jeudi 1 juillet 2010

La cathédrale de Séville: Histoire et visite

J'en ai parlé souvent et je l'ai montré un peu, dans les billets publiés depuis mon arrivée à Séville, mais je n'étais pas retourner visiter officiellement la cathédrale - je dis retourner car je l'avais visité en 2006.
Je me souviens qu'en 2006, certains détails m'avaient impressionnés, alors que d'autres m'avaient laissés de glace. Eh bien, la même chose s'est produite pour ma visite de 2006... et ce sont, essentiellement, les mêmes détails que j'ai aimé revoir et les mêmes choses sur lesquelles je suis passé rapidement.
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Un peu d'histoire est utile à comprendre la cathédrale de Séville. Je ferai donc un résumé très rapide de l'historique de l'édifice.
Après la conquête de d'al Andalus par les Maures, Sevilla est devenue la seconde cité d'importance après la "capitale" du Califat, Cordoba. Quand la pression des chrétiens du nord (ayant pris Toledo) a commencé à être trop inquiétante, le calife d'alors fait appel à un allié: les almoravides (musulmans du Maroc), qui réussissent non seulement à créer une forte opposition aux chrétiens en protégeant le sud musulman, mais l'envahissent carrément.
Incapables d'intégrer la population à leur gouvernance, ils sont rapidement conquis par les Almohades, également du Maroc, qui donnent à Sevilla son âge d'or musulman. L'architecture et les influences arabes de l'Andalousie viennent essentiellement de cette époque. Entre 1184 et 1198, la construction d'une grande mosquée est complétée à Séville. La mosquée est accompagnée d'un minaret impressionnant de 100 mètres de haut, qu'on appelle aujourd'hui La Giralda (photo-gauche).
Après la reconquête chrétienne, la mosquée est "convertie" et consacrée comme cathédrale de Séville. Nous sommes en 1248. Un siècle plus tard, un tremblement de terre détruit une partie de l'édifice, et la partie supérieure de l'ancien minaret s'effondre. En 1402, on décide donc de démolir les restes de la mosquée et de construire une véritable cathédrale. On dit que l'intention était de bâtir un édifice tellement impressionnant que les générations futures croiraient que ses concepteurs étaient fous.
Une gigantesque cathédrale gothique est donc érigée sur l'ancien site de la mosquée (photo-droite).
La cathédrale de Séville est reconnue comme la plus grande église gothique au monde. On disait qu'il s'agissait aussi de la troisième plus vaste église au monde, après S-Paul à Londres et St-Pierre à Rome. Des récentes mesures - basées sur les mètres cubes - la classent désormais première à ce chapitres également.
Mais malgré cette ambition de gigantisme, la cathédrale gothique n'arrive pas à impressionner autant que les deux ci-haut mentionnées. C'est quelque chose d'ériger un édifice de cette taille, tout en pierre, mais encore faut-il réussir à l'habiter, lui donner une âme. Pour ce visiteur-ci, une succession de dizaines de chapelles toutes richement décorées ne suffit pas à donner cette esprit au lieu; pire, après une douzaine de chapelles, on se lasse un peu, je dois dire, de la répétition des styles et des oeuvres présentes.
Entre 1528 et 1601, à la renaissance, on a ajouté quelques chapelles à la décoration de l'ensemble - et ma foi, ce sont les plus belles de mon point de vue. C'est aussi à cette époque que l'on a décidé d'ériger un clocher sur le dessus de l'ancien minaret. Une grande sculpture représentant la Foi et tournant sur son socle au gré du vent a été installée au sommet du nouveau clocher. C'est cette girouette qui donna son nom actuel au campanile entier: La Giralda (la Girouette). La sculpture elle-même a été baptisée El Giraldillo. La Giralda, de même que le Patio des orangers (photo-haut-gauche) et les murs qui l'entourent, sont les seuls éléments de l'ancienne mosquée almohade que l'on peut encore apprécier aujourd'hui. Le clocher actuel est en fait le minaret en brique de la mosquée, auquel on ajouté un clocher renaissance des siècles plus tard.
Aujourd'hui, le visiteur entre par un portail qui date du début du 19e siècle, puis passe par une sorte de passage, quasi un tunnel, pour aboutir par une petite porte (photo-droite) en plein dans la cathédrale gothique. L'effet est réussi, la taille de l'édifice impressionne. Mais une fois passé cette impression, le vide impressionne lui aussi. L'ensemble comprend plus de 25 chapelles diverses... mais c'est un tombeau qui attire le plus l'attention. Et la cathédrale a beau être le lieu de repos de nombres d'archevêques ou autre homme d'église célèbre au pays, c'est le tombeau d'un voyageur qui retient toute l'attention.
Ce tombeau, qui est un monument, est porté par quatre grandes statues. Et on n'est pas certain de ce qu'il contient. La version officielle: il s'agit des restes de Christophe Colomb. Quand Colomb est décédé, en 1506, ses restes ont été enterrés à Valladolid, où il est mort. Trois ans plus tard, sa tombe a été déplacée à Séville, dans le monastère Santa Maria, où on a aussi enterré son fils Diego. La veuve de Diego voulait que son mari et le père de celui-ci reposent à Hispaniola (L'île où Colomb a débarqué pour la première fois en Amérique, aujourd'hui partagée entre Haiti et la République Dominicaine). Suite a l'intervention de Charles V, en 1544, les deux tombes ont été déplacées à Santo Domingo, où on a aussi enterré, plus tard, le petit-fils de Colomb, Luis. Des travaux de rénovations auraient endommagés les tombes des Colombs à Hispaniola, et à ce moment-là, on aurait décidé de réunir les restes des trois dans un même tombeau. Quand l'Espagne a cédé Santo Domingo à la France, on a déplacé les restes vers La Havane, alors encore une colonie espagnole. En 1898, l'indépendance de Cuba sonna une nouveau déplacement du tombeau, qu'on ramena à Séville.
C'est ce tombeau que l'on peut voir aujourd'hui dans la cathédrale de Séville (photo-gauche), et il contiendrait les restes mélangées de Christophe, Diego et Luis. Évidemment, depuis que les autorités de la République Dominicaine ont annoncé la découverte des restes de Colomb chez eux, on ne sait plus vraiment qui est où. Au début des années 2000, des tests d'ADN ont permis de conclure que les restes de Séville étaient apparentés à ceux d'Hernando, le frère de Christophe Colomb. Les autorités de la République Dominicaine ont simplement dit ne pas faire confiance à ces tests pour permettre de tester leurs restes de Colomb... Au moins, avec la tombe d'Hernando Colomb elle aussi dans la cathédrale de Séville, on sait qu'il y a là au moins un des frères Colomb.
La cathédrale gothique possède trois très beaux atours, à part ses dimensions; le choeur, et un gigantesque retable incroyablement intriqué de détails minutieux, et les 4 orgues monumentaux qui encadrent ce dernier sous des décorations de plafonds fort élaborées (photo-haut-droite).
Sinon, comme je l'ai mentionné ci-haut, ce sont les chapelles et salles de la Renaissance qui valent le détour. La salle capitulaire est particulièrement spectaculaire. de forme ovale, et décorée du plafond (photo-gauche) au plancher (photo-bas-droite), elle demeure le lieu le plus impressionnant de toute la cathédrale. Son plancher est d'ailleurs décoré selon un modèle élaboré par Michelangelo.
Cette note n'est pas mentionnée au hasard. Je m'en voudrais d'avoir l'air blasé ou snob, mais coup donc. La cathédrale gothique comporte des dizaines de chapelles décorées et ornées de vitraux et de sculptures et surtout de tableaux. Ceux-ci, quelques fois anonymes, quelques fois signés, représentent évidemment des thèmes religieux assez standards. Or, après mes visites en Italie en 2003, je suis devenu un peu plus exigeant côté peintures religieuses. Je ne suis pas un connaisseur ni un grand amateur d'art religieux, et force m'est d'admettre que tout le monde n'est pas Michelangelo, Botticelli ou Raphael. Ce que ces trois là ont fait - Renaissance, encore - a en quelque sorte imposé un cadre de référence pour cet amateur-ci. Ainsi, aucune des peintures - mêmes celles identifiées comme "poignantes" par mon livre ou le guide de la cathédrale - ne m'ont réellement impressionné.
Après la visite heureuse des chapelles et salles de la renaissance, je me suis donc dirigé vers la Giralda, puisque le clocher/minaret se grimpe! Le visiteur peut emprunter les 35 rampes d'accès successives pour accéder au niveau des cloches (photo-gauche) du campanile et profiter d'une vue imprenable sur tout Séville. Rampes? Oui, car à l'époque de la construction du minaret, on a imaginé qu'à 100 mètres de hauteur, le responsable de l'appel à la prière pourrait ainsi se rendre au sommet à cheval plutôt qu'à pied. La Giralda n'a donc pas d'escaliers. Et la Giralda demeure encore une vue impressionnante aujourd'hui, près de mille ans après sa construction. Une règle non-écrite d'urbanisme à Séville fait ne sorte qu'aucun édifice plus élevé que la Giralda n'a jamais été érigé à Séville.
Et tout en haut, dominant le clocher et le ciel de Séville, El Giraldillo (photo-droite), qui se déplace encore aujourd'hui au gré des vents.
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Note: Comme ce billet comporte un texte relativement long, je reviendrai sur les détails architecturaux de la cathédrale dans un billet à part.

2 commentaires:

  1. C'est de toute beauté, moi aussi je serais allée au clocher, mais peut-être pas J.e Hi!!!!

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  2. Remarquable également l'immense rétable du maître autel avec une splendide bible illustrée en or, une sorte de BD il y a env. 450 ans ! jcp

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