mercredi 28 juillet 2004
---------------------------
A cette heure-ci, dans une semaine, je quitterai Houston, Texas, pour Vancouver, Canada. Une semaine. je ne suis tellement pas prêt à Quitter cet Équateur que j'adore vraiment que je suis convaincu de revenir ici, et pas dans cinq ans, je vous jure. Je n'ai pas terminé mon cheminement ici et je reviendrai un jour le terminer.
Baños, toujours, tres belle et agréable petite ville près de l'Amazonie... Avons multiplié les randonnées, en montagne, en vélo, sur la route des cascades, bref, des journées superbes (malgré le mauvais temps parfois), une randonnée qui nous a mené à 1000 m au-dessus de la ville, vu la plus impressionnante chute (debit incroyablement fort, cascade de plusieurs dizanes de mètres, origine un rocher dans la montagne, destination: un chaudron (el pailon del diablo) naturel creusé par l'impact de la chute d'eau elle-même), bref, la région a beaucoup à offrir, en profitons au maximum, vu le Tungurahua ce matin cracher un brin de fumée, eu une superbe vue sur le Chimborazzo, le plus haut sommet (volcan éteint) de l'Équateur. Mieux encore, rien au nord du Chimborazzo en Amérique n'atteint son altitude! Il s'agissait de mon observation (claire) d'un onzième volcan depuis mon arrivée. Je les collectionne :-))
Retour au nord et à Quito prévu vendredi. On verra bien.
Ah, oui, j'ai acheté un hamac. Difficile de résister à 8$ avec la grandeur et la qualité de la chose, sans parler du confort, pour mon appart de Vancouver :-) une manière de rapporter un brin d'Équateur avec moi aussi. je dis ça, mais au fond, l'Équateur sera en moi pour longtemps, je ne pense jamais oublier ce que j'y ai vécu.
Et ce que j'y viverai dans le futur.
-------------------------
lundi 26 juillet 2004
--------------------------------------------
Au moment de rédiger ceci, nous sommes à Riobamba. Ville correcte, avec des parcs petits mais jolis. le parc Sucre, où nous avons lunché, propose en son centre une fontaine dominée par une belle sculpture de neptune. C'est, je crois, la première oeuvre s'inspirant de mythologie autre que chrétienne que je vois en Amérique du Sud. Certainement la première de mythologie romaine. Suzie, qui est malade depusi Cuenca, en profite pour faire une sieste alors que j'écris ceci dans mon carnet. Le parc comporte l'habituel lot de palmiers en plus d'arborer quelques saules. la pharmacie du coin de la calle 10 de agosto diffuse une salsa à plein volume, donnant au parc une allure de fiesta. le soleil de plomb joue à cache cache avec quelques nuages blancs. Les alarmes des voitures retentissent et il ne s'écoule jamais plus de 3 minutes sans qu'un petit cireur de chaussure ambulant ne vienne proposer ses services. L'animation et le bruit sont assez typiques des rues et parcs sud-américains. Les klaxons et siffelts d'agents de la circulation se mélangent au reste en provenance de la rue qui fait face au collége Maldonado. la foule est un mélange d'espagnols, de quelques gringos et de Quichuas. Une boutique de cellulaires Porta me fait face et derrière moi se trouve une boutique de photos avec le sigle de Fujifilm affiché en gros. je remarque que c'est une des rares places/parcs urbains du pays sans cathédrale ou église sur un côté. les vendeurs de Bon Ice croisent les indigènes qui arrivent du marché tout près, quelques mères portent leurs bébés dans des sacs tissés enroulés sur leur dos.
Bref, c'est l'Équateur.
-------------------------------------------------------------------------
On se déplace et on voit du pays et on fait des activités intéressantes... L'Équateur est un pays intéressant, je devrai y revenir, je suis tellement pas prêt à partir dans huit jours...
tk... A montañita, nous avons été nous baigner dans la mer, avec des vagues immenses, de belles vagues de surf de 3m de haut, de vrais murs d'eau qui vous fonce dessus. Impressionnant et amusant de se laisser porter par les vagues et de faire peur aux petits crabes qui se baladent de roches en roches ou qui courrent sur le sable... Il y avait aussi des crabes grands comme ma main, et quel étrange animal... tk...
Sommes revenus de la côte pacifique vers Riobamba, d'où part le célèbre train qui va de Riobamba à Sibambe en passant par el nariz del diablo. C'est certainement l'activité touristique la plus mal organisée, la plus désagréable et la plus surévalúée que j'ai fait depuis que je voyage. C'est pas un attrape-touriste, on s'entend, c'est intéressant, mais d'une part, impossible d'avoir des billets de Riobamba, donc trajet en bus de Riobamba à Alausi, puis de là, une heure d'attente à la billeterie, la plus incroyablement mal foutue billeterie de la planète, sans blagues. Puis, annonce qu'il n'y a pas assez de place pour tous pour 11h, mais heureusement, il y a un autre train qui fait le trajet del Nariz à 1h pm, soit. Donc 3 heures d'attente dans le pueblo et on monte enfin dans le train célèbre. Avant, ce train reliait Quito à Guayaquil, mais une bonne partie des rails ont été détruits lors des Los Niños de la dernière décennie. bref, maintenant, il fait Riobamba-Sibambe. mais, on réalise vite qu'en fait, il fait Alausi-El nariz, et qu'il revient sur ses pas. bref, c'est juste des touristes-gringos, qui s'entasse sur le train et vont voir se passage qui est je dois l'avouer un miracle d'ingénierie, mais qui n'est ni si spectaculaire à prendre, pas du tout effrayant (on nous promet une bonne frousse), et avec un paysage que l'on peut qualifier de beau, mais pas du tout totalement exceptionnel. Bref, grande déception d'avoir fait tout ça pour ça., malgré l'intérêt non négligeable de la chose.
Par contre, nous avons eu l'intelligence de prendre un billet retour de Alausi à Riobamba par le train, et nous avons fait le trajet sur le toit du train. Ça, par exemple, ça valait dix fois le reste. Voilà la chose à faire. Primo, c'est pas juste des gringos, c'est un vrai trajet de train, avec de vrais passagers qui vont du point A au point B. La ride sur le toit est vraiment un beau mélange d'activité divertissante, aventurière et culturellement intéressante, puisque loin de la route et le long de la rivière, on peut voir les indigènes (Quichua pour la plupart) dans leur vie quotidienne, à laver leur linge à la rivière, à cultiver des petits morceaux de terres à fond de ravin le long de l'eau, on voit des animaux amusants et des rizières, et, comme il faisait pas très très soleil, on a eu une ride froide, mes amis, avec le vent et tout, mais c'était quelque chose que je recommanderais fortement. Vraiment amusant et agréable.
Avons filé directement à Baños par la suite par un bus de soir. Baños est cette petite ville qui est flan de montagne juste avant de descendre vers le bassin de l'amazone, donc forêt humide (très humide d'ailleurs) et végétation intéressante, avec volcan tout près et des montagnes tout le tour avec des hikjes très divertissantes. Ce matin, dans un arbre à fruit (un mandariniers, je dirais), j'ai pu voir un beau perroquet vert à tête jaune perché sur une branche haute, en liberté... beau spectacle.
Avons donc fait de la randonnée (encore, direz-vous, je suis un fan), une petite randonnée de 4h environ avec élévation d'environ 400 m avec des vues superbes sur les montagnes, les gorges et la petite ville. Randonnée-enrainement pour celle de demain, qui comporte un peu plus de difficulté, et une élévation d'environ 1000 m! Ça promet. S'il fait pas trop gris, on aura une super vue sur le Tungurahua, souhaitez-le à Suzie, moi, je l'ai déjà vu (même en éruption, alors...) :-)
La température depuis Loja est un peu merdique, mais on se débrouille pour faire tout de même des activités intéressantes. A Baños, il pleut une petite bruine le matin, uis ça se dégage, les nuages lèvent un peu (sauf au sommet du Volcan Tungurahua que Suzie n'a pas encore vu), uis les nuages reviennent en fin d'après midi et il bruine le soir et pleut la nuit. C'est l'influence de l'Amazonie, tout près, où c'est la saison des pluies en ce moment.
Cet après-midi, après la hike, on s'est rendu vers la cascade près de Baños (il y a 10 cascades dans le secteur, on en a vu 3 actuellement), où se trouve le jardin zooécologique de baños. Pour 1,50$, on s'attendait d'y passer une demie-heure et d'y voir trois oiseaux et deux singes. Non, frt intéressant, bien situé dans la montagne et les roches environnants, les habitats sont bien faits et il est consacré aux animaux de l'Équateur (très diversifié, donc, avec les climats d'ici). Ça allait du Condor des andes (très impressionnant) à l'opurs à lunette en passant par les aigles, les ocelots, les jaguars, les Aras et autres perroquets, et en prime, un aquarium centré sur les serpents et quelques poissons et lézards. les serpents, pas amusants du tout, mais très actifs, à comparer à ceux que l'on voit dans les zoo chez nous. Sommes arrivés à l'heure du repas (souris, poussins et cochons d'inde) des boas constrictor. Yeark. Avpons assisté à ça, avec l'espèce de responsable de la serpenterie, qui n'hésitait pas à ouvrir les habitats des boas (!!!) avec nous tout près. Il avait des marques de morsures sur les mains en plus... Pire, quelques visiteurs équatoriens testaient les portes des habitats pour voir si on pouvait les ouvrir. des boas constrictors!! Ouf... C'est amusant d'en parler maintenant, mais j'avoue que sur le coup, j'étais un tantinet sur mes gardes!
Voilà pour une petite mise-à-jour de nos activités.
A très bientôt j'espère, je ne sais pas encore si nous aurons le temps, l'occasion et le budget de faire une petite pointe dans la jungle amazonienne, mais nous serons d'ici quelques jours de retour à Quito (retour pour moi, j'oublie toujours que Suzie n'a pas encore vu Quito).
D'ici là, ciao, amusez-vous bien, et attention aux boas.
Ssssssssss...Ssssssss...... :-)
mardi 20 juillet 2004
Le Red Light de Loja------------------------------
En attendant Suzie, à Loja, le soir du 17 juillet 2004. M'installe le long de la rivière, là où un des nombreux petits ponts des rues transversales croisent la rivière. J'ai vu sur mon hôtel, où Suzie arrivera, sur la rue principale qui arrive de la gare de bus, avec ses nombreux taxis dont je scrute l'intérieur de temps à autre, et sur la rivière, paysage reposant. Vingt minutes s'écoulent. Plusieur passant passent près de moi. Puis deux filles, dans la vingtaine, s'approchent, et se séparent à ma hauteur. La plus jolie (23 ans environ, je dirais), me salue: - Hola. - Hola. - ¿Que hace? - Nada. Solamente miro al rio y la ciudad. ¿Eres de Loja? - No. Del sur. - Ah. - ¿Que hace esta noche? - Oh, yo espero por una amiga... - Soy una amiga. - Ah... -... -... - ¿Quiere fucking fucking? - Well... that's direct... - ¿Que? - Euh... nada. - ¿No quiere fucking fucking? -... -... - ¿Cuanto? - Thirty dollars, por yo y mi amiga. - Ah... - ¿Si? - No sé. - Esperamos al esquina allá, ¿ok? ¿Si? Elle s'éloigne, rejoint son amie, elles s'installent sous un auvent, et me surveillent. Je regarde du coin de l'oeil sans tourner la tête dans leur direction. Je pense: Suzie, rapplique pour me sortir de là! :-) Je laisse passer quelques minutes, puis je me dirige lentement vers le centre-ville, à l'opposé de leur coin de rue... Trente dollars, pour deux. Voilà les tarifs avant négociation dans le Red Light de Loja... |
Le temple du soleil! ----------------------------- Un court mot (clavier merdique) sur mon passage au Temple du soleil Inca de Ingapirca. Pour un lecteur de Tintin depuis son plus jeune âge, c'est impressionnant de se rouver au temple du soleil! Ingapirca est le site archéologique le plus important de l'Equateur. Tres grand site, avec non seulement des ruines de fondations mais quelques pièces entièrement conservées ainsi que deux murs extérieus et le temple du soleil, un escalier et des murets a flan de coline impressionnants. Bref, une visite inconournable si jamais vous passez dans le coin! :-) Près du temple un chemin de randonnée a été aménagé et nous avons donc pu faire une courte mais agréable randonnée autour du secteur, avec ses vaches, moutons et lamas, une peite rivière charmante et de jolies petites chutes et quelques rapides, le sentier avait tout pour offrir une belle balade. Une randonnée plus intéressante côté physique et paysage a été celle du paque de la universidad de Loja. Pratiquement toute la montée se fait par un sentier qui longe les crètes des montagnes, avec rien à gauche ni rien à droite pour demeurer stable si vous perdez l'équilibre ou si vous décidez de dégringoler à flan de coline. Tout ca pour se balader d'une crète à un sommet, à une crète à un sommet, jusqu'au plus haut sommet du parc, à environ 500 m plus haut que la ville. Superbe vue, paysage à couper le souffle, sentier agréable et effrayant en même temps, et retour en descendant par la forêt humide! (Loja est près du basin de l'Amazone, même si elle n'est pas en Amazonie comme telle). Sommes donc maintenant aux alentours de Cuenca, jolie ville coloniale, mais étrangement, l'architecture du centre-ville m'impressionne moins que celui de Loja ou de Quito. Ici, tout y est plus moderne en teme de commerce, la vie y semble plus riche et plus chère, mais les marchés de fruits sont excelents et les fruits et jus de fruits absolument irrésistibles. Tiens, anecdote amusante, l'espagnol de Loja est beaucoup plus difficile a comprendre qu'a Quito (Suzie, en bolivienne-peruvienne a eu aussi de la difficulte a s'adapter a leur accent du sud marmonnant!). A Cuenca, c'est mieux, déja. Voilà donc où nous en sommes pour le moment. J'espère que vous avez bien rigolé avec mon histoire de l'Équateur de l'autre jour! Prochaine destination (probable): La côte du pacifique et ses vagues de surf!!! |
samedi 17 juillet 2004
-----------------------------------------------------
Un peu d'histoire, il pleut dehors, à Loja, et je me suis réfugié dans un café Internet quelques minutes, le temps que l'orage passe. N'ayant reçu aucun e-mail du pays (qu'est-ce qui s'y passe, notre multimilionaire de premier minus se débrouille comment dans la minorité? Mystère). Bref, j'ai quelques minutes à tuer, aussi bien le faire en éduquant mes lecteurs un brin (héhéhé) avec l'histoire condensée et révisé par moi-même, de l'Équateur.
Il était une fois quelques indigènes qui vivaient tranquillement autour de la ligne équatoriale, mais l'ignoraient évidemment. Plus au sud, l'empire Inca lui, vivait en adoration devant le Dieu Soleil et avec des observations intelligentes du ciel, fini par se dire, voups donc, il semble que le Dieu Soleil suive un tracé qui rendent intéressant un secteur plus au nord, allons-y vois. Ils sont donc venus faire un rout en Équateur, où leur pre´sence n'a pas été appréciée par les locaux, dont les cañaris, une tribu indigène qui s'est férocement défendu contre les hommes de lInca Tupac-Yupanqui.
Après avoir établi sa domination, et crée quelques bidules sur la ligne équatoriale (que l'on découvrirait des siècles plus tard près de la Mitad del Mundo), L'inca eu un fils avec une princesse Cañari, ce qui règla les conflits. Ce fils, Huayna Capac, devint plus tard l'Inca à son tour et gouverna l'empire qui s'étendait alors de Quito jusqu'au sud du Pérou. Sous son règne, on édifia entre Quito et le Volcan Cayambe des cercles concentriques et lors de l'équinoxe, le soleil qui se levait directement à la cime du volcan, tombait ne premier sur la plate-forme, situé précisément sur la ligne qui sépare la terre en deux hémisphère.
Comme toute bonne chose a une fin et que tout bon empire fini par faire des gaffes, Capac (aucun lien de parenté avec Rascar, le méchant Inca de Tintin, mais certainement une inspiration pour hergé), eu la mauvaise idée de mourir et de léguer à deux de ses fils son empire, en le divisant donc en deux empire, un au nord et un au sud. Comme l'empire romain avec Constantinople, cette division par erreur allait engendre des conflits entre les deux Incas, dont Atahualpa (le fils du nord, de Quito, donc), qui fini par gagner la guerre des Incas, au prix de plusieurs vies de chaque côté, affaiblissant donc son empire.
Pendant ce temps, Christophe Colomb allait faire la plus grande erreur de calcul de l'histoire et rater les indes de quelques km pour amarrer près de l'Équateur. Peu de temps après (effet volontaire de compresion du temps, comme dans les scénarios de film, ça augmente le suspense, en fait, tout ça se passe sur des siècles, c'est un peu ennuyant à raconter dans le détail), bref, peu après, les conquistadors arrivent en Amérique du Sud sous la gouverne de Francisco Pizarro. Très moderne, les troupes de Pizarro font une fulgurante avance de conquète dans toute l'Amérique du sud, et en Équateur, où ils rencontre la résistance affaiblie par la guerre interne de l'Inca Atahualpa.
Sous le prétexte de négocier (après tout, les locaux étaient suppérieurs en nombre, sinon en technique), Pizarro captura Atahualpa, et le retint contre des rançons importantes avant de le tuer anyway, se trouvant donc un des pires hypocrites de l'histoire locale. Après avoir pris le contrôle du secteur et de l'argent du secteur, lui et son frère et ses lieutenants se séparèrent les morceaux et fondérent des villes espagnoles un peu partout. heureusement, on y importa du même coup le techniques architecturales d'Espagne et on les mélangea d'un brin de culture locale pour donner des jolis centre-ville qui serviraient fort bien la promotion touristique de l'Équateur quelques siècles plus tard.
A la mort d'Atahualpa, le dernier Inca, l'empire s'effondra effectivement pour toujours. le frère de Pizarro gouverna alors Quito, et un de leur lieutenant (Orellana) en explorant l'orient, fut le premier homme connu à descendre l'Amazone jusqu'à l'Atlantique (j'avais oublié de spécifier, désolé, mais les premiers espagnols sont arrivés en Équateur par le nord-ouest, i.e. le Pacifique).
Pendant ce temps, á l'école, un gamin du nom de Simon Bolivar jouait au cow-boys et indiens avec son copain Antonio Sucre. Bolivar, en avance sur les Québévois d'aujourd'hui, rêvait de souveraineté pour toute l'Amérique du sud, rien de moins. les annés passèrent et il alla se pratiquer à la souveraineté en libérant le Vénezuela de la mainmise de l'espagne en compagnie de son copain Sucre, qu'il nomma Mariscal. Le temps qu'ils continuent á parfaire leur technique en libérant aussi la Colombie, un groupe de locaux se chargea de libérer le sud de l'Équateur en proclamant Guayaquil et les environs un pays indépendant, et ce sans même gagner leur référendum! Ah! C'était le bon temps! Bolivar, inspiré, s'adonna à l'ècriture et à la randonnée, il s'attaqua même à la plus haute montagne du pays, le Chimborazzo, afin de gravir ce qui allait devenir une fois les comunications mondiales établies, la plus haute montagne de l'Amérique au nord de celle-ci.
Enfin, ainsi, Bolivar et Sucre continuèrent le combat, inspiré par le sud, où à Loja - où, coïncidence stupéfiante, je me trouve précisément - la population avait aussi déclaré l'indépendance. Par contre, cette indépendance très indépendante de Bolivar lui paraissait aussi un danger pour son rêe d'union de toute l'amérique du sud, puisque ça commençait à morceler le tout. bref, il apporta un soutien fort et inspiré au gouverneurs du sud, alla donner une poignée de main historique à Guayaquil, où on pourrait ensuite dresser un monument que les touristes pourraient visiter, et fort de cette nouvelle alliance, lança Sucre dans la bataille de Pichincha, qui fut décisive et victorieuse pour ses troupes. L'Ëquateur était un pays libre et indépendant. Yé.
Bon, Bolivar continua sa route en libérant aussi accessoirement la Bolivie, question da'voir un pays qui porte son nom, apres tout, un monument et une rue dans chaque ville d'Amérique du sud lui semblait un peu léger comme hommage. On créa la monnaie au nom du Mariscal Sucre, sans se douter évidemment qu'un jour, on serait obligé de l'abandonner pour cause d'inflation au profit du méchant empire américain et de son diabolique dollar qui fait que tout coûte plus cher qu'avec la monnaie du mariscal. Enfin, ça, c'est venu plus tard.
L'Europe ne se désintéressa pas pour autant de l'Équateur - comme en témoignent les touristes qui arrivent encore du vieux-continent aujourd'hui, j'en fais témoignage de première main - et ainsi, une expédition conjointe France-Espagne (encore eux, mais tout timide, menés par les français pour passé inaperçus) mené par Charles Marie de la Condamine vint exploer et faire des mesures très précises pour confirmer que la ligne séparant la planète en deux hémisphère passait bien au nord de Quito. On marqua donc, après des mesures scientifiques, la ligne exacte et ces mesures servirent aussi à confirmer que la terre n'est pas parfaitement sphérique mais arrondie et donc, plus gtosse en Équateur qu'aux pôles. ça serait bien utile aussi pour promouvoir touristiquement les volcans locaux contre l'Everest des siècles plus tard quand on aurait inventé la randonnée de plaisance. De plus, on jetait alors les bases du système métrique, ce qui permettrait aussi de distinguer le monde moderne de l'Empire Américain par la suite.
Pendant ce temps, loin de la côte, Charles Darwin venait se faire bronzer au club med des Galapagos quelques semaines et en y voyant les diverses espèces de tortues et lézards, pris quelques notes pour publier à son retour un ouvrage sur l'origine des espéce et sa théorie de l'évolution des espèces.
Puis, au début du vingtième siècle, on érigea un immense monument au milieu du monde (que l'on appela La mitad del mundo, puisqu'on a gardé l'habitude de parler espagnol même après l'indépendance, c'était plus pratique que d'apprendre une autre langue et que voulez-vous, les vielles habitudes sont dificiles à perdre). Une autre portion de l'histoire qui serait pratique pour attirer le touriste ici.
Malheureusement, personne ne le savait à l'époque, puisque De la Condamine n'avait pas attendu l'invention du GPS (et que s'il l'avait atendu, il serait mort avant son invention, alors c'était une bonne idée de ne pas trop attendre finalement), bref, sans GPS, de la Condamine et sa gang s'était trompé de quelques fractions de degrés, bref, de quelques centaines de mètres à peine, ce qu'on leur pardonne, aprés tout, la Terre est assez grande, deux cents mètres, c'est quoi? Étrangement par contre, vers la toute fin du siècle, on découvrit, avec le GPS, où se situait la vrai ligne équatoriale et on découvrir aussi avec stupeur que les plates formes de l'Empire Inca qui célébraient le lever du Soleil à l'Équinoxe étaient situées en plein dessus. Quelle chance, non?
Mais on a beau dire, quand on gagne sa liberté à force de bataille et de coup d'état, ça inspire et on fini par s'ennuyer de la belle époque de l'indépendance et des combats de Bolivar et Sucre... Aurement dit, alors que certains s'inspirent de la belle époque de prendre le contrôle par la révolution tranquille, d'autres rêvent de coup d'états. Bref, par la suite, le pays fut le théâtre de divers mouvements et changements politiques plus ou moins heureux, toujours rapides, période noire qui atteint un point cuminant lors de l'expulsion du président fou vers le Panama, rien de moins.
Ouf, bon, une fois le ménage fait, il était temps de faire de la politique à la Nord-Américaine, c'est-à-dire élire proprement et avec un peu d'argent sale et corrompu un riche président qui deviendrait très impopulaire très rapidement et sur lequel on pourrait tous chialer. Yé, les équatoriens étaient devenus de vrais citoyens de l'Amérique, fini la république de bananes et les coups d'état, le reste est beaucoup plus amusant, après tout, les gens du Canada et des USA s'y amusent depuis des siècles sans se lasser.
Depuis, quelque part en l'an 2000, un dénommé Martin Landry (qui persiste à nier bêtement tout lien de parenté avec Bernard) , inspiré par les élans de Simon Bolivar au Chimborazo, s'attaqua au volcan Cotopaxi, qui est le volcan actif au sommet le plus haut du monde. Il réussi sa mission avec succès et devint alors le premier homme que j'ai personnelleent connu à avoir vaincu le Cotopaxi. Sous cette forte influence, je n'allais jamais être le même par la suite! Dans la foulée, les frères Trépanier allaient devenir les premier Robervalois de ma connaisance à conquérir l'Équateur à leur tour, développant au passage leur théorie du dépaysement. On érigera bien un jour un monument à toutes ces figures importantes de l'Équateur, mais il faut bien se garder quelques têts à honorer encore et un peu de coins de rues sans bustes pour le futur, alors ce projet est encore dans les tiroirs équatoriens.
Voilà, l'histoire de l'Équateur des indigènes à aujourd'hui, on espère que tout cela vous a plu et vous a un peu instruit.
-----------
;-)
---------------------
(Traduction de l'español)
---------------------
Professeur Hugo, jamais nous n'oublierons que tu nous as enseigné l'anglais. Nous t'aimons beaucoup et nous t'avons fait un dessin avec tout notre coeur. Nous ne t'oublierons jamais, tu nous manqueras à tous. Nous t'aimons beaucoup. Les enfants et professeurs.
---------------------
------------------
Mes élèves de San Luis de Lloa, vous serez toujours uniques au monde. Jamais je ne pourrai oublier votre sourire. Je penserai à vous, car l`´Equateur, ça sera vous, c'est vous, c'est Fragilidad que nous avons chanté ensemble, c'est le petit Winnie Boweys offert si gentiment, c'est le Dunkey de Shrek (yo!yo!yo!) et les mots comme Crapaud et Épouvantail que vous vouliez apprendre en secret pour vous taquiner l'un l'autre en anglais!
Ainsi, en mémoire de notre rencontre inoubliable, ce petit morceau de journal est pour vous;
Chers Patricio, Nancy, Rosa, Ana Maria y Edwardo; chers Franklin, Deisy, Jenny, Cesar, Jessica y Alex; chers Karina, Cristina, Valeria, Veronika, Delphina, Angel, Javier y Maria; chers Monica, Mishel y Rolando; chers Hugo, Anita Maria, Sylvia, Jorge, Jaime, Suzana, Ariel, Saul y Consuelo.
Dans la langue que je suis venue vous montrer un peu, donc,
I shan't forget you.
El profesor Hugo.
---------------------------------------------------------
Je suis parti hier de Riobamba, au centre du pays pour me rendre à Loja, au sud. Treize heures de bus, avec une correspondance/attente d'une heure à Cuenca. En général, les autobus longue distance du pays sont plutôt confortable, je m'attendais à bien pire. Le problème de distance n'est pas si important, mais le problème du temps l'est. Et c'est pas parce que le chaufeur ne va pas vite, il acélère à la moindre occasion (nonobstant toute règle de conduite d'ailleurs). Le problème, c'est que dans la culture équatoriene, vous montez et descendez du bus n'importe où, là où vous le désirez. C'est bien pratique pour tout le monde, mais sur un trajet de deux heures, ajoutez au moins une heure, sinon plus, à cause des arrêtes non pas fréquents, mais incessants.
Ainsi, par exemple, au départ de Riobamba (avec 15 minutes de retard, ce que tout le monde sait ici, puisque 3/4 des passagers équatoriens se pointent avec 10 minutes de retard), au départ donc, on quitte le terminal terrestre et un coin de rue plus loin, le chauffeur commence à crier la destination et on commence à embarquer des passagers supplémentaires. Un coin de rue. Pourquoi diable ne se sont-ils pas rendu un coin de rue plus loin pour embarquer au terminal? Mystère. Évidemment, pour des longues distances, quand vous parler d'embarquement ou débarquement, vous parlez aussi bagages dnas les soutes ou sur le toit du bus, d'où un temps incroyable perdu ainsi. une bonne demie-heure fut donc nécessaire pour quitter seulement le quartier du terminal terrestre de Riobamba, terminal d'où nous étions parti avec 15 minutes de retard en plus. Je me doutais bien que le 6h que devais prendre le trajet Riobamba-Cuenca en prendrais maintenant au moins 7.
J'ai un compagnon de voyage pour une partie du trajet, il travaille à Alausi. Il aime apprendre des trucs en anglais. Il prends pleins de notes dans son agenda, en anglais. Il a transcrit les sous-titres anglais de scénes d'un film, qu'il étudie ensuite, en sachant qu'il peut comprendre, malgré son impossiblité d'apprendre ainsi la prononciation. Intéressante technique. Il m'en montre des bouts, me pose des questions (après avoir jasé de tout et rien, bien entendu, en español, il ne parle pas réllement anglais, il apprends des mots et expressions). C'est pas évident à traduire, la scéne est tirée de Nutty Profesor II. C'est très très slang (joual américain), très très vulgaire, quasi scatologique, je tente de lui expliquer pourquoi c'est pas évident à traduire, que c'est souvent totalement intraduisible d'ailleurs. Enfin...
La route elle-même, une fois sorti des villes, est plutôt correct également, en terme d'entretien. Pas toujours pavé, on s'entends, mais tout de même carossable. À certains endroits , des jeunes ont tendu des cordes d'un côté et ils tiennent l'autre bout pour créer un péage à véhicule! Le chauffeur a prévu le coup en s'achetant une douzaine d'orange pour 1$ en partant, et il paye donc son passage avec des oranges.
de Riobamba à Cuenca, je dirais que le paysage est... à couper le souffle, rien de moins. Et à faire arrêter le coeur à quelques reprises aussi, et pas seulement parce que c'est beau, aussi parce que d'est diablement effrayant par endroit!
Il y a, à environ 20 minutes avant d'atteindre un village qui s'appelle Alausi, un endroit que l'on appelel ci El Nariz del Diablo (le nez du diable). Pour le nez, je sais pas, mais le diable, ok. C'est une vallée, que dis-je, un ravin? Non, un précipice, non, un abîme, plutôt, oui, les mots me manquent, en fait, aucune langue ne semble avoir prévu le concept dans son vocabulaire. Le diable, quoi. Cet crevasse immense, on doit donc la longer pendant environ 3km de vol d'oiseau. Après 20 minutes de zigzag, on descend vers le village, qui se trouve à environ 800 m plus profond que la route. Et il n'est pas au fond, évidemment! Puis, on repart, on remonte et ça prend environ une heure et demie par la suite pour finir de traverser le secteur. Imaginez quelle genre de route serpente et monte et descend et serpente et zigzague dans un précipice de la sorte pour que ça prenne plus de 2h pour traverser ces 3 km! Vous imaginez le pire? Imaginez encore, ça n'est rien à comparer au réel! El nariz del diablo a été célèbre pendant un temps, puisque le train allant de Guayaquil à Quito devait traverser ce secteur. Aujourd'hui, malgré la destruction de la voie ferrée entre Guayaquil et Quito par les divers El Niños passés, il reste un segment Alausi-Riobamba, et on peut même voyager sur le toit du train si on est complétement cinglé. J'avoue que le trajet d'autobus est suffisamment effrayant comme ça, je passerai pour le toit du train, merci!
Tk. Après une pause à Cuenca, où j'ai pu manger un peu et relaxer avant de prendre un autre bus pour Loja, nous voici à peine sorti de la gare de bus que nous prenons d'autres passagers (?!) et on prends donc une bonne heure juste pour sortir de Cuenca. Évidemment, on n'est pas parti à l'heure non plus. Je suis censé arriver à Loja vers 8h30 du soir (j'ai quitté Riobamba à 7h30 le matin). La route de Cuenca à Loja est fort différente de la précédente. Nous voyons maintenant dans la Cordillière du Condor, une chaîne parallèle à la chaîne princpale de la cordilière des Andes, tout en voyageant sur les crètes des montagnes de celle-ci. Impressionnant, la vue est surréaliste. La route est un peu moins pavée, mais bon, c'est pas si pire. Il y a moins de précipices aussi, on est moins directement au-dessus du vide.
Quoique...
À un moment, la route est bloquée pour des constructions, et il y a donc un détour d'indiqué, avec oja par là, vous voyez le genre? Que fais notre chauffeur? Ben voyons, il contourne simplement cette stupide pancarte et continue sur la route bloquée! devant, à environ cinq minutes, il y a un pont en construction. Un pont. Et qui dit pont, dit rivière en-dessous, á environ 200 m plus bas, à vue de nez. le pont est pas fini, le tablier traverse bien, mais pour le reste, allez savoir ce qui tient et ce qui est prêt, cette route doit pas être bloquée pour rien, bordel... Que fait-il? Ah!! Il s'enligne sur le pont en construction, à 5 km à l'heure. Mon coeur ne bat même plus, il n'y a plus un bruit dans le bus, on entend seulement le ronronnement du moteur, le bus avance au pas, je regarde en bas par ma fenêtre, ahhh, mauvais idée. Si on tombe, il n'y a aucune chance que la moindre mouche dans le bus ne survive à une chûte pareille. Ahhh, on dirait que nous sommes à la moitié. Seulement? ça doit bien faire 3 jours que nous sommes là! Aaahhhh! ça vibre, c'est quoi cette vibration???? Le pont balance un peu aussi, ça, y parait que c'est bon signe, que tous les ponts sont en quelque sorte souples, ils springnent un peu, vous savez? mais ici, ça n'a rien de rassurant. Mais où est donc l'autre rive, putain de ... Aahhh... l'aure côté du pont est bloqué par un amas de terre! Shit. Qu'à cela ne tienne, il active une commande (je suis assis devant, je vois tout, bele idée!!!), qui fais remonter d'un carn le plancher bas du bus. Il s'enligne pour traverser cet amas de terre. Ok, si le pont tient le coup, on va simplement s'enliser ici, au milieu d'une route bloquée avec personne d'autre, alors que notre conducteur prend son bus pour un 4x4!!! Shit, le bus tangue un peu (de mon côté, évidemment, pour que je vois bien le ravin et sa rivière qui semble nous attirer)... ah, on retombe de l'autre côté, puis on traverse finalement sur la rive et de retour sur une route carossable. Ooufff! je me remet à respirer, mon coeur se remet à battre, rien ne sert de cesser toute fonction vitale maintenant que nous ne risquons plus rien (pour le moment), hein? Bordel, je suis content, j'ai envie d'applaudir, mais je sens que je ferais un fou de moi. car à part 3 autres blancs assis ensembles tout au fond du bus, je suis le seul non-équatorien et les autres ont eu l'air de regrder le tout d'un air sinon indifférent, au moins détaché, à peine curieux. Aaaaahhhhhh, je respire.
À titre de récompense, la nature me gâte avec un superbe paysage et une belle vue de la cordilière du Condor. Il y a beaucoup de nuages, mais le soleil transperce à quelques endroits. Un arc-en-ciel part à peu près de notre altitude et se perd en descendant dans le ravin entre nous et le Condor. Splendide. Je tente une photo, lors d'un arrêt pour faire descendre quelqu'un au milieu de ce nulle part.
Enfin, je vois une affiche (trés rares sur les routes équatoriennes) disant Loja 125 km. Ah? je consulte ma montre, nous sommes encore en principe à 3h selon l'horaire du bus.
Bon, la pluie se met de la partie, et détrempe la route quand elle n'est pas pavée. A un moment, le chauffeur freine brusquement et fait tanguer le bus avec une manoeuvre d'évitement: que se passe-t-il? Oh, un petit éboulis qui a amené sur la route quelque roches. On tente de toutes les éviter mais en accroches certaines petites (taille ballon de soccer), boum, crak, boum, blong, on réussi à passer ce champs d'astéroide local. Fiou, on ne s'ennui pas sur les routes équatorienne, en tout cas.
Tiens, une autre affiche. Loja, 104 km. Je regare l'heure, on a mis 30 minutes à couvrir les 21 derniers km. faite le calcul et imaginez la route. Et elle est pavée pour une bonne partie.
La nuit tombe finalement. Et en Équateur, le soleil ne se couche pas paresseusement pendant une heure comme au Canada, non, le soleil tombe littéralement. une minute il est en plein ciel, puis il disparaìt, Bonne nuit, ciao amigos. Sérieusement, je n'exagère rien en disant que l'on passe de plein soleil à nuit noire en moins de 15 minutes. J'avais observé le phénomène souvent à Quito, mais bon, ici, sur la route, comme ça, sans prévenir, il fait nuit.
On traverse à nouveau une partie non pavée, à la lumière des phares, tout a l'air plus inquiétant, on voit moins. C'est bon pour mon coeur, mais pourquoi diable ne pourrait-on pas avoir assez de luminosité pour que le chaufeur, lui, y voit quelque chose. Si c'est effrayant le jour, imaginez en sachant que le conducteur n'y voit rien??? On traverse une sorte de swamp, c'est même plus une route, une sorte de petit plateau, détrempé par la pluie, qui crée une boue dense, on traverse ça en croisant un autre bus... sur notre droite (!!!), puis on retrouve la route, puis le pavé. Eh ben. Une affiche m'indique Loja 68 km. Nous mettrons deux heures à couvrir ces 68 derniers km.
Nous atteignons donc Loja, à 8h30 précises! je partage un taxi (1$ à 4) avec les trois parisiens qui étaient au fond du bus, et nous nous retrouvons en quelques minutes au centre-ville, sains et saufs.
Proof of Life. Le rajet m'a fait penser à intituler cette relation avec le titre en référence à ce film avec Russel Crowe, vous vous souvenez? Il a été tourné en Équateur, près de Baños, d'après ce que j'en sais (pas vérifié, mais ça me semble plausible). Ainsi, louez-le si vous voulez voir des paysages que j'ai fort probablement vu récemment.
Ciao, amigos, aujourd'hui, je prends ça relax dans le centre-ville de Loja, superbe, très belel architecture coloniale, toute colorée et pleine de bois! des belles places, beaucoup de commerces et d'activités, c'est très vivant, sympathique... Il n'est pas impossible que Suzie arrive ici ce soir. Pas certain, je ne connais pas l'état des routes au nord du Pérou, mais bon, avec une Proof of life qui date d'hier près de Tumbes...
--------------
Woody Allen, un réalisateur que je trouve sinon toujours brillant, toujours intéressant est en tournage pour son projet d'automne. Kate Winslet a du laisser tomber le tournage a la dernière minute. Inquiète de la réaction de Woody puisqu'il devrait rapidement improviser une remplaçante, il l'a rassurée ainsi:
"Please don't lose any sleep over this. Life is full of real problems; this is merely a showbiz one."
J'adore Woody. C'est donc ma citation du jour, tiens.
jeudi 15 juillet 2004
----------------------------------------------
Embarquement immédiat vers l'aventure.
Après avoir éprouvé quelques problèmes de santé (ennuyant, donc passons, c'est facile d'être malade au pays, alors c'est pas une histoire dépaysante!), j'ai eu à retarder d'une journée mes adieux à l'école et aux élèves, et manquer les deux dernières journées de classes d'anglais (je n'avais que quelques jeux eau programme anyway).
Ainsi, mercredi matin, encore faible mais avec assez de volonté pour me rendre à l'école, je suis arrivé comme une surprise pour Nely et les jeunes. On s'est dis adieux, avec beaucoup d'émotions, de hugs et de petits cadeaux. Comme j'aime voyager léger et que j'avais apporté avec moi plusieurs choses, j'en ai profité pour faire des cadeaux, parfois utiles (mon dictionnaire anglais-espagnol à Franklin, mon meilleur élève et le plus avancé, donc celui a qui ça sera le plus utile), parfois plus ludiques (mes acryliques et pinceaux et quelques toiles vierges pour Patricio et nancy (qui n'avaient pas pu venir voir Harry Potter faute de permission), mes deux meilleurs élèves de 6e. Ils regardaient ces choses avec tant de lumière dans les yeux, et les manipulaient comme si c'étaient des trésors. Pour leur montrer comment on utilise l'acrylique, j'ai réalisé un petit tableau (5x7 environ) sur le moment, en quinze-vingt minutes, représentant les montagnes de Lloa et les somments du Pichincha, avec le ciel et toutes ses couleurs (merci Griet et Vermeer). Un tableau en vingt minutes, avec une technique de courtes lignes que je n'avais encore jamais vraiment essayée, bien réussi (rappel, je suis un amateur qui n'y connait rien, alors je m'améliore et découvre à chaque tableau), et l'urgence du moment et le peu de temps de séchage m'obligeait à une technique de mélange et de surimposition mélangée de mes couleur qui donna un beau résultat, j'ai trouvé. Tk, j'ai donné le tableau à l'école, qui le fera encadrer avec une photo de ma famille en souvenir de mon passage.
J'ai eu de tres tres bons commentaires des jeunes (je m'y attendais un peu, on s'est bien amusé en apprenant, et son s'est bien entendu, on se respectait). Et Nely m'a dit que de tous les volontaires qu'elel a eu à Lloa, j'avais été celui qui avais le mieux réussi à enseigner de l'anglais avancé (pour leur niveau bien entendu) aux élèves et que ceux qui voudrait continuer au collège après n'aurait rien à craindre de leur niveau d'anglais par rapport aux élèves des écoles privées et publiques de Quito. Ça m'a fait grand plaisir, évidemment, puisque ça donne un résultat qui dépasse mes espérances en terme d'utilité brute. Elle m'a aussi dit (ne soyons pas inutilement modeste ici, j'ai des gens qui ont en partie financé ce projet, ils ont le droit de savoir que leur argent a servi et bien servi), elle m'a dit, donc que de tous les volontaires, j'ai été celui envers lequel les élèves se sont le plus attaché, et que j'ai été le meilleur (entendre le plus "bon" en tant que personne) avec eux, et le plus patient et que j'ai été, en terme pédagogique, le plus attentif et efficace qu'elle ait vu travailler. Bref, tout un compliment!!!!!! Je ne m'en cache pas, je suis très fier de ces commentaires, je peux dire mission accomplie envers ces jeunes de San Luis de Lloa. Bref, beaucoup d'émotions lors de cette dernière demie-journée.
D'ici dix jours, ce sera la fin des classes pour mes élèves, ils sont donc en période d'examen de fins d'années du ministère. Malheureusement, lors de mon retour dans le coin de Quito, l'école sera terminée. Il n'est pas impossible que je retourne uen dernière fois à San Luis pour visiter quelques familles, mais c'est incertain, évidemment.
Les élèves et nely se sotn cotisé pour m'offrir un cadeau. un petit toutou Winnie the Pooh (ils savaient que j'aime bien Winnie), qui s'appelle Winnie Boweys, du nom de l'école de San luis de Lloa où j'ai enseigné (Boweys était à l'origine le nom de la fondation qui a fait construire l'école). Avec une belle carte et pleins de cartes des enfants, très très émotif, je vous dis. J'avais préparé quelques cadeaux aussi, une carte, etc. Ensuite, le départ est venu, avec beaucoup d'accolades. jessica nous a tous bien fait rire. J'avais peu déjeuner, je me sentais un peu faible, et elel m'a offert une orange en voyant que j'avais peut-être faim. certainement la plus délicieuse et bienvenue orange de ma vie, je vous jure. Puis, elle est venue me coller, en voulant me souhaiter un bel au-revoir, puis a dit: Hasta... euh... (cherchant le mot juste)... Nunca? Et la moitié de la classe de rigoler, elle aussi (elle est très drôle et n'hésite pas à rire de ses gaffes) alors que l'autre moitié la raitait gentient d'idiote d'avoir ddit une chose pareille. Difficile à traduire justement, mais disons que c'est comme si on veut dire A bientôt à quelqu'un et que l'on dise,... Bon, eh bien à... euh... jamais?
Franklin, Nancy, Rosa et Patricio semblaient très tristes de me voir partir, les gamins ont réussi de peine et de misère à retenir leurs larmes (en bon gars), mais Rosa et Nancy se serraient dans leur bras.
Je suis donc reparti à la marche vers la route, puis nous avons attrapé une camionette qui nou sa offert un lift vers Quito, J'ai regardé le Guagua Pichincha pour uen dernière fois, et voilà.
---
Pour ceux dont mon projet d'enseignement stimulait la lecture de ce journal, voilà, vous pouvez arrêter de lire ici. Tout ce qui suit relève de mon séjour et voyage qui se poursuit sur des bases différentes.
---
La camionnette était en fait un guide de Quito qui revenait avec deux Allemands des eaux thermales du pied du Pichincha. Nely était un peu désorienté d'entendre parler Allemand, moi j'ai bien aimé pouvoir comprendre quelques mots ici et là de leur conversation. Ils ne parlaient pas español, alors en Allemand, nous avons´réussi à nous comprendre un peu, il s'agissait d'un couple de berlin, d'une cinquantaine d'années, qui ont été impressionnés de trouver à Lloa un gars qui avait visité berlin l'année précédente!
À la maison, j'ai rejoint mes deux nouvelles colocs (chanceux, toujours des colocs au féminin!! :-), Agnès et Cecilia, deux françaises qui se sont connues à Caracas lors de la correspondance de leur avion et qui se sont rendues comptes qu'elel venaient toutes les deux sur le même projet, i.e. celui de la fondación Chiriboga contre la déforestation d'un secteur du Pays. Agnès (environ 25 ans) est originaire de la région de Grenoble, alors que Cecilia (19) est de Nîmes.
Avant de travailler bénévolement avec tout un groupe de volontaires à partir de la semaine prochaine, elels voulaient voir quelques jours d'autres villes que Quito. Elles partaient donc cet après-midi de mercredi vers Baños.
J'ai fait mon backpack, fait mes adieux à la famille Mueses, et embarqué dans un bus pour baños avec mes deux copines de voyage.
Sommes arrivés à la pluie à Baños, de soir, donc peu de choses à y faire autrement que nous organiser, manger et dormir. Pour le repas, moi, j'ai opté pour mon premier vrai repas non-typique en huit semaines: un Spaghetti Bolognese. Bon, les gens de Bologna n'auraient pas été très fiers de la chose, mais à part la sauce qui goûtait cette épice (non identifiée) typique de la cuisine équatorienne et l'immense quantité de sel, c'était un spaghetti fort aceptable compte tenu des circonstances. Les filles ont pris la même chose, se disant qu'elle mangerait local pendant les 4 prochaiens semaines exclusivement, alors...
Lendemain matin (ce matin, Bordel, il s'en est passé des choses en moins de 48 h!!), j'avais plusieurs options, j'ai opté pour la semi-relax et la plus agréable: partager cette journée à Baños avec les copines et voyager en soirée. Nous avons été au village de Lligura, un très petit pueblo d'environ 40 habitants à une dizaine de km de años, par une rail, à pied, donc en randonnée dans la montagne. une superbe randonnée, le long d'un des nombreux petits cours d'eau (petits mais mouvementés) qui entourrent Baños. Très agréable village également, échelle 7, je dirais, car on n'a pa pu y trouver de nourriture! Le dépanneur (huit mètres carrés pas plus je vous jure) vendait de l'eau et du coke en bouteille, trois sortes de biscuits secs, quelques bonbons, voilà. Nous avons parlé avec quelques gens de la place, quelques uns refusant de se faire prendre en photo, j'ai pris une photo dun pont microscopique (deux planches et un billot) enjambant les rapides de la petite rivière (nous l'avons traversé sans problèmes), avec en arrière-plan, quelques rapides, un âne et une maison dont une partie était véritablement sculpté dans le roc, avec un morceau brut et non applanie sur son versant nord. Vraiment différent.
la végétation est aussi fascinante, puisque Baños est le dernier arrêt vers l'est avant Puyo, ville du bassin de l'amazone (au fait, je suis donc un bon km plus bas qu'à Quito, côté altitude). Donc, végétation entre la forêt humide et la jungle, et petits singes capucins qui courrent partout et se font des amis des chiens du village (un en particulier que j'ai pris en photo se tenait sur la tête d'une sorte de chien de berger et lui jouait avec les oreilles!).
Quelques cascades également, la plus haute étant directement à Baños (d'autres sont accessibles via d'autres trails), bref, une randonnée fascinante et agréable.
Agnès et Cecilia se sont donc avérés pour deux jours des compagnes de voyage parfaite avec lesquelles je me suis très bien entendu. Ainsi, après notre retour vers Baños et un repas (j'ai opté pour une Pizza, qui finalement, n'avait rien d'italien, sans tomates ni sauce, enfin...), d'autres au-revoir, échanges de courriers électroniques, et me revoilà parti, pour Riobamba!!
Parenthèse: baños est au pied ud Volcan Tungurahua qui est aussi très actif. La ville a été évacuée à deux reprises (alerte rouge) depuis les 5 dernières années et en ce moment, elle est en alerte orange, un cran en-dessous de l'évacuation. Lors de nore randonnée, nous avons cru qu'un des nuages deriière les autres nuages était d'un gris foncé un peu louche pour un nuage, il avait plutôt l'air, pour un nuage, d'un champignon volcanique...
Fin de la parenthèse, ou presque, puisque ce que nous avons vu, c'était une éruption volcanique, en fait, on l'a réalisé plus tard...
Sur la route de Riobamba, dans le bus, en solo, je me suis fait un compagnon temporaire qui s'appelel Iraq et qui est originaire de Guayaquil. Nous avons parlé de tout et rien, il est avocat et grand amateur de littérature et poésie. une heure trente de conversation sur l'équateur - il adore ce pays - et sur ses auteurs favoris - Pablo Neruda, Walt Whitman, Dostoievski, Edgar Allan Poe, etc. Très agréable conversation, qui a fait paser le temps entre Baños et Riobamba très rapidement.
Enfin, pendant une bonne vingtaine de minutes, nous n'avons pratiquement rien dit, nous regardiosn simplement le spectacle hallucinant de l'éruption du Volcan Tungurahua. Im-Pres-Sion-Nant.
Quelques km de fumée et cendre qui forment un gros champignons qui contrsate totalement avec les nuages environnants, puis deux minutes s'écoulent, le nuage gris se dissipe et s'éloigne un peu au vent, et vlan, un autre champignon qui grossi à vue d'oeil en moins de deux minutes! Puis, vlan , une autre shot!!! Mon dieu, c'est ma première éruption et même mineure - pas de lave ni de feu visible - c'est un spectacle innoubliable! On a certainement pas évacué Baños pour si peu - il parait que le volcan fait ça environ une fois aux deux semaines ces jours-ci - mais quand même, c'est quelque chose à voir! Même Iraq, qui n'en est pas à sa première éruption, était fasciné, pas moyen de faire autrement!
Wow.
Riobamba, donc, arrivée de soir, pas vu grand chose, repartirai demain matin tôt pour faire Cuenca et relier Loja en soirée. Que du bus, environ 12h, ça va être ordinaire (les bus sont pas super confortables, évidemment, surtout à cause de la conduite), mais en même temps, les paysages sont si beaux que le temps passe très vite.
Je vous épargne les vendeurs ambulants de toutes sortes qui viennent envahir les bus à tous moments (même pour vendre des plantes médecinales contre les douleurs menstruelles ou les troubles de la prostate!!! Très comique celui-là), et les accidents de bus qui me semblent évités de justesse parfois (aujourd'hui, notre bus en a évité 3 d'après moi, mais on dirait que c'est juste normal pour les locaux alors...). Quand même, quand le chauffeur sent le besoin d'accompagner son coup de klaxon énergique d'un tout aussi énergique coup de frein qui fait hurler ceux-ci et fait crisser les pneux du bus (!) sur la route, c'était certainement pas pour fairé un Hola amical à l'autre véhicule, hein?
Bon, il est tard, je vais me coucher (avec dans mon estomac quelques frites et des ailes de poulet et un coke - un vrai repas nord-américain typique!!!!!!) :-)))
Suite je ne sais pas quand - soyez plus patiens maintenant que je suis sur la route et backpack a nouveau!
mardi 13 juillet 2004
---
Trois jours de fievre. 50 heures sans manger ni dormir... changements de plans. je dois quitter Quito demain matin, mais c'est plus sur.
Je tenterai de revenir vous informer, mais je ne sais pas si j'aurai l'occasion, ni quand...
A la proxima, pequeño diario.
Hugo
samedi 10 juillet 2004
--------------------
Les plus observateurs parmi vous auront remarqués a droite, deux nouveaux liens...
Voici ce qu'ils proposent:
*Plus de photos de mon séjour* est une seconde page de photos, comme ca, j'évite les pages trop lourdes a charger, si vous avez déja vu les photos que propose la premiere page. *Photos...* propose 19 photos au total. *Plus de photos...* en propose pour le moment 7. je tenterai d'en ajouter quelques autres avant de quitter Quito cette semaine.
*Un armario de diferencia* est un lien vers mon petit conte écrit en español! Ce conte, il s'inspire d'une nouvelle plus ou moins écrite avec Suzie l'hiver dernier. Cette nouvelle s'inspirait assez librement d'un petit film que j'ai écrit et réalisé en 2000. Et ce petit film, c'était une sorte d'hommage a un court-métrage de Roman Polanski (intitulé Deux hommes et une armoire), court-métrage que je n'ai malheureusement jamais vu! Des questions? ;-)
Hasta pronto!
(note: que l'accent aigu aujourd'hui sur le clavier ou je me trouve, désolé)
----------------------------------------------------------------------------
Il y a un peu plus d'une semaine, j'ai eu l'idée d'organiser une journée d'activités pour les sixieme années. Tout a été mené rondement, mais ce terme n'a pas la meme signification en Equateur qu'au Canada!
Quelques heures ont suffit pour réunir les fonds nécessaires - merci INFINIMENT aux généreux donateurs de la journée!!!
Il me fallait aussi la permission de Nelly, celle des parents des éleves et celle de Virginia puisque je planifiais une journée entiere et un coucher a la fondation. Le point culminant de la journée devait etre le visionnement d'un film au cinéma. Mais les adultes sont de tristes personnages (la plupart, si vous etes mes amis, c'est que vous etes déja un peu différent et pas si pire, comme adultes!). Ainsi, tout a été plus compliqué que ca en avait l'air. Tout. Des le départ, la rabat-joie de Virginia n'a pas donné son accord, prétextant un ex-volontaire ayant ammené a la maison sans permission 17 jeunes qui ont causé des dégats, un exemple sans aucune commune mesure avec mes 5 anges de 6e années, mais coup donc. Qu'a cela ne tienne, on peut out faire en une journée et revenir a Lloa avec l'autobus de 17h. Au diable Virginia.
Heureusement, J'ai eu Nelly, enchantée par l'idée et tout de suite reconnaissante a mes amis donateurs du budget! Trouvant l'idée ambitieuse mais intéressante, elle m'a aidé a convaincre les parents. Di-fi-ci-le.
Les parents sont de tristes adultes qui pour la plupart ont totalement oublié le plaisir de s'amuser quand on est jeune. Ainsi, on a réussi a leur soutirer un oui apres des heures de discussion. Nelly devait donc me confirmer le tout mercredi pour une journée organisée le jeudi. Le film jouait entre autres a 13h30, ce qui cadrait parfaitement dans mon planning. Evidemment, de mon cote, a partir du moment ou j'ai eu les ok, j'ai confirmé a mes financiers d'expédier l'argent. Mais, bien sur, comme nous sommes en Equateur, rien ne s'est passé comme prévu. D'ailleurs, ici, personne ne planifie rien, puisque l'on sait que rien ne se passe jamais comme prévu! Mais c'est une autre histoire. Ainsi, impossible de voir Nelly mercredi, ou je suis laissé en charge de l'école. Jeudi, donc, pas de cinéma, mais autres discussions avec les parents pour leur confirmer que ce sera donc vendredi. Ouf. Jeudi soir, je me rends au ciné, car je sais bien que généralement, les nouveaux films entrent le vendredi, donc c'est aussi la journée des nouveaux horaires. Notre film ne joue plus tot en apres-midi, il joue le matin a 11h20 ou a 14h45. J'achete de quoi faire un beau pic-nic le lendemain et je suis donc fin pret.
Theoriquement, je suis censé arriver a l'école aux alentourts de 7h30, un bus quitte Lloa pour Quito vers 8h et je dois le prendre avec les jeunes. On aurait le temps d'aller visiter le vieux-Quito, d'aller au parc, de louer une barque pour se balader sur l'eau, de faire un pic-nic, d'aller au cinema, etc... Le bus est a 10-15 minutes a pied de l'ecole, c'est un peu serré mais devrait faire.
Vous devinez que ca ne s'est pas passé comme ca? Vous commencez a comprendre l'Equateur!
La matin du vendredi, toutes les choses en main, je me pointe donc a l'école. La, j'y trouve 3 eleves de 6e, personne d'autres. Ou est tout le monde?? Nelly m'explique que les parents veulent qu'elle nous accompagne, pour plus de sécurité. Bon, moi, je n'ai rien contre, elle est amusante, comme adulte, alors ok, alors allons-y. Ou sont Nancy et Patricio? Personne ne sait. Patricio passe enfin pres de l'école, avec une vache. Il m'explique que ses parents ont changé d'idée et que ni lui ni sa soeur Nancy ne peuvent donc venir. Nancy l'envoie chercher sa mere et apres quelques minutes d'une attente décue, elle arrive. Autre discussion avec la mere, en vain. J'explique que mes amis m'ont expédié de l'argent pour 5, que j'en ai dépensé une partie pour le pic-nic pour 5 et que je ne peux le renvoyer, que c'est compliqué. Bref, je met un peu de pression (vous aurez compris que c'est pas si compliqué pour moi), mais rien a faire, la maman a peur que quelque chose de mal n'arrive a Nancy et Patricio (rappel utile: 13 ans et 12 ans, respectivement) en ville, car la ville, c'est dangereux. C'est plate pour les deux pauvres eleves (mes deux meilleurs de 6e, en plus, qui auraient bien mérité cette journée), mais c'est ca. Comme j'ai le budget et le lunch, je propose d'emmener quelqu'un d'autre, un eleve qui n'habiterait pas trop loin. Rosa, une des trois presentes avec Ana et Edwardo, se propose pour aller chercher Maria. Elle demeure introuvable, quelque part a jouer dans les champs. On décide donc d'aller chez Franklin, un famille ou demeurent huit de mes eleves. Evidemment, toutes ces discussions prennent du temps et je commence a comprendre que la journée ne se passera pas du tout comme planifiée. Je ne sais plus trop ce que l'on aura le temps de faire, ni comment on l'organisera. Les gens ont beau ne pas avoir d'horaires ici, le cinéma, avec sa culture nord-américaine n'attend pas apres les spectateurs pour partir le film a l'heure... Ainsi, pendant que nous nous rendons vers la maison de Franklin, je vois le bus de 8h qui file dans la montagne, vers Quito. Je maudis intérieurement la mere de Patricio et Nancy! Notez que ce bus, il est le seul a faire l'aller-retour Quito-Lloa et passe environ une fois par heure.
Arrivés chez Franklin, qui demeure a 20 minutes de marche de l'école, nous apprenons que lui et Angel sont aux champs, a travailler. Impossible de les joindre, trop loin. J'invite donc Cristina et Valéria, mais leur mere étant absente et la grande soeur-gardienne n'ayant pas autorité pour une telle autorisation, elles ne peuvent pas venir. Je n'en crois pas mes oreilles, mais coup donc. Apres cette marche et ces discussions et recherches, je regarde ma montre (gardez aussi en mémoire que ce qui précede est une résumé tres court des événements), il est 9h et quart, nous sommes toujours dans le rang San Luis de Lloa au lieu d'etre a Quito. Nelly m'informe aussi que la permission des parents n'est valide que pour le bus de 17h, pas plus (il n'y a qu'un bus a 19h apres de toute maniere). Or notre film de 14h45 se termine a 17h05, donc impossible de respecter la permission avec cette projection. Il faudra se présenter a celle de 11h20, ce qui racourci d'autant nos activités de l'avant-midi. Et notre retard qui ronge le reste!
Bon, impossible de faire autrement, nous partons donc a 5, Nelly, Ana, Edwardo, Rosa et moi. Tant pis pour les autres. Finalement, l'autobus arrive et nous partons enfin pour Quito.
Bien sur, je n'ai pas pu faire la moitié de ce que j'aurais aimé faire avec eux, mais l'important, au fond, c'est que pour eux, ca a été une tres belle journée. Les enfants ont adoré l'expérience et on s'est beaucoup amusé.
Nous avons eu le temps de nous promener un peu dans le vieux-Quito avant de pic-niquer a la Plaza Santo Domingo. Nous avons pris le trole pour aller a El recreo, et au cinéma pour y voir Harry Potter 3, avec pop-corn pour tous, bien entendu!
Petite précision: aucun de ces éleves n'avait jamais mis les pieds dans un cinéma auparavant. Ils n'avaient jamais vu d'escaliers roulant non plus. Dix minutes d'amusement garanti, une fois passée la peur d'y entrer, on ne veux plus en sortir et au diable les affiches disant qu'il ne faut pas s'amuser dans les escaliers roulants! Les tourniquets de la station de trole étaient des maneges amusant pour eux, bref, tout était plutot magique et je regardais tout ca avec leurs yeux pendant que Nelly se préoccupait de la sécurité :-)
Ils étaient tres gentil, nous tenaient par la main, étaient prudent, mais émerveillés.
Pour Rosa, c'était la toute premiere fois qu'elle voyait la ville, la premiere fois de sa vie qu'elle sortait de Lloa et du rang San Luis. Si vous aviez pu voir ses yeux brillants et grand ouverts! Elle regardait partout et tout et fixait tout le monde. Elle se tenait la tete a l'extérieur des bus pour ne rien manquer! Elle s'émerveillait des trucs banals (comme les petits bonshommes verts lumineux qui permettent de traverser la rue) et des belles choses qu'elle voyait (comme cette robe blanche qui lui a fait écarquiller les yeux au centre commercial, une robe comme les princesses des livres).
Au cinéma, nous avons donc vu Harry Potter, et ils ont bien aimé le film. Apres la projection, ils n'arretaient pas d'en parler. Comme il n'y avait que deux autres personnes dans la salle a cette heure, nous avons pratiquement eu une projection privée. Ca a permis a mes amis de changer de sieges a volonte tout au long du film, pour le regarder de pres ou de loin, du milieu ou a gauche... Ils ont bien rigolé lors des publicité avant la projection, ont trouvé drole les bandes-annonces des autres films (plein de petits films avant notre film!) ont été captivés par la magie de Hogwarts et impressionnés par l'obscurité précédant la projection.
Nous avons pu prendre plusieurs photos pendant la journée. Les éleves sont assez indifférents de se faire prendre en photo. Ils ne comprennent pas pourquoi il faut sourire!! Ce qu'ils aiment, c'est si je suis sur la photo avec eux, ou qu'eux me prennent en photo, ils veulent tous prendre les photos, pas etre dessus!
Apres le film, Nelly, en bonne adulte, suggere que nous attrapions le bus de 14h au lieu de 17h (il n'y en a pas entre les deux), puisque nous avons le temps si nous embarquons dans un taxi. Je réplique qu'il n'y a aucune raison de partir a 14h si on a la permission jusqua 17h!! Je comprends qu'elle est un peu fatiguée, mais moi, c'est ma journée, bon. On marche donc un peu plus et on s'achete des beignets d'un vendeur ambulant. Étrangement, pendant ce trajet suite a la projection, un grand chien noir nous suit partout. Les enfants et moi croient dur comme fer qu'il ne peut s'agir que de Sirius Black tellement la chose semble évidente. Aucune autre explication n'est admise.
Apres une petite demie-heure dans les rues de Quito, Sirius nous laisse alors que nous entrons dans un café Internet. C'est que mes éleves veulent voir des photos de mes amis, de mon pays, etc. On en profite pour expédier une court message (a Daniel Sernine, sélectionné au hasard sur une photo!). Il s'agit évidemment de la premiere expérience sur l'inforoute pour chacun d'eux.
Enfin, on doit se diriger vers la Mena Dos ou notre bus nous attendra. Ana a une permission un peu plus restreinte, mais Nelly peut l'accompagner a la maison alors que je me chargerai de Rosa et Edwardo. Nous nous séparons donc et de mon coté, j'emmene mes deux derniers complices a la Mena, ou nous avons encore une petite heure a perdre. Je sors les restes du pic-nic et des chips, qui font leur ravissement. Malgré un peu de fatigue, ils sont encore partants pour se balader, découvrir, voir un peu partout, n'importe quoi, tout les intéresse! Avec leur grand sourire, ils entrent dans une sorte de dápanneur et sortent quelques centavos pour s'offrir quelque chose en ville! Edwardo achete donc trois BonIce (des sortes de Mr Freeze), un pour chacun de nous. Rosa nous achete chacun un bonbon a la gelee de fruit. Nous nous régalons donc tous les trois en discutant, ils veulent jouer a l'anglais, je dois leur poser des questions ou leur demander comment telle ou telle chose s'appelle en anglais. C'est un jeu, donc ils sont concurrents et s'obstinent et se chamaillent tout le long du jeu. On rigole beaucoup, car leur chamaillages ne sont jamais agressifs ou sérieux (et je réalise en écrivant ceci que c'est ainsi a l'école, toujours, je n'y ai jamais vu de bagares).
Finalement, notre bus se pointe, on se rend a San Luis, je les laisse pres de leur maison et reviens attraper le bus de retour. J'arrive a Quito et a la maison treize heures apres mon départ le matin. Je suis assez fatigué, mais tres content. Heureux, meme. Heureux pour eux. Je ne pense pas qu'ils oublieront cette journée, ni le cinéma, ni Harry Potter. Je ne l'oublierai pas non plus.
Il ne me reste donc plus qu'a faire développer quelques photos, les faire numériser et les expédier a mes généreux donateurs, qui méritent de leur coté de voir ces sourires et de savoir tout le bonheur qu'ils ont contribué a procurrer a ces jeunes.
Lundi matin, a l'école, mes trois amis étaient les vedettes du jour, car ils avaient beaucoup de choses a raconter, tous les autres les écoutaient attentivement!
Merci encore a ceux qui ont permis, par leur générosité spontanée a tous nous faire vivre un moment inoubliable.
D'ici demain, je devrais etre en mesure de mettre en ligne une page de photos de la journee.
-------
jeudi 8 juillet 2004
-----------------------
Ok, deux teasers. Je viens de passer la page 50 d'un roman que je lis présentement. Rien d'exceptionnel, direz-vous, car il vous manque une information. Ce roman, il est en espagnol. Yé.
Pour moi, c'est un stade très important. Pouvoir lire de la fiction a toujours été un stade majeur car c'est ainsi (n'ayons pas peur des mots) que j'ai appris le français, et c'est aussi ainsi que j'ai appris à mieux maitriser l'anglais. La lecture et l'écriture sont liées de manière importante à mon apprentissage de la langue - je ne fais pas partie de ces gens qui peuvent apprendre à parler une langue sans pouvoir la lire et l'écrire aussi.
Dans ce même ordre d'idées, j'ai donc écrit une petite histoire, un conte, en fait, en espagnol. Ce conte (Un armario de diferencia) n'est pas trés long, alors je vous le publierai peut-être bien sur ce journal, ou vous placerai un lien vers une page indépendante, tiens. La composition en espagnol de ce conte est évidemment aussi une étape importante pour mon apprentissage de la langue.
Voilà.
Ah, j'oubliais, le livre que je lis, c'est Harry Potter y el prisonero de Azkaban. je l'ai déjà lu en anglais il y a quelques années, alors je sais un peu l'histoire, ce qui aide en cas de panique, mais surtout, je connais Harry et les autres, ce qui contribue à rendre facile l'identification des personnages et lieux, pour me concentrer un peu plus sur la narration elle-même.
C'est pas du Garcia-Marquez, ou du Borges, ou même du Cortazar, vous me direz, et c'est une traduction, en plus, mais coup donc, j'ai pas commencé à lire de la fiction en anglais avec Shakespeare, Jane Austen ou Oscar Wilde, pas plus que je n'ai appris mon français avec Molière, Racine ou Rabelais. Je passerai bien aux v.o.e. un jour, je ne m'en fais pas trop pour ça.
Hasta luego, amigos.
------------------------------------------------------
Gargl.... je viens de terminer une éprouvante session de tentative de mise à jour de ma page de photos!
Toujours via le lien à droite, donc, plus de photos, les plus récentes étant celles qui apparaîtront en premier en haut.
La mise en page est une horreur (pour les connaisseurs, le code HTML est encore pire derrière, mais j'ai de la difficulté à y accéder et le logiciel de mise en page ici a des limites très... limitantes). C'est donc pour ça que les descriptions ne sont pas sous les photos mais plutôt tannantes à lire dans le côté de la fenêtre et trainent ensuite en dessous de temps en temps... Misère...
(Christian S, t'es là? Juste après la photo, quel serait le code HTML idéal pour placer directement le texte descriptif obligatoirement en-dessous? Je vais refaire une tentative d'accès au code lui-même demain pour tenter d'améliorer ça. Gracias). Dire qu'avec un éditeur même moyen comme Front Page et un vrai logiciel FTP, ça pourrait s'améliorer en un clin d'oeil... tk...
A part ça, eh bien j'espère encore une fenêtre de beau temps et sans nuage à 4800 m d'altitude pour samedi, je pense y aller de toute manière, même s'il fait pas beau, mais c'est pas évident. Ariane connait une fille du Manitoba qui tente d'avoir une fenêtre intéressante les fins de semaine pour le Chimborazzo depuis des mois sans succès...
Tiens, des nouvelles du reste du monde. Suzie est rendue au Pérou, et au moment où vous lirez ceci, doit être tout prés du Machu Pichu, des ruines de l'empire Inca. Elle remontera donc suivant l'étendu de cet ancien empire jusqu'en Équateur, ou il est probable que nous nous rejoignons pour voyager ensemble deux semaines avant notre retour au pays, moi à Vancouver, elle à Montréal...
Mon ami Mathieu, dont je vous ai parlé récemment avec l'Échelle du dépaysement est quelque part en Italie et part vers l'Europe centre-est et devrait avoir la chance de faire un petit tour en République Tchèque (Aaaahh, Prague! Aaaaahh, l'absinthe! :-)
Mon ami Marco quand à lui est encore aux dernières nouvelles entre Shangai et Beijing à traficoter des réseaux téléphoniques.
Mariline qui était en Bolivie devrait être de retour au Québec, Ariane achève son implication à Cayambe et part pour le Pérou, Hélène est coincée à Jipijapa avec une grève générale de tout, y compris son école, les bus, les boutiques, tout. Il y a une sorte de frontière à la sortie de la ville, à traverser si vous voulez aller dans une autre ville!
Mon ami Joël sera bientôt en studio pour l'enregistrement de la piste "commentaires" de la version DVD de La Peau Blanche, dont il est co-scénariste et qui est adapté de son roman. Si vous n'avez pas vu le film, louez-le en septembre à sa sortie, c'est excellent. (Bon, Joël n'est donc pas en voyage, mais je voulais plugger le film, que j'ai aimé! :-)
J'ai pas de nouvelles de Joanie, qui était quelque part en Europe aux dernières nouvelles, mais ça remonte à loin, alors elle pourrait bien être n'importe où! Où es-tu Joanie??? :-)
Enfin, mon ami Ed est de retour à Nanaimo après un séjour en Ontario ;-) A quand l'Italie, Ed?
Voilà, c'était des nouvelles de mes copains voyageurs.
Ciao. Enjoy the pictures, elles m'ont couté cher en cassage de tête!!!
mercredi 7 juillet 2004
-------------------------------------------------
Je dois l’idée de ce texte à mon ami Mathieu Trépanier et à son frère Olivier. Ils sont tous deux globetrotters et ont développé un concept encore un peu flou pour mesurer le dépaysement auquel fait face le voyageur qui aime sortir des sentiers battus. Je dis mesurer, mais en réalité, ils recherchent encore des critères précis pour pouvoir juger et/ou coter les endroits visités en terme de dépaysement. Mathieu m’a parlé de cette idée à plusieurs reprises, mais jamais en des termes très précis. Á l’origine, Mathieu et Olivier appelaient l’idée L’échelle du Roots. Je préfère quand a moi lui donner le nom de ses inventeurs. C’est donc sur cette idée, sur mes discussions avec Mathieu et mon expérience personnelle que ce texte est basé. Il leur doit donc tout, et c’est pourquoi je l’ai intitulé ainsi.
Comme j’ai parfois l’esprit organisé, je fixerais l’échelle Trépanier comme une sorte de thermomètre qui va de zéro à dix. Comme nous graduons le dépaysement, zéro représente la vie normale, dans son pays, à la maison, confortable dans ses habitudes. Dix, à l’opposé, représente le dépaysement le plus total imaginable.
Ce concept n’est pas absolu, remarquez, mais relatif. Un exemple simple : parachutons deux québécois à Vancouver. Le premier vis à Montréal et parle déjà anglais, le second vient de Amqui, en Gaspésie et ne parle pas anglais. Vancouver, pour ces deux individus, ne se situe pas du tout au même niveau sur l’échelle Trépanier. En réalité, le simple passage de Amqui à Montréal aurait déjà un effet sur notre gaspésien hypothétique et vice versa pour notre Montréalais. Il s’agit d’un exemple où le dépaysement est léger, évidemment.
Maintenant que le concept est établi, et ses limites définies, voyons un peu si nous pouvons développer certains critères.
Le premier qui me vient à l’esprit est la langue. C’est un critère majeur, je pense bien, car c’est après tout, le moyen par lequel nous communiquons le plus avec notre environnement. À la limite, même les accents locaux peuvent être source de dépaysement.
En vrac, j’ai identifié plusieurs critères, mais pour les fins de cette ébauche de théorie, je ne pousse pas encore la réflexion assez loin pour me lancer dans un classement a ce stade. Ainsi, on peut penser aux coutumes, à l’histoire et au folklore, au climat, au paysage, la faune, la flore, à la cuisine, à la technologie disponible, aux vêtements, au régime politique, à la culture (littéraire, cinématographique, musicale…), à l’économie et aux produits de consommation disponibles.
J’oublie certainement plusieurs critères et j’invite ainsi tous les intéressés à contribuer á l’évolution de ce texte à combler les trous.
Je n’ai donc pas encore réussi à élaborer une théorie solide pour cette échelle Trépanier du dépaysement, et ma tâche en est compliquée par deux facteurs; l’individualité et l’adaptabilité.
Je procèderai donc par l’exemple, encore une fois.
Imaginez partir dans un pays étranger. Le fait d’ignorer la culture et les coutumes locales, le folklore, etc., causera un minimum de dépaysement. Le niveau dépend de où vous êtes et qui vous êtes. Un montréalais à Paris, par exemple, n’ira pas bien plus loin que 1 ou 2 sur l’échelle, compte-tenu des critères ci-haut mentionnés.
Autre exemple, plus personnel celui-là : Quito Equateur. Langue et culture différentes, histoire et folklore inconnus, paysage différent, faune et flore nouvelle… Bref, je monte pas mal dans mon échelle Trépanier (4?). Par contre, Quito est une grande ville, avec produits de consommations courants (même si différents de chez moi), un code vestimentaire vaguement similaire au mien et les quelques autres différences (comme le fonctionnement du transport en commun) sont éliminées par le temps, grâce à l’adaptabilité. Mon adaptabilité me fait redescendre d’un cran, autrement dit.
Par contre, quand je vais à Lloa et que je fais du cheval avec des élèves, sans selle, en plein champ, je remonte d’un cran! Puis, je me rends dans un café Internet, à 10 minutes à pied du McDo de la zone touristique, et c’est Céline Dion qui chante dans les hauts parleurs du café. Je frôle alors le zéro absolu!
Je dis « frôle » car selon ma théorie (embryonnaire), il n’est pas réellement possible de se trouver complètement à zéro en pays étranger, à moins bien sûr d’être dans un environnement contrôlé et calqué sur notre vie à la maison… mais même là, le climat, ou les étoiles, ou un autre détail nous fera grimper de quelques dixièmes de points.
Je parle ici de court terme. Le long terme fini par faire gagner l’adaptabilité sur le dépaysement et sans nous ramener totalement à un zéro absolu nous permet peut-être d’intégrer les nouvelles données à notre définition de départ et de définir ainsi une nouvelle échelle de référence.
Même si toute expérience sur l’échelle Trépanier du dépaysement est relative, il faut bien établir quelques critères. J’ai bien l’intention de peaufiner l’idée de Mathieu et Olivier un peu plus en lui apportant quelque chose de plus structuré et concret.
Mais entre temps, ce sont les frères Trépanier qui me fournissent le critère ultime qui semble une nécessité pour atteindre le dix sur leur échelle. Avant de le dévoiler, imaginons une ville d’un pays au système politique différent, au climat, paysage, langue et culture autres, et disons, une ville sans McDo… C’est déjà un peu plus haut, non? Vous voyez le genre de critères concrets? Eh bien pour atteindre 10, il faudrait se trouver aussi dans un endroit où il n’y a pas de Coca-Cola. C’est le critère 10 fixé par les frères Trépanier, et j’endosse ce critère (qui fait partie des produits de consommation, un critère important de dépaysement).
Afin de contribuer à cette idée, je placerai pour ma part, à 9, un critère tout aussi arbitraire, et c’est la connaissance et/ou présence de Winnie the Pooh.
Je termine avec deux expériences concrètes et leur classement sur l’échelle selon nous. A Lloa (qui est un exemple pratique pour moi), nous avons un village de 200 habitants, avec une école de rang. On n’y voit pas de touristes, il y a une église et trois magasins-épiceries. On y mange du riz à tous les repas, avec des bananes frites et parfois du maïs séché puis rôti. Personne, personne n’y connaît ni les Beatles ni Leonardo de Vinci.. On y parle espagnol ou Quechua et un habitant sur 20 possède une voiture. On s’y déplace a cheval. Il n’y a ni eau courante ni toilettes dans les maisons, à part quelques rares exceptions dans le village. On se réveille au chant du coq, on trait les vaches pour avoir notre lait frais et on habite au pied d’un volcan actif. Ici, on n’a jamais entendu les noms de Michelangello ou de Shakespeare. Pourtant, à Lloa, les enfants connaissent Winnie the Pooh et les trois magasins vendent du Coca Cola. Je situe donc Lloa a environ 7 sur l’échelle, puisqu’on y trouve tout de même des bus qui mènent vers Quito et d’autres repères existent aussi.
Je laisse maintenant l’exemple ultime aux frères Trépanier. C’est l’anecdote qui a inspiré Mathieu et Olivier lors des premières discussions Roots.
L’anecdote est vécue par un ami de voyage français de Mathieu. Il était passager dans une pirogue pour se rendre du point A (Guatemala) au point B (Mexique). Le conducteur est un livreur de haricots rouges et de haricots noirs armé d'un fusil pour protéger sa cargaison. Durée du trajet: quelques jours. Dodo : dans la pirogue avec les haricots comme lit. Villages traversés : quelques-uns et aucune route ou avion potentiel. Le seul moyen de livraison est cette pirogue. Bien entendu, le conducteur-livreur n'a aucun lien avec une quelconque agence de voyage ou club aventure. Notre voyageur n'a pas débarqué dans ces villages mais il pense que seul les éléments essentiel a la vie y parviennent.
Ni lui ni Mathieu n’a pu vérifier mais tous doutent de la présence de coca-cola dans ces villages. Ainsi, nous considérons donc cette expédition a 10 sur l’échelle Trépanier du dépaysement.
Voilà.
Contributions bienvenues.
mardi 6 juillet 2004
-----------------------------
Je ne veux pas en faire tout un plat, mais ca mérite une belle mention. En réaction a ma description des conditions des éleves a mon ecole, ma mere Gisele a lancé une idée et mes soeurs Hélene, Luce et Sophie ont suivi rapidement son idée. Elles ont donc, a leur 4, financé et expedie ici du materiel scolaire pour moi et les eleves. Des craies pour moi et Nelly (les enfants sont fascines par les couleurs au tableau, maintenant!), des cahiers, des effaces, des crayons de couleur, etc.
Ainsi, maintenant, tout le monde a son petit kit de trucs scolaires, ca a été une véritable fete de distribuer ce matériel un objet a la fois, sur toute une semaine, en les encourrageant avec plus de matériel dans les cas de bonnes reponses, bons exercices, bons efforts... les petits aiguisoirs font leur bonheur, puisque sans aiguisoirs, tous devaient aiguiser leurs crayons de bois au couteau. Lorsque j'ai prévenu Nelly que je recevrais des petits aiguisoirs pour tous les eleves, elle m'a pris dans ses bras, les larmes aux yeux.
Ici, ces crayons de couleurs, ces cahiers et ces effaces représentent une richesse incroyable pour ces enfants qui vivent et étudient dans des conditions bein différentes de chez nous. Encore aujourd'hui, j'ai fait un jeu dont le prix était un crayon de plomb et lorsque Mishel a gagné, elle s'est précipitée les yeux brillants vers mon bureau et est retournée s'asseoir toute contente d'avoir remporté le crayon. C'etait beau a voir, ce sourire.
Ainsi, depuis plusieurs jours que je fais office de Pere-noel scolaire, et quelques éleves ont écrits des cartes pour ma famille. J'ai trouvé les cartes tellement cute que je vous les transcrit ici. (traduction de moi-meme, les cartes sont en espagnol, evidemment).
J'avais déja expédié une copie de ces cartes traduites a ma famillle mais elles méritent une place ici, c'est un mot de mes éleves, qui fait donc partie de mes souvenirs ici et de mon séjour ici. Pour une fois, c'est pas moi qui parle:
------
A: Sophia, Helena, Lucia, Gigi, Hugo, JE.
Je vous écrit avec beaucoup d'affection à vous, la famille du professeur Hugo, de la part de Patricio, Nancy, Cesar, Jorge, Javier, Julio, Lidia Aguirres pour la famille Morin.
Au revoir et j'espère tous vous voir un jour.
Patricio Aguirre
------
De: Veronica et Valeria.
A: Lucia.
Bonjour mademoiselle Lucia, nous voulons vous dire à vous et votre famille que nous aimerions que vous veniez nous visiter parce que le professeur Hugo s'en va bientôt.
Beaux mercis pour avoir envoyé les cahiers! Merci pour tout, mademoiselle Lucia.
--------
Mademoisselle Sofia, je veux vous dire merci beaucoup pour les choses pour nous enseigner l'anglais, avec l'aide du professeur aussi.
Mishel Perez.
------
Madame Gigi, nous envoyons cette carte parce que nous voulons vous remercier de nous avoir fait envoyer des pochettes, des crayons et toutes ces choses que nous aimons. A vous et votre famille, nous sommes très heureux que vous ayez envoyé le professeur Hugo, qui est très bon et que nous ne voudrions pas qu'il parte, parce que nous vous remercions et nous voudrions vous envoyer plus de cartes. Au revoir.
De Nancy Aguirre et Rosa Muquis.
-----
A: Sophia. De: Cristina et Karina.
Sophia, nous vous remercions d'avoir envoyé les craies et les autres choses et nous vous remercions de tout coeur et nous espérons que vous puissiez venir nous visiter. J'espére que c'est bien, si seulement rien ne vous en empêche. Dieu vous protège et prenne soin de vous beaucoup. Moi et mes compagnons vous remercions pour l'envoi des cadeaux qui nous plaisent beaucoup. Merci.
-----
A: Helena. De Deisy et Monica.
Mademoisele Helena, je suis une élève du professeur Hugo et je voudrais vous connaître et quand vous viendriez nous voir, vous pourriez m'apporter une efface et je voulais vous dire que votre frère Hugo est bon et que j'aimerais que vous enseigniez comme lui car malgré mon caractère, j'aime les classes qu'il donne et j'apprends beaucoup même si je n'ai pas eu une bonne note à l'examen.
-----------
Depuis sa rédaction, Deisy a eu son efface :-)
Puis, ce matin, j'ai recu une autre carte, pour moi celle-la, de Jessica. Je traduis donc ici aussi:
---
Le professeur Hugo est le meilleur de tous les professeurs qui sont venus volontairement. Vous etes le meilleur et meme que vous etes venus de tres loin seulement pour nous enseigner l'anglais, c'est plus special que tout et on vous remercie. On vous aime, professeur Hugo. Jessica.
---
C'est tu assez cute? (Qui veux d'un salaire avec ca?)
Ciao.
lundi 5 juillet 2004
-----------------------
Parc Ejido, 4 juillet, environ 13h.
Je suis à côté de l'arche qui mène dans le parc et son marché d'artisanat. Depuis 20 bonnes minutes, j'ácoute avec plaisir la musique du trio qui anime la place. Tout autour, des vendeurs de toiles affichent leur art. Le trio, Ecuador-Andes joue un mélange de guitare, mandoline et divers instruments plus typiquement sud-américain comme la flute de pan. Ils jouent pour l'instant des balades, très relaxant, il fait beau sans faire chaud, le parc est rempli de jeunes et moins jeunes. Je vois au moins 5 parties de soccer amateur en cours. A droite, un autre groupe se prépare en installant son matériel. Mon trio achève une pièce traditionnelle qui est mondialement connue puisqu'elle a été adaptée par Simon and garfunkel (The sound of silence). Une jolie équatorienne est appuyée à la cloture qui ceinture le parc, elle est jolie sans être véritablement belle, c'est son regard, perdu dans la musique, qui est beau.
le trio joue maintenant une composition de son cru, qu'ils disent inspirée de la pièce Roméo et Juliette. C'est en effet un peu tragique comme musique. Leur complice se balade aux alentours en proposant leurs CDs pour 5$. Je jette un oeil au sommaire par curiosité et j'y reconnais Imagine et Let it be, en plus de quelques pièces que le groupe vient de jouer. Il ne faut pas trop dépayser les touristes, j'imagine. Le regard de la fille et les arbres qui se dressent derrière feraient une belle photo, un beau souvenir du moment. mais sans caméra numérique ou viseur-écran mobile, impossible d'immortaliser le moment sans être vu.
Aprés un moment d'hésitation, je lui demande la permission de la prendre en photo avec le parc derrière, juste comme ça. Elle sourit et accepte. Je m'installe et je note tout de suite que son regard est différent maintenant qu'elel se sait regardée, qu'elel se sait photographiée. Je prends tout de même la photo, impossible de faire autrement, mais je sais que ça ne sera pas le souvenir espéré, son regard était différent, il n'était plus naturel, spontané, il n'était plus perdu dans la musique. Comme quoi on ne peut pas toujours saisir le moment avec une photo.
La chose me refait penser à ce paysage merveilleux que j'ai vu vendredi. Entre Lloa et Quito, j'aurais voulu prendre une photo tellement c'était beau, mais j'étais devant une maison de gens de la place, à parler avec eux en attendant le bus. Impossible de couper la conversation sans être impoli, pour une photo en plus! Le bus est passé, l'instant aussi.
Le trio, sentant probablement que la magie du moment s'est évaporé avec le regard de la fille, enchaine avec une dernière pièce: My heart will go on, à la flute de pan. Ils terminet, je quitte le parc en direction du Trole.
En route, je m'arrête pour grignotter un morceau au parc Alameda.
Du côté nord du parc, il y a un lac artificiel, avec une rivière formant une sorte de boucle, deux petits ponts, bref, c'est joli même si très urbain malgré tout. Il y a des barques à louer qui dans une autre ville seraient des attrapes touristes. Mais ici, il n'y a pas de touristes dans le parc Alameda. J'écris ceci dans un de mes carnets en ayant vu que deux autres blancs (des blanchjes en fait, une blonde et une brunette relaxant au bord du lac). Ainsi, il n'y a que des équatoriens dans les quelques dixaines de barques qui naviguent sur le petit lac. Je remarque quelques noms sur les embarcations: Le Pirate, la sirène, le Titanic (pas supersticieux)! ce qui amuse, toutefois, c'est que ces gens ne savent pas du tout comment ramer et on assiste à des moments plutôt cocasses. À un moment, j'ai presque l'impression de voir un groupe d'enfants dans des autos tamponneuses des manèges de ma jeunesse! Certains maneouvrent pas trop mal alors que d'autres démontrent une incompétence en matière de rame qui est vraiment divertissante.
Enfin, les nuages gris sombres arrivent par le nord-est et le soleil se fait donc plus timide tout à coup.
Je réalise que lors de mon séjour en Europe, jamais je n'ai pris le temps de noter comme je le fais en ce moment un souvenir dans un cahier ou des impressions sur le vif, sur l'impulsion du moment.
C'était le désavantage de voyager à deux.
Par contre, l'avantage de voyager à deux est fort et réside dans le partage de ces moments et impressions, ainsi, pas besoin de les noter par écrit pour les partager.
Ici, je suis le seul à les vivre et serai toujours le seul à m'en souvenir.
car malgré ma brève description que je pourrais retranscrire sur mon journal de bord en ligne, il manquera toujours tous les détails qui font du moment un souvenir unique;
Le vent, la musique, la senteur des brochettes qui cuisent sur le feu non loin, les boucles jaunes de la fillette à bord de la barque Delfin (Dauphin), le bruit des rames sur l'eau, les sifflements du loueur rappelant à la rive les embarcations dont le temps est écoulé, la couleur si particulière de la peau de deux jeunes équatoriennes passant tout près de moi, le pigeon qui voudrait bein un morceau de mon lunch, le signe "one way" qui marque l'entrée de la rivière artificielle (!), la vue sur le palmier géant surplombant le lac de son île minuscule en son centre, les cris du vendeur d'orange... tant de détails...
Je termine donc cette rédaction de petits moments de rien dans les parcs de Quito pour me rendre au Trole. On verra où il me nènera.
----------
Ce texte est tiré d'un de mes carnets. Tous les jours, je note des choses ou écrit des pensées, dans un carnet, mon agenda, mon journal de voyage, etc. Parfois courts, parfois longs, ces textes ne se retrouvent pratiquement jamais ici sur ce journal de bord en ligne. Cette fois-ci fait exception, car je trouvais que l'idée des détails qui font du souvenir un moment unique (et solitaire) était un bon exemple pour démontrer les limites de ce journal. La plupart des textes de mes agenda, journal et carnets seraient de toute manière probablement fort ennuyant, puisqu;il s'agit toujours d'impressions et de réflexions plutôt que d'événements en tant que tels.
-----------
dimanche 4 juillet 2004
-----------------------
Il y a beaucoup de choses qui se passent dans mes journées Équatoriennes. Souvent, un événement, une rencontre, une anecdote ou une observation mene a une entrée dans ce journal. Mais le plus souvent, quelque chose d'autre se produit, ou je manque de temps, ou j'oublie pour quelques jours, bref, les idees ne se retrouvent que rarement sur mon journal, finalement. La majeure partie de mes experiences échappent a mon journal!
Il y a des jours ou j'aimerais vraiment tout vous raconter, meme si c'est pas possible, meme si j'y passerais la journée entiere...
Ainsi...
J'aurais voulu vous parler des chiens de Quito, de l'absence de chats, a part celui, microscopique, du voisin de l'école. J'aurais voulu vous présenter ce voisin de l'école de San Luis, quasi muet, avec sa seule espadrille et ses doigts difformes.
J'aurais voulu décrire en détail ce fameux seul repas véritablement mauvais que j'ai mangé ici, vous décrire la concentration que j'ai du développer pour avaler chaque bouchée!
J'aurais voulu vous parler de mon ami Leandro et son sourire complice quand il arrive a me dire quelque chose dans son anglais appris par coeur.
J'aurais voulu pouvoir vous montrer toutes les couleurs que les nuages ont ici ce matin.
J'aurais voulu vous décrire en détail l'autobus qui me mene chaque matin´a l'école, tant il est folklorique et amudant.
J'aurais voulu vous faire entendre du reggaeton a longueur de journée (a la un, a la dos, a la un dos tres, otra, otra noche otra!!!) - Meme Nico s'ennuierait de Sting a la longue! :-)
J'aurais voulu vois faire voir un episode du jeune Indiana Jones en version espagnole, ou mieux encore, une telenovella qui s'appelle Soy Gitano, ou encore plus amusant, un film asiatique a l'humour involontaire, double en espagnol. Hilarant!
J'aurais voulu vous faire comprendre toute la beauté qu'il y avait dans le sourire radieux de Rosa quand elle a visité la ville de Quito pour la premiere fois en ma compagnie.
J'aurais voulu vous parler de ce joli portail en bois de cette demeure de la Mena Dos dont on a par erreur inversé une des planches, ce qui gache le motif imaginé par le menuisier. J'aurais voulu trouver qui avait fait cette erreur.
J'aurais voulu vous faire prendre une marche sur l'avenue du Mariscal, la rue la plus achalandée et la plus polluée de Quito, j'aurais voulu vous faire respirer cet air qui vous brule la gorge, vous faire entendre le mélange des crieurs des bus, de la musique techno-latino et des vendeurs ambulants.
J'aurais voulu vous faire voir la douce amitié dans les yeux de mes amies Mayra et Evelyn.
J'aurais aussi voulu vois faire voir ce paysage a couper le souffle dans les nuages du Unruy avec ses arbres gigantesques et le volcan en arriere plan, a la tombée de la nuit...
Voila certaines des choses que j'aurais voulu vous transmettre par ce journal, mais aucun mot ni aucune photo ne pourra y parvenir vraiment.
samedi 3 juillet 2004
-----------------------------
Ok, il est grand temps que vous le sachiez.
Depuis deux mois, je mange, tous les jours de la cuisine équatorienne assez typique, très traditionnelle et parfois même folklorique je dirais. J'en ai fait une description générale dès mes premières semaines ici dans ce journal. Ce qui est temps que vous sachiez, c'est que bien que très bonne, lacuisine équatorienne comporte ses exceptions. Eh.
Deux exemples récents.
Le premier cas est le moins pire. Il date de ce midi. J'ai quelques problèmes de santé depuis 2 semaines alors je ne me sens pas toujours d'attaque pour un défi à chaque repas. La nuit dernière, j'ai eu une poussée de fièvre et j'ai donc décidé de prendre ça plus relax aujourd'hui. De vaquer à mes activités, préparer mon matériel, faire mon lavage, mais ne pas faire les choses trop vite, rester à la maison, bref, y aller mollo.
Vers une heure, on m'appelle pour dîner et je n'ai pas faim. Mon déjeuner (oeufs frits, pains, confiture, jus et café) remonte à 9h am et donc, je descend avec l'intention de sauter le diner. je ne suis pas quelqu'un qui mange habituellement de grosses portions et quand je ne me sens pas bien, c'est pire, évidemment.
Ici, une parenthèse explicant une partie de la culture culinaire de l'équateur. Ici, personne ne comprends que quelqu'un ne puisse pas terminer son repas, ou ne veuille tout simplement pas manger une grosse portion de soupe et une grosse portion du plat principal. Ariane, qui mange moins que moi, a eu des problèmes quotidiens avec ça ici et a attiré une sorte de surnom (la fille qui mange pas). Il semble donc impensable que je puisse pas vouloir manger de temps à autres, peu importe la raison. Et compte-tenu que la soupe contient souvent des morceaux de viandes et des grosses patates rondes, c'est parfois du délire de tout manger avec le plat principal! je n'ai rien contre un copieux repas de temps à autre, avec des amis, en mangeant lentement, dégustant. Mais ici, la coutume semble être de dévorer tout le plus vite possible. Je fais donc office de tortue, on me sert en premier, je suis le dernier à finir. De plus, il est très offensant de ne pas terminer son assiette. C'est considéré comme une insulte à celui ou celle qui a préparé la nourriture. On semble préférer vous rendre malade plutôt que de vous servir moins ou d'en laisser.
Ici, chez les Mueses, on a vu d'autres volontaires pires que moi avant mon passage, je me débrouille pas si mal, donc. Ainsi, on accepte, mais on insiste beaucoup. Si j'en veux juste un peu, ok, je dois le dire dès le début, avant de me faire servir quoi que se soit, et on insistera pour que j'en prenne plus tout au long du repas, 5 fois, 6 fois, même quand j'ai terminé et que je me lève de table. C'est pas facile à gérer sans insulter personne, croyez-moi. La mama, par exemple, qui est de loin la meilleure cuisinère de la maison, reproche toujours à Virginia de ne pas me nourrir assez. Cette dernière doit lui expliquer que c'est moi qui en veut pas plus.
Bon, ceci dit, ce midi, je descend avec l'intention de m'excuser. Surprise, un groupe d'employé de la fondation dine à la maison, et lorsqu'il y a du monde, on met le paquet côté bouffe... Je réalise avec déception que je suis déjà servi, la soupe en fait. Je joue donc la prudence et annonce tout de go que je ne mangerai qu'une soupe, que je n'ai pas très faim. On insiste évidemment, que le rix est bon pour ma santé, que je dois manger plus, etc. Je tiens bon et prétexte que lorsque j'écris (comem c'est le cas aujourd'hui, dis-je), je n'ai jamais faim et j'ai juste hâte de continuer... L'excuse semble fonctionner même si on me suggére du riz à pas moins de 6 reprises pendant que je mange ma soupe. Et quelle soupe!
Étrangement, elle est servie avec de la chichas, cet alcool de maïs que j'ai gouté à cayambe. Avec une nuit de fièvre derrière moi, la dernière chose dont j'ai envie c'est bien de l'alcool de maïs! Misère.
Anyway, j'ai d'autres problèmes plus important, puisque'à part une grosse pomme de terre et quelques épices, je n'arrive pas à identifier les choses qui flottent (ou calent) dans ma soupe. Des organes, à n'en pas douter, mais lesquels, et de quoi? Je commence donc mon bouillon pour diminuer le niveau de liquide, ce qui aide avec le reste, puisque je ne dispose que d'une cuiller, évidemment. je grignotte les morceaux coupés de ma patate, découvre un coeur de poulet, qui passe plutôt bien compte-tenu du reste. Un gésier, bof, pas mon organe favori, mais c'est mangeable. Le reste est plus incommodant, mais comme ça va assez bien jusque-là... Je me risque sur un autre organe de nature indéterminée, il est rose et mou, et finalement, il est pas très bon. Un peu sableux, je le rince à la chichas, tentant de ne pas grimacer au passage et me demandant comment me sortir de ce repas dont je ne veux pas du tout! Mon estomac commence d'ailleurs à protester un brin et pendant tout ce temps, je dois argumenter pour éviter l'assiette principale en plus.
Je découvre au fond de ma soupe un morceau de cage thoracique, de poulet, on dirait, après laquelel traine encore un ou deux mince filet de viande, que j'ingurgite comme une trève. Je termine lentement mon bouillon mais il reste encore deux organes étranges dans mon bol. Je tente d'en couper un avec ma cuiller, mais sans succès. Trop caoutchouteux pour en venir à bout. La chose résiste et je commence à me demander que faire. Cet organe est bien trop gros pour que j'envisage de l'avaler tout rond, je serais malade sur le champs.
J'opte enfin pour l'enfouissement des deux organes restants sous les os de la cage thoracique que j'ai renversée, on ne dirait ainsi que je ne laisse que des os.
je remercie tout le monde, leur souhaite un bon après-midi et rapporte mon assiette et mon verre à la cuisine. Ouf, aujourd'hui, je l'ai échappé belle et on dirait que je l'ai fait sans insulter personne en plus. Pfff.
Il y a deux semaines (et c'est mon autre exemple), heureusement que je me sentais en parfaite forme, car j'ai du affronter mon pire repas à date.
C'était un dimanche soir, et Hélène, ma coloc no.4 venait de partir (elle l'a évité de justesse!). Ce dimanche donc, j'ai eu ce que je considère comme le premier véritable repas que je n'ai pas du tout aimé depuis mon arrivée. J'inclus dans mon commentaire toutes ces choses non-identifiées que j'ai mangé ici et à l'école...
Ce dimanche soir, pour la fête des pères, on a servi de la cuisine "tipica" (quoi d'autres?)...
La soupe était brune foncée, et avait la texture d'un peu de boue, très dense, servie avec un tas de trucs non-identifiables, mais dont une partie était des fruits de mer que je ne suis pas arrivé à reconnaître. Je précise ici que je suis un amateur de fruits de mer, habituellement. La seule chose connue de ce truc était un peu d'onion. Le goût était nouveau, mais pas très bon, Heureusement, je me suis jeté sur le chili et j'en ai généreusement mis trois ou quatre bonnes cuillers dans ma petite soupe pour la faire gouter autre chose. Une idée qui s'est avéré brillante. La plupart des fruits de mer étaient très très très caoutchouteux, tellement qu'àprès avoir mastiqué pendant deux bonnes minutes, je finissais toujours par les avaler tout rond, car ils n'avaient pas changé de forme d'une miette... Ils avaient aussi un air louche, mais disons qu'heureusement, ils semblaient cuits et morts, mais à part ça...
Le plat principal (je serais déjà sorti de table aprés cette soupe, mais trop tard, mon assiette m'attendait, tellement j'avais pris plus de temps que de coutume pour venir a bout de ma soupe)...
Le plat principal, donc, eh bien c'était un riz, mais brun, qui goutait un peu comme la soupe, en moins pire, mais avec non seulement des légumes en cube mais aussi une tonne de ces petites bestioles de fruits de mer qui me regardaient dans le blanc des yeux avant que je les mettent dans ma bouche. Oh god! Je pensais jamais venir a bout de ce souper-la...
Je suis parti marcher après ça, tellement j'avais peur de la réaction de mon estomac. Celui-ci est solide, par contre, puisqu'il a vaincu les créatures et réussi à les transformer, ce que mes dents n'avaient pas accomplies malgré un dur labeur!...
Pour tout vous dire, ça m'a pris deux semaines pour trouver le courrage de vous en parler, je déteste que ma bouffe me regarde du fond de mon assiette, que voulez-vous! :-) Et même après ce délai, je trouve difficile d'évoquer le souvenir de ce repas. J'en ai encore des frissons dans le dos (et dans l'estomac!).
Pour terminer sur une note moins difficile, je relate ici une expérience vécue par Suzie à Potosi, en Bolivie, ou la culture culinaire semble ressembler à celle d'ici. La mama où Suzie habitait ne parlait que Quicha et elle pleurait à chaque fois que Suzie en laissait dans son assiette... J'avoue que maintenant, en pensant à cette anecdote, je trouve la chose traumatisante! car avec une telel attitude, on en vient à craindre les repas, et donc, à avoir moins faim (un phénomène que j'ai observé chez Ariane), ce qui empire le problème, évidemment.
Alors voilà, maintenant, vous savez. Content?