Cusco est située au coeur de la vallée sacrée des Incas et était la capitale de l'empire Inca à son apogée. C'est dire que c'est près de Cusco que l'on retrouve les plus importantes cités Incas. Le célèbre
Inca Trail (ou Chemin des Incas), pavé de pierres, passe par plusieurs de ces cités et la trek sur ce chemin dure généralement 4 jours. Par contre, depuis janvier 2001, pour atténuer le nombre de visiteurs faisant l'Inca Trail, pour des fins de préservation, le gouvernement péruvien a légiféré et depuis ce temps, on ne peut plus visiter ou parcourir l'Inca Trail en indépendant; il faut le faire en groupe avec guide, supervisés par une agence. Évidemment, les prix ont grimpé en flèche, et les places limitées font qu'il faut réserver plusieurs mois d'avance si on veut effectuer cette visite de cette manière. Le point culminant de l'Inca Trail est l'arrivée le 4e matin, à Puerta del Sol, près du Machu Picchu.
Pour ma part, comme je l'ai narré lors de
mon passage dans la cité perdue, j'ai parcourru une partie de cette Inca Trail à l'envers, du Machu Picchu vers la Porte du Soleil.
N'ayant ni itinéraire précis, ni les moyens financiers de faire la trek de l'Inca Trail (on parle de 350$ US à 1000$ US pour les 4 jours, rappel: mon budget quotidien est de 30$US !)... Je me rabat donc sur d'autres sites Incas, créant mon propre
camino inca à moi.
Heureusement, ce n'est pas ce qui manque dans les environs et pour visiter tous les sites, il faudrait passer deux mois dans la vallée sacrée, à moins de faire des visites très rapides!
Sur la route entre Pisaq et Cusco, il y a 4 sites incas d'intérets; dont trois offrent des ruines mineures, et peuvent donc se visiter en une sule journée, incluant une belle randonnée pour marcher d'un site à l'autre.
Le premier, situé à environ 7 km de Cusco, s'appelle
Tambomachay. La journée de ma visite, il est midi quinze au moment d'entrer sur le site archéologique, ancien lieu de bains rituels incas, avec une fontaine creusée dans la roche et alimentée par une source souterraine (fontaine qui fonctionne encore aujourd'hui).
Le site n'est pas très étendu mais offre un premier regard sur des ruines incas qui est fort intéressant et l'état de certaines structures est excellent (les escaliers et portes, par exemple). Quelques buttes en face permettent d'apprécier l'ensemble du site, où quelques adeptes modernes du culte de l'eau viennent faire des pélerinage.
À quelques minutes à peine de Tambomachay, en traversant la route, on arrive à Puka Pukara. Le lieu aurait servi de maison de repos à l'Inca Pachacuti. Autre site très peu étendu, mais fort intéressant par l'agencement de diverses pièces laissant imaginer que l'Inca devait avoir une suite importante de personnages avec lui si ce lieu était bien réservé à son usage.
Mon ami Tintin en a profité pour se faire prendre en photo devant l'ensemble des ruines de
Puka Pukara.
Il était environ 13h15 quand j'ai quitté Puka en route vers le site suivant. Cette portion de route est celle qui est la plus longue entre les 4 sites que je visiterai ce jour-là. La plupart des touristes font le trajet Cusco-Tambomachay en taxi, visitent les deux premiers sites, puis prennent un autre taxi entre Puka et Qenko (ou le meme trajet, mais en sens inverse), mais ce faisant, il ratent une partie du plaisir: la très agréable randonnée de 5 km entre les sites, qui vous fait voir de beaux paysages,
quelques habitations, des éleveurs de lamas, et bien entendu, des marchands d'artisanat traditionnel.
Après une pause-repas au pain pita garni de mayonaise et de thon en flocons, et pris en compagnie d'un gentil chien qui a adoré le thon et les biscuits à la vanille... je rejoins Qenko à 15h. Qenko était certainement un site cérémonial, puisqu'une plate forme entourée de sortes de gradins sculptés dans la roche entourre une gigantesque pierre. C'est le plus intriguant des sites visités ce jour-là puisque l'ensemble demeure mystérieux quand à l'usage de ce que l'on voit. Contrairement à tous les autres sites incas que j'ai vu à ce jour, le travail architectural à Qenko est sommaire, très primitif dans son usage des pierres présentes sur place. Il n'y a aucune trace d'urbanisme ou de planification. L'ensemble est assez massif, et comporte une série de canaux creusés à meme la roche et dont l'usage prétendu aurait été de verser du sang sacrificiel (animal) ou de la
chicha lors de cérémonies, mais on sent que toute tentative d'explication demeure approximative. Des grottes sous l'amas rocheux laissent croire qu'il y a peut-etre des sépultures sous Qenko.
À une dizaine de minutes de Qenko, vous atteignez enfin le 4e et plus important site à proximité de Cusco:
Sacsayhuaman (prononcer Sexywoman, hehehe).
Sacsayhuaman est une forteresse, certainement la plus impressionnante structure Inca aux alentours de Cusco. On croit que la forteresse a été érigée par les incas pour protéger Cusco (puisque Sacsayhuaman domine la ville sur une des colines au nord de celle-ci). Il est clair que la forteresse faisait partie de la cité Inca, puisque celle-ci (tout le secteur pré-colonial) a la forme d'un puma - animal vénéré par les Incas - et que la forteresse en constituait la tete.
Il est toutefois difficile de croire que Sacsayhuaman n'était qu'un rampart défensif, pusique Cusco demeurait alors libre de toute défense sur ses trois autres flancs. De plus, il n'y a pas que des remparts à Sacsayhuaman, il y a aussi d'autres structures, dont une immense en forme d'amphithéatre, plusieurs grottes et d'autres ruines difficilement identifiables en terme d'utilité.
Qui sait si la ville de Cusco n'a pas d'abord été fortifiée à Sacsayhuaman avant de s'étendre dans la vallée une fois l'empire plus étendu et sa capitale moins vulnérable? Hum, je me risque ici à émettre des théories sans aucune formation académique, mais la visite de Sacsayhuaman ne m'a pas convaincu que sa seule utilité ait été celle de défendre une cité en contrebas, vulnérable par tous les autres cotés.
Toujours est'il que les trois rangées de ramparts de Sacsayhuaman sont extremement impressionants. La taille des pierres utilisées est fascinantes et il est quasiment impossible d'imaginer le travail nécéssaire pour imbriquer ses gigantesque roches taillés les unes dans les autres afin de former les remparts et les bases des tours. Si je n'avais pas vu des constructions pareilles à Cusco auparavant, je n'y aurait tout simplement pas cru! Un regard attentif permet toutefois de distinguer des marques au bas des pierres, visiblement pour accueillir des leviers, mais encore, on dit que certaines des pierres de la forteresse pèsent plus de 300 tonnes! J'en ai vu quelques-unes qui font plus de 6m de long sur 2 de large et 3 de profond.
Sacsayhuaman est aussi un site important historiquement; histoire qui explique aussi que certaines parties du site soient en mauvais état: Sacsayhuaman a été le théatre d'une bataille décisive dans l'histoire Inca. En effet, après la conquete et la nomination de Manco Capac II comme Inca fantoche par les conquistadors, ce dernier a fomenté une rébellion en 1536. Capac et ses troupes sont pris Sacsayhuaman et résisté aux troupes espagnoles pendant un certain temps avec succès. Le propre frère de Francisco Pizarro, Juan, a perdu la vie dans une bataille à Sacsayhuaman. Finalement, les espagnols ont repris Sacsayhuaman, forcant Manco Capac II a retraiter vers Ollantaytambo, ou il perdra définitivement la rébellion contre l'envahisseur. Pour plusieurs, Sacsayhuaman est le lieu où la bataille a définitivement été perdue et où l'empire Inca s'est définitivement effondré.
Il faudrait peut-etre préciser que plusieurs groupes indigènes s'étaient joint aux troupes de Pizarro lors de cette insurrection Inca. Il faut comprendre que l'empire Inca avait conquis par la force certains territoires et certains groupes semblaient voir d'un bon oeil un nouveau maitre pour remplacer les incas. Cet état de fait a certainement joué un role imprtant dans l'échec de la rébellion menée par Manco Capac II.
Je précise que pour ma part, l'Empire Inca a disparu avec l'exécution d'Atahuallpa en 1533, puisque ni la rébellion de Manco Capac II ni le pseudo-règne de son fils Tupac Amaru (exécuté à Cusco en 1572) n'ont permis de régner sur un véritable empire, l'ensemble du territoire étant sous le joug des conquistadors et Manco II comme Tupac n'étant que des rebelles cachés dans leurs cités jusqu'à la victoire définitive des espagnols. Mais une fois encore, je n'ai pas l'ambition de réécrire l'histoire Inca ;-) et il est vrai que c'est bien à Sacsayhuaman que les espoirs de faire revivre l'empire Inca se sont effondrés et que la culture Inca est devenu histoire...
De Sacsayhuaman, il s'agit de prendre le chemin pavé de pierres qui mène au bas de la coline pour rejoindre les premières habitations de Cusco, puis son centre-ville. Il est 17h30 lorsque j'arrive à Cusco, ayant parcourru cette portion de mon chemin Inca de 7-8 km en un peu plus de cinq heures, incluant le temps nécessaire à visiter les sites.
Les visiteurs désirant voir Sacsayhuaman sans visiter les trois autres sites mineurs le font souvent en gravissant la coline menant à la forteresse, excursion que je ferai probablement dans les prochains jours d'ailleurs.
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Me voici donc de retour à Cusco, elle-meme partie de ce camino inca personnel, puisqu'après tout, c'était la capitale de l'Empire.
À suivre...