Introduction
Au cours de l'hiver dernier, j'ai publié une série de billets à saveur socio-économique, concernant la crise économique mondiale qui a débuté en 2008 (et n'est toujours pas terminée). Suite à cette série, j'ai publié 3 billets concentrés sur le Québec face à cette crise, en tentant de remettre en contexte les diverses opinions présentes sur l'échiquier politique québécois (politicologues, sociologues, commentateurs, politiciens, etc).
Je notais dans cette série de trois billets que pour le Québec, être un peu plus à gauche du spectre économique a grandement aidé la province à minimiser les premiers impacts de la crise. Aussi, comme l'histoire du Québec nous montre que le Québec s'est bâti et a atteint des sommets en appliquant des politiques clairement plus socialistes que d'autres provinces canadiennes et d'autres pays occidentaux, l'évidence est de conclure qu'il s'agit de poursuivre, voire même d'accentuer certaines de ces politiques, afin de mieux encore affronter ce qui s'en vient. Il ne s'agit ni de communisme, ni d'anticapitalisme, mais plutôt de politiques où l'État n'hésite pas à intervenir et réglementer pour corriger les errances du marché et pour favoriser une meilleure distribution de la richesse créée par l'activité économique.
L'aboutissement de cet exercice socio-politique québécois était d'observer ce que les partis politiques avaient à proposer pour le futur du Québec. Le printemps érable a commencé juste après la publication du 3e billet, et j'ai donc attendu d'en voir les conclusions avant de poursuivre. En effet, la crise sociale qui a frappé le Québec aura permis (entre autres choses) d'ouvrir le débat social, de ramener au devant de la scènes certains préoccupations sociales et remettre en cause les dogmes néolibéraux qui sont pris pour acquis dans le discours économique québécois depuis 15 ans. La crise aura aussi permis d'affirmer les positions des partis politiques. Comme des élections générales ont été déclenchées depuis, le moment est donc idéal pour revenir sur le sujet et observer où se positionnent les partis dans le cadre de ma petite analyse au moment de faire le choix de celui qui gouvernera le Québec pour les 4-5 prochaines années.
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2012: Les choix pour un Québec conscient
Au moment de la dissolution de l'Assemblée Nationale, cinq partis y étaient représentés (plus ou moins officiellement, il y a eu beaucoup de changements d'allégeance). Ce sont donc les acteurs premiers qui permettront de définir l'avenir socio-politique du Québec, du moins pour les 5 prochaines années*.
PLQ
Les Libéraux du Québec sont au pouvoir depuis 2003 et gouvernent clairement selon les principes de droite de l'économie de marché la plus libre possible. Ils ont intégré l'entreprise privée sur presque tous les niveaux où l'état était impliqué auparavant, diminué le potentiel d'intervention de l'État (notamment aux Transports, ce qui a coûté très cher au final et abouti au fiasco de corruption que l'on sait), accordé des baisses d'impôts aux mieux nantis, imposé une "contribution santé" sous la forme d'une capitation régressive, augmenté les frais de scolarité, bref, leur position est bien connue et assez claire. Le choix de la tarification montre bien qu'ils sont à l'opposé des politiques explorées dans cette série de billet sur le Québec. Les gens de l'extrême droite du Québec (ex-Adéquistes pour la plupart), tel l'auteur et chroniqueur Éric Duhaime, jugent généralement le PLQ trop au centre. Pourtant, le Plan Nord dont le gouvernement fait actuellement le promotion malgré les nombreuses faiblesses soulevées par les observateurs sociaux-économiques, indique aussi clairement son orientation néolibérale en faveur de l'entreprise privée et promoteur de la création de richesse, fut-elle personnelle, plutôt que sa redistribution via l'État. Une fois encore, c'est à l'autre bout du spectre politique quand on compare ce plan à la nationalisation de l'électricité qui a tant profité au Québec, par exemple.
PQ
Même s'il était historiquement au centre-gauche, le Parti Québécois avait pris un sérieux virage à droite (économique) sous la gouverne de Lucien Bouchard. Bouchard était d'ailleurs celui qui avait recruté François Legault, aujourd'hui chef de la CAQ. Avec l'arrivée de celle-ci, et sa "fusion" avec l'ADQ, le PQ (peut-être par électoralisme, peut-être par conviction), revient vers le centre-gauche et propose déjà quelques idées comme des élection à date fixe, une plus forte intervention de l'État ainsi qu'une révision de la fiscalité, mais sans aller jusqu'à une réforme fiscale en profondeur. L'arrivée de candidats-vedettes identifiés à la gauche, comme Pierre Duchesne ou Jean-François Lisée, porte à croire que l'aile gauche du PQ mène actuellement cette coalition souverainiste. Les départs de François Legault et André Boisclair, dauphins de Lucien Bouchard, permettent aussi de croire que les têtes d'affiche de la droite ont disparu pour le moment du paysage Péquiste. Notons que le PQ propose également l'annulation de la hausse des frais de scolarité et de la contribution santé, deux mesures régressives adoptées par le PLQ, et que le parti se positionne plus clairement en faveur d'une meilleure redistribution de richesse, notamment au niveau des ressources naturelles.
CAQ
La Coalition Avenir Québec est relativement nouvelle sur l'échiquier politique du Québec. Si on oublie le mélange d'indépendants et d'ex-adéquistes ou de transfuges qui ont d'abord formé la CAQ, le parti a maintenant un programme officiel. Si plusieurs éléments de ce programme semblent rassembleurs, les détails sont moins alléchants. Malgré sa volonté d'éviter les étiquettes gauche/droite, la CAQ propose des politiques économiques inspirées du néolibéralisme, donc de la droite et évite malheureusement de se placer en porteur des solutions qui vont dans le sens que nous avons exploré dans cette série de billet. Le programme du parti est plus une solution comptable à des problèmes spécifiques identifiés comme étant sensibles au Québec qu'une vision d'ensemble. L'exemple le plus frappant est l'éducation - priorité absolue du parti avant l'arrivée de la nouvelle priorité de campagne qui est de combattre la corruption. La CAQ propose une hausse générale de 20% des salaires d'enseignants mais un système d'évaluation (qu'on n'explique pas, et on n'identifie ni qui évaluera les enseignants et sur quels critères ils seront évalués). Aucun enseignant refusera une augmentation de 20%, mais bien peu vous diront que c'est leur salaire qui les démotive. La "solution comptable" semble donc passer à côté du problème réel. On pourrait apporter les mêmes arguments dans la solution en santé, où le simple calcul "population totale divisée par le nombre de médecins" est le point central. Comme si le nombre de patients ne dépendaient pas de l'état et la gravité de chaque patient, par exemple. Le reste du programme ne démontre nulle part une vision d'ensemble de la société québécoise.
QS
Québec Solidaire est né du regroupement de divers groupes d'intervenants, suite à la publication du manifeste Pour un Québec solidaire, qui répondait à celui des Lucides. Le parti a depuis constamment évolué avec chaque élection. Il est représenté à l'Assemblée Nationale et se positionne clairement à gauche. En 2009, Québec Solidaire a été le seul parti du Québec à proposer des solutions pour faciliter le passage de la crise dans la province. Le manifeste "Dépasser le capitalisme" proposait d'encadrer le marché par des normes publiques favorisant des objectifs sociaux et environnementaux. Dans son analyse du manifeste de Québec Solidaire, l'auteur Jean-François Lisée s'étonnait de voir que le parti soulevait des éléments accompagnés de points d'interrogation plutôt qu'en affirmant détenir les solutions. Cette sémantique semblait indiquer que le parti n'était pas aussi irréaliste que certains aimeraient le faire croire, ni aussi révolutionnaire ou extrémistes que l'on pourrait le penser. N'empêche que QS se positionne clairement à gauche (et non pas au centre-gauche comme le fait le PQ), mais dans une gauche modérée, comme on a pu le constater lors des déclarations de Françoise David au récent débat télévisé. QS place clairement la redistribution de la richesse au centre de son programme plutôt que la création de celle-ci peu importe les conséquences.
ON
Option Nationale est né du départ du PQ du député élu Jean-Martin Aussant. Les orientations du parti reposent donc essentiellement sur les positions du député Aussant, issu de l'aile gauche du PQ. En ce sens, on retrouve dans le programme d'Option Nationale une orientation clairement à gauche en terme économique et sociale, orientation qui correspond aux solutions explorées dans ma série de billet. Le parti se distingue donc du PQ par des positions sociales plus tranchées, mais se positionne ainsi de manière similaire à QS du point de vue de l'économie sociale. Par contre, ON est le parti qui clame le plus clairement que sa priorité absolue est d'abord la souveraineté du Québec; une bonne partie des politique du programme de ON découlent d'ailleurs de ce projet social.
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Pour un Québec souverain?
Je ne soulèverai pas la question nationale dans le cadre de ce billet, autrement que pour souligner l'évidence. Des partis représentés à l'Assemblée Nationale avant les élections (et dont quatre le seront fort probablement après les élections générales**), deux (PQ et QS) se positionnent dans la direction des solutions explorées dans cette série de billet, et deux (PLQ et CAQ) se positionnent en faux, voire totalement à contre-courant.
Les deux partis qui favorisent des politiques sociales plus agressives (de celles qui nous ont justement aidé à mieux faire face à la crise et mieux la surmonter), les deux sont des partis souverainistes. Notons également que le cinquième parti en lice (ON), lui aussi clairement à gauche, est également souverainiste.
Le parti qui se positionne contre ces solutions sociales (PLQ) est ouvertement fédéraliste, et le parti qui ne se positionne pas clairement en faveur de ces solutions, mais propose une solution de gestion comptable en attendant (CAQ), refuse de se positionner sur la question nationale mais a néanmoins raffermi sa position en faveur du statu quo pendant la campagne.
Il semble donc qu'au niveau des acteurs et des partis actuels, l'ensemble des questions sociales et économiques soient fortement reliées à la question nationale.
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Conclusion
On ne semble jamais se rendre compte, au Québec, à quel point l'élection d'un gouvernement majoritaire orientera les politiques sociales et économiques de manière profonde et durable. Les politiques de René Lévesque et Robert Bourassa ont fait leur marques, mais celles de Lucien Bouchard et de Jean Charest l'on fait tout autant, même si c'est avec moins d'éclat ou des dossiers moins spectaculaires. Le risque actuel, c'est que cette marque est devenue plus subtile, plus sournoise - puisque contrairement à l'époque post-Révolution tranquille, les années de centre-droite ont été très peu discutées et très peu débattues au Québec. Ces politiques présentées sous l'aspect de leur inéluctabilité et de leur raisonabilité (deux arguments évoqués dans le dossier des frais de scolarité), n'ont jamais fait l'objet d'un choix de société clair.
On pourrait espérer que ceci soit mis de l'avant pendant la campagne, mais ce serait oublier que les campagnes électorales font souvent plus de place à l'image et aux déclarations chocs qu'aux réels débats d'idées. Enfin, on peut douter de la réelle volonté de la droite québécoise de débattre des idées en profondeur quand on lit les commentateurs et politiciens de droite; leur tendance étant à la phrase-choc, la formule toute faite, voire dans plusieurs cas la démagogie pure et simple.
N'empêche, l'orientation principale des partis est ce qui devrait essentiellement guider le vote, lors d'une élection générale. Car c'est guidé par son idéologie principale que notre prochain gouvernement prendra ses décisions, pour les dossiers que nous pouvons imaginer, mais surtout pour ceux qui relèvent de l'imprévu (la crise étudiante et la Loi 78 (Loi 12) étant de parfaits exemples de ce phénomène).
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Notes
* On m'excusera de ne pas tenir compte des programmes de partis qui n'ont jamais fait élire de députés à l'Assemblée Nationale dans un passé récent, et dont aucun député sortant ne siégeait lors de la dissolution de l'Assemblée en août 2012. Les cinq partis sont présentés dans l'ordre de leur prépondérance lors de la dissolution de l'Assemblée Nationale.
** Selon les projections du site probabiliste Si la tendance se maintient, ON ne fera élire aucun député, mais QS fera élire un ou deux députés (données du 20 août 2012).
Au cours de l'hiver dernier, j'ai publié une série de billets à saveur socio-économique, concernant la crise économique mondiale qui a débuté en 2008 (et n'est toujours pas terminée). Suite à cette série, j'ai publié 3 billets concentrés sur le Québec face à cette crise, en tentant de remettre en contexte les diverses opinions présentes sur l'échiquier politique québécois (politicologues, sociologues, commentateurs, politiciens, etc).
Je notais dans cette série de trois billets que pour le Québec, être un peu plus à gauche du spectre économique a grandement aidé la province à minimiser les premiers impacts de la crise. Aussi, comme l'histoire du Québec nous montre que le Québec s'est bâti et a atteint des sommets en appliquant des politiques clairement plus socialistes que d'autres provinces canadiennes et d'autres pays occidentaux, l'évidence est de conclure qu'il s'agit de poursuivre, voire même d'accentuer certaines de ces politiques, afin de mieux encore affronter ce qui s'en vient. Il ne s'agit ni de communisme, ni d'anticapitalisme, mais plutôt de politiques où l'État n'hésite pas à intervenir et réglementer pour corriger les errances du marché et pour favoriser une meilleure distribution de la richesse créée par l'activité économique.
L'aboutissement de cet exercice socio-politique québécois était d'observer ce que les partis politiques avaient à proposer pour le futur du Québec. Le printemps érable a commencé juste après la publication du 3e billet, et j'ai donc attendu d'en voir les conclusions avant de poursuivre. En effet, la crise sociale qui a frappé le Québec aura permis (entre autres choses) d'ouvrir le débat social, de ramener au devant de la scènes certains préoccupations sociales et remettre en cause les dogmes néolibéraux qui sont pris pour acquis dans le discours économique québécois depuis 15 ans. La crise aura aussi permis d'affirmer les positions des partis politiques. Comme des élections générales ont été déclenchées depuis, le moment est donc idéal pour revenir sur le sujet et observer où se positionnent les partis dans le cadre de ma petite analyse au moment de faire le choix de celui qui gouvernera le Québec pour les 4-5 prochaines années.
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2012: Les choix pour un Québec conscient
Au moment de la dissolution de l'Assemblée Nationale, cinq partis y étaient représentés (plus ou moins officiellement, il y a eu beaucoup de changements d'allégeance). Ce sont donc les acteurs premiers qui permettront de définir l'avenir socio-politique du Québec, du moins pour les 5 prochaines années*.
PLQ
Les Libéraux du Québec sont au pouvoir depuis 2003 et gouvernent clairement selon les principes de droite de l'économie de marché la plus libre possible. Ils ont intégré l'entreprise privée sur presque tous les niveaux où l'état était impliqué auparavant, diminué le potentiel d'intervention de l'État (notamment aux Transports, ce qui a coûté très cher au final et abouti au fiasco de corruption que l'on sait), accordé des baisses d'impôts aux mieux nantis, imposé une "contribution santé" sous la forme d'une capitation régressive, augmenté les frais de scolarité, bref, leur position est bien connue et assez claire. Le choix de la tarification montre bien qu'ils sont à l'opposé des politiques explorées dans cette série de billet sur le Québec. Les gens de l'extrême droite du Québec (ex-Adéquistes pour la plupart), tel l'auteur et chroniqueur Éric Duhaime, jugent généralement le PLQ trop au centre. Pourtant, le Plan Nord dont le gouvernement fait actuellement le promotion malgré les nombreuses faiblesses soulevées par les observateurs sociaux-économiques, indique aussi clairement son orientation néolibérale en faveur de l'entreprise privée et promoteur de la création de richesse, fut-elle personnelle, plutôt que sa redistribution via l'État. Une fois encore, c'est à l'autre bout du spectre politique quand on compare ce plan à la nationalisation de l'électricité qui a tant profité au Québec, par exemple.
PQ
Même s'il était historiquement au centre-gauche, le Parti Québécois avait pris un sérieux virage à droite (économique) sous la gouverne de Lucien Bouchard. Bouchard était d'ailleurs celui qui avait recruté François Legault, aujourd'hui chef de la CAQ. Avec l'arrivée de celle-ci, et sa "fusion" avec l'ADQ, le PQ (peut-être par électoralisme, peut-être par conviction), revient vers le centre-gauche et propose déjà quelques idées comme des élection à date fixe, une plus forte intervention de l'État ainsi qu'une révision de la fiscalité, mais sans aller jusqu'à une réforme fiscale en profondeur. L'arrivée de candidats-vedettes identifiés à la gauche, comme Pierre Duchesne ou Jean-François Lisée, porte à croire que l'aile gauche du PQ mène actuellement cette coalition souverainiste. Les départs de François Legault et André Boisclair, dauphins de Lucien Bouchard, permettent aussi de croire que les têtes d'affiche de la droite ont disparu pour le moment du paysage Péquiste. Notons que le PQ propose également l'annulation de la hausse des frais de scolarité et de la contribution santé, deux mesures régressives adoptées par le PLQ, et que le parti se positionne plus clairement en faveur d'une meilleure redistribution de richesse, notamment au niveau des ressources naturelles.
CAQ
La Coalition Avenir Québec est relativement nouvelle sur l'échiquier politique du Québec. Si on oublie le mélange d'indépendants et d'ex-adéquistes ou de transfuges qui ont d'abord formé la CAQ, le parti a maintenant un programme officiel. Si plusieurs éléments de ce programme semblent rassembleurs, les détails sont moins alléchants. Malgré sa volonté d'éviter les étiquettes gauche/droite, la CAQ propose des politiques économiques inspirées du néolibéralisme, donc de la droite et évite malheureusement de se placer en porteur des solutions qui vont dans le sens que nous avons exploré dans cette série de billet. Le programme du parti est plus une solution comptable à des problèmes spécifiques identifiés comme étant sensibles au Québec qu'une vision d'ensemble. L'exemple le plus frappant est l'éducation - priorité absolue du parti avant l'arrivée de la nouvelle priorité de campagne qui est de combattre la corruption. La CAQ propose une hausse générale de 20% des salaires d'enseignants mais un système d'évaluation (qu'on n'explique pas, et on n'identifie ni qui évaluera les enseignants et sur quels critères ils seront évalués). Aucun enseignant refusera une augmentation de 20%, mais bien peu vous diront que c'est leur salaire qui les démotive. La "solution comptable" semble donc passer à côté du problème réel. On pourrait apporter les mêmes arguments dans la solution en santé, où le simple calcul "population totale divisée par le nombre de médecins" est le point central. Comme si le nombre de patients ne dépendaient pas de l'état et la gravité de chaque patient, par exemple. Le reste du programme ne démontre nulle part une vision d'ensemble de la société québécoise.
QS
Québec Solidaire est né du regroupement de divers groupes d'intervenants, suite à la publication du manifeste Pour un Québec solidaire, qui répondait à celui des Lucides. Le parti a depuis constamment évolué avec chaque élection. Il est représenté à l'Assemblée Nationale et se positionne clairement à gauche. En 2009, Québec Solidaire a été le seul parti du Québec à proposer des solutions pour faciliter le passage de la crise dans la province. Le manifeste "Dépasser le capitalisme" proposait d'encadrer le marché par des normes publiques favorisant des objectifs sociaux et environnementaux. Dans son analyse du manifeste de Québec Solidaire, l'auteur Jean-François Lisée s'étonnait de voir que le parti soulevait des éléments accompagnés de points d'interrogation plutôt qu'en affirmant détenir les solutions. Cette sémantique semblait indiquer que le parti n'était pas aussi irréaliste que certains aimeraient le faire croire, ni aussi révolutionnaire ou extrémistes que l'on pourrait le penser. N'empêche que QS se positionne clairement à gauche (et non pas au centre-gauche comme le fait le PQ), mais dans une gauche modérée, comme on a pu le constater lors des déclarations de Françoise David au récent débat télévisé. QS place clairement la redistribution de la richesse au centre de son programme plutôt que la création de celle-ci peu importe les conséquences.
ON
Option Nationale est né du départ du PQ du député élu Jean-Martin Aussant. Les orientations du parti reposent donc essentiellement sur les positions du député Aussant, issu de l'aile gauche du PQ. En ce sens, on retrouve dans le programme d'Option Nationale une orientation clairement à gauche en terme économique et sociale, orientation qui correspond aux solutions explorées dans ma série de billet. Le parti se distingue donc du PQ par des positions sociales plus tranchées, mais se positionne ainsi de manière similaire à QS du point de vue de l'économie sociale. Par contre, ON est le parti qui clame le plus clairement que sa priorité absolue est d'abord la souveraineté du Québec; une bonne partie des politique du programme de ON découlent d'ailleurs de ce projet social.
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Pour un Québec souverain?
Je ne soulèverai pas la question nationale dans le cadre de ce billet, autrement que pour souligner l'évidence. Des partis représentés à l'Assemblée Nationale avant les élections (et dont quatre le seront fort probablement après les élections générales**), deux (PQ et QS) se positionnent dans la direction des solutions explorées dans cette série de billet, et deux (PLQ et CAQ) se positionnent en faux, voire totalement à contre-courant.
Les deux partis qui favorisent des politiques sociales plus agressives (de celles qui nous ont justement aidé à mieux faire face à la crise et mieux la surmonter), les deux sont des partis souverainistes. Notons également que le cinquième parti en lice (ON), lui aussi clairement à gauche, est également souverainiste.
Le parti qui se positionne contre ces solutions sociales (PLQ) est ouvertement fédéraliste, et le parti qui ne se positionne pas clairement en faveur de ces solutions, mais propose une solution de gestion comptable en attendant (CAQ), refuse de se positionner sur la question nationale mais a néanmoins raffermi sa position en faveur du statu quo pendant la campagne.
Il semble donc qu'au niveau des acteurs et des partis actuels, l'ensemble des questions sociales et économiques soient fortement reliées à la question nationale.
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Conclusion
On ne semble jamais se rendre compte, au Québec, à quel point l'élection d'un gouvernement majoritaire orientera les politiques sociales et économiques de manière profonde et durable. Les politiques de René Lévesque et Robert Bourassa ont fait leur marques, mais celles de Lucien Bouchard et de Jean Charest l'on fait tout autant, même si c'est avec moins d'éclat ou des dossiers moins spectaculaires. Le risque actuel, c'est que cette marque est devenue plus subtile, plus sournoise - puisque contrairement à l'époque post-Révolution tranquille, les années de centre-droite ont été très peu discutées et très peu débattues au Québec. Ces politiques présentées sous l'aspect de leur inéluctabilité et de leur raisonabilité (deux arguments évoqués dans le dossier des frais de scolarité), n'ont jamais fait l'objet d'un choix de société clair.
On pourrait espérer que ceci soit mis de l'avant pendant la campagne, mais ce serait oublier que les campagnes électorales font souvent plus de place à l'image et aux déclarations chocs qu'aux réels débats d'idées. Enfin, on peut douter de la réelle volonté de la droite québécoise de débattre des idées en profondeur quand on lit les commentateurs et politiciens de droite; leur tendance étant à la phrase-choc, la formule toute faite, voire dans plusieurs cas la démagogie pure et simple.
N'empêche, l'orientation principale des partis est ce qui devrait essentiellement guider le vote, lors d'une élection générale. Car c'est guidé par son idéologie principale que notre prochain gouvernement prendra ses décisions, pour les dossiers que nous pouvons imaginer, mais surtout pour ceux qui relèvent de l'imprévu (la crise étudiante et la Loi 78 (Loi 12) étant de parfaits exemples de ce phénomène).
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Notes
* On m'excusera de ne pas tenir compte des programmes de partis qui n'ont jamais fait élire de députés à l'Assemblée Nationale dans un passé récent, et dont aucun député sortant ne siégeait lors de la dissolution de l'Assemblée en août 2012. Les cinq partis sont présentés dans l'ordre de leur prépondérance lors de la dissolution de l'Assemblée Nationale.
** Selon les projections du site probabiliste Si la tendance se maintient, ON ne fera élire aucun député, mais QS fera élire un ou deux députés (données du 20 août 2012).
En tout cas, au débat des chefs, Françoise David a soulevé mon intérêt -- envers elle et envers son parti. Cela m'a du bien de voir un autre membre de ce parti débattre en dehors d'Amir Kadhir, trop radical à mon goût. Mettons que j'aimerais que Françoise Davis se fasse élire pour qu'on puisse la voir à l'oeuvre. Ça serait sûrement intéressant :-)
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