Le lendemain de notre arrivée à Fès, 11 août, nous pensions que c’était le début du Ramadan, mais notre aubergiste croyait plutôt que c’était le 12, et il semble qu’il avait raison. Nous avons donc pu avoir un excellent déjeuner au Restaurant Kasbah, étrangement servi avec indifférence et nonchalance. La journée a essentiellement été constituée d’une très longue marche dans El Bali, et de la visite de deux medersas fort belles. (En un mot, une medersa est une école religieuse islamique). La première, la medersa El Attarin, située juste à côté de la mosquée Kairaouine est un édifice absolument splendide, l’un des plus beaux édifices visités au Maroc. Ça n’est pourtant pas très grand, loin des palais, et nous ne visitons en réalité que deux pièces, dont la spectaculaire cour centrale. L’ampleur des détails de cette medersa érigée en 1325 est incroyable. Comme la medersa est un lieu très calme, c’est aussi une belle manière de se reposer des ruelles achalandées du centre de la medina après quelques heures de marche; on a presque envie d'y rester pour méditer longuement.
Après avoir capté quelques images de l’entrée de la mosquée (lieu interdit aux non musulmans), nous visitons également la medersa Bou Inania, dont j’ai lu que c’était l’édifice le plus magnifique du Maroc. C’est effectivement un lieu d’une grande beauté et qui vaut amplement les 10 dirhams que l’on demande comme droit d’entrée, mais étrangement, je lui préfère sans conteste El Attarin. La décoration est similaire à El Attarin, et la beauté de la chose est rehaussée par l'exotisme des motifs, des inscriptions et de la répétition. Comme l'Islam interdit les représentation figurative, tout est composé de formes géométriques et d'inscription en kufique.
C'est l'opposé de la décoration occidentale, où on tente de placer les éléments qui attirent ou dirigent le regard. Les medersas sont décorées avec des motifs géométriques petits mais répétés des milliers de fois; le visiteur n'est pas tenté de fixer son regard à un endroit spécifique mais se laisse aller les yeux, et les pensées.
L'effet est incroyablement relaxant à chaque fois. Les deux medersas me convainquent donc de pousser plus loin à la recherche de Es Sahrija, dans le quartier où les musulmans exilés d’Andalousie après la reconquête castillane sont venus s’installer il y a plusieurs siècles.
Un long et épuisant détour nous mène donc dans le quartier andalous, plus déglingue, et dont la medersa est malheureusement fermée pour rénovation. Le reste du quartier n’a pas grand-chose à proposer au visiteur et après avoir été abordé par quelque guide improvisé en manque de pourboire une fois de trop, nous rebroussons chemin vers le centre d’El Bali.
Le soleil tape fort et il fait au moins 46-48 degrés en après-midi. Nous buvons du cola, de la citronnade, de l’eau et de l’eau gazeuse par litres. Nous mangeons donc peu, une pêche suffisant à titre de dîner.
En fin d’après-midi, je suis tellement fatigué de me faire aborder par des locaux désirant me guider vers les tanneries que je décide de ne pas visiter les tanneries. (En d’autres termes, je suis tanné des tanneries! Hehehe). Je sais comment ça va finir de toute manière; on m’accueillera avec le sourire et on m’invitera « pour le plaisir des yeux », on me fera une intéressante démonstration du travail des tanneurs, mais on s’offusquera si je n’achète rien sur place. J’avoue que le manège commence à m’avoir à l’usure et ce comportement trop insistant sur l’aspect commercial de toute rencontre me fait décider d’éviter carrément la visite.
Cet aspect de la visite pourrait déplaire à certains, mais comme on se trouve dans la plus ancienne capitale impériale du Maroc - et probablement la mieux préservée des ville médiévale du monde arabe, le décor suffit amplement à nous émerveiller malgré les irritants passagers dû à certains commerçants insistants. Nous passerons donc une journée de plus à explorer Fès.
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Photos supplémentaires de la medina de Fès:
Un aperçu furtif de la mosquée Kairaouine, érigée en l'an 857. Jusqu'à l'inauguration relativement récente de la mosquée Hassan II de Casablanca, Kairaouine était la plus grande mosquée du Maroc. C'est encore aujourd'hui le centre religieux du pays; c'est de cette mosquée qu'est fixé le calendrier officiel du Ramadan. Bien qu'elle soit très vaste, la mosquée est coincée entre ruelles et allées de la medina; on n'a jamais une vue de l'édifice pour juger de sa taille. Et comme seuls les musulmans peuvent y entrer, le visiteur non musulman n'a pas non plus de vue de l'intérieur pour apprécier l'endroit. La "vue furtive" captée au passage d'une porte ouverte est tout ce que j'ai pu voir de Kairaouine.
Vue de la cour centrale de la medersa El Attarin, au bout du souk du même nom, situé à quelques pas de Kairaouine, dans le plus vieux quartier de la medina El Bali. La décoration va des tuiles de céramique du plancher au plafond à caisson de cèdres en passant par les inscriptions et les arches de stuc et de bois. Géométrie et symétrie sont le mot d'ordre. Beauté et calme se rencontrent.
Suze dans la medersa El Attarin. Derrière, on peut admirer le fin travail sur les portes en bois.
Porte principale double, à tympan de la medersa Bou Inania... et vue sur la rue principale Talaa Kebira et le vendeur de melon d'eau.
Décoration (stuc et bois) du second étage de la cour centrale de Bou Inania. Les petites fenêtres (comme celle de droite) donnent sur les "cellules" des élèves (chambre des pensionnaires), mais ne sont pas accessibles au visiteurs.
Vue des murailles crénelées de Fès, de la place Baghdadi, près de place Boujeloud, juste avant le coucher du soleil. À l'extrême gauche, la porte qui mène sur l'Avenue des Français.
Vue en plan rapproché du tympan de la plus splendide porte du Maroc: Bab Boujeloud. Ce côté (bleu de Fès) est du côté de la place homonyme. L'autre côté est vert (couleur officielle de l'Islam) et fait face à la medina. Au centre du tympan, on peut voir le minaret de la medersa Bou Inania, ainsi que le minaret d'une petite mosquée sur la rue Talaa Seghira.
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Notes: La première photo de ce billet est aussi une "vue furtive" de la mosquée Kairaouine. La 4e photo accompagnant le texte a été prise dans le quartier andalous.
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