vendredi 10 janvier 2014

Équateur 2014 - Contexte (2)

Équateur 2014 - Le contexte national
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Le président de l'Équateur est Rafael Correa, un homme de la nouvelle gauche latino-américaine. Professeur d'université, économiste diplômé de l'université d'Illinois aux États-Unis, Correa a été brièvement ministre de l'économie en 2005, mais a dû démissionner suite à ses positions contre le FMI et la banque mondiale, positions qu'il a publiquement émises sans consulter le président d'alors, qui n'était pas du même avis que lui. Il a été élu en 2006, puis réélu en 2009 et dernièrement en février 2013 avec une écrasante majorité.
Rafael Correa est un farouche anti-impérialisme, donc défend une politique anti-américaniste. Il a d'ailleurs donné l'asile politique à Julian Assange (actuellement à l'ambassade d'Équateur au U.K.) et s''est montré favorable à traiter une demande similaire d'Edward Snowden lors que ce dernier était à l'aéroport de Moscou.
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Le président Correa - première voiture- lors
 de son passage devant moi, Quito, 2007.
En Équateur, le dossier le plus controversé de sa présidence est peut-être celui des communications. La liberté de presse existe au pays (un des droits constitutionnels), mais on a noté des limitations qui en inquiètent plusieurs; l'OEA a émis des réserves sur la nouvelle Loi sur les communications, qui donne un pouvoir assez large au superintendant de l'information. C'est comme si le Conseil de presse du Québec avait le pouvoir d'empêcher la publication d'une nouvelle ou une chronique jugée tendancieuse, fausse ou diffamatoire. Cette loi ait été mise en place pour éviter la propagande de la droite qui a tant fait tort à plusieurs pays latinos par le passé (il n'y a qu'à voir ce qui se passe toujours au Guatemala, pour citer un exemple où j'ai pu le constater de première main). On comprend très bien l'intention de limiter le pouvoir de l'argent des grands barons de la droite à convaincre les populations moins éduquées de préférer le statu quo à des réformes socialistes importantes, mais cette loi ouvre la porte à de la censure, ou à la corruption potentielle de cet organe de contrôle, un risque pour l'Équateur de flirter avec la dictature selon certains critiques de Rafael Correa.
Pour le moment, on ne parle que d'un certain contrôle sur les questions strictement politiques, la constitution garantit la liberté de presse en Équateur, mais la diffamation est considéré un crime et peut conduire à des sentences de prison; il y a d'ailleurs eu des cas d'emprisonnement de chroniqueurs ayant été reconnus coupables de diffamation envers le président Correa, mais ce dernier est alors intervenu pour les faire libérer, réaffirmant que la loi est là pour protéger le pays contre la dictature de certains médias, et non pour éliminer la liberté d'expression.
Je jetterai donc certainement un oeil attentif au quotidien de droite de Guayaquil, El Universo, lors de mon séjour, afin de juger s'ils sont si limités qu'ils ne le prétendent dans l'expression de leurs opinions. Une visite sur le site du journal d'opposition à Correa m'a permis d'y voir plusieurs caricatures politiques de Correa, dont une caricature du président en marionnettiste du nouveau superintendant de l'information, caricature fort éloignée de ce qui est traditionnellement permis dans les dictatures (ce qui est quand même rassurant).
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Au niveau économique, l'Équateur est un pays producteur et exportateur de pétrole et c'est le dossier du pétrole qui divise le plus la population et le gouvernement Correa, surtout depuis que la réserve Yasuni vient d'être ouverte à l'exploitation pétrolière. On serait mal placé pour condamner cette ouverture - que je trouve déplorable moi-même - puisque même ici, où nous avons élu (ceux qui ont voté PQ et/ou QS/ON) un gouvernement prônant le développement durable, on se montre aujourd'hui aussi favorable aux gazières, minières et pétrolières que nos gouvernements précédents. Il y a eu manifestations à Yasuni et, comme chez nous, les autorités sont intervenu rapidement pour étouffer la contestation populaire. Il faut dire à la défense de Correa que son gouvernement, devant les demandes planétaire de conserver la forêt équatorienne, avait offert de refuser l'exploitation en échange de 3 milliards d'euros de la communauté internationale. Son raisonnement était simple: vous exploitez le pétrole partout dans le monde mais demandez à l'Amérique du sud de ne rien faire pour protéger les dernières forêts de la planète, alors compensez-nous. La communauté internationale a répondu avec 13 millions.
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Malgré ses avancées sociales, l'Équateur de Correa n'en est pourtant pas encore au niveau souhaité. Par exemple, l'avortement est encore criminel en Équateur, une position défendue par le parti au pouvoir, dans un pays toujours constitué de 85% de catholiques dont la plupart dont pratiquants. L'intérêt de 2014 pour moi sera aussi et surtout de voir si le pays a progressé (au sens social: les gens vivent-ils mieux, ont-ils accès globalement à plus de biens de base, plus de soins, ont-ils un meilleur filet social, etc.) depuis mon premier passage en 2004. J'ai hâte de voir si mes rencontres et mes observations directes vont me permettre d'affirmer que les changements sont visibles, ou si les différences s'avèreront trop subtiles pour paraître sur le terrain. Au plan social, même la banque mondiale reconnaît que les politiques socialistes de Correa ont été profitables. Le pourcentage de gens vivant sous le seuil de pauvreté en Équateur est passé de 38% à 29% en six ans de gouvernement Correa, une donnée franchement impressionnante.
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Enfin, un facteur qui ne fait pas nécessairement les manchettes mais qui a son importance dans le développement social d'un peuple; et j'ai nommé le 7e art. Le cinéma équatorien produisait un film au trois ou quatre ans (je ne parle pas de films étrangers tournés là-bas, mais de productions nationales). En 2006, le gouvernement Correa a voté une loi sur le développement du cinéma équatorien, encourageant et finançant des productions grâce au nouveau Conseil National de Ciné. Ainsi, en octobre 2013, El Pais rapportait par exemple que pour la première fois de son histoire, on pouvait voir 4 films équatoriens à l'affiche simultanément à Quito. Deux documentaires se penchant sur des épisodes politiques des années 70 et 80, et deux fictions se passant dans les années 40 sur fonds historique. Dans une entrevue pour El Pais, deux des cinéastes mentionnaient que ce nouveau développement du cinéma en Équateur permettait maintenant une meilleure qualité des productions et le développement de l'expertise de toute une industrie technique et artistique. J'aurai peut-être l'occasion d'aller voir quelques productions locales, qui sait?
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