Le permis de spectateur

Un court billet sur une différence culturelle que je trouve particulièrement amusante en regard du contexte politique au Royaume-Uni comme au Québec...
Figurez-vous donc qu'ici, pour avoir le droit de regarder la télé, ça prend un permis.
Oui. J'appelle ça un permis de spectateur.
Et à environ 235$ par an, l'affaire n'est pas une petite dépense anodine, quand même.
Hein? Un permis pour regarder la télé? Oui, oui.
Sans ce permis, si vous regardez la télé, vous être en infraction.
Et quand je parle de télé, je parle de toute diffusion d'un programme de télévision; que ça soit une sitcom, un téléroman, les actualités et informations, un film diffusé sur un chaîne de télé, etc. On ne parle pas ici de s'abonner à un service de câblodistribution ou de télé par satellite, on parle de simplement regarder un poste quelconque, peu importe qu'il soit câblé ou à diffusion publique.
Que vous regardiez l'émission sur un écran télé ou sur votre ordinateur, ou sur un iPad n'y change rien; regarder sans permis est une infraction.
D'ailleurs, dès que vous allez sur le net, par exemple sur le site de la BBC, et que vous voulez regarder une diffusion en direct - par exemple les informations ou la chaîne BBC News - une fenêtre de votre navigateur vous prévient que si vous continuez sans avoir le permis de regarder la télé au UK, vous serez en infraction.
J'ai donc voulu en savoir un peu plus, car pour ma part, j'ai pas mal voyagé, mais c'est la première fois que je dois payer pour avoir le droit d'écouter la télé.

J'ai découvert que le permis de regarder la télé (TV Licence), sert essentiellement à financer la télévision publique (BBC) et permet que celle-ci n'ait ni à être privatisée partiellement, ni à vendre de la publicité pour se financier (et ainsi biaiser ses intérêts en vue d'augmenter ses cotes d'écoute pour vendre plus de publicité).

Pour un pays gouverné à droite (même par sa gauche), c'est une politique publique qui m'a semblé pour le moins socialiste, wow!

J'ai imaginé un instant le tollé de protestations au Québec si le PQ décidait que pour mieux financier Télé-Québec, on allait instaurer un permis de spectateur! Ha! J'imagine déjà les chroniqueurs hurlant au communisme! Comme quoi...
J'ai tout de même réalisé - sans que ça ne soit nécessairement lié au permis en question - que la très grande majorité des chaînes télé du pays diffusent en direct sur internet. Très pratique pour un voyageur qui, comme moi, n'a pas de télé mais un portable! En plus, la plupart des chaînes permettent de rejouer des épisodes d'émissions passées, un peu comme tou.tv le fait pour Radio-Canada chez nous.
Bref, j'ai trouvé que cette politique faisait une anecdote amusante et ouvrait une porte intéressante... j'ai donc poussé un peu plus loin mon imagination concernant une politique similaire au Québec. Car tant qu'à instaurer un permis de spectateur, il ne faudrait pas le vendre à n'importe qui, on pourrait faire passer des tests, on le fait bien pour le permis de conduire.
Ce faisant, on s'assurerait que les gens qui regardent la télé ont un minimum de capacité de réflexion et de jugement avant de s'asseoir devant certaines émissions démagogiques et manipulatrices. Évidemment, les cotes d'écoutes de certains réseaux privés en souffriraient énormément :-)... et les gens d'affaires derrière ces réseaux ne laisseraient jamais faire le gouvernement. On a récemment vu que c'est eux qui mènent après tout, et non les 5 millions d'autres contribuables québécois, alors je crois qu'on est bien à l'abri du permis de spectateur.