lundi 16 juillet 2007

Un vol "domestique"

Je vous laissais hier de Juliaca, d'où, ce matin, je devais prendre un vol Juliaca-Cusco, puisque les rumeurs d'un nouveau blocus de la route Puno-Juliaca-Cusco se faisaient de plus en plus convaincantes et que les journaux - locaux comme nationaux - semblent indiquer que la crise actuelle qui secoue la vie socio-politique du Pérou est loin d'etre réglée.
Dès mon trajet en taxi vers l'aéroport, j'ai pu constater que celui-ci était sous la surveillance de l'armée péruvienne, qui encerclait littéralement les installations aéroportuaires.
Il faut dire que la semaine dernière, des manifestants ont décidé de pousser un peu plus loin le blocus et ont "pris" l'aéroport de Juliaca, clouant au sol les vols prévus. La prise de Juliaca n'a pas duré bien longtemps après l'arrivée de la police nationale et l'armée, des discussions ont eu lieu et les manifestants ont quitté les lieux. Par contre, ils ont détruit les phares sur la piste, alors tous les vols de soir et de nuit sont annulés jusqu'à ce que les installations soient réparées. Et une présence militaire est donc permanente jusqu'à résolution du conflit entre la population et le gouvernement péruvien (je ferai une tentavite de détailler un peu plus le(s) conflit(s) en cause dans un prochain billet).

L'aéroport de Juliaca est pompeusement appelé Aeropureto internacional, puisque quelques vols desservent La Paz, en Bolivie, mais tout son trafic, à part ces quelques vols vers la capitale bolivienne, desservent le Pérou; Lima, Arequipa et Cusco. L'aéroport porte le nom de Inca Manco Capac, fort justement en l'honneur du premier Inca, né du Lac Titicaca, tout près. Une statue de l'Inca en question - pas très convaincante, je trouve - trone à l'entrée du petit terminus.
Le terminal de Juliaca comporte deux portes d'embarquement (situées à 4 mètres l'une de l'autre!), une piste unique, que l'on apercoit des fenetres du terminal, ce qui rend intéressant l'attente de son vol, pour peu que l'on soit (comme moi), intéressé par ce qui entourre le transport aérien.

Comme je prenais un court vol Juliaca-Cusco avec un transporteur local (national), je m'attendais à un petit appareil. J'ai pris des vols intérieur auparavant, et chaque fois, les avions utilisés pour ces courtes distances sont plus petits.
C'est donc avec surprise que j'ai vu atterrir un Airbus 319 à Juliaca, quelques minutes avant notre embarquement. L'appareil, arrivant d'Arequipa, desservait Lima via Cusco. Ultra-moderne, l'Airbus s'est avéré un avion fort confortable pour un si court vol.
J'ai noté que le tarmac était lui aussi surveillé par des militaires...
Dans le terminal, nous devions etre environ une cinquantaine à attendre ce vol - une partie de ces passagers se rendant à Lima. L'un des touristes patientant dans le petit terminus avec moi avait le look de Elijah Wood, version Frodo, cheveux bouclés... J'en connais un qui l'aurait trouvé bien cute :-).

Alors que les passagers en provenance d'Arequipa dont Juliaca est la destination finale débarquent, et que les bagages sont déchargés, un groupe de musique traditionnelle péruvienne vient s'installer dans l'aire d'embarquement. Je note avec amusement qu'ils n'ont pas eu à passer par le controle des bagages à main ni rien... une chose virtuellement imposible à faire en Amérique du Nord. Ils jouent quelques pièces, dont l'éternel (mais j'imagine payant) El Condor Pasa, avec flutes et instruments traditionnels des Andes. Ils offrent leur CD, mais c'est l'heure de l'embarquement. Après un controle très sommaire de ma carte d'embarquement, je sors du terminal et marche sur le tarmac, en direction de l'appareil, par lequel nous accèderons par une passerelle-escalier mobile, que les employés de Juliaca ont approchés lors de l'arrivée de l'Airbus.

Après mon installation rangée 17 siège L (un hublot), je remarque les chariots à bagages qui attendent sur le tarmac pour etre chargés dans l'appareil. Je reconnais mon backpack (toujours un plaisir de savoir que le bagage suit comme prévu), et le prends en photo, avec en arrière-plan, quelques militaires surveillant l'aéroport.
Les consignes habituelles de sécurité sont passés sur des petites écrans escamotables modernes, qui ne diffuseront malheureusement aucun film pendant les 40 minutes que doivent durer mon vol vers Cusco, mais qui demeureront en fonction en diffusant des informations de vol (cartes de suivi GPS, vitesse, altitude, temps de vol restant, etc), ce que j'apprécie toujours en avion - puisque, je me répète, j'aime bien ce qui entourre l'aviation en général.
Par exemple, ces écrans m'informeront que nous voleront à une altitude de 8000 m, ce qui est plutot bas, considérant les sommets environnants des Andes...
Et, contrairement à tous les autres types de transports latino-américains, le vol a non seulement décollé à l'heure prévue, mais il est aussi arrivé à l'heure prévue! :-)

Entre temps, j'ai profité des quelques minutes de vol pour lire un brin (biographie du Che, en version originale espagnole, ce qui améliore ma maitrise de cette langue et augmente mon vocabulaire du meme coup, tout en me donnant un éclairage différent sur le personnage).
À mesure que l'on s'éloignait du Lac Titicaca, j'ai arreté de lire un moment pour profiter du paysage incroyable qui s'offrait à moi sous la forme des sommets enneigés des Andes.
Je n'ai pu résister à prendre quelques photos, malgré le halo du hublot et les reflets qu'il causait, et la présence importune d'une aile d'avion dans le champs. Remarquez, si on prend la situation dans son ensemble, j'étais bien content de la présence de cette aile d'avion!
Après quelques minutes à survoler ce décor magnifique, nous avons perdu quelques milliers de mètres d'altitude, pour maintenir le cap vers Cusco en volant à environ 6000 m.
Les plus petites montagnes des environs de la vallée sacrée des Incas se sont mises à défiler à mes pieds, et je ne peux que m'émerveiller de la persévérance des gens qui ont conquis ces terres, les ont occupées, cultivées et y ont construit leurs civilisations.
Le terrain est si hostile à toute culture et organisation (routes, agriculture, etc), que la chose pousse à l'admiration.
Après avoir survolé les Andes à quelques reprises déjà, on comprend fort bien que de joindre par une route, deux villes situées à 50 km à vol d'oiseau, relève du défi, et que ce n'est pas anormal que le trajet sur ces routes prennent autant de temps malgré de courtes distances relatives.
Ce vol domestique entre Juliaca et Cusco me le rappelle, comme pour éviter que je ne m'impatiente devant les transports terrestres des pays andiniens.
Enfin, après un atterrissage en douceur et quelques minutes d'attente à peine, je récupère mon backpack, et sort de l'aéroport de Cusco... pour me rendre en ville.
Je suis donc de retour à Cusco, une superbe ville, dynamique et intéressante, agréable et accueillante, où je passerai les quelques prochains jours.
Après un enregistrement à l'auberge Qori Inti près de la Plaza de Armas, je me rends à la place centrale à pied, où le trafic est bloqué pour faire place à une procession funéraire. Je monte sur les marches de la cathédrale, et prends cette "première" photo de Cusco: Sa plus belle église, avec son dome baroque et ses tourelles rapprochées dominant sa facade majestueuse, qui, de mon point de vue, projette plus de grandeur que la cathédrale avoisinante.
Me voici donc au coeur de l'empire Inca, une fois de plus.

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