Cette semaine, j'ai assisté au programme double théâtral En attendant Gaudreault, précédé de Ta yeule Kathleen, deux pièces créées par le Collectif En attendant lors de festivals et manifestations de théâtre de 2008 à 2010. Les deux pièces sont signées Sébastien David, qui incarne également un des personnages. Deux autres comédiens prêtent leur talent à ce diptyque: Frédéric Côté et Marie-Hélène Gosselin.
La représentation, dans l'intime salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui, s'ouvre donc sur la première pièce, Ta yeule Kathleen, qui est en fait un intense monologue pendant lequel Line, mère monoparentale aux prises avec son bébé Kathleen qui pleure sans arrêt, est prête à tout pour sortir de son petit appartement le temps d'une soirée. Le texte réussi le tour de force de nous raconter les états d'âmes de Line, l'histoire de sa grossesse, sa soirée, ses relations avec sa fille et son entourage, le tout grâce à d'habiles flashbacks ou sauts en avant dans la narration. Marie-Hélène Gosselin, seule sur scène pour toute la durée de ce segment, a une présence incroyable et réussi sans effort apparent à nous faire rire, à nous émouvoir, nous faire frissonner d'horreur même, le tout dans une mise en scène minimaliste où le seul décor est le berceau de la petite (dans l'appart), ou des jeux de lumière (au bar).
Ainsi, quand En attendant Gaudreault commence, vous êtes déjà vissé sur votre siège par l'intensité de cette première partie de soirée.
L'auteur fait montre d'une égale intensité dramatique dans la seconde partie, avec un texte dense, au vocabulaire riche et évocateur malgré son apparence simple et populiste. La pièce raconte le destin croisé de trois montréalais, qui, chacun pour sa propre raison, cherche le mystérieux Gaudreault, et se retrouvent à l'attendre tous les trois dans le même endroit. L'intérêt ne repose nullement dans le mystère que pose Gaudreault - l'auteur se permet même de minimiser son importance et de ramener son mystère à un petit rien. Le personnage, que l'on ne voit jamais sur scène, est un prétexte à la mise en parole de la vie des trois personnages; ceux-ci nous racontent donc leur histoire, en même temps, en monologues croisés, sur la même scène, sans nécessairement qu'ils n'interagissent entre eux. Le rythme de la pièce est donc soutenu et l'intrigue générale croisée se dégage avec subtilité des détails de l'une et l'autre des trois histoires qui finissent par n'en former qu'une seule, elle même reliée à l'histoire de Line de Ta yeule Kathleen.
Une fois encore, c'est l'interprétation féroce des comédiens qui saisi, une fois passé le choc du texte, lui-même un élément fort de cette pièce. Comme pour la première partie, le décor et la mise en scène sont minimalistes; chaque protagoniste dispose d'une chaise et se déplace de temps en temps pour évoquer le changement de décor. La force d'évocation des mots et des comédiens fait le reste comme par magie; une magie typique du bon théâtre.
On aurait tendance à croire que ce diptyque de Sébastien David est fort dramatique, mais en fait, il y a de très nombreux morceaux d'humour dans les deux pièces qui font qu'étrangement, on rit beaucoup et souvent pendant la représentation (bien que parfois, le rire soit jaune). Ce passage du rire au drame, puis au rire, se fait presque sans arrêt tout le long de la représentation. Et au final, malgré tout le drame de la vie de ces personnages, malgré toute l'intensité de certaines scènes, malgré la tristesse évoquée par certains passages, le spectateur sort de là ravi, pas du tout déprimé. C'est que l'effet dramatique est aussi servi avec un certain degré de rédemption et de sérénité, qui laisse le spectateur avec un sentiment agréable lors de sa sortie du théâtre.
On ne peut guère demander mieux.
Si vous avez l'occasion de voir cette pièce, n'hésitez pas une seconde.
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Photos: Jeremie Battaglia (tirées de la page Facebook de la pièce).
La représentation, dans l'intime salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui, s'ouvre donc sur la première pièce, Ta yeule Kathleen, qui est en fait un intense monologue pendant lequel Line, mère monoparentale aux prises avec son bébé Kathleen qui pleure sans arrêt, est prête à tout pour sortir de son petit appartement le temps d'une soirée. Le texte réussi le tour de force de nous raconter les états d'âmes de Line, l'histoire de sa grossesse, sa soirée, ses relations avec sa fille et son entourage, le tout grâce à d'habiles flashbacks ou sauts en avant dans la narration. Marie-Hélène Gosselin, seule sur scène pour toute la durée de ce segment, a une présence incroyable et réussi sans effort apparent à nous faire rire, à nous émouvoir, nous faire frissonner d'horreur même, le tout dans une mise en scène minimaliste où le seul décor est le berceau de la petite (dans l'appart), ou des jeux de lumière (au bar).
Ainsi, quand En attendant Gaudreault commence, vous êtes déjà vissé sur votre siège par l'intensité de cette première partie de soirée.
L'auteur fait montre d'une égale intensité dramatique dans la seconde partie, avec un texte dense, au vocabulaire riche et évocateur malgré son apparence simple et populiste. La pièce raconte le destin croisé de trois montréalais, qui, chacun pour sa propre raison, cherche le mystérieux Gaudreault, et se retrouvent à l'attendre tous les trois dans le même endroit. L'intérêt ne repose nullement dans le mystère que pose Gaudreault - l'auteur se permet même de minimiser son importance et de ramener son mystère à un petit rien. Le personnage, que l'on ne voit jamais sur scène, est un prétexte à la mise en parole de la vie des trois personnages; ceux-ci nous racontent donc leur histoire, en même temps, en monologues croisés, sur la même scène, sans nécessairement qu'ils n'interagissent entre eux. Le rythme de la pièce est donc soutenu et l'intrigue générale croisée se dégage avec subtilité des détails de l'une et l'autre des trois histoires qui finissent par n'en former qu'une seule, elle même reliée à l'histoire de Line de Ta yeule Kathleen.
Une fois encore, c'est l'interprétation féroce des comédiens qui saisi, une fois passé le choc du texte, lui-même un élément fort de cette pièce. Comme pour la première partie, le décor et la mise en scène sont minimalistes; chaque protagoniste dispose d'une chaise et se déplace de temps en temps pour évoquer le changement de décor. La force d'évocation des mots et des comédiens fait le reste comme par magie; une magie typique du bon théâtre.
On aurait tendance à croire que ce diptyque de Sébastien David est fort dramatique, mais en fait, il y a de très nombreux morceaux d'humour dans les deux pièces qui font qu'étrangement, on rit beaucoup et souvent pendant la représentation (bien que parfois, le rire soit jaune). Ce passage du rire au drame, puis au rire, se fait presque sans arrêt tout le long de la représentation. Et au final, malgré tout le drame de la vie de ces personnages, malgré toute l'intensité de certaines scènes, malgré la tristesse évoquée par certains passages, le spectateur sort de là ravi, pas du tout déprimé. C'est que l'effet dramatique est aussi servi avec un certain degré de rédemption et de sérénité, qui laisse le spectateur avec un sentiment agréable lors de sa sortie du théâtre.
On ne peut guère demander mieux.
Si vous avez l'occasion de voir cette pièce, n'hésitez pas une seconde.
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Photos: Jeremie Battaglia (tirées de la page Facebook de la pièce).