vendredi 2 novembre 2012

Leeds en 3D ou une philosophie du monde

Avec un titre de billet pareil, je risque de créer des attentes du genre film sur Leeds réalisé avec les dernières technologies néo-post-réalistes qui ne cessent d'évoluer avec chaque film hollywoodien.
Il n'en est rien, malheureusement pour les amateurs d'expériences extrêmes.


Ce titre fait plutôt référence à quelques bas-reliefs et sculptures décoratives remarquées ici et là au fil de mes balades dans la ville de Leeds. Les lecteurs qui me suivent depuis quelques voyages auront certainement remarqué ma propension à m'intéresser à ce genre de détail architectural qui, s'il ne relève pas de la toute dernière technologie, est au moins un témoin frappant d'une époque où sans cette technologie, on savait ériger des bâtiments autrement plus jolis que maintenant.


Lions ailés, dragons et homme-lune surveillent donc le promeneur de Leeds, pour peu que celui-ci porte attention à ce qui l'entoure.


Question d'éveiller un peu votre curiosité, je dirai seulement que celui-ci a été capté sur le Québec.


Oiseau de proie et licorne ne sont peut-être pas animées et ne vous foncent pas littéralement dessus, mais aucunement besoin de lunettes spéciales pour les apercevoir et profiter de leur présence.


Ce que j'aime de cette culture architecturale (ou tradition architecturale?), c'est le soin que ça démontre dans la conception et la réalisation d'un bâtiment en tant qu'oeuvre et pas seulement en tant que lieu fonctionnel.


Celui-ci - une représentation de figure humaine - rappel un peu les trophées de chasse que certains amateurs accrochaient sur leurs murs, non? Qui sait si ce n'est pas la tête d'un ennemi de l'architecte, symboliquement accroché à l'immeuble en guise de revanche pour quelque querelle passée?


Bref, ces personnages en reliefs - même quand leur nature demeure imprécise - racontent des histoires, et c'est peut-être pour ça qu'ils m'intéressent plus que les immeubles platement fonctionnels qui caractérisent notre époque.


Le chien comme signe de pouvoir? Un simple clin d'oeil à l'animal de compagnie du concepteur? Une référence culturelle? L'immeuble abritait une société de chasseurs du 19e siècle? Peu importe, le chien en question a traversé les décennies et regardé des milliers de passant de son point de vue privilégié.


Parfois, l'intention est manifeste, comme avec les inscriptions (j'avoue que c'est rare que l'on voit l'année précédée de 'the year'), ce sablier (illustrant le temps qui passe ou encore le manque de temps ou les armoiries du printemps érable (le célèbre glaive bordé de fleurs de lys, vous ne saviez pas?) qui prouvent que l'interprétation est dans l'oeil de celui qui regarde. 


Lui, il doit bien commencer à avoir hâte que quelqu'un veuille bien le remplacer, non? Surtout qu'avec le temps, le monde doit être de plus en plus lourd à porter (dans tous les sens du terme). Vu ainsi, il illustre bien la tristesse que j'éprouve devant un monde qui ne se préoccupe plus des détails qui en font la beauté, comme les oeuvres qui précèdent, mais qui se concentre sur des chimères économico-croissantes qui ne le mènent qu'à ériger plus d'édifices (les uns plus laids que les autres), physiquement comme métaphoriquement, sans se préoccuper de leur beauté, ni de leur pérennité.
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