Quiconque a déjà voyagé en indépendant en Europe vous le dira: les dimanches sont parfois désespérant. Parce que contrairement à la culture commerciale dominante en Amérique ou même en Asie, les dimanches, en Europe, la plupart des commerces ferment.
Ça inclus parfois les épiceries, comme nous en avons été témoins/victimes à plusieurs reprises lors de nos voyages précédents. (J'ai un souvenir très précis d'une arrivée à Vienne en 2003 un dimanche en fin de journée et les épiceries et restaurants étaient tous fermés. Nous avions réussi à trouver, in expremis, un dépanneur au sous-sol de la gare ferroviaire qui avait des pâtes à vendre, et comme nous étions dans un hostel avec cuisine, nous avions survécu ;-)
Normalement, il faut trouver un moyen pour "tuer" le dimanche d'une manière ou d'une autre. Quand vous prévoyez un long trajet en train ou en bus, par exemple, vous faites des provisions le samedi, puis vous vous déplacez et tuez le temps pendant que le dimanche où tout est fermé passe.
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Porta Reale de Noto. |
Pendant le présent voyage, nous avons eu la surprise de constater que cette culture du dimanche-tout-fermé n'était plus répandu partout; par exemple, à Bologne, il n'y avait aucune différence côté commercial entre le dimanche et un autre jour de la semaine. Nous avons donc cessé de nous méfier des dimanche... jusqu'au moment d'organiser notre déplacement de Syracuse vers Noto (à 20-30 minutes l'une de l'autre, donc rien de supposément compliqué).
Mais comme nous sommes dimanche, il n'y a aucun train qui faisait le trajet aujourd'hui. Comme nous sommes dimanche, une compagnie de bus était en congé, donc n'offrait aucun trajet aujourd'hui. Comme nous sommes dimanche, la seule autre compagnie de bus offrait un seul et unique trajet de Syracuse à Noto.
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Un des escaliers peints de Noto. |
Heureusement, donc, que ce bus existait... mais nous n'avons donc pas eu le choix de l'horaire (ni du trajet, qui passait par d'autres villes et arrêts entre les deux, donc qui prenait 3 fois plus de temps).
Arrivés à Noto, autre surprise: toutes les épiceries sont fermées. Et plusieurs restos sont "fermés pour la sieste". J'en ai pas parlé ici, mais en Italie, comme dans d'autres pays latins - L'Espagne vient évidemment en tête - il y a l'heure de la sieste en après-midi, et souvent, tous les commerces ferment pendant ce temps, une affaire très variable, qui peut s'étirer de 12h30 à 16h30-17h dans certains cas ou certaines villes.
Heureusement, une fois de plus, sauvés par la cloche, nous avons déniché la seule mini-épicerie ouverte jusqu'à 13h30 (j'y suis entré à 13h27 !)... et la gentille dame qui y travaillait nous a informé qu'elle rouvrait ensuite de 17h à 21h. Nous ne mourrions pas de faim aujourd'hui au moins (et oui, quelques restos étaient quand même ouverts, à un budget très différent de la solution épicerie, mais les restos sont surtout ouverts en soirée ici).
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Église San Francesco d'Assisi all'Immacolata. |
Toutes ces circonvolutions de transport et d'approvisionnement, ajoutés à un check in tardif dans notre hébergement, nous ont fait "perdre" une bonne partie de notre journée prévue à Noto. Arrivés en début d'après-midi et accumulation de pertes de temps, ajoutés au fait que nous avons changé l'heure la nuit dernière - donc le soleil se couche une heure plus tôt qu'hier, nous faisant perdre du jour) , font en sorte que nous nous sommes retrouvés à visiter Noto presque juste en fin de journée.
Noto, c'est une des petites villes baroques du sud de la Sicile. Toute la région a été dévastée par un tremblement de terre en 1693, et comme plusieurs villes avaient été pratiquement rayées de la carte, elles ont dû être reconstruites quasi en entier. Dans certains cas (comme à Noto), on n'a même pas reconstruit au même endroit, mais à quelques km de la ville originale.
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Le dôme de la cathédrale et les toits de Noto. |
Ainsi, ces villes du sud le long de la Vallée de Noto, datent pas mal toutes du début et milieu des années 1700 en terme de construction et d'urbanisation. Noto n'a donc pas de labyrinthe de petites rues médiévales, mais est plutôt érigée sur quelques rues assez larges (pour l'époque) et dominée par l'architecture baroque. Noto a aussi une couleur particulière, puisque les pierres locales utilisées pour construire ses églises, palazzos et monuments à l'époque, ont toutes cette teinte jaunâtre-miel qui donne une très jolie uniformité à la petite ville.
En fin de journée (lire: alors que le soleil disparaissait derrière les quelques rares nuages à se trouver dans le ciel), nous avons donc parcouru la petite ville qui s'articule autour d'une splendide avenue centrale (Corso Vittorio Emanuele). Après un moment, nous nous sommes arrêtés devant cette église: San Carlo al Corso:
Érigée à partir de 1730, cette église à façade concave porte un clocher sur une terrasse... et il se trouve que les visiteurs peuvent monter sur la dite terrasse pour 2 euros, une aubaine.
Du haut du toit de San Carlo al Corso, j'ai donc pu prendre quelques photos spectaculaire de Noto - ville surnommée "jardin de pierre" pour son élégance et son uniformité chromique. Un croissant de lune était apparu dans le ciel.
Pour l'anecdote - pendant que vous admirez l'avenue Corso Vittorio Emanuele et l'ouest de la ville sur la photo ci-dessus - pendant que nous étions sur le toit, les cloches se sont mises à sonner sans avertissement. Une affaire aussi assourdissante que surprenante, qui m'a rappelé la seule autre fois dans mes voyages où ça m'est arrivé de me retrouver dans un clocher d'église au moment où ça se met à sonner (c'était à Valencia, en Espagne, en 2006).
La vue de Noto en fin de journée. Au centre, la basilique-cathédrale de San Nicolo. Un des plus vieux édifices de Noto - certainement une des premières constructions à être mise en chantier lors de la reconstruction - elle a été érigée entre 1694 et 1703. À droite de la basilique-cathédrale, la basilique San Salvatore. Complètement à droite, plus bas, on voit la partie supérieure du Palazzo Ducezio, qui est l'hôtel de ville actuel de Noto. Ducezio aurait été roi de Sicile et fondateur de Noto (selon une légende locale).
Après la descente du toit de San Carlo al Corso, je me suis donc retrouvé à prendre des photos de nuit, le soleil s'étant couché entre temps (et une heure plus tôt que les jours précédents, vu le passage à l'heure d'hiver). Sur cette photo de la via Corrado Nicolaci, on peut voir l'église di Montevergine.
Porta Reale, aussi appelée Porta Ferdinandea ou Porta Nazionale. On l'a surnommé "Porte aux nombreux noms".
Coucher de soleil sur Noto. L'église San Carlo al Corso, captée du parvis de la basilique-cathédrale San Nicolo.
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Ces photos, les promenades, la jolie découverte du toit de San Carlo, le coucher de soleil, les escaliers peints (on en a vu deux, il y en a peut-être d'autres), le charme immanquable de cette petite ville baroque, tout ça fait en sorte que même avec les pertes de temps dues au sacré dimanche d'Europe, Noto nous laissera des bons souvenirs malgré le peu de temps qu'on aura pu y consacrer.
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