Ce n'est pas le premier film à caractère politique auquel participe George Clooney, mais c'est peut-être celui dont le sujet est le plus directement et ouvertement politique. Je parle de The Ides of March, un film dans lequel Clooney tient un rôle principal, en plus de le réaliser et l'avoir co-écrit. Difficile d'assumer plus que ça un point de vue et un film.
The Ides of March raconte un point tournant dans une campagne démocrate américaine en vue de l'élection présidentielle; les primaires de l'Ohio, dont le résultat sera décisif pour les deux candidats encore en lice. Nous suivons les quelques jours cruciaux avant le vote, par Stephen Meyers (Ryan Gosling) et Paul Zara (Philip Seymour Hoffman), les deux organisateurs de la campagne de Mike Morris (Clooney), le candidat charmeur, charmant et inspirant qui rappelle évidemment Barack Obama dans la mesure où dans le cadre du film, il représente l'espoir d'un changement profond à la maison blanche.Alors que les stratégies se multiplient et que le vote approche, les coups volent de plus en plus bas, et les influences convoitées de certains politiciens ayant plusieurs délégués dans leurs poches deviennent un enjeu majeur dont la valeur marchande se transige en promesses de postes importants au gouvernement. On s'éloigne alors des idéaux de Mike, de Steven ou de Paul.
The Ides of March traite donc avec finesse de loyauté, de corruption, de désir du pouvoir, d'espoir et de perte des illusions. Le film sera certainement catalogué comme cynique, en ce sens qu'il fait une démonstration assez épouvantable de l'impossibilité d'accéder au pouvoir sans devoir faire d'importants retour d'ascenseur ou sans avoir de squelettes dans son placard - et fort probablement les deux. On comprendra le titre du film au premier degré, puisque le vote de l'Ohio se déroule le 15 mars. Mais son second degré est plus révélateur, puisque c'est aux Ides de Mars qu'a été assassiné Jules César par des conspirateurs, alors qu'on lui reprochait entre autres d'avoir mis fin aux campagnes électorales corrompues en nommant lui-même les magistrats. La mort de César allait mener à l'accession au pouvoir d'Auguste, la mort de la république et l'avènement du régime impérial. Le film de Clooney comporte un casting de luxe (Marisa Tomei, Even Rachel Wood, Paul Giamatti), qui n'est pas étranger à la crédibilité des personnages et à l'intérêt que chacun de ceux-ci apporte à un scénario intelligent, bien rythmé et qui ne manque pas de rebondissements. Le cinéaste ne se prive pas non plus pour glisser plusieurs messages politiques à l'intérieur des débats et des commentaires du candidat Morris ou de certains organisateurs politiques. The Ides of March offre donc un bon moment de cinéma pour qui s'intéresse aux jeux politiques derrière la politique, mais qui découragera tous ceux qui croyaient encore un tant soit peu à la démocratie sensés supporter le processus. Si, comme moi, vous n'entretenez plus d'illusions à ce sujet - et la présidence d'Obama semble justement nous le prouver - vous trouverez que c'est un film excellent, divertissant et intelligent à la fois.
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