vendredi 1 janvier 2010

Mi camino Maya: Takalik Abaj

Takalik Abaj est le site des ruines de l'ancienne cité Maya du même nom. Originalement une cité Olmèque, Takalik Abaj a conservé quelques artefacts des diverses périodes de son histoire.
Aujourd'hui, il s'agit d'un petit site archéologique où le visiteur peut explorer quelques ruines et quelques morceaux de stèle ou d'autel et apercevoir ici et là les vestiges d'anciens monuments et les restes à peine identifiables de quelques édifices. Il ne s'agit donc pas d'un site majeur, d'autant plus que l'ensemble de ce qu'était Takalik Abaj à son apogée est étendue et que le gouvernement actuel du Guatemala ne possède qu'environ 35% des terres où se situait Takalik Abaj.
Le reste appartient à des fincas privées opérant des plantations dans la région, qui est connue pour son café, son cacao et ses bananes.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas nationalisé les terrains de ce site archéologique historique? La réponse est simple: les gouvernement du Guatemala depuis les années 50 ont été soit carrément contrôlés par les américains, soit militaires, soit financés et appuyés par les grandes compagnies locales et internationales du pays (et souvent, un mélange des trois influences). Il se dégage de cet historique politique une mainmise de tout ce qui est économiquement important au pays (produits de consommation de masse, terres agricoles, ressources naturelles) par des compagnies qui défendent bien leurs intérêts auprès d'un gouvernement dont l'appui dépend de ces mêmes compagnies.
Takalik Abaj se perdra donc dans les méandres du temps sous les caféiers et bananiers et son histoire disparaîtra. (Anecdote amusante, nous avons demandé à un des guides de Takalik Abaj si les plantations de café se visitaient, et il nous a dit qu'on pouvait toujours s'y rendre par des sentiers, mais qu'il s'agissait de propriétés privés, et qu'il était dangereux de s'y aventurer!)
L'exception demeure donc le petit morceau de terres que le gouvernement possède. On peut y entrer pour 50 Quetzales, mais impossible de s'y balader ou de laisser cours à son imagination comme quand on visite des sites comme Chitchen Izta, Uxmal ou encore Tikal, car à Takalik Abaj, la visite guidée est obligatoire, coupant cours à l'exploration personnelle et l'imagination.
Takalik Abaj est donc un site qui s'avère décevant pour le visiteur habitué aux sites archéologiques plus impressionnants. Ce n'est pas tant la taille - j'ai visité des petits sites auparavant - comme le fait qu'une partie du site seulement ne soit disponible et que l'on soit obligé de suivre un groupe au pas, ne pouvant décider de notre rythme ou des impressions et informations qui sont bienvenues ou intéressantes.
N'empêche, si Takalik Abaj était situé à quelques minutes de route, j'aurais globalement apprécié le visiter. Mais de Xela, il est un peu plus loin alors faire la route de Xela pour visiter le site s'est avéré une expérience en deça de mes attentes.
Nous sommes partis de notre auberge à 8h30 précises. La route de Xela à Retalhuleu devait prendre 1h15 et Takalik Abaj est situé à proximité d'un village, El Asintal, à 15 km à l'ouest de Reu. Comme tout le monde (et les livres de références) parlent de près de deux heures pour s'y rendre de Xela, nous savions que l'aller-retour (principalement en chicken bus) serait un peu pénible. Ce genre de considération fait en sorte que vous mettez plus de pression sur le site pour qu'il en valle la peine. En comptant 2h aller et 2h retour, plus 2h sur le site, j'avais imaginé être de retour à Xela vers 14h30, 15h.
Haha.
Comme nous sommes en Amérique latine, nous sommes plutôt revenus à l'auberge passé 17h30.
Des neuf heures de notre journée, nous avons passé un peu moins de deux heures à Takalik Abaj, le reste a été passé sur la route; en chicken bus, à l'arrêt, dans des boites de pick-up et à pied.
Est-ce que ça valait la peine? Comme je le disais, le site comporte ses déceptions, mais aussi ses surprises: Le parc archéologique est situé dans une forêt semi humide très luxuriante et les ruines émergent de cette végétation exotique en créant de beaux effets, on a pu admirer quelques oiseaux exotiques, on a vu des coatis et des singes-araignées (il y a une petite réserve faunique dans le parc), et, élément important, nous avons pris toute l'expédition comme une aventure, et c'est ce qu'on a vécu comme journée, plutôt qu'une simple visite d'un site historique.
Je suis donc bien content d'y être allé, content de ce que j'y ai vu, mais je ne pense pas que j'y retournerais demain... :-)
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Photos et reportage de notre journée.





8h30, nous partons du 7 Orejas.
Après avoir marché dix minutes, pris un microbus vers La Minerva, traversé le mercado du même nom et atteint le terminal de Xela, nous sommes monté dans notre premier chicken bus. Celui-ci nous a fait faire le grand tour (littéralement: autour) de Xela. Nous sommes donc arrivés à Zunil (normalement à 10 minutes de Xela) après 45 minutes de chicken bus... puis avons zigzagué vers Retalhuleu. En passant à El Zarco, je me suis informé si c'était mieux de descendre là où à Reu pour prendre un bus vers El Asintal. Notre chauffeur nous a informé que passé Reu, il allait à El Asintal. Bueno. Nous avons donc passé 10 minutes d'attente dans le bus à Retalhuleu, puis avons continué... jusqu'à l'embranchement de la route régionale et de la route menant à El Asintal, où nous avons été débarqué. Là, un pick-up nous a pris pour nous faire couvrir les quelques 5 km jusqu'au village d'El Asintal. J'ai pris cette photo pendant cette portion du trajet.





11h30, nous arrivons à El Asintal. Nous prenons quelques informations pour le transport. Soit on fait le trajet vers Takalik Abaj à pied (4km sur une petite route asphaltée, mais en plein soleil - et nous ne sommes plus dans les montagnes près de Xela, mais plus près de la côte, où il fait un soleil de plomb. Sinon, on peut prendre un autre pick-up, pour 5Q par personne... en attendant que le pick-up compte 7 passagers, ou on peut partir sur le champs en payant pour 7, soit 35Q. Bof, nous sommes 3 et ça représente moins de 5$ au total, donc nous prenons l'option immédiate.
11h55. Nous arrivons enfin à Takalik Abaj... ou nous apprenons que le tour guidé est obligatoire et que nous ne choisissons donc pas notre visite ni le temps que l'on passera sur le site. Déception, surtout après 3h30 de transports inconfortables. Nous commençons notre visite; après quelques minutes, nous passons à côté de cette stèle, la plus haute de Takalik Abaj.



Sinon, le site est enchanteur par la végétation luxuriante qui entoure les ruines. Ici, on devine les escaliers d'un édifice pyramidal. À Takalik Abaj, aucune construction n'était très haute, mais plusieurs étaient plutôt larges. Le site date de la période pré-classique, donc à une époque où les mayas ne construisaient pas avec des pierres rectangulaires taillées mais avec des roches et pierres trouvées ici et là, donc souvent plus rondes.



Suze et Esteban dans les sentiers, à travers la végétation tropicale.



Ces fruits rappellent les célèbres durian de l'Asie, ce fruit malodorant interdit dans les lieux publics. Mais je ne sais pas si cette version latino est similaire ou totalement différente.



À Takalik Abaj, très peu de bas reliefs ou d'écritures ont survécus au passage du temps et à l'usure du site par son exploitation agricole avant qu'il ne soit protégé. On peut voir ici une des rares pierres arborant toujours quelques hiéroglyphes de l'époque maya.



Une fois de plus, c'est la nature qui donne au site son aspect mystérieux et spectaculaire, et non ses ruines. Esteban et Suze passent ici sous un impressionnant dattier.



De l'époque Olmèque demeurent quelques petites sculptures devant les restes des temples. Elles ressemblent à de petits singes grassouillets, mais sont en fait des représentation humaines; les olmèques représentaient les figures humaines avec beaucoup de rondeurs, autant pour le corps que pour le visage.



Enfin, on peut aussi admirer quelques vestiges de représentations animales; crapaud, grenouille, jaguar, et ici, une tête de crocodile. Le reste des monuments et édifices sont tellement épars, détériorés et isolés qu'il est difficile de se faire une idée de l'allure du site à son apogée (en plus de l'impossibilité de visiter 60% de son territoire). On doit se contenter de profiter de chaque vestige indépendamment des autres reliefs du site.
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13h45, visite terminée. Nous prenons une pause dans la tienda de Takalik Abaj... en grignotant quelques croustilles et attendant un pick-up vers El Asintal. Nous avons appris entre temps (par le guichetier de Takalik Abaj) que le tarif maximum pour un pick-up vide est de 25Q et non 35Q. Il passe un pick-up mais il ne nous voit pas et continue sa route. Nous décidons de partir à pied. Dix minutes plus tard, alors que je remarque que les caféiers sont en fleurs dans les plantations bordant la route, nous arrêtons un pick-up de passage et filons donc vers El Asintal pour 5Q chacun.
Rendu au village, on patiente quelques minutes au parque central puis on aperçoit un vieux chicken bus qui annonce un départ pour Reu. Nous montons, le tarif est de 3Q par personne. Le bus est le plus déglingue que j'ai pris depuis mon arrivée (Esteban: "Ce bus doit dater de 1936!") et on se fait brasser comme des sacs de patates. L'engin a de la difficulté à négocier les montée ou même à atteindre 30 km/h. Au moins, on ne risque pas la collision ou la chute dans un ravin à tous les kilomètres.



Nous atteignons quand même un terminus de Retalhuleu, d'où nous devons trouver l'autre portion du terminus, un peu perdu dans un immense mercado labyrinthique (photo de Suze devant moi) pour dénicher un bus qui va vers Xela. Nous en trouvons un qui pars deux minutes après, fait la moitié d'un tour de ville, puis s'arrête 20 minutes dans un autre mercado. Puis, le bus repart, roule au pas (genre 5 km/h) pendant ce qui semble une éternité avant d'aboutir à la jonction de El Zarco à quelques km à peine. Enfin, nous reprenons une vitesse normale, puis une vitesse excessive, évidemment, dans les zigzags routiers des montagnes menant à Xela. Lors de ce retour, ce qui nous sauve la vie, comme à l'aller, ce sont les merveilleux et providentiels camions de livraison de Pepsi Cola, Coca Cola et Cerveza Gallo, qui, en conduisant relativement plus prudemment, obligent le bus à ralentir dans les courbes critiques de la route. En l'absence de ces camions, le chauffeur conduit en maniaque, usant du klaxon et de la voie de gauche à la moindre occasion.
Je note que le retour coûtera pas mal moins cher que l'aller; sans se faire avoir de quelques quetzales par un pick-up privé, et avec le chicken bus qui va d'El Asintal directement à Reu au lieu de nous laisser à l'embranchement, on économise environ 22Q (presque 3$ chacun!).
Nous aboutissons enfin à Zunil, mais reprenons la même route désespérément longue autour de Quetzaltenango au lieu de la route directe; après un temps interminable à se faire brasser dans le chicken bus, nous revenons au terminal de la Minerva de Xela, traversons le marché en cinq minutes, puis montons dans un microbus vers le centre-ville. Le micro est pas mal plein, et le chauffeur est pressé de repartir. Suze et moi montons, Esteban, du haut de ses six pieds trois pouces a plus de difficulté à négocier l'embarquement dans ce bus fait pour des petites personnes. Éclats de rires généralisés de le voir se débattre pour garder son équilibre, le dos et le cou pliés, alors que nous sommes tous trois debout dans le petit bus au toit bas. Esteban passe un commentaire sur nos transport qui, fatigué comme je le suis, me fait rire aux larmes: "À chaque fois, je pense avoir touché le fond, mais non, on descend encore plus bas!"
J'en ris encore quand nous débarquons rue Robles pour descendre la 16a Avenida vers le 7 Orejas. Nous rentrons à l'auberge. Il est passé 17h30.
C'est seulement à ce moment que je réalise pleinement que pour passer moins de deux heures sur le site archéologique de Takalik Abaj, nous avons passé près de 7h dans un total de 8 transports différents, soit deux microbus, trois chicken bus et trois boites de pick-up.
Je suis - littéralement - épuisé.

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