La petite ville de Moulay Idriss est nommée en l'honneur de celui qui est considéré comme le fondateur du Maroc. Moulay Idriss el Akhbar est arrivé de Damas autour de l'an 787. Il est une figure importante de l'Islam, puisqu'il était l'arrière petit-fils du Prophète lui-même. Il aurait d'abord été reçu à titre d'Imam à Volubilis, qui était alors une ville encore importante. Quelques années plus tard, il a fondé une petite ville qui deviendrait la capitale de son petit royaume. Il débuta également la construction de la ville de Fès. Il fût assassiné (pour des raisons politiques et religieuses; ceci se passant après la séparation du monde musulman en deux factions), mais au lieu de d'effondrer, son royaume prospéra sous la gouverne d'un régent fidèle à Idriss, puis sous le règne de Moulay Idriss II.
Moulay Idriss est donc considéré comme le fondateur du Maroc, puisqu'il a été le fondateur de la première dynastie Arabe du pays, et le premier à unir plusieurs des cultures présentes sur son territoire, dont les tribus berbères. Étant un direct descendant de Mahomet, Idriss est donc également considéré comme un saint.
Moulay Idriss II allait faire de Fès sa capitale, et c'est pourquoi la petite ville fondée par son père, non loin de Volubilis, n'allait jamais devenir très grande. Et comme cette petite ville est située à cheval sur deux collines, on dit que la ville a la forme d'un dromadaire.
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Pour le visiteur non-musulman, il n'y a pas grand chose de spécifique à voir à Moulay Idriss. La proximité de la ville sainte entre Volubilis et Meknès en a fait un arrêt intéressant où passer le reste d'une journée d'excursion à l'extérieur de la ville. Nous avons donc d'abord erré un peu dans les petites rues menant à la place principale de la ville, et jeté un oeil à l'entrée du mausolée de Moulay Idriss; là où le saint repose. Le site est tellement important dans le monde musulman, qu'un pèlerin qui s'y rend peut compter qu'il a accompli un cinquième de son pèlerinage à La Mecque. Le mausolée est évidemment interdit au non-musulmans.
Comme la ville est érigée sur les collines, on peut évidemment s'aventurer dans ses rues en pente et en escalier pour se rendre à quelque point de vue. Nous faisons une première tentative sur la colline nord, mais en vain; nous aboutissons invariablement dans des culs de sacs. Après être redescendu à la place principale - sise dans le creux entre les deux collines - nous grimpons à nouveau, mais de l'autre côté, où on nous a dit qu'il existe une terrasse. Évidemment, à chaque détour, un local s'improvise guide et nous accompagne malgré mes protestations, en sachant qu'il sera difficile de lui refuser un pourboire pour son aide une fois sur la terrasse avec vue. Nous prenons soin de nous éloigner, de changer de chemin, de prendre la mauvaise rue et de faire des pauses photos, le temps de perdre le guide... et de retomber sur un autre deux minutes plus tard, ou dix mètres plus loin. Après une demie-heure, c'est au point où nous envisageons carrément de ne pas aller sur la terrasse et simplement rebrousser chemin. Après tout, ce n'est qu'une vue et l'omniprésence de ces guides-forcés énerve le voyageur indépendant qui veut simplement profiter du moment et le partager avec sa compagne de voyage, en toute tranquilité. À quoi peut bien servir une ville sainte s'il n'y a pas moyen d'avoir la paix? :-)
Nous zigzaguons donc dans les ruelles, empruntons des passages et couloirs, montons gradins et escaliers... croisant étrangement peu de gens, à part ceux qui veulent nous forcer à les engager comme guide.
Nous atteignons enfin la "petite terrasse" où un énième local s'improvise guide de site en se faisant passer pour le gardien de l'endroit. Il nous montre le mausolée, la mosquée (très facilement identifiables - c'est souvent le propre des guides improvisés; ils vous montrent l'évidence)... mais fini par comprendre que nous ne sommes que peu intéressés à une visite guidée et que nous ne verserons pas un pourboire en y étant forcé pour un service que nous n'avons pas demandé.
Nous montons un peu plus haut et atteignons un point de vue sur l'ensemble de la petite ville.
Parmi les choses intéressantes à voir, on peut remarquer le seul minaret cylindrique du pays; celui d'une medersa érigée avec des matériaux ramassés à Volubilis.
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Après notre descente dans les ruelles et escaliers de la ville, nous revenons vers le stand de grands taxis, patientons une vingtaine de minute, le temps qu'assez de passagers vers Meknès se pointent, et notre transport collectif prends la route.
Nous aurions pu, si nous avions voulu, passer la nuit à Moulay Idriss. Cette mention peut paraître étrange, mais c'est qu'avant 2005, on nous aurait interdit de demeurer dans la ville sainte après le coucher du soleil. Aucun non-musulman n'avait le droit de coucher à Moulay Idriss avant que cette interdiction ne soit levée par le roi en 2005.
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Nous nous sommes entassés dans la vieille Mercedès (six passagers et le chauffeur). Le conducteur a le regard un peu vitreux de celui qui n'a ni bu ni mangé de la journée (Ramadan oblige). Ses réflexes ne semblent pas très aiguisés mais il conduit néanmoins de manière bien imprudente; on est loin du Guatemala ou de l'Équateur, mais il conduit bien trop vite pour cette route sinueuse où on ne sait jamais ce qui viendra dans la courbe suivante. Il double tout véhicule devant lui dès que l'occasion se présente, et suit donc à un mètre à peine des camions avant de tenter le dépassement. Un bibelot en forme de dromadaire est suspendu au rétroviseur. Ça me change des Saintes Vierges de l'Amérique Latine. Mais l'imprudence incroyable de tous les conducteurs rencontrés dans divers pays où la population est très religieuse m'étonnera toujours; le Maroc ne fait pas exception; dromadaire ou non.
Alors que notre conducteur prend son mal en patience derrière deux camions, un autre taxi s'élance pour doubler le premier camion; on le perd de vue un moment, puis il revient vers notre gauche dans un glissement précédé d'un bang! et de l'arrêt complet de deux véhicules; un sur la route, l'autre dans le fossé. Les camions freinent, notre voiture également, chacun s'arrêtant n'importe où sur la route et sur le bas-côté. Le taxi ayant tenté le dépassement a frappé de plein fouet une voiture roulant en sens inverse et qui serrait à sa droite après un dépassement. Les gens s'engueulent, mais il ne semble pas y avoir de blessé grave. Après quelques minutes, la situation semble relativement sous contrôle, et nous reprenons la route.
Un des passagers assis à l'avant fait une critique de la manière de conduire des chauffeurs de taxis, et d'autres passagers semblent d'accord. Une discussion (en arabe) s'en suit entre certains passagers et le chauffeur, qui s'anime en bougeant les bras et en quittant trop souvent à mon goût la route des yeux. Surtout qu'il ne ralentit pas nécessairement en exprimant ses arguments entre deux courbes négociées serrées.
Nous arrivons enfin à Meknès, où nous encourageons notre conducteur à être prudent à l'avenir. Une des passagères en fait autant. Il nous remercie, mais on voit bien qu'il ne réalise pas qu'il conduit dangereusement.
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Quelques photos supplémentaires de Moulay Idriss;
Suze pose devant un passage, servant d'excuse au temps que nous faisons mine de perdre, afin de décourager un local de s'improviser guide...
Une des "rues" en gradins de Moulay Idriss.
L'avantage de ces rues en escaliers, c'est le peu de trafic qu'on y rencontre. Une fois passé le stand de taxi à l'entrée de la ville et la place principale, aucun véhicule ne peut circuler dans Moulay Idriss.
Une vue du mausolée de Moulay Idriss, captée de la petite terrasse.
Partie de football improvisée par trois enfants, sur une rue où la pente est moins accentuée.
Deux dames et un homme porté par son âne s'éloignent par la porte de la ville sainte de Moulay Idriss
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