mardi 18 février 2025

De Armaçao de Pêra à Albandeira, à pied

Lors de notre séjour de l'hiver 2024, nous avions exploré la côte de l'Algarve, à pied, de part et d'autres de Albufeira, sur une distance totalisant environ 42 km. Le paysage est si spectaculaire et l'environnement changeant au gré des marées que nous avons refait une bonne partie de ces randonnées pendnt notre séjour actuel. Nous avons même été surpris par quelques changements de décor; morceaux de falaises effondrés, glissement de terrain, le sentier n'est pas exactement le même que celui de l'an dernier.

Cette semaine, nous avons décidé d'aller explorer un peu plus loin à l'ouest; en prenant comme point de départ de la marche, la petite ville de Armaçao de Pêra où nous nous étions arrêté l'an dernier après une randonnée de 20 km.

Cette fois-ci, on a donc poussé vers l'ouest sur une distance de 8 km (aller et retour à Armaçao de Pêra), distance qui ne compte pas les les allers-retours de la falaise à la plage, les marches sur 500 m sur la page avant de revenir vers un accès aux falaises, ni les errances diverses car aucun sentier n'est balisé dans ce secteur de l'Algarve (pas plus que sur les 42 km autour d'Albufeira que nous avions parcouru l'an dernier).

Même si pour un lecteur-lambda n'ayant jamais mis les pieds ici, les paysages et les photos peuvent se ressembler, on ne se fatigue pas d'explorer ces lieux, ni de découvrir des nouvelles vues de ce qui ressemble souvent à l'idée qu'on se fait d'une autre planète.


Point de départ, le centro de Armaçao de Pêra, avec les vestiges de son petits château médiéval en bord de mer.


Après 2km sur la grande plage faisant face à la petite ville, le décor change rapidement. On ne soulignera jamais assez l'importance de consulter l'horaire des marées quand on entreprend ce genre de randonnée; en plus d'éviter de se faire prendre captif d'un secteur à marée montante, on arrive à explorer beaucoup plus de côte quand la marée est basse.


Ici, les "rochers percés" sont monnaie courante.


Dans les années 60, s'ils avaient eu du budget, j'aurais conseillé aux créateurs de Star Trek de venir tourner en Algarve, plutôt que de fabriquer en studio des décors de planètes étrangères en styromousse et carton.


La randonnée assez typique de la région en suivant la mer; enfilade de falaises et de promontoires en avancées dans la mer. Ici, Suzie pose sur un de ces promontoires dans un panoramique où on voit le précédent (à gauche) et le suivant (à droite). Le sentier zigzague donc d'une formation à l'autre, la plupart du temps, une plage, petite ou vaste, se trouve en contrebas entre ces formations rocheuses. Parfois, c'est une petite vallée, qu'il faut contourner si elle est trop profonde pour la descente, ce qui ajoute plusieurs centaines de mètres à la rando "estimée" à 8 km à vol d'oiseau.


L'esprit vagabond dans un cul-de-sac; j'étais allé voir si on pouvait traverser de l'autre côté de ce cap par la mer sans se faire trop mouiller, mais impossible à pied sec, ni même à pied humide, donc nous avons rebroussé chemin pour faire l'ascension et passer par en haut.


Un des promontoires s'appelait Notre-Dame des Roches et l'explication a été facile à deviner; on y trouve une petite chapelle de ce nom.


Chapelle Nossa Senora de la rocha. La plage en contrebas est accessible de plus loin, par une sorte d'escalier sculpté dans la roche, et une fois sur la plage, on peut donc revenir vers la falaise de la chapelle. Nous ne l'avons pas fait lors de l'aller, mais nous avons explorer la plage (et son attraction locale surprise) au retour - voir plus loin.


Un autre rocher percé nous attendait à Albandeira. Nous avions aussi eu des passages nuageux assez intenses et beaucoup de vent rendu à cet endroit. N'ayant pas réellement établi de plan de randonnée - on improvise toujours pas mal sur ces sentiers-là, et on décide de rentrer quand on estime être allé assez loin pour que la rado de retour ne soit pas trop épuisante non plus. Passé ce rocher percé, nous avons visité le promontoire suivant, puis décidé de revenir sur nos pas.


En visitant la plage à l'ouest de la chapelle, on a découvert cette entrée de tunnel (d'une hauteur d'environ 1m, pas plus. Quelqu'un nous a mentionné que cette attraction locale permettait bien de rejoindre la plage de l'autre côté du promontoire en passant sous la falaise. Lors de l'aller, nous avions remarqué une sorte d'entrée de tunnel, sur l'autre plage, mais nous n'avions pas pris le risque de nous y engager... mais puisque ça semblait communiquer... 


Après une trentaine de mètres, le tunnel commence à courber et on aperçoit la célèbre lumière à l'autre bout... traversée effectuée avec succès... mais arrivée assez serrée, avec la marée montante, la sortie commençait à se retrouver dans l'eau.


Porte de sortie du tunnel, avec les vagues de la marée montante qui s'y engouffre. Nous avons donc traversé juste à temps.


Vue des falaises rocheuses, avec la chapelle juchée sur une des avancées.

Ce rocher percé est le même que sur la 3e photo de ce billet. La différence étant qu'en début de randonnée, nous étions à marée basse, et qu'à notre retour, au moment de prendre cette photo, nous sommes à marée haute (pas au pic de hauteur, mais quand même). La différence est appréciable. En matinée, nous avons passé de l'autre côté du "trou" du rocher, à pied sec, et nous sommes allé explorer les environs passé le cap. Au retour, il n'y avait même plus de place pour accéder à cet endroit.

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Une longue journée de marche, couvrant 16km à vol d'oiseau, mais dont le côté le plus éreintant a été d'attendre ensuite le bus de retour vers Albufeira (à 20km de là), puisque l'Algarve c'est aussi ça; la patience via-à-vis des transports pas toujours aussi efficaces que dans le reste de l'Europe, mais surtout, beaucoup moins fréquents malgré leur popularité évidente.

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lundi 17 février 2025

Les ruines romaines de Cerro da Villa

À quelques km à l'ouest de Albufeira, on retrouve Villamoura, une petite ville portuaire / station balnéaire luxueuse dont la majorité des quartiers sont composés d'hôtels 5 étoiles, d'appart-hôtels, de terrains de golf ou de tennis, le tout se rendant jusqu'à une marina où on trouve de grands yachts et voiliers et qui est connu pour accueillir des célébrités "mineures" dans la région. Villamoura n'est pas Monaco, mais à peu près son équivalent portugais.

Avec mon T-shirt et mes pantalons ayant quatre ans d'usure de voyage et avec mon sac de jour acheté au Mountain Equipment Coop de Vancouver avant de partir pour l'Europe en 2003, disons que je n'ai pas le profil-type du visiteur à Villamoura.

L'an passé, nous avions traversé Villamoura lors d'une longue randonnée nous ayant mené de Albufeira à Quartera. J'avais donc déjà vu l'endroit, mais après une marche de 20 km, et avec comme destination Quartera, je n'avais pas eu l'occasion de visiter Cerro da Villa.

Cerro da Villa est un site de vestiges d'une villa de l'époque romaine de la péninsule ibérique. En partant pour ma visite cette semaine, je ne m'attendais pas à un site très étendu - une villa romaine n'est pas une ancienne cité, quand même - ni à des vestiges en hauteur (le site ayant certainement été "découvert" assez récemment).

C'est donc avec surprise que j'ai découvert ce site - est-ce utile de préciser que j'étais le seul visiteur pendant l'heure et demie que j'ai passé sur les lieux? Normal; j'ai l'impression qu'il n'y pas ou très peu de croisement entre moi et le touriste-type de Villamoura (voiliers ou yacht en marina, restaurants de luxe en bord de mer, golf en après-midi).

On peut donc visiter Cerro da Villa en paix et avoir le site à soi tout seul. Tout ça pour 4 euros. Une aubaine pour l'amateur d'archéologie.


Bien que les vestiges ne soient composés que de fondations, le site est quand même assez étendu et on reconnait beaucoup de structures. C'était une grande villa, avec toutes les pièces classiques des villas de nobles de l'époque romaine - vestibule, péristyle, triclinium, chambres, bains, etc.


Certaines mosaïques de planchers sont encore visibles in situ; ici, celles du vestibule et du péristyle.


La villa comportait deux sections de bains; une privée à l'intérieur de la villa, et une autre plus éloignée (probablement quand on a plus d'invités), à l'extérieur. Ci-dessus, une partie du sous-sol de la portion chaude et tiède des bains privés; on peut distinguer les piliers soutenant le plancher et permettant à la chaleur de circuler en dessous.


Détails du plancher du vestibule.


Détails du plancher du péristyle.


Sur cette section, on distingues les fondations des murs des chambres, à l'arrière. Les chambres romaines étaient généralement petites et sans fenêtre, ce qui permettait de les conserver plus chaudes en hiver, et plus fraiches en été.


Secteur des bains extérieurs à la villa principale; on distingue bien les bassins (le circulaire, au fond sur la photo était le bassin d'eau froide).


À Cerro da Villa, probablement à cause de la proximité de la mer - attenante à la villa à cette époque, quelques vestiges d'un petit port ayant été excavées juste à l'extérieur du site - il y avait du poisson au menu, et des bassins de salinisation étaient donc présents à l'extérieur de la villa, pour traiter et conserver le poisson. Sur ce cliché, on distingue aussi quelques canalisations, plusieurs étant visibles sur le site; près des bains entre autres.


Toujours à l'extérieur de la villa principale, on peut voir une grande piscine (pour nager) et une palestre (pour l'exercice).


À l'écart, un mausolée funéraire a été découvert. Sur la photo, au centre, on peut encore distinguer quelques niches funéraires du columbarium. À l'époque romaine de Cerro da Villa, les rites funéraires pouvaient comprendre l'enterrement ou la crémation; des urnes ont également été découvertes sur le site.


Quelques ruines éparses entourent ce site - un secteur de petites habitation au nord de Cerro da Villa est encore visible du site (sans pouvoir y aller, une clôture les séparant du site archéologique - photo prise au zoom à travers ladite clôture).


Un petit musée complète le tout; quelques artefacts retrouvés sur place - morceaux d'amphores, bouts de statues, quelques pièces de monnaie, urnes funéraires, la plupart des pièces en petits morceaux ou retrouvés juste partiellement. Un bout de plancher en mosaïque où on peut voir de la couleur a aussi été découverts sur place, restauré et installé au musée.
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Et, en sortant d'un site vieux de quasi 2000 ans, on retourne dans la civilisation contemporaine de la station balnéaire luxueuse de Villamoura avant de rentrer à Albufeira.

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Festival de San Remo 2025 (ou la parenthèse italienne)

Rassurez-vous, je ne suis pas rendu en Italie, malgré la tentation et le titre de ce billet.

Je suis toujours en Algarve, mais la semaine dernière, se tenait le festival de chanson de San Remo, une véritable institution en Italie - pays dont la culture et la langue nous intéressent de plus en plus depuis notre long séjour de 2022.

Pendant ce séjour, on s'est mis plus sérieusement à l'italien, et quoi de mieux pour apprécier et apprendre une langue que la chanson et la littérature? On a donc acquis quelques romans en italien depuis - que je lis très lentement mais avec un réel plaisir - et on a découvert tout plein de nouveaux artistes de la chanson contemporaine italienne que l'on écoute régulièrement depuis quelques années.

L'an dernier, on a donc suivi un peu (à distance) les résultats du festival de San Remo, un concours de chanson professionnel où le gagnant devient le représentant de l'Italie à l'Eurovision (concours que l'on a suivi en direct l'an dernier, pendant notre voyage en Italie, justement). Ce que j'ai particulièrement apprécié de San Remo (si je compare à l'Eurovision) c'est que toutes les chansons originales sont en italien - c'est toujours un grand plaisir de voir les artistes performer dans leur langue. À Eurovision, plusieurs concurrents dont la langue première (et langue officielle de leur pays) n'est pas l'anglais, choisissent de participer en anglais pour avoir de meilleures chances d'être "compris" par le plus grand nombre de votant. Ce biais vient atténuer l'intérêts et les couleurs culturelles locales pour ce spectateur-ci. Heureusement, l'Italie semble avoir une industrie de la musique et chanson en Italien assez forte pour éviter cet écueil, du moins à San Remo et Eurovision.

San Remo, cette année, c'était donc de découvrir grâce au concours, 29 nouvelles chansons d'autant d'auteurs-compositeurs-interprètes - dont quelques-uns nous étaient inconnus. La formule de San Remo est exigeante; 5 soirs de suite à chanter, une sorte d'enfilade de galas qui durent des heures (ça commence à 20h45 heure locale et se termine bien passé minuit). Chapeau à l'animateur de ces soirées, Carlo Conti et ses invités et co-animateurs (dont Roberto Benigni, qui n'a pas pris une ride et est toujours aussi verbomoteur et drôle). 

Le festival de San Remo 2025 m'a permis, pour ma part, de profiter de cinq soirs sans actualités (on ne se cachera pas que les actualités mondiales ces semaines-ci sont assez pénibles à suivre), cinq soirs de musique et chanson dans une langue merveilleusement mélodique, du talent, de la beauté visuelle et sonore, tout ça dans un environnement festif. Cinq soirs où on s'est couché très tard, mais avec de la musique plein la tête et de belles découvertes.

Comme San Remo est aussi un concours, inévitablement, on a nos préférences et nos déception (je n'ai pas les mêmes goûts que la majorité, je crois bien, mes favoris ne l'emportent que très rarement dans ce genre de choses *).

Ma favorite cette année - une chanteuse se nommant Giorgia et interprétant une chanson intitulée La Cura per me, a tout de même terminé 6e et remporté un prix du public. Elle a aussi remporté le 1e prix de la soirée spéciale "cover" où les concurrents chantent autre chose que leur répertoire; Giorgia interprétait alors un duo avec Annalisa (une de nos chanteuses italiennes préférées), et rien de moins que Skyfall (un de mes thèmes favoris de la série James Bond). J'étais conquis avant même de l'entendre. Allez voir ça en ligne, ça doit être sur Youtube ou ailleurs... je sais que La Cura per me y est, je vous jure que ça vaut le détour. (Photo de gauche, dernière soirée à San Remo, tirée du compte Instagram de Giorgia).

Je m'arrête ici, ce billet n'étant qu'une parenthèse de voyage - un voyage musical de cinq soirées, dans un pays que j'adore - et je voulais absolument en garder une trace dans mon journal de voyage, tout algarvien soit-il.

San Remo devient donc lentement mais surement une tradition personnelle - c'est surtout ça, voyager, s'ouvrir aux autres cultures et langues, adopter de nouvelles habitudes culturelles - et c'est certain que je vais suivre le festival l'an prochain tant l'expérience de cette année a été bénéfique et agréable.

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* Une des chansons et performances que j'ai beaucoup aimé cette année était celle du chanteur Rkomi (Il rythmo delle cose), qui a terminé 28e sur 29 au classement final, c'est dire.

L'accélération du temps qui passe


Ça m'est arrivé souvent de l'écrire ici; parfois, en voyage, je suis trop occupé à visiter (vivre l'aventure) pour en faire une version écrite à mesure dans mon journal.

Ça a un peu été le cas depuis quelques jours, même si l'aventure n'a pas été d'explorer des dizaines de sites. Nous avons quand même fait une randonnée de 15,8 km à l'ouest de Almaçao de Pera et fait aussi une visite d'une journée entière à Tavira, avec une complication pour être en mesure de revenir à Albufeira qui a étiré la journée beaucoup plus que prévu à l'origine - je reviendrai sur ces aventures dans un billet subséquent, car cette semaine, je n'ai qu'une longue visite de prévue.

Mais le temps passe, même si j'ai l'impression que je viens d'arriver en Algarve - en fait, j'ai l'impression que mon séjour de l'an dernier dans la même région était il y a 2 mois à peine!

Et ce n'est pas juste l'Algarve, c'est l'Europe en 2022, le Yucatan, Mexico, l'Italie en 2024, tout passe toujours trop vite.

J'ai l'immense privilège - du à un train de vie assez modeste au pays comme en voyage (jamais d'agence, de resto, je cuisine, on marche ou emprunte le transport en commun, etc. - l'immense privilège, dis-je, de ne pas avoir à travailler à temps plein (au sens nord-Américain du terme, donc je travaille en moyenne moins de 35h par semaine), et malgré ça, le temps passe trop vite, je manque de temps pour écrire, pour voyager davantage, pour écouter plus de fils, de musique... et ça empire évidemment avec les années qui passent.

J'ai une belle théorie mathématique sur le phénomène du temps qui passe plus vite quand on avance en âge - peut-être en ai-je parlé ici auparavant? Il m'arrive de réfléchir à divers trucs en voyage et m'imaginer le transcrire ici, et parfois, j'ai l'impression de l'avoir fait a posteriori quand je retourne sur ces réflexions plus tard... 

Ces réflexions qui ne vont d'ailleurs nulle part ce matin, autrement que de se demander où sont passées toutes ces années? Je veux voir encore tout plein de choses dans le monde, mais je veux aussi profiter des endroits comme je l'ai fait dans les 4 dernières années en effectuant des séjours plus longs à chaque endroit.

J'y retourne donc, à profiter des semaines qu'il me reste en Algarve car si je veux voir d'autres lieux, je serai peut-être un bout sans revoir l'Algarve après cet hiver.

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lundi 10 février 2025

«Le» touriste en visite au château de Salir

À la blague, Suze raconte l'anecdote suivante: «Hugo voit un bout de forteresse à la télé dans une émission, tente de trouver où ça se situe, puis regarde les moyens de transports disponibles pour s'y rendre et planifie une visite dans les jours suivants».

Elle n'est pas loin de la vérité. J'avais lu que le village de Salir avait autrefois un château-fort, et que ses ruines pouvaient encore être visitées. J'ai donc consulté les horaires de bus pour me rendre à Salir, mais aucun bus n'y va au départ d'Albufeira. Par contre, un bus régional fait la liaison 2-3 fois par jour entre Loulé et Salir.

J'ai donc décidé d'aller visiter les ruines de leur château.

En embarquant dans le bus, à Loulé, j'ai demandé à la conductrice, dans un portugais pas mal approximatif, si elle pouvait m'indiquer l'arrêt «Salir Castelo», puisque je ne connaissais pas Salir et que le village n'a pas de station de bus, juste 3 arrêts sur le trajet de l'autobus qui relie Loulé à une ville plus au nord. Je ne voulais pas me retrouver à rater mon arrêt et être pris pour descendre 5km plus loin à l'arrêt suivant quelque part sur la route régionale. La conductrice du bus m'a juste répondu «centro centro»... 

Arrivé à Salir, passé un premier arrêt devant une école, une passagère a réquisitionné l'arrêt suivant (GNR), et j'ai décidé de descendre à cet endroit, ne sachant pas si je devrais réquisitionner le prochain arrêt au risque que ça ne soit pas le mien et que je demande au bus d'arrêter pour rien, ou si je ne le faisais pas, de rater mon arrêt et passer tout droit.

En débarquant du bus à GNR, un panneau indiquait: «Ruinas Castelo -> »; je n'étais donc certainement pas trop loin.

Salir, j'allais le découvrir, est un petit village, dont toute la longueur se traverserait en 4 minutes si ce n'était de la pente à gravir de part et d'autres de son point central le plus bas. La conductrice avait donc raison; peu importe où je descendais à Salir, je ne serais pas loin du centro, et donc des ruines.

Quelques minutes plus tard, j'étais rendu au sommet du village, et quelques vestiges de remparts me sont apparus. J'ai fait le tour du sommet, à la recherche de l'entrée du site, sans succès. J'ai refait le tour - malgré un petit cabot qui me jappait après et me suivait sur quelques dizaines de mètres à chaque passage. Toujours rien côté entée de site, même si dans un coin, je pouvais voir une portion de mur et quelques ruines de fondations (de maisons?).

L'entrée d'un musée était indiquée; je me suis dit que j'allais voir s'il se visitait et m'informer. Le musée était fermé, mais ouvrait à 14h. Il était 13h58, donc je n'aurais pas à attendre bien longtemps. J'ai donc refait un petit tour du quartier du sommet, prenant quelques photos et notant un morceau de rempart que je n'avais pas vu en empruntant une ruelle différente. Puis, de retour au musée, 14h05, toujours rien. Re-tour du pâté de maison au sommet, retour au Musée, toujours rien. Deux dames s'étaient pointées entre temps et semblaient se demander ce que ce touriste faisait dans leur village habituellement si tranquille.

Elles ont appelées (à grand renfort de cris dans la rue) une connaissance, qui est sortie dans sa cour pour venir jaser avec elles. Les 3 dames m'ont donc vu aller et revenir à la porte du musée sis en face d'où elles parlementaient.

Puis, vers 14h15, une petite auto est venue se stationner tout en haut, et une dame portant une cocarde jaune en est sortie, m'a saluée et invité à entrer au musée, qu'elle venait ouvrir.

Après un accueil chaleureux à l'intérieur, elle a reconnu dans mon portugais de base un accent français et s'est immédiatement mis à me parler en français (pour l'anecdote, la dame à la billetterie du château de Loulé m'a aussi accueilli en français). Elle m'a offert un dépliant racontant l'histoire du château de Salir, du site archéologique et du musée (aussi en français), et m'a indiqué que la visite du site s'effectuait effectivement à partir du musée - dont l'entrée était gratuite.


La rue principale menant au sommet, près de ce dernier. À droite, vestiges des fortifications.


Ce qui reste des remparts du château, du côté de la vallée. Les résidents ont repris le contrôle du territoire, avec les siècles, donc une partie des murs du château sert aujourd'hui de mur aux maisons, on ne peut donc pas faire le tour complet des fortifications sans entrer dans des cours privées (gardées férocement par quelques petit chien).


Les restes d'une tour (centre) et du mur de quelque maison (droite) - le château était fait de torchis, et non de pierres, et à l'époque, on avait dessiné des rectangles à la craie, pour faire croire qu'il était en pierre aux voyageurs qui ne s'en approchaient pas assez pour voir le subterfuge. Les tours n'avaient donc pas de créneaux. 


Une partie du site est visible de la ruelle; on peut voir la passerelle qui est accessible du musée. De la passerelle, on aperçoit quelques fondations et silos intérieurs des maisons qui se trouvaient le long des fortifications.


Salir est juchée sur un promontoire, donc le village est entouré de vallées; la balade dans ses quelques rues offre donc de belles vues sur la campagne environnante.


Une des rues du sommet, non loin du musée et des ruines.


J'ai croisé quelques chats, en plus des petits chiens gardiens, dont celui-ci, au visage multicolore...


... et une basse-cour.


Mon arrêt de bus (Castelo, finalement trouvé en redescendant du sommet), où j'ai pu prendre mon bus de retour vers Loulé, puis celui vers Albufeira, après une heure et quelque de balade dans Loulé, en attendant le bon bus.

Salir n'a donc rien d'un site majeur. J'avoue que si j'avais eu à faire l'aller-retour de Albufeira avec les pertes de temps entre les divers bus régionaux en espérant voir des ruines étendues, j'aurais été déçu. Mais en combinant la visite à un passage à Loulé, pourquoi pas? Juste l'aventure du bus, les dames - et le reste des résidents que j'ai croisé - qui s'étonnent de voir un touriste hors-saison et un bel après-midi ensoleillé, j'étais quand même heureux d'y être allé.

Anecdote finale sur cette visite-éclair; comme je devais attendre une heure pour le passage du bus Salir-Loulé après ma visite des ruines et du reste du village, j'ai profité du fait que Salir est sur le trajet de la GR13 (une grande randonnée européenne, aussi appelée Via Algarvina, un trajet de quelques centaines de km à pied qui traverse la région) pour aller faire un tour sur le sentier. Seulement 2,5 km (aller et retour, donc 5 km de marche) afin de voir un peu le sentier (très agréable), question de tuer le temps au lieu d'attendre assis à l'arrêt d'autobus. Un bonus dans ma visite de Salir.

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dimanche 9 février 2025

Quand on parle du Canada aux nouvelles locales, en voyage, c'est rarement bon signe

Je peux donner l'impression, en publiant billets après billets remplis de photos et d'anecdotes de voyage, que je suis déconnecté des nouvelles mondiales et de celles concernant le Canada.

Ce n'est évidemment pas le cas. Même pendant mes premiers voyages à l'époque antédiluviennes pré-réseaux sociaux et pré-internet-wifi-couverture-100%-connectée, je demeurait informé grâce à une vielle habitude de voyage: écouter les nouvelles à la télé locale et lire les journaux locaux - quand ils existes dans une langue que je peux tenter de comprendre.

Ainsi, je suis relativement bien informé de la situation mondiale et locale, ainsi que de la situation qui règne actuellement au Canada à cause de l'Agent Orange menaçant tout le monde et son voisin avec ses délires.

Même sans être connecté aux nouvelles du Canada, je n'aurais pu éviter de savoir ce qui se passe, puisque au Telejornal (émission d'information nationale à RTP1, l'équivalent du Téléjournal de la SRC chez nous), on parle du Canada.

Mon expérience de voyageur: Quand les nouvelles locales où je me trouve parlent du Canada, c'est rarement bon signe. Je me souviens encore de cet article du Vietnam News lu en décembre 2008 sur la situation politique canadienne, d'ailleurs.

Ainsi, entendre parler du Canada au Telejornal n'augurait rien de bon, même si aujourd'hui, on a accès à toutes les nouvelles de partout dans le monde (malheureusement, on a aussi accès à toutes les fausses nouvelles, mais c'est une autre histoire).

Bref, je n'ignore pas la situation actuelle, ni ses impacts à moyen et long terme sur notre pays et mes concitoyens. Mais comme simple vagabond, il n'y a rien que je puisse y faire immédiatement - bien qu'il me soit très facile de boycotter tous les produits américains alors que je me trouve au Portugal.

Je tente donc de rester sain d'esprit malgré le déluge hallucinant d'absurdités qui déferle sur nous, et un des moyens de prendre soin de ma santé mentale demeure toujours le même; me promener, explorer, découvrir autre chose, apprécier les beautés du monde, d'où acte.

Une fois rentré au pays - et ce moment arrive toujours trop vite, toujours - je sais que je serai totalement inondé, donc autant en profiter pendant que j'ai un océan entre moi et la connerie absolue.

Je continuerai donc de vagabonder et documenter ici mes découvertes et mes explorations locales.

Et d'accompagner mes billets de photos, comme celles de ce billet-ci, captées à Albufeira hier en fin de journée lors d'une promenade dans son centro historico.

Une note amusante en terminant; non seulement on a entendu parler du Canada au Telejornal, mais en plus, on a même vu à plusieurs reprises notre premier ministre, Justin Trudeau - encore hier aux infos de 3 @18 sur RTP3 (équivalent RDI) , puisqu'il est actuellement au Portugal (Lisboa) où il est venu assister aux funérailles de l'Aga Kahn avant de se rendre à d'autres rencontres européennes à Paris et Bruxelles.




L'Esprit Vagabond, journal de voyage, jour 21.

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samedi 8 février 2025

Quand on s'éloigne de la mer - poésie et beauté des ruines modernes

S'il y a une chose que j'ai remarqué l'an dernier, et qui m'en encore plus frappé lors de mes vagabondages dans Loulé et Salir (billet à venir), c'est que dès qu'on s'éloigne des secteurs connus de l'Algarve - donc des villes touristiques en bord de mer et les secteurs de resorts - on peut voir une quantité non négligeable de maisons abandonnées, même en pleine ville, et pas seulement dans les petits villages reculés.

Il y a de ces cas même dans les villes plus touristiques comme Faro, Albufeira et Lagos, mais on parle de quelques maisons, clairsemées et généralement coincées sur de petits terrains sur des rues étroites de la vieille ville, ou bien encore sises dans des secteurs éloignés de la mer et des touristes.

À Loulé et Salir, j'ai vu beaucoup plus de ces maisons abandonnées, en plein centre-ville de ces villes plus modestes, à travers le reste qui est pourtant à la fois joli, bien entretenu et assez fréquenté, même pendant cette période « hors-saison » qu'est l'hiver en Algarve.

J'ai donc décidé de prendre quelques photos, afin d'illustrer cette réalité, et de ne pas oublier que c'est aussi ça, l'Algarve, c'est aussi ça, le Portugal. Dans des années, quand je consulterai mon journal de voyage, je ne veux pas que cette réalité en soit absente, ça fait aussi partie du voyage, de voir des ruines modernes.

Et, je dois avouer, je trouve toujours une certaine poésie et une certaine beauté dans le déglingue.


En face des Jardins de Sao Francisco et près de l'église du même nom, cet édifice qui a connu des jours meilleurs et une certaine grandeur - on espère qu'il sera éventuellement restauré.


Même souhait pour celui-ci, qui s'élève encore sur un coin de la Rua de Nossa Senora da Piedad.


Sinon, plusieurs petites maisons abandonnées, aperçues dans deux secteurs de la vieille ville; les petites rues serpentant le secteur autour de Sao Domingos, et celles entre le Castelo et l'Igreja Matriz.


Même à la gare d'autobus, on peut voir certaines ruines modernes.


Au croisement de deux rues étroites.


Porte condamnée.


Vue plus générale d'une des rues du secteur Sao Domingos.


Autre rue du même secteur.

Enfilade de petites maisons ayant connu des jours plus glorieux.

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