dimanche 9 octobre 2022

Uffizi

Je ne parle pas beaucoup de mes visites dans les musées dans mon journal. En partie parce que d'une certaine manière, les musées d'art se ressemblent tous (même s'ils ne présentent pas les mêmes oeuvres). De plus, dans plusieurs, on ne peut prendre de photos. Aussi, je ne vois pas beaucoup l'intérêts - vu les nombreux sites web et livres sur l'histoire de l'art et autres sources signées par des experts en la matière - de décrire telle ou telle peinture ou sculpture que j'ai pu admirer dans tel musée, vu mon amateurisme évident. Je fais une exception aujourd'hui avec l'Uffizi.
Pour moi, oui, c'est l'Uffizi (singulier), le musée de Florence que j'ai visité en 2003 malgré un maigre budget de voyage. À cette époque, je ne connaissais pas grand chose de l'histoire de ce musée, ni son nom en français («les offices», pluriel), ni même beaucoup sur l'art de la renaissance à part quelques classiques dont je n'avais évidemment jamais vu les originaux. La visite avait été marquante - les deux grands tableaux non religieux de Sandro Botticelli laissant un souvenir impérissable de ce musée et de Florence.
Aujourd'hui, vingt ans plus tard, je revenais donc à l'Uffizi. Entre temps, le musée a pas mal changé - il est d'ailleurs en train de se réinventer: la collection a été présentée différemment et des oeuvres jusque-là impossibles à admirer sont maintenant bien en vues, mais les travaux ne sont pas terminés, donc une partie de la collection et des pièces n'est donc pas accessible. Il faut dire que j'ai changé aussi depuis 2003 - j'ai beaucoup voyagé, visité d'autres musées, apprécié et découvert d'autres périodes que la renaissance italienne (focus principal de l'Uffizi, même si le musée possède des oeuvres d'autres époques et genres). Il est donc normal que la visite ne m'ait pas procuré le même genre d'impression que la première fois - mais malgré ça, j'en ressort vraiment content d'avoir vu (ou revu) certaines pièces absolument incroyable dans leur version originales. On ne peut pas être déçu par autant de beauté.


L'édifice lui-même a été conçu par un contemporain de Michelangelo, Georgio Vasari (probablement le fondateur de l'histoire de l'art, avec son livre sur les peintres et sculpteurs). La commande était un édifice à bureau pour les fonctionnaires du régime des Medici. L'immeuble en forme de U est rapidement devenu, avec ses grandes fenêtres et ses couloirs larges et spacieux, un endroit de prédilection pour y exposer des oeuvres d'art des Medici. Ainsi est né le plus grand musée d'Italie - et d'où il tire son nom: «Uffizi» signifiant littéralement «les bureaux» (oui, pluriel, même si je m'obstine à dire l'Uffizi).


Les couloirs principaux - aujourd'hui remplis de bustes et autres sculptures classiques de l'époque romaine - sont ornés de fresques de plafond représentant ici un membre de la famille Medici, ici un autre, avec divers thèmes pour chaque segment. Déjà, l'immeuble lui-même est une oeuvre d'art. (Évidemment, Vasari, comme Michelangelo et Da Vinci était un peintre, un sculpteur et un architecte, ce qui rappelle les origines de l'architecture et comment à une certaine époque, la conception des édifices étaient reliée à l'art plus que simplement réduit à une fonction).


Une des choses qui a changé depuis 2003: Dès l'entrée dans les premières pièces, on peut accéder aux deux salles entières consacrées à Sandro Botticelli, dont les deux magnifiques tableaux «Le printemps» et «La naissance de Vénus» forment le point central d'attention. Cette manière de dévoiler immédiatement deux des pièces les plus célèbres du musée étonne un peu - en 2003, j'avais eu l'impression de les mériter après une longue visite :-)... - ci-dessus, détail du «Printemps».


Ornementation du plafond de l'allée reliant les deux ailes principales de l'édifice - 3e étage. On peut y voir des dizaines de sortes d'oiseaux, entre autres.


Détail de «La naissance de Vénus», de Botticelli. Pour revenir sur la nouvelle présentation des oeuvres, chaque salle est désormais consacrée à un ou quelques artistes; l'affaire permet au visiteur pressé (j'imagine) de concentrer sa visite sur les quelques oeuvres ou artistes qu'il recherche sans avoir à visiter tout le musée. Cette manière de faire permet par contre moins de découverte pour le visiteur - et c'est particulièrement le cas au 2e étage, ou il n'y a pas réellement d'itinéraire et où on peut sans trop s'en apercevoir passer outre des salles entières tant l'édifice est vaste et les pièces nombreuses.


Le bas du U formé par l'immeuble est adossé à l'Arno et quand on se trouve dans la galerie qui forme la base, on a donc une belle vue sur la partie sud de Florence, incluant le célèbre Ponte Vecchio. À l'avant, à droite et en bas sur la photo, on peut voir une sorte d'édifice en couloir qui se rend jusqu'au pont: c'est le «couloir secret» élaboré par Vasari lors de la construction de l'Uffizi; il permettait aux Medici de se rendre du vieux palais (Palazzo Vecchio, à côté de l'Uffizi) à leur résidence officielle (Palazzo Pitti, sur la rive sud), en passant par les «bureaux», puis ce corridor au-dessus de la rue, corridor qui passe sur le haut du Ponte Vecchio et rejoint le Palazzo Pitti et ses jardins un peu plus loin au sud. Ce couloir de Vasari devrait bientôt être ouvert aux visiteurs, mais il est en rénovation en ce moment.


Détail d'une des peintures les plus intéressante de ma visite: «L'adoration des mages» de Leonardo Da Vinci, une oeuvre inachevée qu'il avait commencé pour une église suite à une commande. Da Vinci étant parti pour Milan en 1481 (on ne sait trop pour quelle raison semble-t-il), il a laissé l'oeuvre non terminée derrière lui. Ce qui fascine avec cette peinture aujourd'hui est justement la technique utilisée et les coups de crayons définissant les personnages, visages, robes, etc. qui sont visibles vu que le peintre n'a jamais terminé son travail. Le tableau est (pour cet amateur-ci) plus intéressant en l'état que s'il avait été mené à terme par l'artiste, un effet certainement imprévu à l'origine!


La plupart des gens connaissent surtout les célèbres anges peints par Raffaelo au bas de sa «Madone Sixtine» (dans un autre musée, à Dresden, en Allemagne). Le peintre Rosso Fiorentino y rend clairement hommage avec ces deux anges-là, qui se trouve eux-aussi au bas d'un tableau dont le sujet principal est totalement autre chose (la Vierge entourée de saints). Photo: détail de ce tableau de Fiorentino.


Au nombre de chiens que l'on peut voir sur les peintures médiévales ou de la renaissance, je n'allais pas tous les prendre en photo, mais ce détail a attiré mon attention par son originalité : un chat et un canard. Il s'agit d'un petit détail dans le coin inférieur gauche du tableau «Leda et le cygne», de Tintoretto, oeuvre qui met en scène deux personnages dont une femme avec un cygne, et qui ne semble pas avoir rapport avec ce chat ou ce canard (bien qu'il y ait un chien aussi dans cette scène, mais plus en évidence, au centre du plancher). De toute manière, remarquer le chat et le canard vous donne une idée du genre de visiteur que je suis dans les musées... À ma défense, je n'y connais pas grand chose en histoire de l'art - j'apprécie la beauté et certaines thématiques, mais beaucoup de la symbolique m'échappe.


Je termine cette visite avec un autre tableau de Rosso Fiorentino, l'ange qui joue du luth et qui - ai-je appris en lisant le petit panneau descriptif accompagnant l'oeuvre - aurait fait partie d'une oeuvre plus grande, probablement un retable religieux, Fiorentino faisant un autre clin d'oeil en incluant cet ange au bas du tableau. L'ange jouant du luth étant le seul morceau qui a survécu, c'est depuis des siècles une oeuvre à part entière.

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2 commentaires:

  1. Anonyme3:35 PM

    Tu peux écrire des livres de voyage. J’ai visité Florence en 2001 ou 2002, je ne me rappelle pas très bien l’année. À l’époque, tout était en rénovation parce la ville s’est préparée d’être la capitale européenne de la culture. Daniela L.

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    1. Haha, je ne pense pas que j'aurais la patience nécessaire à écrire les guides (à moins de quelque chose de spécialisé), je ne rechercherais pas les meilleurs restaurants, ou les meilleurs endroits pour aller danser la nuit, par exemple, et encore moins tous les hôtels ou auberges dans la ville... Et pour Florence, dommage pour toi, effectivement, quand il y a des travaux majeurs, le timing est décevant, ça m'est arrivé à d'autres endroits du monde, ça fait malheureusement partie des risques de voyager en indépendant.

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