Cinéma-voyage: Liban

Note: Ce billet s'inscrit dans la série Cinéma-Voyage.
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Je réalise que cette série de billet de voyage via les films récents nous emmène souvent dans les mêmes coins de la planète (Moyen-Orient et Amérique Latine, à part une incursion en Inde), mais j'ai pris la décision de parler de films récemment sortis en salle ou en DVD, et non de faire un tour du monde plus exhaustif avec des classiques, ce qui aurait été certes plus facile, mais aussi plus paresseux.

Nous voici donc au Liban, grâce au très beau film Et maintenant, on va où?
Le film se déroule entièrement dans un petit village isolé du Liban où vivent paisiblement une communauté musulmane et une communauté chrétienne. Le village est particulièrement isolé du reste du monde puisque le pont qui lui donne accès est pratiquement détruit et le passage restant pour le traverser - ainsi que la route qui s'en suit - est resté miné après le dernier conflit avec Israël. Quand les tensions montent suite à une nouvelle invasion qui menace de tourner en guerre civile, les villageois commencent à se méfier les uns des autres et interpréter des événements anodins comme des attaques religieuses. Les femmes du village tentent donc par tous les moyens possibles de distraire les hommes - enclins à des réactions plus violentes aux attaques religieuses - afin d'éviter que la guerre n'atteigne le village.

Et maintenant, on va où? est un film extrêmement bien écrit et réalisé (par la libanaise Nadine Labaki) rempli de grands moments, tantôt comiques, tantôt tendres, tantôt tragiques, et qui nous plongent dans la réalité de la vie au Liban (ou ailleurs dans un Moyen-Orient déchiré par les conflits religieux). Le scénario est fin et inventif, les personnages sont attachants et complexes, et la direction photo est tout à fait splendide. On n'est guère surpris d'apprendre que c'était la sélection du Liban aux Oscars de l'an dernier, même si on a mal à comprendre comment l'Académie a fait pour ne pas sélectionner le film parmi ses finalistes.
Je ne trahirai pas l'histoire en vous disant jusqu'où iront les femmes du village pour tenter de distraire les hommes des idées de guerre et de conflits, ni quand on comprend la signification tragicomique du titre du film, mais je noterai tout de même qu'avec La Source des femmes, dont j'ai parlé récemment, les films en provenance du Moyen-Orient semblent nous montrer de plus en plus de femmes fortes (c'était également le cas de A Separation, premier film discuté dans le cadre de cette série de billets). Et dans plusieurs de ces films, les femmes sont directement impliquées dans l'avancement de la paix ou l'évitement des conflits créés par les hommes. Ma foi, si l'art prétend influencer la réalité, on ne peut imaginer meilleure solution à un conflit régional dont aucun homme n'a pu trouver de solutions pour le moment.
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