dimanche 30 octobre 2022

Les dimanches en Europe et une soirée à Noto, jardin de pierres

Quiconque a déjà voyagé en indépendant en Europe vous le dira: les dimanches sont parfois désespérant. Parce que contrairement à la culture commerciale dominante en Amérique ou même en Asie, les dimanches, en Europe, la plupart des commerces ferment.
Ça inclus parfois les épiceries, comme nous en avons été témoins/victimes à plusieurs reprises lors de nos voyages précédents. (J'ai un souvenir très précis d'une arrivée à Vienne en 2003 un dimanche en fin de journée et les épiceries et restaurants étaient tous fermés. Nous avions réussi à trouver, in expremis, un dépanneur au sous-sol de la gare ferroviaire qui avait des pâtes à vendre, et comme nous étions dans un hostel avec cuisine, nous avions survécu ;-)
Normalement, il faut trouver un moyen pour "tuer" le dimanche d'une manière ou d'une autre. Quand vous prévoyez un long trajet en train ou en bus, par exemple, vous faites des provisions le samedi, puis vous vous déplacez et tuez le temps pendant que le dimanche où tout est fermé passe. 

Porta Reale de Noto.
Pendant le présent voyage, nous avons eu la surprise de constater que cette culture du dimanche-tout-fermé n'était plus répandu partout; par exemple, à Bologne, il n'y avait aucune différence côté commercial entre le dimanche et un autre jour de la semaine. Nous avons donc cessé de nous méfier des dimanche... jusqu'au moment d'organiser notre déplacement de Syracuse vers Noto (à 20-30 minutes l'une de l'autre, donc rien de supposément compliqué).
Mais comme nous sommes dimanche, il n'y a aucun train qui faisait le trajet aujourd'hui. Comme nous sommes dimanche, une compagnie de bus était en congé, donc n'offrait aucun trajet aujourd'hui. Comme nous sommes dimanche, la seule autre compagnie de bus offrait un seul et unique trajet de Syracuse à Noto.

Un des escaliers peints de Noto.
Heureusement, donc, que ce bus existait... mais nous n'avons donc pas eu le choix de l'horaire (ni du trajet, qui passait par d'autres villes et arrêts entre les deux, donc qui prenait 3 fois plus de temps).

Arrivés à Noto, autre surprise: toutes les épiceries sont fermées. Et plusieurs restos sont "fermés pour la sieste". J'en ai pas parlé ici, mais en Italie, comme dans d'autres pays latins - L'Espagne vient évidemment en tête - il y a l'heure de la sieste en après-midi, et souvent, tous les commerces ferment pendant ce temps, une affaire très variable, qui peut s'étirer de 12h30 à 16h30-17h dans certains cas ou certaines villes. 
Heureusement, une fois de plus, sauvés par la cloche, nous avons déniché la seule mini-épicerie ouverte jusqu'à 13h30 (j'y suis entré à 13h27 !)... et la gentille dame qui y travaillait nous a informé qu'elle rouvrait ensuite de 17h à 21h. Nous ne mourrions pas de faim aujourd'hui au moins (et oui, quelques restos étaient quand même ouverts, à un budget très différent de la solution épicerie, mais les restos sont surtout ouverts en soirée ici).

Église San Francesco d'Assisi all'Immacolata.
Toutes ces circonvolutions de transport et d'approvisionnement, ajoutés à un check in tardif dans notre hébergement, nous ont fait "perdre" une bonne partie de notre journée prévue à Noto. Arrivés en début d'après-midi et accumulation de pertes de temps, ajoutés au fait que nous avons changé l'heure la nuit dernière - donc le soleil se couche une heure plus tôt qu'hier, nous faisant perdre du jour) , font en sorte que nous nous sommes retrouvés à visiter Noto presque juste en fin de journée.

Noto, c'est une des petites villes baroques du sud de la Sicile. Toute la région a été dévastée par un tremblement de terre en 1693, et comme plusieurs villes avaient été pratiquement rayées de la carte, elles ont dû être reconstruites quasi en entier. Dans certains cas (comme à Noto), on n'a même pas reconstruit au même endroit, mais à quelques km de la ville originale. 

Le dôme de la cathédrale et les toits de Noto.
Ainsi, ces villes du sud le long de la Vallée de Noto, datent pas mal toutes du début et milieu des années 1700 en terme de construction et d'urbanisation. Noto n'a donc pas de labyrinthe de petites rues médiévales, mais est plutôt érigée sur quelques rues assez larges (pour l'époque) et dominée par l'architecture baroque. Noto a aussi une couleur particulière, puisque les pierres locales utilisées pour construire ses églises, palazzos et monuments à l'époque, ont toutes cette teinte jaunâtre-miel qui donne une très jolie uniformité à la petite ville.

En fin de journée (lire: alors que le soleil disparaissait derrière les quelques rares nuages à se trouver dans le ciel), nous avons donc parcouru la petite ville qui s'articule autour d'une splendide avenue centrale (Corso Vittorio Emanuele). Après un moment, nous nous sommes arrêtés devant cette église: San Carlo al Corso:

Érigée à partir de 1730, cette église à façade concave porte un clocher sur une terrasse... et il se trouve que les visiteurs peuvent monter sur la dite terrasse pour 2 euros, une aubaine.


Du haut du toit de San Carlo al Corso, j'ai donc pu prendre quelques photos spectaculaire de Noto - ville surnommée "jardin de pierre" pour son élégance et son uniformité chromique. Un croissant de lune était apparu dans le ciel.


Pour l'anecdote - pendant que vous admirez l'avenue Corso Vittorio Emanuele et l'ouest de la ville sur la photo ci-dessus - pendant que nous étions sur le toit, les cloches se sont mises à sonner sans avertissement. Une affaire aussi assourdissante que surprenante, qui m'a rappelé la seule autre fois dans mes voyages où ça m'est arrivé de me retrouver dans un clocher d'église au moment où ça se met à sonner (c'était à Valencia, en Espagne, en 2006). 


La vue de Noto en fin de journée. Au centre, la basilique-cathédrale de San Nicolo. Un des plus vieux édifices de Noto - certainement une des premières constructions à être mise en chantier lors de la reconstruction - elle a été érigée entre 1694 et 1703. À droite de la basilique-cathédrale, la basilique San Salvatore. Complètement à droite, plus bas, on voit la partie supérieure du Palazzo Ducezio, qui est l'hôtel de ville actuel de Noto. Ducezio aurait été roi de Sicile et fondateur de Noto (selon une légende locale).


Après la descente du toit de San Carlo al Corso, je me suis donc retrouvé à prendre des photos de nuit, le soleil s'étant couché entre temps (et une heure plus tôt que les jours précédents, vu le passage à l'heure d'hiver). Sur cette photo de la via Corrado Nicolaci, on peut voir l'église di Montevergine.


Porta Reale, aussi appelée Porta Ferdinandea ou Porta Nazionale. On l'a surnommé "Porte aux nombreux noms".


Coucher de soleil sur Noto. L'église San Carlo al Corso, captée du parvis de la basilique-cathédrale San Nicolo.
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Ces photos, les promenades, la jolie découverte du toit de San Carlo,  le coucher de soleil, les escaliers peints (on en a vu deux, il y en a peut-être d'autres), le charme immanquable de cette petite ville baroque, tout ça fait en sorte que même avec les pertes de temps dues au sacré dimanche d'Europe, Noto nous laissera des bons souvenirs malgré le peu de temps qu'on aura pu y consacrer. 

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samedi 29 octobre 2022

Dans le fort de Syracuse, il y a trois visages et une ballerine fantôme

 Dans le fort de Syracuse, il y a trois visages et une ballerine fantôme.


Érigé sur la pointe sud de la péninsule d'Ortigia, le fort fait face à toute menace en provenance de la mer Ionienne.


(Charles V d'Espagne a même fait renforcer les fortifications avec un mur supplémentaire, bâti à même les pierres de l'ancien amphithéâtre romain de Neapolis, mais bien après plusieurs conquêtes historiques de Syracuse).


Pourtant, malgré ces défenses imprenables, dans le port de Syracuse, la menace gronde; un navire de guerre a largué les amarres.


«Aux armes», clame le premier visage, du fond de la Batterie di cannoni, «C'est un navire carthaginois qui nous déclare la guerre!»


Personne ne répond toutefois à cet appel. Dans la baie, c'est le calme plat.


Le navire poursuit sa course, menaçant de prendre le fort par le flanc.


Dans les échos de la Batterie, le second visage se fait entendre: «Ce sont les forces de Rome, ils vont nous assiéger!»


Toujours aucune réaction, à part celle de la mer, dont les lames se brisent sur les roches aux abords de la forteresse.


Le troisième visage demeure impassible. Mais une voix se fait entendre entre les murs centenaires de la Batterie: «Ce sont peut-être les Vandales qui reviennent... »


Sa plainte se perd dans les arches de la grande salle du château. Puis, une voix diaphane qui semble sortir des murs de pierre eux-mêmes, émane: «Ce n'est qu'un navire moderne, qui quitte Syracuse, le temps des conquêtes est terminé»...
 

... c'est la voix de la ballerine fantôme du Castello Maniace.


Et de fait, le navire de guerre s'éloigne de Syracuse vers l'horizon sur la mer Ionienne.

Le silence est revenu entre les murs centenaires de la forteresse... les voix se sont éteintes, seuls les échos restent, et y resteront encore quelques siècles.
Si vous passez par Syracuse, aller vagabonder le long de ces murs et près de ces bastions. Portez alors attention et vous les entendrez probablement encore, ces témoins des guerres et des conquêtes de Syracuse.

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vendredi 28 octobre 2022

Dans l'antique Neapolis de Syracuse

Syracuse dans le sud est de la Sicile est un nom mythique à mes oreilles. M'y trouver, tout simplement, et y vagabonder comme si de rien n'était, est déjà quelque chose d'exceptionnel; une idée qui ne m'aurait jamais traversée l'esprit il y a quelques décennies à peine.

Syracuse, une des villes mythiques de la Grèce Antique, où est né et décédé Archimède, un grand mathématicien (et oui, la citation célèbre sur le levier, c'était lui!)

Oui, je sais, ce n'est pas en Grèce - pas comme on l'entend aujourd'hui - mais n'est-ce pas Ciceron lui-même qui qualifiait Syracuse de «Plus belle ville Grecque»?

Me retrouver à Syracuse est donc un peu émouvant pour moi. À part de visiter la vieille partie de la ville - la presqu'ile d'Ortigia où nous sommes hébergés - une des visites incontournables à faire ici est tout le secteur archéologique de Neapolis; qui comporte son lot de vestiges grecs et romains.

Je m'attendais donc à quelques ruines de fondations grecques, éventuellement le célèbre théâtre antique que l'on disait le plus grand de la Sicile, puis des restes de l'époque romaine de Syracuse.

Or, le site de Neapolis s'avère bien plus étendu que ce que j'avais cru, et plus intéressant encore que ce que j'avais espéré. L'ensemble du site est une des visites les plus agréables que j'ai pu faire en Italie cette année, et certainement le lieu le plus intéressant à visiter en Sicile pour ce voyageur-ci, par sa diversité, ses vestiges et l'étendu et l'ambiance du lieu.

Neapolis comporte non seulement des ruines grecques et romaines, mais aussi des grottes et cavernes issues des carrières de pierres que les civilisations de l'antiquités avaient exploitées pour y ériger leurs monuments quasi éternels.

Les deux photos ci-dessus et ci-contre montrent justement l'impressionnante hauteur de ces carrières et grottes.

Cette entrée de caverne est appelée "Oreille de Dionysos", à la fois pour sa forme et l'acoustique qui y règne... mais j'ai lu quelque part que c'était aussi parce que la grotte aurait servi de prison aux ennemis de Dionysios le tyran, qui régnait alors sur Syracuse...

Suze dans l'oreille de Dionysos.

Via dei Sepolcri, je me trouve dans une des nombreuses cavernes et alcôves creusées dans le roc et qui ont déjà servi à un culte à l'époque grecque - probablement celui du demi-Dieu Eroi (?). Le nom de la via évoque aussi des sépultures... (? bis).

On imagine que même si l'ensemble a été creusé pour les pierres pour construire les édifices de l'époque, certaines niches, alcôves et autels ont été érigés du même coup à diverses déités. Le site de Neapolis manque un peu d'information à cet effet - certains sites en débordent, et tout lire ne laisserait pas le temps de visiter, mais Neapolis n'a pas réellement d'info sur le site lui-même.

La via dei Sepolcri se trouve directement en haut de la ville, donc au-dessus de la colline où se trouve le très grand théâtre grec. (Les grecs "creusaient" leurs théâtres directement dans les montagnes et y aménageaient les gradins et la scène en contrebas).
Contrairement à celui de Taormina, le théâtre de Syracuse n'a jamais été modifié par les romains. (Ici, j'ai demandé à Suze de poser pour la photo, qui donne une idée de l'échelle, encore une fois).
En fait, après la conquête de Syracuse par Rome, la ville a été un peu laissée à elle-même, considérée simplement comme capitale provinciale de la Sicile. Ce ne serait que sous Auguste que les romains y auraient érigés de nouvelles constructions.

Vue semi-panoramique du théâtre grec de Syracuse, capté du niveau médian.

Il n'y rien comme des ruines de l'antiquité pour rencontrer des lézards qui profitent de ces vieilles pierres pour faire le plein de chaleur ;-)

Rome, donc, sous Auguste, fait finalement ériger divers édifices, dont un amphithéâtre pour les jeux et les combats de gladiateurs.

L'amphithéâtre romain de Neapolis n'est peut-être pas le mieux conservé des vestiges de l'empire romain (on pense évidemment au Colisée de Rome, mais aussi aux arènes d'Arles, de Verona, de Nîmes et de Pula), mais il demeure dans un état fort respectable et assez spectaculaire à visiter - d'autant plus que le site est ainsi conçu qu'il permet au visiteur d'en faire un tour complet. Ici, on distingue clairement les sections de gradins, un couloir d'accès et la fosse au centre.

Vue d'ensemble des vestiges de l'amphithéâtre romain de Syracuse. En plus des gradins, de la forme ovale, de la structure d'accès, on peut aussi voir sur cette photo le portique (à gauche) qui forme le couloir sous un niveau de gradins. Tout ça montre que nos amphithéâtres modernes n'ont fait que copier ce modèle vieux de 2000 ans.

Plus loin sur le site de Neapolis, on peut voir les vestiges d'un autel grec, ainsi que d'autres carrières dont certaines (sans constituer des grottes) sont particulièrement impressionnantes.

La carte du site - ainsi que les guides - parlent abondamment du tombeau d'Archimède. Il y a même une indication pour s'y rendre, indiquant clairement Tomba di Archimede, avec des signes et flèches guidant le visiteur vers cette nécropole de l'époque romaine... Ayant étudié les mathématiques, je ne pouvais pas passer à côté de tombeau...

... mais en réalité, à part se trouver en bordure du site archéologique - donc à côté d'une rue achalandée et de bâtiments aussi modernes que quelconques - on y trouve surtout cet hilarante enseigne (ma traduction): « "Tombe d'Archimède", Tombe de l'ère romaine incorrectement considérée comme le lieu où est enseveli le célèbre scientifique de Syracuse ».

Le "Tomba di Archimede" est entre guillemets, uniquement sur cette enseigne nous mentionnant que ce lieu n'est justement pas la tombe du mathématicien! Nulle part ailleurs, ni dans les guides ni sur la carte du site, où apparaissent ces mentions, on n'utilise les guillemets ni ne mentionne que ce n'est pas la tombe d'Archimède qui est là. Très amusant :-).

Heureusement, la nécropole romaine elle-même vaut le détour, et le sentier pour s'y rendre est particulièrement intéressant, nous faisant admirer un ficus centenaire gigantesque, en plus de nous faire traverser des carrières fascinantes.

Je termine donc sur cette photo, d'un pic de pierre calcaire, accompagné d'un des nombreux citronniers et orangers du parc de Neapolis de Syracuse - un des secteurs porte même aujourd'hui le nom de "Carrière du Paradis" à cause des nombreux arbres fruitiers qui y ont été plantés pour évoquer le paradis.

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jeudi 27 octobre 2022

Salmigondis siciliens, journal de voyage, jour 76

Oranger, Taormina.
Une des choses les plus frustrantes en voyage, c'est de ne pas avoir assez de temps pour tout écrire de mes journées. Je sais que la mémoire ne peut pas se souvenir de tous les détails de chaque jour et de chaque anecdote, de chaque monument, ou de chaque visite. Le fait d'écrire un journal de voyage et de prendre des photos, les trier, les regarder et choisir celles qui accompagneront mes textes sur ce journal, ces activités d'écriture et de regard sur photos me permettent de mieux fixer le moment, la journée, dans ma mémoire.
Plusieurs de mes compagnons de voyage s'étonnent de comment j'ai bonne mémoire quand nous évoquons des anecdotes ou moments ou lieu visités ensembles. Je ne pense pas que ma mémoire soit si exceptionnelle, mais l'exercice de fixation de souvenirs que représente l'écriture me permet de mieux me souvenir par la suite.

Plante en pot. Taormina.
Le manque de temps, donc. Je suis parti il y a 76 jours et j'ai écris/publié 78 billets/extraits sur ce journal pendant ces 76 jours. À peu de choses près, c'est un billet par jour. Historiquement, ça demandait beaucoup plus d'efforts qu'aujourd'hui, puisqu'il n'y a pas si longtemps, il fallait aussi dénicher des cafés internet pour pouvoir mettre en ligne mes réflexions et commentaires de voyage. Aujourd'hui, le wifi étant partout et surtout dans les lieux d'hébergement, ça facilite beaucoup l'organisation (tri de photos, réduction de tailles des fichiers pour publication en ligne, composition sur un clavier qui a de l'allure, et j'en passe).
Reste qu'il faut quand même prendre le temps, le soir venu, après les ablutions habituelles, les backups de photos, le suivi de mon budget de voyage, il faut prendre du temps pour réfléchir à ma journée, écrire, trier les photos, bref...
Pendant ce voyage-ci, j'avais cru que les séjours prolongé à Bologne et Florence permettraient de mieux réfléchir au voyage, et d'alimenter de textes plus approfondis ce journal, mais on dirait que le désir de fixer également dans ma mémoire les lieux visités et les images captées a finalement pris un peu le dessus sur la réflexion sur le voyage.

Gare de Taormina-Giardini.
À ma défense, il faut dire que la ville où je me trouve (Syracuse, au sud-est de la Sicile) est le 38 ou 39e endroit visité (cité, ville, village) depuis le début du voyage. Ça me donne une moyenne d'un nouveau lieu ou une nouvelle ville chaque deux jours depuis 76 jours. Ça laisse peu de temps une fois qu'on tient compte des tâches quotidiennes, de l'organisation en cours de route (planifier transports, hébergements, nourriture, cuisiner des repas, et faire ces ablutions quotidiennes) et des visites de sites intéressants.
Par un hasard (et un peu de fatigue), je me retrouve ce soir avec un peu plus de temps que de coutume, d'où ce billet un peu plus long (et écrit!) que les autres et qui j'en ai peur, partira dans plusieurs directions.
Une note sur les photos l'accompagnant: elles ont été prises à Taormina et Syracuse, une l'a été par Suze (crédit photo), celle où j'apparais.
D'ailleurs, je constate souvent que si ma compagne n'était pas là, on pourrait croire que j'ai inventé ce voyage et piqué des photos sur l'internet pour prétendre que je me balade; j'apparais très très rarement sur mes propres photos; un selfie occasionnel par semaine semble une habitude, mais sans plus, on dirait. Donc merci à Suze d'accumuler quelques preuves de mon passages en ces terres européennes en 2022.
Dans le train nous menant de Toarmina à Syracuse aujourd'hui, j'ai eu deux réflexions sur mn voyage - et sur le voyage. La première, c'est la réalisation récente qu'à Syracuse, nous allions nous retrouver à environ 3000 km de notre point de départ d'il y a 76 jours; Copenhague. Étrangement, Syracuse, qui n'était plus du tout dans les plans au moment d'entreprendre ce périple, avait été clairement sur l'itinéraire du projet initial de ce voyage, imaginé il y a plus de 15-16 mois déjà.

Chaton, Syracuse.
Au début, quand toute l'idée de ce voyage était un peu flou et que tout était sur la table à dessin, j'avais pensé refaire quasi à l'identique le premier voyage en indépendant, celui de 2003. À part l'intérêt des souvenirs, de revisiter quelques lieux aimés et jamais revisités, cette idée avait plusieurs défauts: ne rien voir de totalement nouveau (malgré le passage du temps et les villes qui changent) et revoir certains endroits qui ne valent peut-être pas la peine d'être revu. En plus, il y avait le risque bien réel d'être juste déçu de certains lieux, ou de se rendre compte que des endroits aimés s'étaient détériorés, et en gâcher le bon souvenir.
On a donc décidé de faire un autre voyage, quitte à revisiter certains lieux, et Berlin est devenu le symbole de ces (re)visites imaginées: une ville que nous n'avions jamais revu depuis 2003... Un des scénarios imaginés était de partir de Berlin, passer vers l'est, parcourir la Pologne et descendre dans l'est de la Slovaquie et se rendre dans les Balkans, avant de traverser dans le sud de l'Italie et donc aboutir en Sicile vers la fin du voyage. Cet itinéraire nous faisait passer par l'ouest de l'Ukraine et évidemment, ce plan-là est tombé à l'eau pour des raisons évidentes. Aussi, les déplacements (et changements d'hébergement) aux 1-3 jours, les hostels avec lits en dortoirs, ça impliquait que la pandémie de COVID serait terminée, ce qui ne fut malheureusement pas le cas avant que nous ayons à penser le voyage pour de vrai. 

Fin de journée, Syracuse.
Nous avons donc entrepris notre voyage en partant du nord vers le sud, en 5 étapes dont les étapes 2 et 4 seraient des séjours prolongés au même endroit (Bologne et Florence), d'où nous explorerions les environs avec un port d'attache fixe, réduisant donc les risques côté hébergements. À ce moment-là, nous pensions passer un mois complet à Florence, puis passer quelques jours à Rome (étape 5) en fin de voyage. En quittant Florence plus tôt, nous nous sommes retrouvés avec juste assez de temps pour que l'idée d'aller explorer (au moins un peu de) la côte sicilienne revienne dans le plan de voyage. Comme quoi, même après 72 jours, le plan de voyage continue d'évoluer au rythme de nos improvisations.
La seconde réalisation que j'ai eu pendant mon trajet aujourd'hui est reliée à une réflexion sur la dématérialisation des artefacts et sur les divers guides de voyage que j'avais eue lors de mon voyage en Scandinavie. 
Afin de sauver du temps dans les aéroports au départ et à l'arrivée, et afin d'éviter tout problème de bagages reliés au "chaos" qu'il y avait dans certains aéroports lors de notre départ (Montréal, pour en nommer un), nous avons décidé de partir avec un sac à dis petit (30 litre) donc un sac qui est accepté dans les avions comme bagage de cabine. Aucun bagage en soute. Pour se faire, il a fallu faire des choix dans les bagages et un de ces choix a été «d'apporter» les 2 livres-guides sous forme de livre numérique plutôt que papier.

Chat, Syracuse.
J'ai eu beau tout faire pour m'habituer à consulter le guide sur mon iPad, rien à faire, son format, sa navigation, ses cartes, etc. tout est plus long et pénible à trouver dans la version électronique. Avec le guide papier, facile de mettre des notes partout, de barbouiller, de corner les pages (oui je sais, on peut faire des "signets virtuels" et des "notes" aussi en PDF, mais c'est parfois plus compliqué encore de s'y retrouver, car on ne peut pas les classer nous-mêmes, l'app faisant ça pour nous dans l'ordre qu'elle désire). Le pire, s'est que l'app étant la même que pour les autres livres (romans et recueils pour lecture dans le train, par exemple), il faut d'abord fermer le livre en cours, ouvrir le guide, trouver l'endroit que l'on cherche, tout ça est plus long et pénible qu'en ouvrant simplement le livre format papier.
Bon, à part cet inconvénient, qui valait la peine malgré tout pour avoir un bagage plus léger et de l'Espace pour tout, il y a le guide lui-même... J'avais noté la diminution de l'intérêt pour voyager avec un guide de voyage - je l'ai toujours fait, depuis mes tout début en indépendant, et avant la Scandinavie en 2015, j'avais toujours apprécié et beaucoup utilisé mes guides. Certains sont usés à l'os.
Ceux de 2022 ne le seront pas réellement. Bon, je sais, on use pas un livre numérique, mais reste que même papier, ils n'auraient pas été aussi usés que les autres.

Coucher de soleil, Syracuse.
Accessoirement, c'est triste, mais dans ma bibliothèque de guides de voyage - qui reflète les endroits o je suis allé vagabonder dans le monde - on ne retrouvera pas les deux exemplaires actuels puisqu'ils sont dématérialisés.
Sinon, le guide principal (Italie, le pays où nous sommes restés le plus longtemps) s'est avéré une déception. Je crois que ça a surtout à voir avec le public-cible de ce guide (le Rough Guide) qui s'adresse en partie à une clientèle qui voyage dans plus de luxe que moi (hôtels, listes de restos dispendieux, endroits où sortir dans les discothèques, bar, etc.) et en partie à cause de la prémisse que quiconque visite l'Italie devait absolument tout savoir sur chaque tableau ou chaque sculpture qui orne chaque site ou lieu visité. Lire 18 pages sur une peinture dans une chapelle dans une ville est un peu trop pour ce vagabond-ci: je préfère de loin voir ladite peinture. Aussi, le(s) auteur(s) se contente d'aligner une liste de sites touristiques par ville... parfois, l'intérêt de l'endroit repose sur l'ambiance, l'architecture d'ensemble (pas nécessairement un édifice spécifique)... Il ressort de ces biais que ce guide s'est avéré décevant.
Pire, lors de notre séjour à Florence, on est tombé par hasard sur une très vieille édition du guide "Let's Go", datant de 1999 et ce vieux guide nous a beaucoup plus servi que notre édition Rough Guide de 2022!
Je réalise que je blablate un peu - dans quelques années, ça sera peut-être intéressant quand même à relire pour me souvenir dans quel état d'esprit j'étais à ce stade du voyage.
J'aimerais poursuivre mes réflexions - je le ferai peut-être éventuellement - mais le temps, ce satané temps, commence à filer à nouveau. Et je réalise qu'à part le titre de ce billet, j'ai peu parlé de la Sicile... heureusement qu'il y a des photos :-).

En descendant vers la Gare, Taormina.
La fatigue du jour pèse un peu aussi sur les touches du clavier et me rappelle que peu importe la mémoire et l'incapacité de fixer à jamais nos souvenirs pour ne pas les égarer, il faut aussi vivre l'instant et ma foi, en cette soirée de notre 76e jour de voyage, je me dis que ce que j'ai déjà hâte de faire, c'est continuer pour une 77e journée demain... 

À suivre donc.


- Journal de voyage, 27 octobre 2022, jour 76.


mercredi 26 octobre 2022

Le théâtre antique de Taormina - photos

Quelques limitations techniques font en sorte que je n’ai qu’un accès incomplet à ce journal et à mes photos (prises à la caméra traditionnelle numérique et non avec un téléphone), d’où ce billet composé de photos sans commentaires. Un billet plus détaillé sur Taormina suivra éventuellement, mais la visite du jour demeure un lieu fascinant: le théâtre antique de Taormina, dont les origines sont grecques mais qui a été modifié et agrandi sous l’empire romain. 

Avec la ville, la mer et l’Etna comme arrière-plan, c’est un endroit dont les vues sont très difficile à battre.

Quelques preuves (sans ordre particulier, je compose le texte / sélectionne les photos du clavier d’un iPad, pas l’idéal pour un auteur habitué à un « vrai » clavier):