jeudi 12 décembre 2013

En vacances à Trinidad (de Cuba)

Avant de vous entretenir de mon nouveau projet en Équateur (début 2014), je vais d'abord m'envoler en vacances, à Trinidad de Cuba (je spécifie, puisque pour plusieurs, Trinidad peut faire référence à Trinidad et Tobago).
Mon troisième séjour dans l'île présidée par Raul Castro, qui a récemment serré la main d'Obama (premier président américain à poser ce geste envers un dirigeant Cubain depuis 1960).
J'avais effectué un séjour dans le sud-est de l'île, à Santiago, lors des élections de 2008, puis un séjour dans la capital La Hanave, au nord-ouest, en 2010. Cette fois, je serai au centre-sud de l'île, près de Trinidad, ville classée patrimoine mondial de l'UNESCO, et qui n'est qu'à quelques heures de Cienfuegos, autre ville classée (plus récemment) au patrimoine mondial.
Architecture coloniale, rhum de qualité, plages et musique sont au programme de ces vacances de quelques semaines.
D'après mon expérience pasée sur l'île, les connexions internet ne sont pas toujours très fiables, alors je ne planifie pas de publier beaucoup de billets pendant ce séjour. J'y reviendrai probablement après coup avec la publication de notes de voyages, si je prends des notes qui méritent publication par la suite.
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samedi 7 décembre 2013

Mandela, l'Apartheid et Stephen Harper

Un post-scriptum à mon billet d'hier sur l'hypocrisie du monde face à l'homme remarquable qu'a été Nelson Mandela.
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Après la condamnation du régime de l'Apartheid par les Nations Unies en 1978, le mouvement pour son abolition s'est étendu à tout le globe. Parallèlement à ce mouvement, il y en a eu un autre - celui auquel je faisais allusion hier en parlant de Reagan, justement - un mouvement supportant le statu-quo en Afrique du Sud, c'est-à-dire un mouvement encourageant le racisme et l'exploitation des noirs de ce pays au seul profit de sa population blanche et des corporations internationales profitant alors d'une main d'oeuvre captive et exploitée. Ce mouvement, il a milité activement contre les sanctions commerciales réclamées pour mettre de la pression sur le gouvernement sud-africain. Reagan lui-même a résisté longtemps avant de se plier aux volontés populaires aux États-Unis, Thatcher s'y opposait vigoureusement elle aussi.
Au Canada, une visite de l'ambassadeur de l'Afrique du Sud a été organisée en 1985 afin de promouvoir le statu-quo de l'Apartheid et d'obtenir des appuis canadiens au régime. Cette visite a duré deux ans, permettant à l'homme de faire du lobby et d'être entendu à la télé et à la radio à de nombreuses occasions.
Suite à cette campagne - à laquelle a participé un leader étudiant de droite de Toronto (Tony Clément, actuel ministre conservateur) - un organisme appelé The Northern Foundation est créé en 1989, avec comme co-fondateur Stephen Harper, futur premier ministre du Canada. Cet organisme d'extrême-droite milite alors activement pour le maintien de l'Apartheid et de la domination blanche en Afrique du Sud (*).
C'est de ce Stephen Harper hypocrite-là que je parlais hier concernant son hommage à Nelson Mandela. Ce Stephen Harper ayant défendu le régime raciste que combattait Mandela, le Stephen Harper s'étant impliqué activement contre le mouvement dirigé par Mandela.
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On a aussi beaucoup parlé, depuis quelques jours, de la position du Canada dans la chute de l'Apartheid. Je ne reviendrai que sur un détail: en 2001, le Canada a fait de Nelson Mandela un citoyen canadien honoraire par un vote du Parlement. Un vote quasi unanime, puisqu'un seul député a voté contre cette initiative: un député nommé Rob Anders (Calgary-Ouest). Ce député, qui a plutôt choisi de qualifier Mandela de communiste et de terroriste, il siège toujours au sein du gouvernement Harper aujourd'hui.
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(*) Voir le livre "Preston Manning and the Reform Party" de Murray Dobbin Goodread, Formac Publishing 1992, 100-107.

vendredi 6 décembre 2013

Mandela, la révolution et l'hypocrisie du monde

Je suis, comme beaucoup de gens sur terre aujourd'hui, attristé par la mort de Nelson Mandela, un exemple pour une bonne partie des citoyens de la planète. Des centaines d'hommages lui sont rendus un peu partout, tous les chroniqueurs et éditorialistes, politiciens et ex-politiciens y vont de leur mot pour nous rappeler combien il était un grand homme, combien il était pacifiste.
La plupart semblent avoir oublié que Mandela a d'abord été perçu par le pouvoir en place en Afrique du Sud comme un traître, et par une partie des dirigeants du monde comme un dangereux communiste. Aujourd'hui, sa participation à la faction militaire de l'ANC serait probablement vue comme du terrorisme. D'ailleurs, c'est suite à des informations de la CIA au gouvernement Sud-africain de l'époque qu'il a été arrêté, jugé, puis emprisonné.
Bien que Mandela ait réussi une grande chose avec les changements apportés en Afrique du Sud de manière pacifique, et que ses grandes qualités personnelles y soient pour beaucoup, il ne faut pas oublier qu'il a d'abord été un manifestant, puis un révolutionnaire, avant d'en arriver là.
Dans son pays (et ailleurs), Nelson Mandela ne s'est pas simplement battu contre le racisme, il s'est battu contre la répression, contre les inégalités sociales et économiques.
Plusieurs ex-chefs d'État qui le saluent aujourd'hui comme un grand homme, sont parmi ceux qui l'ont même obligé à prendre des décisions économiques qui allaient à l'encontre de ses idées et principes; Thatcher et Reagan étant en tête de ce groupe, comme le rappelle avec à propos Yves Boisvert de La Presse aujourd'hui.
D'autres, comme le premier ministre du Canada, affichent sans gène cette hypocrisie qui leur fait dire tout haut qu'ils admirent Mandela, alors que toutes leurs politiques sont orientées contre tout ce pour quoi Mandela s'est battu toute sa vie.
Enfin, presque tous les chefs d'État ayant rendu hommage à Nelson Mandela depuis hier pratiquent une répression envers les manifestants (ou ceux qui se battent contre les inégalités sociales et économiques) dans leur propre pays, répression qui relève de la même idéologie que celle appliquée par l'Afrique du Sud des années 60 contre Mandela (alors que celui-ci questionnait le pouvoir en place et l'état des choses).
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Je termine sur un des signes particulièrement patent de cette hypocrisie. Sur le fil Twitter su SPVM, on peut lire que le service a mis son drapeau en berne par respect pour Mandela. Le SPVM a pourtant à son actif de très nombreux abus - dont les plus évidents sont apparus lors de la crise sociale de 2012 -, le genre d'abus dénoncés par Mandela, justement. Sans parler du fait que la répression policière effectuée par le SPVM relève aussi de la même idéologie que celle effectuée par le régime d'Afrique du Sud contre Mandela lui-même, quand il était encore un révolutionnaire et pas encore le héros pacifiste que l'on connait. Cette hypocrisie - ou complète ignorance qui frôle la stupidité ? - n'a d'ailleurs pas échappé à quelques intervenant sur le fil Twitter en question:


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Repose en paix, Madiba, tu as été un exemple pour des millions de personnes, ta présence et ton exemple auront modifié le monde, et inspiré des centaines de mouvements à continuer tes nombreux combats.