demeuré la ville principale de Pannonia jusqu’au 3e siècle. Aquincum, aujourd’hui, c’est la banlieue de Budapest. Mais heureusement, on peut encore y voir quelques ruines de l’époque romaine sur un site archéologique situé en pleine ville.


Les ruines d’Aquincum ne sont pas les plus impressionnantes ruines romaines que j’ai pu voir, mais le site est tout de même intéressant. Il s’agit – essentiellement – des fondations d’un quartier résidentiel, du forum, et – à l’écart, d’un petit amphithéâtre. Rien de bien plus haut qu’un mètre n’a survécu au passage des siècles.


Rien à part une colonne ici et là, ainsi que quelques artefacts plus importants maintenant exposés dans le musée d’Aquincum.


L’étendue du site est quand même étonnante pour des ruines sises en pleine ville. La préservation de certaines structures comme les piliers de planchers étonne également.


Des plaques gravées en latin et des bas reliefs sont présentés dans un pavillon restauré pour l’occasion.


Détail d’un bas-relief d’Aquincum.


Les pièces les plus impressionnantes ne sont pas conservés in situ, mais plutôt dans le musée – fort intéressant et très bien organisé. Ici, une de mes pièces favorites; une mosaïque où l’on reconnaît quelques poissons ainsi qu’un canard.


Le long de la route entre le site d’Aquincum et la gare de train, on peut également voir les restes du petit amphithéâtre ainsi que ceux de l’aqueduc .
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Szentendre

Szentendre est une petite ville au nord de Budapest, le long du Danube, dont on a déjà dit qu’elle était la Montmartre du Danube, puisque la ville est devenue célèbre pour ses artistes et artisans, attirés par les vues bucoliques et l’ambiance campagnarde qui y règne. Aujourd’hui, cette réputation a fait de Szentendre une ville aussi touristique qu’artistique, et il s’est donc développé toute une industrie autour de ce nouveau marché; terrasses, cafés, resto et bar côtoient les maisons colorées et les rues étroites zigzaguant en pente vers des places ou églises entourées d’arbres. Bref, une jolie petite ville dont le charme était parfait pour passer la plus grande partie d’une journée à l’extérieur de la capitale.


La petite église St-Jean domine la plus haute colline de la ville, et la tranquille place qui l’entoure offre des vues imprenables sur les toits de tuiles orange des maisons environnantes.


Rues pavées de roches, maisons colorées, quasi absence de véhicules, Szentendre, dont le nom hongrois honore St-André, peut être un véritable havre de paix.


À part le secteur plus touristique entre Fo Ter et le Danube, on ne retrouve presque pas de touristes ailleurs dans la ville, où il y a pourtant des trouvailles intéressantes, comme ce coin tranquille avec un café joliment décoré.


Incontournable calèche pour les balades romantiques au son des sabots sur les pavés.


L’urbanisme de Szentendre ne facilite pas la vie aux usagers de voitures. Entre les rues étroites, les sens uniques, l’absence de stationnement et les rues en escaliers, on voit bien le parti-pris que les gens de Szentendre pour une vie calme.


Quelques ruelles sont très étroites et comportent des marches à divers degrés, comme ici, entre l’église St-Jean et Fo Ter où on a fait une découverte culinaire locale.


L’église St-Pierre-St-Paul s’élève sur un quartier absolument charmant.


Istvan et moi fiers de notre langos, une spécialité locale. C’est une sorte de pâte à levure frite et recouverte de fromage (avec crème sure dans le cas d’Istvan, sauce chili pour moi). L’affaire s’est avérée délicieuse.


La cathédrale orthodoxe Belgrade rappelle au visiteur que Szentendre – comme une partie de la Hongrie – a une population Serbe dont la présence remonte à plusieurs siècles.


Une petite rue qui serpente, pavée de roche, est peut-être le dernier endroit où l’on pense trouver une taverne. Pourtant.


L’aspect campagnard tranquille des lieux ne doit pas faire croire en l’absence d’un certain luxe. Ici, par exemple, j’attire votre attention sur la verrière de la maison de droite, que l’on aperçoit en haut.


Szuze et Istvan près de l’église St-Pierre-St-Paul de Szentendre.
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