dimanche 18 avril 2010

Le fils de son père

Il y a quelques mois, j'offrais aux amateurs, une grille de mots croisés de mon cru. Il ne s'agissait pas de la première fois (et malheureusement pour ceux qui n'apprécient pas ce petit plaisir, pas la dernière non plus, mais rassurez-vous, je n'en fais pas une habitude).
Je disais alors avoir hérité de mon intérêt pour la chose de mon père, grand cruciverbiste devant l'éternel.
Les mots croisés favoris de mon père étaient ceux de La Grille des Mordus, conçus et publiés à l'époque de ma jeunesse par Maurice Hannequart. Plus que des petites grilles de mots aux définitions faciles ou répétitives, Maurice Hannequart concevait des véritables énigmes.
Aujourd'hui, la Grille des Mordus existe encore. Elle est publiée dans l'édition du week-end de La Presse et est le fruit du travail de Michel Hannequart, le fils de son père.
Hannequart-fils a hérité du talent de verbicruciste de son père et aussi de son intérêt pour faire de ses grilles des énigmes à paliers multiples plutôt que de simples enfilades de définitions. Le résultat est toujours divertissant et drôle et intriguant et frustrant quand vous n'arrivez pas à trouver une solution. Un exemple récent? "Pousse certains voyageurs à choisir des places assises", en 7 lettres (réponse ci-bas).
Si je vous parle de ça aujourd'hui, c'est que comme je joue à l'ermite ces temps-ci, et que je ne loue pas des films à tous les soirs, il m'arrive de relaxer avec une bonne bière avant de souper, et de jeter un oeil à la Grille des Mordus pendant la semaine. Car la grille, vous l'aurez compris, n'est pas du genre de mots croisés que vous allez résoudre en un quart d'heure, les doigts dans le nez. Ainsi, il n'est pas rare de voir trainer, non loin de ma table de cuisine, deux ou trois grilles hebdomadaires à demi ou aux trois-quart résolues.
Une portion de la grille d'il y a deux semaines me donne plus de fil à retordre que de coutume, toutefois, et ce matin, de passage chez mon père, je n'ai pu résister à lui demander s'il avait résolu cette grille en entier.
Le satan de paternel l'avait non seulement complété, mais avait presque terminé celle d'hier! Bon, il a eu plus de temps libre que moi pour travailler dessus, mais je ne pense pas que je suis du calibre à résoudre Hannequart en moins de 24h. Mentionnons toutefois que mon père n'avait pas encore terminé celle de la semaine dernière, na! (moi non plus mais chut, ne lui dites pas).
Anyway, tout ça pour dire que sans demander à mon père de me fournir une réponse ou un indice, j'ai succombé à la tentation et lui ai au moins demandé de me confirmer que "N'est pas au courant" en 6 lettres était bien "éolien", question de confirmer que je fais bonne route sur ce qui me reste à résoudre de cette satanée grille!
Enfin, en faisant une recherche sur le web pour ce billet, je suis tombé sur 5 grilles des mordus que j'ai téléchargées pour mon père (la première est ici) et qui sont signées Maurice Hannequart et datées de 1975 (gracieuseté du fils, via un lien sur un forum consacré aux grilles des Hannequart!). Après tout, si Morin-père est encore meilleur à ce jeu que Morin-fils, j'imagine que Hannequart-père saura lui donner plus de fil à retordre que Hannequart-fils ne le fait actuellement.
Tiens, ça me rappelle que mon père ne m'a toujours pas fourni la solution à ma petite grille sur le Guatemala, hehehehe.
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"Pousse certains voyageurs à choisir des places assises", en 7 lettre: Turista.  (M. Hannequart, La Presse).
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Petits salmigondis cinéma

Toujours occupé - et à des choses bien moins fascinantes que lorsque je voyage - mais rassurez-vous, je reprendrai la route très bientôt et reviendrai avec plus de régularité pour vous parler de toutes ces choses fascinantes que l'on retrouve dans les contrées lointaines et exotiques... 
Sinon, et vu le mauvais temps qui nous afflige depuis plusieurs jours dans mon coin de pays, je continue à faire du rattrapage cinéma.
Voici donc quelques commentaires succincts sur trois films que j'ai bien aimé parmi les derniers films vus en salle ou en salon.
LE film à voir dans les films de 2010, c'est définitivement Shutter Island, de Martin Scorcese. C'est simple, tout est bon dans ce film. Excellent scénario (basé sur un roman de Dennis Lehane), intriguant et bien ficelé, dialogues intelligents, interprétation absolument parfaite de Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo et Ben Kingsley, pour ne mentionner que ceux-là (Emily Mortimer est aussi bonne dans un tout petit rôle, de même que Max Von Sydow). Pour les amateurs d'excellent cinéma, la réalisation de Scorcese est - une fois de plus - une véritable leçon sur la manière de faire un film. Le cinéaste se permet même un beau clin d'oeil au cinéma des années 60 et emprunte même certains effets musicaux et sonores d'époque pour ajouter à notre impression d'y être - dans l'action comme au cinéma, une idée fort originale. Ne manquez surtout pas la subtilité des toutes dernières minutes du film, où tout un pan de l'histoire se joue.
Dans un autre genre entièrement, je dois avouer que j'ai un faible pour les films de Guy Ritchie. Ses deux premiers films (Snatch et Lock Stock and Two Smoking barrels) demeurent une référence à mes yeux quand on parle de réalisateur à la touche personnelle. Par la suite, Ritchie a ramolli un peu, ou s'est répété, mais n'a pas réussi à trouver un sujet ou un scénario à la hauteur de ses capacités... jusqu'à Sherlock Holmes. Ritchie nous offre une revisite du mythique détective, modernisée (bien que l'action se déroule il y a un siècle) et dynamisée, originale et débridée, bref, totalement différente de toutes les lectures de Sherlock Holmes faites jusqu'ici au cinéma. Résultat: on n'aime ou on n'aime pas. Personnellement, j'ai beaucoup aimé. L'idée de faire de l'enquête principale une histoire potentiellement surnaturelle n'a pas rebuté l'amateur de fantastique en moi, ni l'amateur de Conan Doyle en moi - bien au contraire. Et si le scénario tire un peu en longueur et perd un peu de son rythme passé ses deux premiers tiers - en plus de ne pas surprendre plus qu'il ne le faut l'amateur éclairé de polar -, le film n'en reste pas moins une réussite dans le genre et j'aimerais beaucoup que toute cette équipe nous offre une autre de leurs aventures dans les prochaines années.
Robert Downey Jr campe un iconoclaste Sherlock face à Jude Law en parfait Dr Watson et une fort jolie Rachel McAdams en surprenante Adler. Le trio fonctionne à merveille et j'ai trouvé le degré d'humour juste à point, une rareté dans ce genre d'entreprise. La réalisation typique de Guy Ritchie, toute en petit flashbacks ou en micro-accéléré permet au réalisateur de s'amuser en nous amusant et de jouer avec sa trame narrative au profit de l'intrigue.
Si vous êtes des amateurs des frères Coen, que vous avez vu leur dernier film, et attendez impatiemment leur nouveau, j'ai quelque chose pour vous: The Men Who Stare at Goats ressemble à un film des Coen sans en être un. Aussi décapant, décalé et amusant, dérangeant et original que certains films des frères, la présence de Jeff Bridges et George Clooney n'est pas étrangère à l'impression de voir un film dans la lignée de Oh Brother... ou de The Big Lebowski. Le sujet - la guerre froide d'hier, l'espionnage de toujours, l'Irak d'aujourd'hui - est d'actualité sans s'y coller inutilement, les dialogues sont savoureux (j'allais même dire succulents), et la présence de Ewan McGregor dans cette histoire farfelu de militaire Jedi (!) permet des moments absolument délirants. Bref, une comédie satyrique comme je les aime, irrévérencieuse et tordante.
Les amateurs de fantastique n'étant pas des amateurs de pseudo new age galopant devraient se régaler autant que moi, de même que les amateurs de satyres politiques.
Voilà pour mes trois coups de coeur récents.
Et vous, quels films ajouteriez-vous à ceux-ci? Où lesquels déconseillez-vous?
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dimanche 11 avril 2010

Ce dont on ne parle pas sur ce blogue

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais étant amateur de blogue (je ne parle pas du mien), je navigue parfois au hasard sur la blogosphère et m'intéresse souvent épisodiquement à divers blogues. Il arrive que je suive ces blogues pendant un temps, mais rares sont ceux qui maintiennent mon attention sur une base régulière. Fractale-Framboise est un de ces rares cas (surtout ces temps-ci, où ils parlent en plus de voyage!)
Malgré mon intérêt pour divers blogues, le problème principal du blogue lambda est que le blogueur n'a, finalement, que peu de choses à dire. Mais comme il a un blogue, il dit tout de même des choses. Résultats, ce qui se publie sur beaucoup de blogues est inintéressant ou n'est qu'une répétition-référence à ce qui s'est publié ailleurs, dans le but de «stimuler» les commentaires et réactions.
C'est exactement ce que je m'efforce de ne pas faire sur l'Esprit Vagabond.
Personnellement, je ne veux pas être ce genre de blogueur. C'est pourquoi je ne parle que rarement des choses qui parsème ma vie personnelle, par exemple. Et c'est pourquoi, parfois, quand je n'ai rien d'intéressant à dire, ou pas le temps de dire quelque chose d'intéressant (de mon point de vue), je préfère ne rien dire.
Le billet précédent expliquait en partie mon silence récent, mais il y a aussi qu'à chaque retour de séjour à l'étranger, je me retrouve avec un (petit) choc culturel, et qu'en plus, je me retrouve chez moi, où j'ai cent fois moins de choses intéressantes à raconter que lorsque je me trouve à l'étranger, alors il y a toujours un petit ralentissement, une fois les derniers billets sur le séjour publiés...
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Sinon quoi, je pourrais grommeler sur l'incompétence crasse de notre gouvernement provincial, qui, après avoir nagé dans les surplus et vanté sa saine gestion et accordé des baisses d'impôts dont un certain groupe privilégié a pu profiter, se retrouve dans la merde et va donc piger dans les poches d'un autre groupe, moins privilégié, pour combler les lacunes de sa gouvernance. Je pourrais dire au passage que les baisses d'impôts en question arrivaient (comme par hasard) à un moment opportun d'un point de vue électoral et que le "courage" dont il "doit" faire preuve maintenant est en totale opposition avec le discours tenu lors de ces mêmes élections. Mais soulever ceci serait cynique et pourquoi être cynique avec les politiciens? Quelle raison aurais-je d'être cynique? J'imagine que je suis coupable (même si je n'ai pas voté pour le gouvernement actuel), puisque même si je trouve la situation aberrante, au fond, je n'ai absolument aucun pouvoir avant les prochaines élections - qui ne seront pas plus éclairantes que les dernières puisque chacun peux dire n'importe quoi et faire ensuite un autre n'importe quoi, mais justement, au fond, j'ai abandonné espoir que notre système politique puisse réellement fonctionner et représenter les idées de la majorité. Bof et re-bof, je vais profiter de ma vie entre temps et tant pis pour le reste.
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Sinon, je pourrais vous dire, à mi-chemin de l'émission tout le monde en parle (il est environ 21h), que je prévois que dans la prochaine demie-heure, que Claude Robinson se verra offrir un soutien financier de la foule présente à l'émission, que le vin offert par la belle régisseure de plateau sera d'origine australienne et que Dany Turcotte enfilera un costume de skieur alpin.
Mais quel intérêt, puisque vous allez voir tout ça dans la prochaine heure.
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Ah mais oui, bon, le Three Vines est excellent, Diane est toujours aussi jolie, et j'ai contribué au "fond Claude Robinson", car cette histoire est surréaliste, et droit et justice ou non, je n'arrive pas à croire qu'un juge ait été assez stupide et inconsidéré pour accepter d'entendre l'appel de Cinar dans cette histoire. Je parlais de cynisme, plus haut, well, there you go.
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mercredi 7 avril 2010

Quand la mort frappe

On ne sait jamais quoi dire, on ne sait pas comment réagir.
Quand la mort frappe, on ne sait jamais comment exprimer notre compassion envers les gens qui sont touchés de proche par la tragédie.
Car quand la mort frappe un jeune de 19 ans, c'est toujours une tragédie pour une famille.
Alors on offre ses condoléances, on partage la douleur, mais en silence, sans l'exprimer, sans oser.
Quand la mort frappe et que celui qu'elle frappe l'a choisi, alors tout s'arrête, le monde arrête de tourner, on dirait, on ne sait encore moins comment réconforter les proches, on se sent encore plus inutile face à tant de douleur et de questionnements.
Je ne connaissais pas Mathieu, mais je connais très bien certains membres de sa famille, à qui j'ai offert, de loin, mes condoléances pour cette perte immense qu'est un jeune de 19 ans.
Quand la mort frappe par choix, c'est inacceptable pour ceux qui restent, mais le libre choix semble difficile à contester. Évidemment, quand la mort frappe par choix, celui qui l'a choisie n'est plus réellement lui-même au moment de faire ce choix, alors malgré la colère et l'infinie tristesse devant la perte d'une vie qui commençait à peine, qui sortait à peine du moment le plus difficile, on pardonne malgré tout. On n'a pas d'autres choix.
On reste silencieux pendant des jours, parfois des semaines, puis on recommence lentement à parler, à écouter, à partager, à vivre.
Vivre, au vrai sens du terme, profiter de cette vie qui semble parfois si fragile, est encore la meilleure réponse à la mort.
J'espère que les proches de Mathieu vont pouvoir réapprendre à vivre. Ça sera long et la vie ne sera jamais plus la même, mais ça sera toujours la vie, et ça sera toujours mieux que la mort.
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