dimanche 27 juin 2010

De piraterie et des archives des Indes

Juste à côté de la cathédrale de Séville, on peut voir un bel édifice construit sous le règne du roi Philippe II; la Casa Lonja, ou "maison du commerce", où on avait installé les bureaux étant chargés des échanges commerciaux avec les Amériques. Sous Charles III, vers la fin des années 1700, l'édifice a été reconverti pour abriter les Archives générales des Indes. L'édifice, véritable bibliothèque historique, contenait jusqu'à 45000 documents relatifs à la conquête du nouveau monde alors que la colonisation espagnole atteignait son apogée. Dans les dernières années, l'édifice a été rénové et on a déplacé la plupart des documents dans une autre bibliothèque spéciale.
Les Archives générales des Indes présentent désormais une partie de cette documentation sous la forme d'expositions thématiques (gratuites), ce qui permet aussi au visiteur intéressé d'admirer ce splendide édifice de l'intérieur.


Vue générale de la Casa Lonja, qui a été créé par le même architecte qui avait fait le palais d'El Escorial de Madrid, que je me souviens avoir visité en 2006. L'extérieur est sobre et simple: un carré de deux étages entourant une cour centrale, décorée de petites tour dans les coins.


L'intérieur saisit instantanément le visiteur, avec ses riches couloirs et ses escaliers, arches et portiques en marbre.


Une plaque est incrustée dans le marbre pour identifier la bibliothèque.


À l'étage - où sont présentées les expositions thématiques - on peut voir les longs couloirs, les plafonds en voûte, ainsi que les étagères qui supportaient encore il y a 3-4 ans, les archives complètes de l'époque coloniale espagnole.


Par une fenêtre, j'ai réussi à me voler une petite vue de la cour intérieure - fermée aux visiteurs. On note la pointe du campanile de la cathédrale en arrière-plan.


Une autre salle d'archive, avec un canon reposant sur le plancher en damier.


Lors de ma visite, la thématique de l'exposition était La piraterie à l'époque coloniale espagnole. Un ensemble de documents - lettres, cartes, livres, registres, armes, était présentés dans quatre salles, avec quelques maquettes complétant le tout. On aperçoit la maquette d'un des deux navires de guerre reproduits pour l'occasion en bas à droite (il était interdit de prendre des photos près des maquettes, hum).
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Parenthèse: L'exposition sur la piraterie n'est pas sans rappeler une exposition temporaire qui a été présentée il y a peu de temps au musée Pointe-à-Callière de Montréal. Je n'avais pas visité l'expo de Montréal, toutefois, alors il est difficile de juger de la ressemblance. L'expo de Séville est définitivement concentrée sur la piraterie près des possessions de la couronne espagnole au temps de la colonisation... et elle était gratuite, ce qui n'était pas le cas de celle de Montréal.
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Outre l'information sur les pirates célèbres et autres flibustiers et corsaires, quelques tableaux ornaient les murs des archives. Mais j'avoue que pour ce visiteur-ci, l'édifice était l'intérêt principal de l'exposition. L'édifice... et quelques vieilles cartes historiques. Je ne sais pas pour vous, mais j'adore les cartes géographiques qui datent de plusieurs siècles. Elles me fascinent par leur précision malgré les imprécisions; je ne serai même pas capable de dresser une carte des rives de mon Lac St-Jean natal en le parcourant en bateau, même avec quelque équipement moderne, alors imaginez établir la carte des côtes d'un continent? Avec un sextant, quelques étoiles et un trois mats? Ha!
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Si comme moi, les cartes historiques vous fascinent, jetez un oeil aux trois que j'ai dénichées dans les Archives générales des Indes de Séville et qui font écho à mes propres vagabondages dans les Amériques. (Si ce n'est pas votre tasse de thé, vous pouvez vous arrêter ici, je ne vous en voudrai pas).


Celle-ci dresse une vue du Cerro Potosi (actuellement en Bolivie, et dont j'ai visité l'intérieur) en vue de sa prospection. Le Potosi était l'endroit le plus riche en argent de toutes les Amériques. Bien qu'il ne reste plus beaucoup de minerais de valeur à Potosi, la mine est toujours en activité plusieurs centaines d'années après que l'on ait dressé cette carte.


Celle-ci montre un secteur que je connais bien en Amérique Centrale - et non loin d'où j'ai passé quelques mois l'hiver dernier: les provinces de Yucatan et Peten Itza (aujourd'hui partie du Mexique et du Guatemala; c'était l'ensemble habité par les Mayas), ainsi que la Provincia de Goatemala (sic).


Dernière carte intéressante, sur laquelle on reconnaît facilement la pointe sud de l'Amérique du Sud. J'aime bien le fait qu'elle soit en français, et la légende est savoureuse, particulièrement "Dressée sur divers mémoires et relations des Flibustiers et fameux voyageurs." Cette carte date du début des années 1700 et on peut y reconnaître des noms connus tels Buenos Ayres (sic), Mendoza ou Corduba (sic), trois villes où je suis passé en 2007 lors de ma traversée de l'Argentine.
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Certains noteront que j'ai fait des efforts ici, évitant les Felipe II, Carlos III et Archivo general de las Indias. Et je ne sais pas si la Cordoba argentine s'appelle aussi Cordoue en français, comme la Cordoba espagnole, mais je ne cite que l'orthographe historique de la carte (Corduba). ;-)
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