Au levé du soleil, le départ pour Marrakech n’apparaît plus certain du tout. Suzie est malade. De sérieux problèmes digestifs. La matinée est donc difficile pour elle et nous oublions le déjeuner. Suze tente de se reposer entre les hauts-le-cœur mais n’arrive pas à calmer son estomac, même vide. Une gravol plus tard, toujours, rien à faire. La fatigue l’emporte finalement et elle récupère un peu. Je file me chercher une sorte de pain-gâteau salé avec du fromage kiri en guise de déjeuner ; il est 10h30. Nous devions prendre le bus de 11h30 pour lequel nous avons des billets. Vers 11h, Corinne propose d’échanger nos billets avec les siens pour prendre le bus à 15h au lieu de 11h30. Nous profitons donc de cette possibilité avec enthousiasme. Suze dispose donc de quelques heures de plus, alors que je n’ai aucun mal à négocier un check out tardif avec le préposé de l’hôtel. Il accepte aussi de prendre des bagages en consignation gratuite pour deux semaines (incluant ceux de quelques membres de notre petit groupe improvisé), puisque nous repassons par Casa avant notre départ du Maroc.
Nous quittons l'hôtel à 14h30, à la marche, moi avec les deux backpack et Suze avec les sacs de jour et nous atteignons la gare CTM. Une longue attente s’ensuit car le bus de 15h n’est pas là. Le bus arrive à 15h45. Suze, qui dort sur le banc de la gare, n’arrive plus à se lever. Je l'aide à se rendre vers la porte menant aux quais. Elle marche un peu, s’assoit à nouveau, puis s’assoit par terre une fois la porte passée. Nous approchons du bus, elle manque de perdre connaissance. Je la guide jusqu’au bus, puis la place sur notre siège en lui faisant boire un peu et prendre une gravol. Nous partons pour Marrakech. Suze dort tout le long du trajet d'un peu moins de 5h.
À l’arrivée, reposée, elle va beaucoup mieux et a faim, un très bon signe qu’elle se remet.
Je vais lui chercher une assiette de riz dans la place Djema el Fna puis nous nous couchons tôt. Nous sommes hébergés à la Riad Celia, un magnifique endroit où se loger à Marrakech.
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À notre arrivée à Marrakech, l’air est sec. Sec et chaud. (Il faisait 49 degrés). Nous avons emprunté un petit taxi du terminus CTM à la medina. L’air est tellement chaud que je dois fermer ma fenêtre malgré l’absence de climatisation; je préfère l’intérieur suffocant à cet air trop chaud dans la figure. La fenêtre ouverte donne le même effet que si l’on pointait un séchoir à cheveux vers mon visage.
Le lendemain matin, il fait déjà une température incroyablement chaude au levé du jour. Notre déjeuner confronte ma phobie des insectes piqueurs puisque notre table est envahie par les abeilles qui semblent apprécier la confiture et la marmelade. Il en sera de même chaque matin.
Marrakech est une ville gigantesque. La medina est incroyablement étendue et dense et forme un labyrinthe hallucinant dont je n’aurai pas trop de quelques jours pour en maîtriser uniquement les grandes lignes. Nous nous perdons dans les souks, bavardant ici et là, fouinant dans les produits proposés, et on s’égare complètement de l’itinéraire prévu à l’origine.
Je me rends rapidement compte que la carte des souks dont je dispose est superbement composée mais totalement inutile sur le terrain; les allées sont non-identifiées, étroites, ici recouvertes de toiles ou de bambous, là accessibles par des arches et portiques parfois fermés ou camouflés par diverses marchandises. Les édifices se confondent avec les kiosques informels et les allées pour former un amalgame de corridors et de salles et de stalles fourmillant de clients, vendeurs, passant et crieurs, de charlatans et de démarcheurs. L’ensemble est bruyant et chaotique mais pas au point d’être désagréable. Il y a de la vie, c'est dépaysant, et parfois amusant. On se croirait dans Tintin et le crabe aux pinces d'or.
Le décor est aussi fascinant. Au détour d’une allée, une porte en arche, l’entrée d’une mosquée ou d’une medersa. Dans une ruelle en terre, des jeunes à vélo croisent des hommes poussant une brouette, ou la faisant tirer par un âne, ou une mule. Les femmes sont parfois voilées, parfois non, et parfois habillées d’une simple paire de jeans et d’un chandail. On voit quelques manches courtes, mais ça semble moins ouvert qu’à Tanger ou Casa. Les seules filles habillées légèrement (jupe ou short avec tee-shirt ou camisoles) sont clairement des touristes.
Autour de la très grande place Djema el Fna, c’est achalandé, plein de bruit et d’odeurs diverses. Épices, fruits, grillades se mêlent aux cris des vendeurs et aux flûtes des charmeurs de serpents. Les motos et voitures qui passent sur la place ne semblent liées à aucun règle de trafic particulière, roulant dans n’importe quelle direction et filant ou arrivant des rues les plus larges donnant sur la place. Cette place, qui est le cœur de la medina, sera notre point de référence pendant les jours passés dans la vieille ville de Marrakech. Notre Riad est située à cinq minutes à pied de Djema el Fna.
Une Riad, c'est en fait une maison d'hôte. Il s'agit d'anciennes grandes maisons bâties autour d'un jardin central, qui ont été converties en auberges, pouvant offrir quelques chambres à un petit nombre d'invités.
On en trouve dans les grandes villes du Maroc, mais c'est à Marrakech que ces établissements ont commencés. Riad, en fait, désigne le jardin autour duquel ces habitations anciennes avaient été construites. Le nom est devenu celui des maisons d'hôtes. Il faut se méfier, désormais, de l'appellation, puisque dans certaines villes, des grandes auberges ou petits hôtels prennent le nom de Riad mais comportent 50 chambres et n'ont rien du charme de ces anciennes grandes demeures converties. La plupart des vraies Riads sont luxueuses et hors de prix pour des voyageurs sur notre genre de budget, mais à Marrakech, pour quelques dollars de plus qu'une petite chambre d'auberge, nous avons déniché la Riad Celia qui s'avère un lieux merveilleusement agréable où demeurer.
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En soirée, nous passons par la place Foucault, où se stationnent les calèches attendant les touristes pour un tour de la medina. Nous visitons la cour de la mosquée Koutoubia, dotée d'un haut minaret que l'on voit de partout en ville. Comme tous les minarets du Maroc, il s'agit d'une tour carrée aux proportions fixes (5:1). Cette uniformité des proportions des minarets a pour effet qu'il est toujours difficile de déterminer à quelle distance ils se trouvent de nous. La cour de la mosquée de Koutoubia est pleine de gens qui se font prendre en photo adossés au minaret.
Ce dernier, qui date des années 1100 a servi de modèle à la Giralda de Séville, que j'ai visité cet été.
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Quelques photos supplémentaires:
Vendeur de fruits du cactus, acheteur à motocyclette.
Dans une allée, près de notre Riad.
Dans une des rues de la medina.
Une des innombrables portes en arche de la medina.
Marchand de tapis, à la place Djema el Fna. Notez le minaret en arrière-plan, aux même proportions que celui de Koutoubia.
Une des portes principales des fortifications de Marrakech. Photo prise de l'extérieur des murs, sur un boulevard de la ville nouvelle bordant la medina.
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