Journal de voyage, 26 juillet 2013.
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À l'origine, ni Cadiz ni Cordoba n'étaient prévues sur mon itinéraire (vague, et flexible, il est vrai).
Cadiz, pour montrer cette agréable ville à mon amie Suze (et aussi profiter de la plage après deux semaines à 40 degrés à Séville)... puis Cordoba, pour la visite, certes, mais aussi par un choix de transport qui s'est avéré étrangement problématique après notre arrivée ici.
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Je résume: l'idée était de se rendre de Cadiz à Mérida, dans la province d'Extremadura. De Cadiz à Séville, il y a un train régional qui est à la fois économique, rapide et direct. Mais de Séville à Mérida, il n'y a que le bus (plusieurs heures en zigzag et à desservir toutes les petites villes entre les deux) et des trains indirects avec correspondances, encore plus longs et plus coûteux que le bus. Nous avons donc décidé de plutôt faire le trajet Cadiz-Cordoba, puisque le train régional l'effectuait en à peine 3h, et que de Cordoba, il y avait un train vers Puertollano et de là, un train régional vers Mérida. Aussi long que le bus, mais plus confortable... et aussi plus sécuritaire...
Bref, nous arrivons à Cordoba, avec évidement l'avantage de pouvoir y passer quelques jours à visiter la ville avant d'embarquer pour Puertollano et Mérida. Mais le jour de notre arrivée à Cordoba, le train à grande vitesse qui se rendait à Santiago de Compostelle au nord du pays déraille et fait plus de 70 morts.
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Nous n'apprenons la nouvelle que le lendemain matin en regardant le journal au déjeuner. Pendant notre première journée ici, nous avions un lien internet intermittent, mais qui a finalement disparu le lendemain. J'espère alors simplement que la nouvelle a pu passer inaperçue au Québec et que personne ne s'inquiète trop puisque j'ai publié un court billet entre Cadiz et Cordoba le jour du déraillement.
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Ce matin, nous devions donc prendre notre train vers Puertollano-Mérida, mais une information nouvelle s'ajoute à notre plan (qui reposait sur la plus grande sécurité des trains par rapport aux bus): le lien Cordoba-Puertollano est opéré par un train grande vitesse (même compagnie que celui qui a déraillé). Cette information ne nous était pas connue au moment de faire nos plans, et évidemment, la tragédie a bien entendu réduit le désir de prendre des trains à grande vitesse (ce que nous ne faisions pas jusqu'à maintenant, les trains régionaux vont à une vitesse de croisière amplement suffisante pour faire un trajet agréable et confortable). Mais de toute manière, le train grande vitesse coûte cher, 4 fois plus que le bus et 2 fois plus que le train régional, ce qui rend le projet de trajet Cordona-Puertollano-Mérida bien au-dessus de mon budget habituel de voyage, et au-dessus de mon budget-limite pour ce genre de déplacement tout court. Après discussion, nous optons pour le bus... mais pour faire une histoire courte, malchance du voyageur, le seul bus qui relie Cordoba à Mérida venait de quitter...
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Nous avons envisagé l'idée de complètement changer le trajet de voyage, et nous diriger vers Granada, mais d'une part, les seuls trains s'y rendant étant ceux à grande vitesse (donc très chers) et d'autre part, le seul bus quotidien reliant Cordoba à Granada était parti lui aussi (!). Nous partirons donc demain matin par le bus pour Mérida et avons donc passé une journée de plus à Cordoba (journée qui inclus évidemment un aller-retour du centro à la gare de train / gare de bus et un changement d'auberge, donc plus de temps perdu que de temps de visites.
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Les nouvelles télévisées ne parlent que de la tragédie du déraillement de Santiago. Les journaux aussi. Aujourd'hui, tout semble indiquer que le train allait à 190 km/h alors qu'il devait négocier une courbe où la vitesse n'aurait pas dû dépasser les 80 km/h... On a beaucoup parlé du conducteur (qui a survécu mais serait en état d'arrestation à l'hôpital, des journaux parlent d'accusation de négligence ayant causé la mort des victimes du déraillement). On parle de lui car semble-t-il que l'homme était un amateur de vitesse, affichant fièrement sur Facebook des photos d'odomètre du train quand il atteignait des vitesses de 210 ou 250 km/h. On parle aussi de problématique au niveau des systèmes de freins d'urgence et d'avertissement de freinage en cas de trop grande vitesse - il semble que ceux du trains n'aient pas été dans les normes pour ce genre de trajet - bref, vous aurez compris - surtout si vous êtes du Québec et avez suivi la tragédie causée par le convoi-cargo à Lac Mégantic - que l'histoire se répète souvent d'un endroit à l'autre dans le monde, quand on mélange le dangereux cocktail que représentent l'inconscience humaine, une réglementation déficiente et une ou des compagnies coupant dans la sécurité pour des fins de profits en imaginant que le pire n'arrive qu'aux autres.
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Comme voyageur - et comme citoyen - nous tentons toujours de réduire nos risques d'accidents (en tout cas les conscients et intelligents parmi nous) et tentons normalement d'éviter les activités où le risque d'accident mortel est élevé. J'ai beau voyager et explorer le monde depuis quelques années, je tente toujours de maximiser ma sécurité personnelle en toute situation, selon ce qui est disponible et j'évite de prendre des risques inutiles. Il y a évidemment des limites à cette prudence: Lac Mégantic et Santiago de Compostelle sont là pour me le rappeler, et me rappeler aussi qu'évidemment, je suis tout simplement chanceux que ça ne me soit pas arrivé; ni en voyage, ni quand je suis simplement chez moi.
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Santiago de Compostelle est sur ma liste de lieux à voir depuis des années - j'ai souvent joué avec l'idée de marcher une partie du chemin à un moment où un autre, même s'il est devenu avec les années une activité très très touristique. Santiago de Compostelle était aussi sur mon trajet (même vague) de cet été. Évidemment, aujourd'hui, je ne sais plus trop si j'irai cette année; car m'y rendre après ce qui vient d'arriver me paraîtrait un peu étrange, comme visite.
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L'Esprit Vagabond, journal de voyage, jour 17.
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Photos: Cordoba, jour imprévu: 26/7/13.
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À l'origine, ni Cadiz ni Cordoba n'étaient prévues sur mon itinéraire (vague, et flexible, il est vrai).
Cadiz, pour montrer cette agréable ville à mon amie Suze (et aussi profiter de la plage après deux semaines à 40 degrés à Séville)... puis Cordoba, pour la visite, certes, mais aussi par un choix de transport qui s'est avéré étrangement problématique après notre arrivée ici.
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Je résume: l'idée était de se rendre de Cadiz à Mérida, dans la province d'Extremadura. De Cadiz à Séville, il y a un train régional qui est à la fois économique, rapide et direct. Mais de Séville à Mérida, il n'y a que le bus (plusieurs heures en zigzag et à desservir toutes les petites villes entre les deux) et des trains indirects avec correspondances, encore plus longs et plus coûteux que le bus. Nous avons donc décidé de plutôt faire le trajet Cadiz-Cordoba, puisque le train régional l'effectuait en à peine 3h, et que de Cordoba, il y avait un train vers Puertollano et de là, un train régional vers Mérida. Aussi long que le bus, mais plus confortable... et aussi plus sécuritaire...
Bref, nous arrivons à Cordoba, avec évidement l'avantage de pouvoir y passer quelques jours à visiter la ville avant d'embarquer pour Puertollano et Mérida. Mais le jour de notre arrivée à Cordoba, le train à grande vitesse qui se rendait à Santiago de Compostelle au nord du pays déraille et fait plus de 70 morts.
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Nous n'apprenons la nouvelle que le lendemain matin en regardant le journal au déjeuner. Pendant notre première journée ici, nous avions un lien internet intermittent, mais qui a finalement disparu le lendemain. J'espère alors simplement que la nouvelle a pu passer inaperçue au Québec et que personne ne s'inquiète trop puisque j'ai publié un court billet entre Cadiz et Cordoba le jour du déraillement.
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Ce matin, nous devions donc prendre notre train vers Puertollano-Mérida, mais une information nouvelle s'ajoute à notre plan (qui reposait sur la plus grande sécurité des trains par rapport aux bus): le lien Cordoba-Puertollano est opéré par un train grande vitesse (même compagnie que celui qui a déraillé). Cette information ne nous était pas connue au moment de faire nos plans, et évidemment, la tragédie a bien entendu réduit le désir de prendre des trains à grande vitesse (ce que nous ne faisions pas jusqu'à maintenant, les trains régionaux vont à une vitesse de croisière amplement suffisante pour faire un trajet agréable et confortable). Mais de toute manière, le train grande vitesse coûte cher, 4 fois plus que le bus et 2 fois plus que le train régional, ce qui rend le projet de trajet Cordona-Puertollano-Mérida bien au-dessus de mon budget habituel de voyage, et au-dessus de mon budget-limite pour ce genre de déplacement tout court. Après discussion, nous optons pour le bus... mais pour faire une histoire courte, malchance du voyageur, le seul bus qui relie Cordoba à Mérida venait de quitter...
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Nous avons envisagé l'idée de complètement changer le trajet de voyage, et nous diriger vers Granada, mais d'une part, les seuls trains s'y rendant étant ceux à grande vitesse (donc très chers) et d'autre part, le seul bus quotidien reliant Cordoba à Granada était parti lui aussi (!). Nous partirons donc demain matin par le bus pour Mérida et avons donc passé une journée de plus à Cordoba (journée qui inclus évidemment un aller-retour du centro à la gare de train / gare de bus et un changement d'auberge, donc plus de temps perdu que de temps de visites.
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Les nouvelles télévisées ne parlent que de la tragédie du déraillement de Santiago. Les journaux aussi. Aujourd'hui, tout semble indiquer que le train allait à 190 km/h alors qu'il devait négocier une courbe où la vitesse n'aurait pas dû dépasser les 80 km/h... On a beaucoup parlé du conducteur (qui a survécu mais serait en état d'arrestation à l'hôpital, des journaux parlent d'accusation de négligence ayant causé la mort des victimes du déraillement). On parle de lui car semble-t-il que l'homme était un amateur de vitesse, affichant fièrement sur Facebook des photos d'odomètre du train quand il atteignait des vitesses de 210 ou 250 km/h. On parle aussi de problématique au niveau des systèmes de freins d'urgence et d'avertissement de freinage en cas de trop grande vitesse - il semble que ceux du trains n'aient pas été dans les normes pour ce genre de trajet - bref, vous aurez compris - surtout si vous êtes du Québec et avez suivi la tragédie causée par le convoi-cargo à Lac Mégantic - que l'histoire se répète souvent d'un endroit à l'autre dans le monde, quand on mélange le dangereux cocktail que représentent l'inconscience humaine, une réglementation déficiente et une ou des compagnies coupant dans la sécurité pour des fins de profits en imaginant que le pire n'arrive qu'aux autres.
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Comme voyageur - et comme citoyen - nous tentons toujours de réduire nos risques d'accidents (en tout cas les conscients et intelligents parmi nous) et tentons normalement d'éviter les activités où le risque d'accident mortel est élevé. J'ai beau voyager et explorer le monde depuis quelques années, je tente toujours de maximiser ma sécurité personnelle en toute situation, selon ce qui est disponible et j'évite de prendre des risques inutiles. Il y a évidemment des limites à cette prudence: Lac Mégantic et Santiago de Compostelle sont là pour me le rappeler, et me rappeler aussi qu'évidemment, je suis tout simplement chanceux que ça ne me soit pas arrivé; ni en voyage, ni quand je suis simplement chez moi.
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Santiago de Compostelle est sur ma liste de lieux à voir depuis des années - j'ai souvent joué avec l'idée de marcher une partie du chemin à un moment où un autre, même s'il est devenu avec les années une activité très très touristique. Santiago de Compostelle était aussi sur mon trajet (même vague) de cet été. Évidemment, aujourd'hui, je ne sais plus trop si j'irai cette année; car m'y rendre après ce qui vient d'arriver me paraîtrait un peu étrange, comme visite.
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L'Esprit Vagabond, journal de voyage, jour 17.
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Photos: Cordoba, jour imprévu: 26/7/13.
Dès le lendemain de l'accident, je suis évidemment retourné voir votre itinéraire. Cordoue et Cadix étant dans le sud, St-Jacques-de-Compostelle tout à fait au nord, je fus immédiatement rassuré. Je n'avais pas songé au détail supplémentaire du coût des TGV.
RépondreSupprimerCela dit, je ne pousserais pas trop le parallèle entre cet accident et celui de Mégantic. Dans notre cas, le manque d'entretien des équipements et des voies, en plus des coupures de personnel, semblent avoir été les facteurs déterminants. Dans le cas espagnol, ça penche plus vers l'imprudence d'un conducteur, jumelé à un/des systèmes de sécurité qui n'auraient pas agi...
Effectivement - il y a peu de relations à faire entre les deux, C'était surtout le sentiment exprimé ici suite à ce qui s'était passé à St-Jacques, le fait que malgré la prudence, on ne sait jamais, que je voulais évoquer: Mégantic a emporté des gens qui étaient chez eux, d'où mon rappel que ce genre de choses n'arrive pas qu'en voyage.
SupprimerContente d'avoir des nouvelles, mais je savais que tu n'étais pas dans ce coin de pays. Mais quelques uns se sont informés car ils savaient que tu étais en Espagne, mais pas exactement à quelle place à ce moment. Bonne fin de séjour.
RépondreSupprimerMerci de les avoir rassuré, et merci pour les souhaits, je suis certain que nous allons passer une bonne suite de voyage.
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