[Note: Le jeu de mot du titre n'est pas de moi, il me vient de mes souvenirs d'enfance, faisant d'Éphèse une cité dont je connaissais l'existence depuis bien longtemps avant mon intérêt pour l'histoire romaine et l'archéologie. On peut donc dire que voir Éphèse est une sorte de vieux rêve d'enfance, étrangement. Enfin, ce jeu de mot est évidemment bien connu de ceux qui ont été en contact avec la BD dont il est issu].
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Lors de mon passage à Éphèse, il y a quelques semaines déjà, je n'avais pas vraiment le temps d'écrire un billet détaillé sur ma visite, ni le temps de faire un tri parmi les plus de 200 photos que j'y ai pris. Je prends donc un moment afin de décrire ma journée à Éphèse, et illustrer par quelques photos ce merveilleux site archéologique témoin d'une des plus belles cités gréco-romaines que j'ai pu voir dans mes voyages.
Pour les néophytes, mentionnons seulement qu'Éphèse a été visitée tour à tour par Alexandre le Grand, St-Jean (l'Évangéliste) et que St-Paul y a habité (et y a été emprisonné) une cinquantaine d'années plus tard. Marcher dans Éphèse, ancienne capitale romaine d'Asie, c'est donc poser ses sandales sur un sol qui en a vu d'autres, et représente une visite chargé d'un historique impressionnant.
Le site d'Éphèse est souvent considéré comme l'un des meilleurs endroits au monde - sinon le meilleur - pour pouvoir contempler comment était la vie dans une grande cité de l'antiquité gréco-romaine. Et en effet,
avec Pompéi, c'est une des rares cités encore assez bien préservée et où on peut voir non seulement des édifices majeurs comme les temples ou cet odéon ("petit" théâtre), mais également des quartiers résidentiels entiers.
Le problème avec un tel site, c'est qu'il est populaire, très populaire. Après Istanbul, c'est donc le site le plus visité de la Turquie. Originalement, la ville d'Éphèse était sise en bord de la mer, mais des changements climatiques, secousses sismiques et autres phénomènes ont fait que la côte s'est éloignée au fil des siècles, de quelques kilomètres. Cette relative proximité à la mer explique toutefois l'achalandage du site, puisqu'il est accessible en moins d'une demi-heure de transport aux bateaux de croisières qui parcourent le bassin de la Méditerranée.
Malgré cet achalandage imposant, il y a toujours moyen de visiter Éphèse dans une relative tranquillité aux premières heures à l'ouverture du site, avant l'arrivée des autobus et des groupes débarquant des bateaux de croisière. Il y a ainsi une nette différence sur le site - autant pour son appréciation dans le calme que pour réaliser des photos du site sans qu'il ne soit envahi par le tourisme de masse. J'ai par exemple eu la chance de pouvoir capter des vues du "grand" théâtre d'Éphèse exemptes de visiteurs.
Même chose pour l'édifice devenu l'image classique d'Éphèse; la façade de la Bibliothèque de Celsus, monumentale et abondamment décorée de sculptures et bas reliefs. La bibliothèque est définitivement l'un des édifices les plus beaux et élégants de l'époque romaine encore debout. Avoir le privilège de prendre une photo de notre trio de voyageur (en plan éloigné, pour illustrer la grandeur de l'édifice) sans aucun autre touriste aux alentours était une expérience particulièrement agréable. Nous avions l'impression d'avoir le site exclusivement pour nous.
Détails de la façade de la bibliothèque (la statue est une reproduction).
Heureusement, Éphèse était une grande cité et le site est donc vaste, comme on peut le voir sur cette vue où on peut distinguer, tout au fond au centre, la façade de la bibliothèque. Il y a donc de longues rues principales, des quartiers moins visités et quelques édifices où les groupes organisés n'entrent même pas. Malgré l'étendue du site, il n'en reste pas moins très achalandé entre 10h et midi trente ou encore passé 13h30 (la plupart des groupes que nous avons croisé y ont passé apparemment moins de 3h, nous y avons passé la journée).
Autre détail de la spectaculaire façade de la bibliothèque érigée au premier siècle.
Ce genre de site me fait toujours apprécier le voyage en indépendant, quand je vois à quel point les membres de certains groupes passent trop vite sur des sites aussi intéressants, où se voient obligés de suivre un tracé prédéfini et visiter le site aux heures les plus achalandées. La photo ci-haut (ainsi que la suivante) a été captée dans un secteur qu'aucun groupe n'est venu visiter.
Un peu en retrait de la rue principale, mais contenant assez d'espaces et d'artéfacts pour autrement constituer un petit site archéologique en soi, la visite en indépendant nous a permis de profiter de tout ce que le site d'Éphèse avait à nous offrir.
Inscription au-dessus de la triple porte dite de Mazaeus et Mithridates, honorant les gens d'Éphèse, ainsi que Marc-Agrippa, Julia, César et Auguste. En voyant l'inscription, je me suis demandé s'il s'agissait bien du Mithridates qui a maintes fois défié et combattu l'empire romain jusqu'à sa défaite aux mains de Pompée. Dans un cas comme dans l'autre, j'étais content de connaître une partie des références que je voyais là.
Plus haut, je mentionnais la différence entre visiter le site aux petites heures et le visiter après l'entrée du tourisme de masse. Cette photo, et la suivante, illustrent parfaitement cette différence.
Il est évident que toutes les photos des vestiges les plus importants (théâtre, odéon, bibliothèque) n'auraient pas pu être réalisées autrement. Ainsi, plus de 90% des touristes que j'ai croisé à Éphèse ont des photos de la bibliothèque qui ressemblent à celle-ci, plutôt que la précédente. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, cet élément fait une immense différence sur mon appréciation d'un site.
Sinon, quelques endroits où l'accès est restreint peuvent quand même être photographiés tout au long de la journée sans y voir une masse d'autres visiteurs.
Éphèse est aussi un site frustrant à raconter sur un blogue tel que le mien; le tri des photos est ardu, puisque je voudrais montrer la grandeur (dans les deux sens d'étendue et de majestueux) du site, mais en même temps donner une idée du nombre incroyable de vestiges et de détails qu'on peut y admirer. Ci-dessus, quelques exemples de bas reliefs qui ornent des morceaux de corniches qui trainent dans une espèce de cimetière archéologique près du théâtre et qui constituerait déjà un incroyable musée à peu près n'importe où ailleurs dans le monde.
Comme la ville d'Éphèse était une cité importante, le site couvre essentiellement ce qui en représentait le centre, mais un peu partout aux alentours, on retrouve encore des vestiges, comme ceux de cette église Ste-Marie érigée non loin du théâtre probablement au 3e siècle (les vestiges sont aujourd'hui au milieu de nulle part à quelques minutes de marche d'une des entrées, aucun groupe ne s'y rend). [Détail sur la photo, il y a un beau lézard].
Autre lézard, qui contrairement à la plupart des visiteurs, apprécie l'absence d'ombre et le soleil tapant qui plombe les ruines d'Éphèse. Ils y étaient nombreux, surtout dans les secteurs les moins achalandés, évidemment, mais malgré ma visite de tous les endroits accessibles de la cité, je n'ai pas pu retrouver le mythique appeau d'Éphèse. Hop!
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Note finale sur la pauvreté des visites des groupes organisés: la très très grande majorité des groupes évitent complètement une partie d'Éphèse - ses quartiers résidentiels - qui forment un site à part, avec sa porte et ses billets vendus séparément de ceux du site. Je consacrerai un billet à part à cette partie de la cité qui est certainement,
avec Pompéi, le site
le plus fascinant qu'on puisse voir sur la vie quotidienne de cette époque.
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