Deux semaines se sont écoulées depuis mon départ de Montréal. Les contrats que j’ai pris me permettent pour le moment de financer mon séjour, ce qui me donne autrement l'opportunité de visiter un peu la ville dans mes temps libres. Ce matin, j’ai commencé l’écriture d’une nouvelle (La historia de Laola), mais j’ai du interrompre mon élan avant midi, la chaleur rendant difficile la concentration dans ma petite chambre de pension non climatisée et exposée au soleil du matin. En sortant, j'ai remarqué que la pension affiche complet pour la première fois depuis mon arrivée.
Le samedi est une journée achalandée à Sevilla. Les rues du centro débordent de visiteurs, les terrasses sont pleines, les calèches font des affaires d’or et les boutiques de souvenirs semblent plus occupées que jamais. La vue de couples de touristes, carte en main, cherchant les noms des petites rues du centro me fait sourire. J’avais certainement le même air lors de mon passage ici en 2006; trois jours ne suffisant pas à apprivoiser le labyrinthe du quartier Santa Cruz.
En après-midi, en passant de la cathédrale à la Juderia, j’ai vu non pas un mais bien quatre couples de nouveaux mariés en train de prendre des photos de leur journée, tantôt à la Plaza del Triunfo, tantôt devant l’Alcazar, tantôt dans les petites rues de la Juderia.
Parmi les autres voyageurs croisés, j’ai noté une importante population de fans de rock, portant fièrement des T-shirts à l’effigie de leurs bands favoris, le plus représenté étant AC/DC, puisque le groupe donne un spectacle ce soir au stade olympique de Sevilla. J’ai vu des billets annoncés à la FNAC pour 72,50 euros. Une seule pensée me traverse l’esprit: 95$ pour voir AC/DC, sérieusement? J’ai vérifié sur ma carte que le stade était assez loin de chez moi… et j’espère que ce stade olympique à un toit.
Pour dîner, j’ai eu le plaisir de déguster un pincho de tortilla que j’ai acheté pour 2,10 euros à La Rodilla ("Le genou"), une sandwicherie non loin de chez moi. Le pincho est une sorte de sandwich, constitué d’un tout petit pain coupé en deux et dans lequel on a placé une généreuse portion de tortilla espagnola. La tortilla – mieux connue ici comme tapas – est une sorte d’omelette aux pommes de terre (contenant parfois des piments et/ou des oignons) dans laquelle un peu d’œuf est utilisé comme simple liant et non comme ingrédient principal. C’est dense, nourrissant, délicieux, et servi froid, ce qui était parfait pour une journée particulièrement chaude.
On croise beaucoup de locaux arborant fièrement les couleurs de La Roja, qui a réussi à se classer pour la seconde ronde de la coupe du monde, malgré une défaite en première partie. Il faut dire qu’en ayant débuté ce tournoi à titre de favori, ça aurait eu l’air fou d’être éliminé comme l’ont été une bonne partie des équipes européennes. Ici, on dit que c’est le mondial de l’Amérique, qui surprend avec 7 de ses 8 équipes encore en lice après une ronde éliminatoire. Ceci dit, les sevillanos sont plus calmes que leurs voisins du nord (et je ne parle pas des français que j’ai vu complètement dingues en 2006 lors de l’avancée des Bleus – Je me demande comment ils vont ces jours-ci, tiens). Les festivités d’après match se passent donc de manière plutôt civilisées.
J'ai fini par découvrir une ruelle menant à la grande église dont je vois toujours le clocher et le dôme du toit de ma pension. Une rue incroyablement étroite au bout de laquelle se dresse cette imposante église dans un semi cul-de-sac. J'ai aussi pu découvrir de quelle église il s'agissait - San Bartolome - grâce à un petit azulejo sur un de ses coin, identité que j'ai confirmée par le même nom, sur la petite plaza devant la porte principale.
Plus tard, mes pérégrinations m’ont menées dans un secteur à l’ouest de ma pension, où je suis tombé sur une plaque commémorative citant le lieu comme étant mentionné dans une des Nouvelles Exemplaires de Cervantes (surnommé "Le prince de l’esprit" sur la plaque): Rinconete et Cortadillo, qui – intéressante coïncidence – raconte les aventures de deux vagabonds à Séville.
Le souper devrait être constitué de deux croissants thon-mayonnaise, accompagnés d’une salade de carotte et d’une cerveza San Miguel. J’avoue ne pas me sentir d’attaque pour sortir mon réchaud avec cette température.
Il est 19h, heure locale, il fait 36 degrés. Mon ordinateur m’informe qu’au même moment – donc à 17h heure locale – il fait 35 à Ouagadougou. C’est la première fois depuis mon arrivée qu’il fait plus chaud ici que là-bas, mais je suis certain que c’est plus humide en Afrique qu’en Andalousie. (Et il est donc 13h à Montréal… où il fait 19 degrés).
Après deux semaines ici, je peux dire que Sevilla s’avère le choix parfait pour passer mon été à mélanger travail, écriture et vagabondages.
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Journal de voyage, jour 14.
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[Photos: 1. Mariée, Plaza Virgen de los Reyes. 2. Pincho de tortilla, quotidien gratuit ADN. 3. Calle Verde. 4. Iglesia San Bartolome. 5. Plaque hommage à Cervantes, portaceli Huestes].
Il y a de la mauvaise herbe au sommet du clocher de San Bartolome!
RépondreSupprimerTon appareil photo est vraiment excellent, Hugues; quant au phtographe, j'ai souvent dit le bien que j'en pensais...
Merci Daniel, j'apprécie le commentaire, d'autant plus que ne mets les efforts pour prendre de bonnes photos.
RépondreSupprimerMon appareil est un simple Nikon qui prend des photos à 5 Mégapixels. J'ai vu bien mieux, mais j'ai remplacé mon Canon (à 4 Mégapixels) qui m'a lâché au Vietnam par l'appareil le moins cher à Hanoi qui correspondait à mes besoins.
Quand au photographe, j'ai souvent dit que l'important est surtout de savoir comment prendre la photo (éclairage, composition, etc), de tenter de voir ce que l'objectif voit, et pas seulement ce que nos yeux voient, ce que la plupart des touristes, parfois munis de bien meilleurs appareils, ne semblent pas pouvoir faire.