mercredi 20 novembre 2024

Frida et Diego (2) : Les Casa-Estudios de San Angel

Je l'ai mentionné dans l'introduction de mon premier billet consacré à Frida Kahlo et Diego Rivera, ils dominent le paysage culturel de Mexico, même en 2024.

Comme ils ont habité à Mexico une grande partie de leur vie - et que leur héritage est célébré et a été conservé et mis en valeur partout en ville - on peut visiter les lieux où ils ont habité et travaillé.

Après leur mariage, Frida et Diego se sont fait construire par l'architecte (et peintre lui-même) John O'Gorman, chacun une maison qui pourrait leur servir de studio, une à côté de l'autre, avec cette particularité: une passerelle devait relier les deux casas-studios afin que le couple puisse circuler de l'une à l'autre sans avoir à sortir au rez-de-chaussée.

O'Gorman était déjà un amateur d'architecture fonctionnaliste et avait érigé sa maison dans ce style dans le quartier de San Angel. Diego Rivera lui confia alors le mandat de construire les maisons-studios pour Frida et lui, dans le même style architectural et sur le lot voisin du sien.

Aujourd'hui, ces maisons-studios se visitent, et constituent un lieu de mémoire de la vie du couple Kahlo-Rivera en plus de donner un aperçu du studio le plus connu où a travaillé Diego Rivera.

Disons-le d'entrée de jeu; ces casas-estudios forment un tout d'une grande beauté, un ensemble élégant, simple mais charmant, et le style fonctionnaliste trouve dans ce lieu un exemple parfait que la simplicité peut engendrer une beauté architecturale remarquable.

La visite est aussi une affaire émouvante, pour peu que l'on s'intéresse à la vie et la carrière de Rivera et Kahlo, puisque plusieurs expositions avec artefacts d'époque (lettres de Frida, cartes et télégrammes, effets personnels, photos) fournissent une tonne d'information sur la vie et les oeuvres de ces deux peintres exceptionnels.


La maison bleue était celle de Frida (qui adorait cette couleur, comme en fait foi la couleur identique qu'elle a appliqué sur la maison familiale de Coyoacan plus tard). La petite construction bleue au centre à gauche servait de studio pour le père de Frida, qui était photographe et n'avait que peu d'espace dans la casa Azul.


La casa de Diego est de couleur sienne. Une haie de cactus délimite le terrain - aucune clôture nécessaire en ce lieu. Un escalier de béton en demi-colimaçon extérieur permet de circuler du rez-de-chaussée au premier et au second étage de la maison - aussi pourvue d'un escalier intérieur reliant le premier et le deuxième.


O'Gorman avait décidé de mettre la passerelle reliant les deux maisons sur leur toit respectif. Chaque demeure - comme c'est souvent la coutume en Amérique Latine - a un toit plat qui sert de terrasse. La passerelle relie donc les deux terrasses.


La fenêtre du second étage de la maison de Frida ouvre sur un escalier extérieur minimaliste permettant l'accès à la terrasse sur le toit. Aucun accès au toit n'est possible de l'intérieur.


À l'intérieur de la maison de Frida, le fonctionnalisme est de rigueur également. Ici, l'escalier menant du rex-de-chaussée au premier étage.


L'endroit étant devenu une sorte de musée à la vie et l'oeuvre du couple, on y propose quelques expositions; ici, une lettre signée par Frida «Fridita» à un de ses amis médecins (elle a en eu quelques-uns dans sa vie vu sa condition physique qui demanda souvent de longs suivis médicaux).


Dans le studio de Diego, on peut admirer quelques oeuvres (comme ce portrait de l'actrice mexicaine Dolores Del Rio en avant plan) ainsi que ses pigments, huiles et plusieurs artefacts de sa collection d'objets préhispanique. Dolores Del Rio avait fait ses débuts au cinéma muet à Hollywood, et a joué, entre autres, dans Journey into Fear de Orson Welles, son conjoint de l'époque.


Une partie du second étage de la casa studio de Diego est ouverte pour lui permettre de travailler sur des oeuvres de grandes tailles. les longues fenêtres de la pièce s'ouvraient également au complet pour sortir facilement les oeuvres plus grandes directement dans la cour sans avoir à passer par des escaliers. Un coin du 2e étage est donc aussi une mezzanine donnant sur le studio en contrebas. L'architecture de ces deux casas est très bien pensé.


Suze pose fièrement devant une photographie de Frida Kahlo, dans la maison de celle-ci, et partie d'une des expositions sur sa vie à San Angel.


Les deux maisons studios se trouvent donc aujourd'hui sur la rue Diego Rivera de la Colonia San Angel.


C'était donc L'esprit Vagabond, chez Diego et Frida (un coup de coeur absolu, on y aura passé trois heures).

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mardi 19 novembre 2024

Mexico comme dans un film de James Bond

Si vous avez vu la dernière série de films de James Bond, ceux avec Daniel Craig, vous vous souviendrez peut-être d'une des scènes d'ouverture (classique suspense et action pré-générique) dans le film SPECTRE, réalisé par Sam Mendes et sorti fin 2015.

La scène d'ouverture se déroule à Mexico, pendant le défilé de El dia de Muertos, et on y vois James Bond, au Gran Hotel Ciudad de Mexico, puis en mission, puis à la poursuite d'un méchant à travers le défilé vers le Zocalo, et enfin, dans une scène d'hélicoptère au-dessus du Zocalo et près des clochers de la cathédrale de Mexico. La scène prend fin alors que Bond a pris le contrôle de l'hélico et vole en s'éloignant du Zocalo.

Évidemment, en me baladant dans le centro et au Zocalo, je ne pouvais résister à faire des liens avec cette scène d'un James Bond. Après tout, ce n'est pas tous les jours que je me retrouve dans un lieu de tournage d'un film de 007 et encore moins dans un décor naturel du film. En plus, j'étais sur place au défilé d'El dia de Muertos, ce qui ajoutais à la saveur du souvenir du film.

Voici donc un petit montage photo; L'esprit Vagabond, comme dans un film de James Bond.


James au dernier étage du Gran Hotel Ciudad de Mexico en début de film...


L'étage en question, capté par ma caméra (malheureusement vu du lobby en bas, pas le droit de monter sans être un client de l'hôtel, mais on reconnait le vitrail, le haut de la cage d'ascenseur et la balustrade.


Vue d'ensemble du lobby de l'hôtel.


Arrivée de l'hélicoptère pendant le défilé dans le film.


Défilé de 2024 capté par ce voyageur-ci.


Squelette animé flottant, avec hélicoptère pour le film.


Squelette flottant au dessus de la foule, défilé du 2 novembre 2024.


Masque du défilé dans SPECTRE.


Masque de défilé 2024.


L'hélicoptère passe près des tours de la cathédrale en gros plan alors qu'une bataille fait rage dans l'hélico.


Tour de la cathédrale, une de mes photos en plan rapproché.


La foule devant la cathédrale, novembre 2024.


Bond s'en va en hélico, passant près de la Torre Latino Americana.


Ma photo d'octobre 2024 où on voit bien la Torre Latino Americana.

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lundi 18 novembre 2024

Le village des coyotes

Au sud des quartiers centraux de Mexico, on retrouve une colonia qui s'appelle Coyoacan. En langue mexica, ça signifie littéralement «lieu des coyotes». L'endroit est habité depuis très longtemps, et constituait pendant quelques siècles un village au sud de Mexico. Avec le développement de la capitale, le village a depuis longtemps été englouti dans la ville, mais la colonia a conservé - et conserve encore en 2024 - une ambiance villageoise.

Une balade dans Coyoacan ne ressemble pas à une promenade en ville, mais à une excursion dans un village voisin. Et ce, même si Coyoacan est sis à quelques 4 stations de métro d'où nous habitons à Navarte Poniente. Pire, comme c'est le lieu de naissance (et de décès) de Frida Kahlo et qu'elle y a habité (avec Diego Rivera) le plus clair de sa vie à Mexico, l'endroit est à la fois mythique et touristique. Que Coyoacan ait réussi à conserver son ambiance, son âme, malgré tout ça, demeure un mystère et un sujet d'émerveillement.

Malgré l'achalandage (assez intense les jours de fin de semaine), le quartier demeure un endroit où il fait bon relaxer, se balader dans ses rues (qui alternent noms locaux et noms de grandes villes d'Europe - Londres, Berlin, Viena, Paris...), se reposer dans un des nombreux parcs ou déguster de délicieux churros d'El Moro.

Ainsi, sans publier de photos reliées à Frida et Diego (dont la renommée attire des centaines de milliers de personnes par an dans Coyoacan, mais je garde ce sujet pour d'autres billets leur étant consacré), voici une sélection de 15 photos captées lors de mes quelques visites et balades dans le quartier des coyotes de Mexico, un quartier coup de coeur de mon séjour.


Toute la colonia aborde fièrement l'iconographie qui accompagne le nom de Coyoacan. De la station de métro (dont le logo est un coyote), aux couvercles de puisards... et à ces mosaïques qui ornent les coins de rue du quartier, le coyote est partout.


La fontaine du parc central du quartier est consacrée aux coyotes.


Et un coyote surplombe fièrement le pignon principal de l'ayuntamiento.


Mosaïque de céramiques montrant un coyote hurlant.


Et un petit coyote se trouve sur les panneaux indiquant les noms de rues de tout l'arrondissement (même les autres colonias de l'arrondissement de Coyoacan, car l'ancien «village» a donné son nom à tout un arrondissement de Mexico).


Trève de coyotes, il y a aussi plein d'édifices intéressant à voir dans Coyoacan, comme l'église coloniale Santa Catalina de Siena au bord de son petit parc tranquille. Un des nombreux lieux du quartier où on n'a pas l'impression de se trouver dans une grande capitale.


On accède au parc central par une porte en arche double de style colonial.


Un monument au centre du parc est supporté par ce piédestal intéressant: quatre têtes de coyotes en ornent le pourtour, mais il y a aussi la graphie du nom qui est intéressante: «Coyohuacan», le seule endroit dans toute la colonia où j'ai pu voir cette graphie. Coyohuacan serait la graphie originale du nom «lieu des coyotes» en langue mexica, alors que la graphie actuelle, Coyoacan, en est la castellisation (l'espagnolisation, en français, j'imagine). 


C'est à Coyoacan qu'on retrouve le centre culturel italien (une surprise), qui n'est pas ouvert aux touristes et visiteurs de passage ne participant pas à ses activités culturelles, mais un de nos passage a coïncidé avec l'ouverture du centre et de son patio central, où j'ai capté cette photo de l'endroit, qui respire le calme.


Murale de la calle Tepalcatitla.


Pas pu m'empêcher de photographier une énième coccinelle... mais avec un beau décor; une maison de Coyoacan.


Il n'y a pas que des coyotes dans le quartier, on a aussi vu ce lézard.


Suze déambule sur un trottoir devant une maison colorée typique du quartier, avec en devanture un arbre bien taillé (les mexicains taillent les arbre de toutes sorte de manières amusantes et s'amusent à faire plusieurs formes géométriques).


Autre murale du quartier (coin des calles Zamora et Tres cruces) où on peut voir un coyote.


Suze dans la Plaza Hidalgo de Coyoacan (oui, un autre coyote se trouve dans cette photo!).

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dimanche 17 novembre 2024

Frida et Diego

Je ne pense pas avoir déjà visité une grande ville où étaient aussi présents deux artistes locaux. On se comprends que Mexico n'est pas un village et que la ville, comme le pays, ont engendré des artistes mondialement connus dans plusieurs domaines.

Deux de ces artistes parmi les plus célèbres sont Frida Kahlo et Diego Rivera. Couple dans la vie (une vie mouvementée comme leur couple d'ailleurs), et tous deux peintres de renom, ils sont nés respectivement il y a 117 et 138 ans. Décédés avant ma naissances tous les deux, ça n'empêche pas qu'ils soient les figures publiques ou historiques de Mexico que j'ai le plus croisé depuis mon arrivée dans la capitale.

J'ai beau me casser la tête à fouiller mes souvenirs, je ne pense pas avoir vu des gens célébrés aussi largement et partout, et ce, plus de 60 ans après leur décès dans aucune autre ville où je suis passé. On retrouve certes des hommages à divers artistes, hommes politiques et autres figures importantes dans toutes les villes et nations, mais au niveau où sont célébrés Frida et Diego ici, je ne vois pas. Et généralement, on parle d'un nom de rue ou de place désigné il y a longtemps, quelque chose de figé dans le temps, alors qu'ici, on retrouve des hommages ou des références contemporaines, présentes, partout en ville, même en novembre 2024.

Je ne referai pas ici leurs biographies (disponibles un peu partout), ni leur histoire (*), mais je ne pouvais pas omettre de parler de Frida et Diego dans ce journal, tant ils auront marqués mes quelques semaines à Mexico. Alors je me contenterai de quelques billets avec photos, car c'est toujours un grand plaisir de les croiser partout en ville - eux-mêmes via leurs oeuvres, nombreuses et accessibles, ou divers hommages qui leur sont rendus dans plusieurs quartiers de la capitale.

(*) Je conseille au lecteur de voir ou revoir l'excellent film «Frida» de Julie Taymor (2002) mettant en vedette Salma Hayek dans le rôle titre et Alfred Molina dans le rôle de Diego.


Lors de notre passage dans le quartier Coyoacan, colonia où Frida Kahlo a passé le plus clair de sa vie à Mexico entre ses voyages et séjours à l'étranger. Un altar de muerto de 2024 rendant hommage à la peintre la plus célèbre de l'histoire de la Colonia.


La «Casa Azul» est le monument le plus visité de Mexico. Lors de notre premier passage, la maison familiale où a grandi Frida affichait complet jusqu'à 2 semaines d'avance., nous avons du réserver nos billets quelques plus de 10 jours d'avance pour avoir la chance d'aller visiter cet endroit mythique (billet à venir sur cette visite incontournable).


Dans la cour intérieure de l'Ayuntamiento (mairie) de Coyoacan, on retrouve ce banc où est assise Frida, avec Diego debout à côté.


Un parc porte le nom de Frida Kahlo, également. Et dans le parc, des sculptures du couple invitant les gens à emprunter un passage sous les arbres.


Grâce à l'intervention de Diego Rivera, le gouvernement mexicain de l'époque avait offert l'asile politique à Léon Trotsky, qui habita un temps dans la Casa Azul, avant d'habiter ici, maison où malheureusement, il fut victime de tentatives d'assassinat et où il trouva éventuellement la mort. On voit encore les briques qui avaient été mises aux fenêtre par mesure de sécurité. (La maison fait désormais partie d'un complexe muséal). 


Fontaine hommage à Frida Kahlo.


Sculpture de Frida sur une pyramide précolombienne. Frida avait adopté la culture pré-hispanique (dont elle était une descendante via sa mère), incluant dans sa manière de se vêtir, qui comportait toujours des éléments typiques de l'époque. Elle et Diego collectionnaient également les artefacts précolombiens. À sa mort, Diego a fait dons de toutes ces collections à l'état, et elles sont donc maintenant dans des musées.


Autre altar de muerto, de 2024, rendant hommage au couple peintre, celui-ci au Paseo de la Reforma, dans un grand centre commercial.


Évidemment, qui dit couple de peintres, dit oeuvres... la grande majorité des oeuvres de Frida et Diego peuvent être admirées dans une panoplie de musées de Mexico. Quasi tous ces musées offre des journées gratuites (ou sont carrément toujours gratuits). Ici, une grande murale de Diego Rivera - l'artiste a oeuvré dans beaucoup de styles, l'étendue de son talent est encore aujourd'hui très impressionnant à voir quand on visite plusieurs musées. Il est toutefois mondialement connu comme un grand muraliste. La murale ci-dessus avait d'abord réalisée à New York au Rockefeller center, avant que la famille Rockefeller la fasse détruire suite à des divergences de point de vue (un personnage porte le visage de Lenin, entre autres). Diego l'a réalisée à nouveau, à Mexico, pour le Palacio de Bellas Artes, où elle trône aujourd'hui.  


Un petit détail dans le coin gauche de la murale ci-dessus (dont le titre complet est El hombre controlador del universo).


Une autre murale absolument spectaculaire de Diego Rivera, qui est présentée dans un musée spécialement construit pour cette oeuvre après qu'elle ait été sauvée des restes de l'immeuble où elle avait été réalisée (suite à un tremblement de terre dévastateur). Sueno de una tarde dominical en la Alameda central est une fresque qui raconte toutes l'histoire du Mexique via le portrait de plus d'une centaine de personnages se promenant dans un parc du centro historico un dimanche après-midi. Le parc dont il est question à titre de décor (Alameda Central) est un des plus vieux parc de Mexico, et je m'y suis baladé à plusieurs reprises depuis mon arrivée ici. Incluant par un beau dimanche après-midi... 


Détail de la murale précédente. On y aperçoit «La Catrina», un personnage qui avait été créé des années auparavant, mais tombé pratiquement dans l'oubli, et que Diego Rivera a intégré à son histoire du Mexique, lui redonnant ses lettres de noblesses, en quelque sorte. Depuis la réalisation de cette murale, la Catrina est devenue le personnage le plus emblématique du pays, et évidemment, totalement incontournable lors des festivités d'El dia de muertos. Les amateurs de détails remarqueront peut-être Frida Kahlo comme personnage historique, juste à côté de la Catrina, et derrière Diego Rivera lui-même, peint ici comme un jeune garçon, le peintre étant quand même conscient de son importance dans l'histoire du pays.


Exemple de divers styles pratiqués par Diego Rivera - les trois tableaux sont de sa main (admirés au Museo Nacional de Arte).


Sculptures de Frida et Diego au parc.


Suzie pose devant un hommage à une des dernières oeuvres de Frida (Viva la vida), dont le titre apparait ici sur la façade d'un commerce de Colonia Polanco, sur le fond bleu identique à celui que Frida avait utilisé pour sa maison et sur la Casa Azul.

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à suivre...