mercredi 28 février 2024

La «Strip»

 Je ne saurais être un blogueur sérieux en étant à Albufeira pour un bon moment sans vous parler de la «Strip», un des endroits les plus populaires et connus d'Albufeira.

La Strip, c'est un bout de rue où sont regroupés des clubs, bar sportifs, boutiques de gugusses pour touristes, machines de jeux, restaurants divers, le tout dans une ambiance bruyante et clinquante, pseudo Las Vegas un peu cheap (d'où le surnom de cette rue, référence à la célèbre Strip de Vegas).

Pour ce voyageur-ci, la Strip d'Albufeira n'a aucun intérêt. En plus de juste être une sorte de gringoland ringard, aucun des "services" offerts par les commerces qui bordent cette rue ne semble s'adresser à moi. En plus, les néons, les enseignes qui flashent, les menus en anglais (on annonce abondamment les «English breakfast», alouette, tout ça est à l'opposé de ce que représente voyager à mon sens. J'en parlais lors de mon passage dans le "cirque" de Playa del Carmen au Mexique; je comprends bien que dans un monde connecté et global, "l'authenticité" n'est plus ce qu'elle était, mais il y a des limites à défigurer complètement un secteur pour en faire un simili-parc d'attraction pour touristes (qui se retrouvent à voir le même gringoland peu importe où ils vont sans se rendre compte qu'ils ne voyagent donc même plus).

La Strip d'Albufeira s'adresse en fait aux anglais, essentiellement, même si d'autres touristes d'ailleurs dans le monde semblent apprécier ce genre d'endroits copié-collé sur le dernier visité. La rue est fréquentée largement par des britanniques (souvent en groupe de 4-5), les hommes en chest dès qu'il fait plus de 14 degrés dehors, vociférant par-dessus une musique souvent tonitruante.

Je n'ai jamais compris l'attrait de ces bars « anglos/touristiques » à l'étranger. Je n'ai jamais compris pourquoi des gens payent un billet d'avion, de l'hébergement souvent cher, et des repas au resto, pour ensuite aller passer leur temps à boire dans des bars et clubs, ce qu'ils pourraient bien faire chez eux à un millième du coût. 

C'est pour ça que je consacre mon temps et mon budget à tenter de visiter/voir certaines choses inexistantes ou absentes de chez moi; sites archéologiques, villages pittoresques, monuments historiques, édifices médiévaux ou antiques, longue plage en bord de mer, musées, centre-ville historiques et quartiers à l'architecture intéressante. Bref, tant qu'à payer un billet d'avion et un hébergement, ça ne sera pas pour aller passer mon temps dans un bar à m'enfiler des pintes de Molson Coors!

Mais comme je suis un blogueur consciencieux, vu la popularité de l'endroit, j'ai pris quelques photos pour vous, chers lecteurs, afin d'illustrer mon propos. Jugez par vous-mêmes:


Bling bling... 


Awesome shopping et Thai Massage (oui, affichés tout en anglais, la norme sur la Strip). Pourquoi se casser le derrière à écrire en portuguais quand on s'adresse juste aux anglais?


Le Matt's, qui affiche aussi plusieurs écrans géants en arrière.


Le Legends, où on "vend de l'émotion" (oui, oui, c'est leur slogan).


Le club route 66 (je ne suis pas arrivé à comprendre si on s'adresse ici aux touristes américains, ou on tente de faire exotique pour les anglais).


Pire que l'affichage unilingue anglais, on vous invite à payer en livres sterling. Il ne faudrait surtout pas donner l'impression au client qu'il est en voyage!


Le Rock and Roll et autres clubs.


Kings, cocktails.


Ma place favorite: La Bamba sport bar, où on a pris la peine d'ériger des palmiers en plastiques avec néons clignotants, dans un pays où des vrais palmiers poussent partout!


Ouais, un autre 66, différent, mais qui arbore fièrement la statue de la liberté. (Même commentaire ici sur mon indécision de la clientèle visée ou l'intention).

Si, début février, la Strip était calme - la moitié des commerces y étaient fermés pour les vacances - depuis une semaine, ça s'est animé. Comme la rue se trouve entre le centro et Montechoro où nous sommes hébergés jusqu'à vendredi, nous pouvons traverser la Strip de temps en temps, et depuis une semaine, l'expérience ne s'améliore pas.

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dimanche 25 février 2024

Pas facile de se rendre à Rome avec les transports publics portugais

 Depuis le début de mes voyages et séjours à l'étranger que j'utilise essentiellement les transports publics. C'est même parfois une raison suffisante pour ne pas voyager à un endroit spécifique (lire; l'absence totale ou l'inefficacité connue des transports publics me fait choisir une autre destination). C'est la raison principale pour laquelle je n'ai jamais backpacké les régions du Québec comme la Gaspésie, par exemple, ou encore les province maritimes du Canada; l'absence de transport public efficace ou pratique (sans parler de leur coût exorbitant).

 Je serais très mal vu de critiquer le Portugal sur ce point, vu que le pays est quand même largement au-dessus du Québec côté transport (la barre est basse ici). Premièrement, même s'il est sous-développé et offre de plus vieux équipements que dans les autres pays européens, le rail est quand même présent au Portugal, même en Algarve, où une voie ferrée traverse la région d'est en ouest. Et il y a aussi un réseau de bus interurbain par région en plus de plusieurs compagnies offrant des services longues distances entre les régions. S'ajoute à cette offre déjà exceptionnelle pour un Québécois, des réseaux de bus locaux (et dans le cas de Lisbonne, un réseau de métro et de tramway). Bref, on ne se plaint pas quand on voyage au Portugal en indépendant.

 Toutefois, il faut reconnaitre que c'est facile de ne pas se plaindre quand on a du temps. Si je visitais l'Algarve pendant une semaine de voyage (ou une semaine de vacances) plutôt qu'un mois, je me plaindrais de la complexité des déplacements entre sites/villes pourtant pas si éloignées. Car comme au Québec, l'auto solo demeure très populaire ici et les transports publics ne sont donc pas à la hauteur des autres pays Européens visités.

Gare de Albufeira à Ferreiras
 Comme au Québec, le Portugal n'a jamais développé son réseau ferroviaire autant que ses voisins de l'Europe, où les déplacements en train y sont rapides, efficaces et fréquents. Le résultat - en Algrave au moins - est qu'il n'y a qu'une ligne traversant la région, quelques trains par jour en faisant donc l'aller-retour, et donc, le service ne dessert que quelques gares sur sa route, plusieurs d'entre elles étant situées au milieu de nulle part et portant deux noms, ceux des villes/sites les plus proches. Un exemple amusant est la gare de Loulé/Praia de Quarteira, qui se trouve à plus d'une heure à pied au sud de la ville de Loulé, et à plus d'une heure à pied au nord de la ville de Quarteira. À Albufeira, la gare portant son nom est en fait dans la ville de Ferreiras, également à une heure à pied de la plupart des quartiers de Albufeira. À Silves, la gare n'est «qu'à 20 minutes à pied» de la ville, pour un marcheur rapide comme moi - Google parle de 32 minutes - sur une route régionale en pente abrupte, aucun problème pour ce voyageur-ci, mais on se comprend que je n'aurais jamais fait faire ce trajet à mes parents (avec qui j'ai pourtant voyagé en indépendant en France, en Espagne et en Italie sans problèmes).

Le résultat est que quand vous voulez prendre le train, vous devez planifier une heure à pied (parfois de chaque bout, à l'aller et au retour, donc 4h) ou planifier prendre des bus de ville sur place et à destination, à l'aller et au retour, ce qui complique particulièrement la planification pour coordonner les horaires desdits bus avec celui du train. Par exemple, à Albufeira, les bus de ville passent généralement une fois par heure. C'est une des raisons pourquoi je ne me suis pas encore rendu visiter Loulé.

Sinon, sans le train, il y a les bus régionaux, qui sont un réseau assez développé, il faut leur donner ça, mais qui n'ont pas une très grande fréquence. Donc il faut planifier à l'avance, et non improviser un déplacement en se rendant à l'arrêt le plus proche, puisque le prochain bus régional pourrait n'y passer que 3h plus tard.

Gare de Faro
S'ajoutent à ces considérations une culture de l'horaire de bus archi-complexe qui ressemble à la célèbre maison dans Les 12 travaux d'Astérix, avec des codes pour les trajets de semaines, fin de semaines, fériés, samedi seulement, dimanche seulement, jours d'école seulement, jours de fin de semaine qui ne sont pas des jours d'école seulement, pas l'hiver, alouette. En plus de ce capharnaüm d'info-horaire, les trajets/arrêts sont aussi compliqués à interpréter; ce bout-là n'est desservi qu'occasionnellement, pas par tous les bus, le bus de cet horaire ne passe pas ici, mais là-bas, mais celui une heure plus tard pas là-bas, mais ici, et les indications et notes de bas de pages se multiplient (semble-t-il à l'infini).

Cette très longue introduction pour justifier pourquoi en fait, je ne visiterai pas autant de villes et de sites que j'avais prévu à l'origine lors de la planification du présent séjour, la seule alternative étant de louer une voiture, ce que je tente généralement d'éviter. Entre l'idée de passer 6h dans des bus/trains pour réaliser un aller-retour pour atteindre un site situé à 20km d'ici, et l'idée d'aller faire une randonnée de 10 km le long de la plage directement à 2 minutes de marche de notre hébergement, le choix est vite fait. 

Croisement N2/Route de Estoi
Le site de Milreu, ruines d'une ancienne villa romaine sise justement à 28km de Albufeira est un bon contre-exemple de cette décision, mais illustre aussi tout le propos qui précède: il faut vouloir y mettre le temps de planification, et les efforts pour s'y rendre en transport public pour visiter le site sans louer de voiture.

J'avais tout planifié; je marchais 20 minutes, jusqu'à un arrêt de bus régional, prenait un bus vers Faro, puis à Faro, un autre bus régional, vers Estoi. Je marchais 15 minutes et atteignait Milreu. Les divers temps d'attente entre ces bus me faisaient perdre environ 1h30 au total dans mon périple, mais je me disais que ça valait la peine pour aller voir des ruines datant de l'empire romain, une de mes lubies archéologiques habituelles.

«Pont romain» menant à Milreu
Malheureusement, le premier bus régional n'est jamais passé. Je suis arrivé à l'arrêt 20 minutes à l'avance, j'ai patienté 30 minutes après son passage prévu (et comme il partait du terminus d'Albufeira, sis à 8 minutes de mon arrêt, il n'était clairement jamais parti), j'ai donc abdiqué et suis rentré chez moi. Encore une fois, rien de grave quand on passe un mois dans la région, mais si j'étais là pour une semaine, perdre une journée de visite prévue serait beaucoup plus dommage.

Le soir venu, j'ai (re)planifié un déplacement vers Milreu pour le lendemain, déplacement qui dépendait moins du bus régional, m'appuyant sur le train, qui m'avait bien servi pour aller à Faro et Silves, malgré la distance qui me sépare de la gare d'Albufeira/Ferreiras.

L'horaire était donc le suivant: me rendre à 12 minutes à pied à Brejos Sul, où un bus local passait à 11h38, qui me menait à la gare de Ferreiras à 11h57. Puis train de 12h19 vers Faro, arrivée à la gare ferroviaire à 12h57. Marche jusqu'au terminus de bus régional de Faro, puis bus de 13h45 vers Estoi. Arrêt au croisement de la N2 avec la route d'Estoi à 14h09. Marche 3 minutes et arrivée sur le site de Milreu à 14h12. (Notez qu'en multipliant les transports et correspondances, un seul transport en retard fait s'effondrer toute la planification).

Arrêt de bus N2/Route d'Estoi
Temps de visite à Milreu: deux options: bus de retour passe à 15h31, ou à 18h01, donc ça allait dépendre de l'ampleur du site, mais comme il s'agissait d'une villa, et non d'une ancienne cité complètement excavée, je voyais mal comment ça pourrait prendre près de 4h à visiter. J'espérais donc avoir assez d'une heure et quart (entre 14h12 et 15h27, comptant les 3 minutes pour me rendre à l'arrêt pour le retour...).

Puis, retour de 15h31 à 15h55 à Faro, marche vers la gare, train de 16h17 vers Ferreiras arrivée à 16h55... et soit bus local à 17h25, soit marche à pied pour descendre à Albufeira. Arrivée prévue dans les deux cas; vers 17h45-17h55.

Temps total de cette excursion: de 11h26 à 17h45; 6h20 minutes pour un temps de visite de 1h30 (donc quasi 4h consacré au transport), pour un site sis à 28 km d'Albufeira.

Site de Milreu.
Heureusement, à ma seconde tentative, le plan «Train» a fonctionné et tout s'est bien passé. J'avais des plans-B (bus de 18h d'Estoi, bus de 17h si je ratais le train de 16h17 à Faro, etc.), mais le plan a fonctionné sans problème et j'ai donc pu me rendre à (Rome) Milreu grâce aux transports publics portugais.

Et, à mon grand bonheur, le site de Milreu valait amplement l'effort et le temps consacré à s'y rendre (de mon point de vue de grand amateur de sites archéologiques, on s'entend que je ne recommande pas nécessairement de consacrer tout ce temps à se rendre au site de Albufeira de cette manière).

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vendredi 23 février 2024

Les azulejos de la gare de Quarteira

À la gare routière de Quarteira, il y a une série de tableaux réalisés avec des azulejos installés sur les murs intérieurs et extérieur de la gare en 2004 et représentant l'histoire des transports publics en Algarve.

Je n'ai pas pu résister à capter quelques-uns de ces magnifiques panneaux de carreaux de céramiques;


J'ai pris cette photo d'une portion de mur intérieur lors de l'achat de mon billet, me disant que je reviendrais prendre le reste avant de monter dans mon bus plus tard. Malheureusement, au moment de prendre mon bus, l'édifice du terminus était fermé, passé ses heures de bureau, donc je n'avais plus accès aux restes des deux murs recouverts d'azulejos.


Dehors, le long des quais où on attend les bus, on retrouve donc la série historique des transports publics; ici, la représentation d'un Ford 1924.


Quelques détails ont attiré mon attention dans les panneaux intercalaires représentant les villes d'Algarve; ici, le lézard.


Celui-ci représente un autobus Volvo des années 1950.


Détail d'un panneau, où on peut voir un chat déambulant sur la bordure du tableau.


Enfin, l'intercalaire représentant Albufeira.

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jeudi 22 février 2024

À Quarteira par la Praia Falésia

 La semaine dernière, nous avons fait une petite randonnée le long de la mer, pour nous rendre à Ohlos de Agua. Une fois sur place, nous avons remarqué que nous pouvions continuer et atteindre une longue plage appelée Praia Falésia, et que cette dernière semblait s'étendre à perte de vue vers l'est - nous pouvions apercevoir la petite ville de Quarteira au loin à l'horizon et seulement une étendue de sable bordée de falaise entre la ville et notre position.

J'avais donc mentionné notre intention d'y retourner pour poursuivre cette randonnée, et c'est ce que nous avons fait.


Au départ, le paysage ressemblait au reste des berges qui entourent Albufeira; un mélange de petits plages et d'avancées rocheuses ou sablonneuses en alternance. Les photos ne rendent pas souvent justice à l'immensité de certaines formations, comme ici, où on voit la plage, des roches et un gros pic rocheux... on n'a pas idée juste avec la photo de la hauteur réelle du pic. 
À moins que...


Même lieu, angle à peine différent... et comme cette fois-ci, je suis sur la photo, on peut avoir une idée de l'échelle de ce genre de formation, toujours impressionnante.


Ma compagne Suze qui se prépare à descendre dans une cuvette de roche pour atteindre une petite plage le temps de traverser vers une autre formation rocheuse pour poursuivre notre chemin. Encore une fois, sans sa présence, on n'aurait pas une très bonne idée de l'échelle ici.


Une fois rendu à Praia Falésia, de larges dunes de sables nous attendaient - nous avions consulté l'horaire des marées pour y arriver à marée basse, ce qui nous a forcé à faire un détour avant Ohlos de Agua dans le passage «martien», alors que la marée était descendante mais pas encore assez basse pour permetrte le passage.


Les quelques vagues allant mouiller les hauts fonds aux abords de la plage m'ont fourni une belle occasion de réaliser une photo à effet miroir avec les falaises.


Suze entre mer et falaise... Si on a de bons yeux, on peut voir la petite station balnéaire de Quarteira au loin à droite à l'horizon. L'affaire s'est avérée être plus loin qu'elle n'y parait...


Détail d'une falaise; l'ensemble arborant une palette de couleur étonnante.


Pendant un temps, nous avons été accompagné par des voilistes qui réalisaient des aller-retours le long de la falaise, profitant de courants montants pour reprendre de l'altitude à l'occasion.


Vue panoramique de la falaise devant nous. Question échelle: il y a une personne sur cette photo... d'ailleurs, côté achalandage, on voit bien que c'est la saison morte, les plages étant quasi désertes. Évidemment, comme il y a une falaise abrupte tout le long de Praia Falésia, il n'y a eu aucun développement d'hôtel ou de bars ou de beach clubs, donc les plages sont encore moins achalandées que celles qui se trouvent près des resorts. N'empêche, la mer est à 17 degrés, certains se baignent, j'y ai plongé les pieds jusqu'au genou, pas plus froid qu'une piscine non chauffée au Québec en septembre.


Après 18 km de marche, nous avons atteint la marina (de grand luxe) de Villamoura, un port de plaisance clairement orienté vers les propriétaires de yatchts et de voiliers privés, mais aussi fréquenté par des clubs de voiles provenant de plusieurs endroits en Europe (à en juger par les véhicules stationnés au port juste avant la marina).


Puis, environ 1 km plus loin, c'est Quarteira, ville balnéaire d'une assez bonne taille, finalement, avec une promenade piétonne en bord de mer (bordée par une autre longue plage), plutôt agréable comme balade. Nous avons parcouru l'ensemble de la promenade aller-retour, portant à au moins 20 km le total de notre randonnée du jour.


Suze sur la plage de Quarteira en fin de journée.


Quand vous marchez vers l'est et que les panneaux routiers vous indiquent que l'Espagne est par là, c'est peut-être le temps de faire demi-tour et rentrer à Albufeira.
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Maintenant que nous avons exploré l'est d'Albufeira jusqu'à Ohlos de Agua, Villamoura et Quarteira, on pourrait aller faire un tour côté ouest pour voir où ça va nous mener.. 
à suivre?
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lundi 19 février 2024

Dans le château fort médiéval de Silves

 Même si la ville de Silves existait déjà à l'époque de l'empire romain, c'est après le passage des wisigoths et l'arrivée des Maures dans la région que la ville connait son essor. En devenant la capitale de la région, la ville prend de l'ampleur et l'urbanisme que l'on peut y voir encore aujourd'hui (le long de la rivière, la division haute-ville et basse-ville, le château, les fortifications), tout ça date de l'époque Maure de la ville. J'ai lu que certains écrits de l'époque parlent de la Baghdad de l'occident.

 Après la reconquête chrétienne, une cathédrale est érigée sur les vestiges de la mosquée, et son statut de capitale de l'Algarve conservée... jusqu'au 16e siècle, quand le niveau de la rivière baisse et que l'évêché est déménagé à Faro. Le tremblement de terre de 1755 a détruit une partie de ses fortifications, mais des vestiges impressionnants demeurent encore aujourd'hui, de même que son incroyable château érigé par les Maures.


Le château fort de Silves est impressionnant par sa taille et par le nombre de bastions et la hauteur de ceux-ci. On parle ici d'un très grand château.


L'affaire est une orgie de tours et de murs abondamment crénelés et comme l'ensemble des murs ont été conservés, on peut y déambuler pour faire le tour du château, avec vue vers l'intérieur et sur la ville et la campagne environnante.


Un des nombreux bastions du château, avec vue imprenable sur campagne en contrebas (de l'autre côté de la ville).


Le jardin (un peu sec en cette saison «froide») qui occupe un coin de la cour intérieure.


Une portion de mur reliant deux bastions. (Avis aux voyageurs ayant le vertige - j'en suis - ces architectes médiévaux n'avaient que peu de considérations pour la largeur des escaliers en pierre reliant les divers paliers d'un château, ni pour les rampes!). 


À l'intérieur du château, il y avait de nombreux édifices - aucun n'a survécu à leur abandon par les chrétiens post-reconquête, mais on a excavé les vestiges de plusieurs de ces édifices médiévaux le long des murs de tout un pan du château. Maisons, palais, dépendances, ce secteur du château serait déjà un site archéologique intéressant même sans le château lui-même, ce qui donne une idée de l'ensemble où on se trouve.


Des passerelles en bois permettent au visiteur de parcourir la majorité des ruines pour voir les secteurs de très près.


Un morceau du portique de l'entrée du palais a été reconstituée pour donner une meilleure idée de l'édifice principal à son apogée.


Porte d'un bastion avec murs crénelés - et des rampes de protection - nous sommes à au moins 3-4 mètres du sol!


Vue sur un des bastions et sur la campagne de l'autre côté de la haute-ville de Silves.

C'était L'Esprit Vagabond, au château fort de Silves.

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À Silves, l'ancienne capitale Maure de l'autre côté du pont romain

 De Albufeira, j'ai (re)pris un bus local pour me rendre à la gare de Ferreiras (à environ 1h à pied, sinon). Mon bus est arrivé un peu en retard, et j'étais serré côté horaire pour attraper le train qui reliait ce midi-là Faro à Lagos. Le trajet de bus s'est en plus étiré vers une boucle qui n'est pas desservie par tous les passages dudit bus, faisant monter le risque que je rate mon train. Heureusement, je suis arrivé à la gare à temps, j'ai acheté mon billet au guichet (aucune file, fiou), et traversé les voies via une passerelle sur-élevée pour atteindre le quai deux minutes avant le passage du train.

 Je n'allais pas très loin; à moins de 30 minutes de ce train régional, vers la gare de Silves.

 Arrivé sur place, je constate que ce que mon guide de voyage appelait une «gare à l'extérieur de la ville» voulait à peu près dire «au milieu de nulle part.» J'avais lu qu'il y avait un château médiéval à Silves, et qui dit château dit "là haut sur la colline", alors je m'étais attendu à voir la ville et le château, en haut d'un mont, en arrivant à la gare à l'extérieur des murs, en bas dudit mont, ou quelque décor similaire. Mais non. Autour de la gare, rien, ou presque; quelques maisons à l'allure plus ou moins maintenues, une rue déserte, un passage à niveau, et une autre rue toute aussi déserte. Mon sens de l'orientation - doublé à ma mémoire d'avoir consulté une carte quelques jours plus tôt - m'indiqua la voie à suivre; la rue perpendiculaire à la voie ferrée, direction nord. La rue en question allant en montant, j'étais certainement dans la bonne direction, mais toujours pas de ville ou de château en vue. Puis, un virage de quelques degrés à droite, puis une légère décente (?), puis un autre virage à droite, et... une vue sur toute la ville de Silves. 

 Je suis alors de l'autre côté de la rivière qui longe la ville, sur le mont San Miguel, et je dois donc descendre jusqu'à la rivière, traverser le pont de pierre et remonter de l'autre côté; je vois que le château est bien situé tout en haut de l'autre bord. La gare était simplement sise en bas de l'autre versant du San Miguel.

 Après 20 minutes de marche, j'atteins dont le pont en questino; une affaire qui remonte à l'Empire romain, rien de moins.


En fait, c'est sa structure et ses arches de support qui datent de l'époque romaine. Le reste aurait été retravaillé au moyen-âge... Nous sommes en hiver, ici, et le niveau de la rivière était relativement bas. Les 2 premières arches du pont sont donc à sec sur la photo. On peut quand même voir, au dessus du pont à droite, le château en haut de la ville.


Arrivé en ville, je réalise rapidement que les vestiges médiévaux sont nombreux. Ici, le côté d'une porte des anciennes fortifications dont je verrais des morceaux un peu partout dans le vieux quartier de Silves (oui, en plus du château).


Silves était la capitale de l'Algarve alors que la région portait le nom de Al Gharb à l'époque Maure du sud de la péninsule ibérique. On y retrouve quand même la Sé (cathédrale), puisque Silves a été conservée comme capitale de la région après la reconquête chrétienne avant qu'il ne soit décidé de déménager le siège de l'évêché à Faro.


Toute la région autour de Silves est occupée par des plantations d'oranges (clémentines, tangerines) et la ville comporte son lot d'orangers - ici, à côté de l'édifice de la mairie. J'avais vu plusieurs plantations autour d'Albufeira et en route vers Faro, mais jamais autant que près de Silves.


Vue partielle d'une rue attenante à la porte des fortifications.


Le reste du centre historique est divisé en deux; la «haute ville» qui est un entrelacement de petites rues étroites pavées de pierre et bordées de vieilles maisons. Et la «basse ville», en bas de la côte entre la haute-ville et la rivière, qui est composée de rues piétonnes commerciales bordées de restaurants, bars et boutiques.


Les maisons de la haute ville se distinguent par leurs contrastes; on alterne entre de jolies maisons très bien maintenues et quelques unes complètement délabrées, avec l'éventail des possibilités entre les deux.


Sinon, le reste du vieux quartier montre les impressionnants vestiges des anciennes fortifications de Silves. Les morceaux qui restent sont gigantesques et laisse entrevoir l'ampleur de la forteresse médiévale.


Aujourd'hui, quelques petites maisons sont même encore érigées à même les fortifications, ici, celles-ci sont adossées à un bout de muraille, près d'une ancienne porte ne menant plus nulle part.


Autre morceau de fortification médiévale de Silves.


Lors de mon passage, dimanche après-midi, les petites rues et allées de la haute ville étaient fort tranquilles.


Puis, au moment de quitter Silves, j'ai retraversé le pont romain (en bas à droite), puis repris la route pour monter le cerro San Miguel pour me rendre à la gare, mais pas avant d'avoir capté cette vue d'ensemble de Silves, où on distingue certains vestiges des fortifications (gauche, centre), la Sé (en haut, à droite) ainsi que son impressionnant château - qui sera donc le sujet du billet suivant.

Au retour à la gare, j'ai remarqué un panneau indiquant que je quittais la ville de Silves... et que j'entrais dans Silves Gare. Arrivé à la station, j'ai constaté qu'elle était fermée... mais heureusement, on peut acheter son billet directement dans le train quand on embarque à une gare sans guichet.

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