Je ne pense pas avoir déjà visité une grande ville où étaient aussi présents deux artistes locaux. On se comprends que Mexico n'est pas un village et que la ville, comme le pays, ont engendré des artistes mondialement connus dans plusieurs domaines.
Deux de ces artistes parmi les plus célèbres sont Frida Kahlo et Diego Rivera. Couple dans la vie (une vie mouvementée comme leur couple d'ailleurs), et tous deux peintres de renom, ils sont nés respectivement il y a 117 et 138 ans. Décédés avant ma naissances tous les deux, ça n'empêche pas qu'ils soient les figures publiques ou historiques de Mexico que j'ai le plus croisé depuis mon arrivée dans la capitale.
J'ai beau me casser la tête à fouiller mes souvenirs, je ne pense pas avoir vu des gens célébrés aussi largement et partout, et ce, plus de 60 ans après leur décès dans aucune autre ville où je suis passé. On retrouve certes des hommages à divers artistes, hommes politiques et autres figures importantes dans toutes les villes et nations, mais au niveau où sont célébrés Frida et Diego ici, je ne vois pas. Et généralement, on parle d'un nom de rue ou de place désigné il y a longtemps, quelque chose de figé dans le temps, alors qu'ici, on retrouve des hommages ou des références contemporaines, présentes, partout en ville, même en novembre 2024.
Je ne referai pas ici leurs biographies (disponibles un peu partout), ni leur histoire (*), mais je ne pouvais pas omettre de parler de Frida et Diego dans ce journal, tant ils auront marqués mes quelques semaines à Mexico. Alors je me contenterai de quelques billets avec photos, car c'est toujours un grand plaisir de les croiser partout en ville - eux-mêmes via leurs oeuvres, nombreuses et accessibles, ou divers hommages qui leur sont rendus dans plusieurs quartiers de la capitale.
(*) Je conseille au lecteur de voir ou revoir l'excellent film «Frida» de Julie Taymor (2002) mettant en vedette Salma Hayek dans le rôle titre et Alfred Molina dans le rôle de Diego.
Lors de notre passage dans le quartier Coyoacan, colonia où Frida Kahlo a passé le plus clair de sa vie à Mexico entre ses voyages et séjours à l'étranger. Un altar de muerto de 2024 rendant hommage à la peintre la plus célèbre de l'histoire de la Colonia.
La «Casa Azul» est le monument le plus visité de Mexico. Lors de notre premier passage, la maison familiale où a grandi Frida affichait complet jusqu'à 2 semaines d'avance., nous avons du réserver nos billets quelques plus de 10 jours d'avance pour avoir la chance d'aller visiter cet endroit mythique (billet à venir sur cette visite incontournable).
Dans la cour intérieure de l'Ayuntamiento (mairie) de Coyoacan, on retrouve ce banc où est assise Frida, avec Diego debout à côté.
Un parc porte le nom de Frida Kahlo, également. Et dans le parc, des sculptures du couple invitant les gens à emprunter un passage sous les arbres.
Grâce à l'intervention de Diego Rivera, le gouvernement mexicain de l'époque avait offert l'asile politique à Léon Trotsky, qui habita un temps dans la Casa Azul, avant d'habiter ici, maison où malheureusement, il fut victime de tentatives d'assassinat et où il trouva éventuellement la mort. On voit encore les briques qui avaient été mises aux fenêtre par mesure de sécurité. (La maison fait désormais partie d'un complexe muséal).
Fontaine hommage à Frida Kahlo.
Sculpture de Frida sur une pyramide précolombienne. Frida avait adopté la culture pré-hispanique (dont elle était une descendante via sa mère), incluant dans sa manière de se vêtir, qui comportait toujours des éléments typiques de l'époque. Elle et Diego collectionnaient également les artefacts précolombiens. À sa mort, Diego a fait dons de toutes ces collections à l'état, et elles sont donc maintenant dans des musées.
Autre altar de muerto, de 2024, rendant hommage au couple peintre, celui-ci au Paseo de la Reforma, dans un grand centre commercial.
Évidemment, qui dit couple de peintres, dit oeuvres... la grande majorité des oeuvres de Frida et Diego peuvent être admirées dans une panoplie de musées de Mexico. Quasi tous ces musées offre des journées gratuites (ou sont carrément toujours gratuits). Ici, une grande murale de Diego Rivera - l'artiste a oeuvré dans beaucoup de styles, l'étendue de son talent est encore aujourd'hui très impressionnant à voir quand on visite plusieurs musées. Il est toutefois mondialement connu comme un grand muraliste. La murale ci-dessus avait d'abord réalisée à New York au Rockefeller center, avant que la famille Rockefeller la fasse détruire suite à des divergences de point de vue (un personnage porte le visage de Lenin, entre autres). Diego l'a réalisée à nouveau, à Mexico, pour le Palacio de Bellas Artes, où elle trône aujourd'hui.
Un petit détail dans le coin gauche de la murale ci-dessus (dont le titre complet est El hombre controlador del universo).
Une autre murale absolument spectaculaire de Diego Rivera, qui est présentée dans un musée spécialement construit pour cette oeuvre après qu'elle ait été sauvée des restes de l'immeuble où elle avait été réalisée (suite à un tremblement de terre dévastateur). Sueno de una tarde dominical en la Alameda central est une fresque qui raconte toutes l'histoire du Mexique via le portrait de plus d'une centaine de personnages se promenant dans un parc du centro historico un dimanche après-midi. Le parc dont il est question à titre de décor (Alameda Central) est un des plus vieux parc de Mexico, et je m'y suis baladé à plusieurs reprises depuis mon arrivée ici. Incluant par un beau dimanche après-midi...
Détail de la murale précédente. On y aperçoit «La Catrina», un personnage qui avait été créé des années auparavant, mais tombé pratiquement dans l'oubli, et que Diego Rivera a intégré à son histoire du Mexique, lui redonnant ses lettres de noblesses, en quelque sorte. Depuis la réalisation de cette murale, la Catrina est devenue le personnage le plus emblématique du pays, et évidemment, totalement incontournable lors des festivités d'El dia de muertos. Les amateurs de détails remarqueront peut-être Frida Kahlo comme personnage historique, juste à côté de la Catrina, et derrière Diego Rivera lui-même, peint ici comme un jeune garçon, le peintre étant quand même conscient de son importance dans l'histoire du pays.
Exemple de divers styles pratiqués par Diego Rivera - les trois tableaux sont de sa main (admirés au Museo Nacional de Arte).
Sculptures de Frida et Diego au parc.
Suzie pose devant un hommage à une des dernières oeuvres de Frida (Viva la vida), dont le titre apparait ici sur la façade d'un commerce de Colonia Polanco, sur le fond bleu identique à celui que Frida avait utilisé pour sa maison et sur la Casa Azul.
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à suivre...