Même si je n'en parle pas ici systématiquement, mais à l'occasion, c'est devenu un des rares événements auquel j'assiste chaque année. Je parle bien sûr de World Press Photo, qui présente les photographies de presse les plus intéressantes de l'année, selon un jury international. J'avais vu que l'exposition - qui est présentée un peu partout autour du monde - était de passage à Split, lors de mon séjour en Croatie. Ayant d'autres choses à visiter sur place et sachant que l'exposition passe toujours par Montréal, j'ai donc attendu septembre pour aller y faire un tour.
L'exposition est toujours aussi fascinante; que l'on soit plus ou moins sensible à certains choix des jurés, l'ensemble est d'une très grande qualité. L'édition 2011 ne fait donc pas exception. La photo lauréate du grand prix, le portrait d'une jeune afghane mutilée, est évidemment saisissante mais c'est loin d'être la seule photo saisissante de l'exposition. Le monde étant ce qu'il est et le photo-reportage étant ce qu'il est, l'ensemble des photos brosse un tableau assez sombre de l'année sur la planète; guerres, maux, violence et pauvreté font souvent plus la manchette que les histoires légères. N'empêche, ce genre de voyeurisme assumé est un mal nécessaire pour que le reste du monde apprenne ce qui se passe ailleurs.
Comme les sociétés occidentales sont relativement confortable et - généralement - à l'abri de ce genre de scènes douloureuses, il est nécessaire que ces images leur parviennent. Être au courant est le premier pas vers la conscience et vers l'action et depuis l'avènement de la mondialisation totale de l'économie et de la finance, nos actions et nos choix ont des impacts directs sur la vie de gens partout sur la planète; World Press Photo est aussi là pour nous le rappeler.
L'exposition est aussi un agréable voyage à la fois pour l'amateur de photo que pour l'amateur de cultures étrangères; deux de mes intérêts depuis des années. Car l'exposition de 2011 m'a semblé présenter plus de contexte dans les textes accompagnant les photos lauréates de 2011 qu'il n'y en avait par le passé; ces mises en contexte sont également très intéressantes. Enfin, l'exposition ne couvre pas que des événements qui ont marqué l'actualité mondiale; quelques reportages ciblés ont permis de réaliser des photos qui couvrent également divers sujets, comme le sport ou les paysages naturels; j'en prend pour exemple une étonnante photo d'un fou du cap qui s'apprête à atterrir et qui fixe l'objectif du photographe; un cliché absolument captivant (et qui compose un des posters de l'exposition à Montréal).
Comme à chaque année, l'exposition est aussi le parfait prétexte pour nous présenter d'autres expositions photos en parallèle (et comprises dans le prix du billet). C'est le cas d'Anthropographia, qui propose des séries de photos tirées de photo-reportages de 2011. Ces séries permettent une plus grande compréhension du contexte en plus de fournir à leurs auteurs les moyens de raconter leur histoire, ce que la simple exposition d'une photo permet rarement. C'est le cas, par exemple, de la série sur l'exploitation pétrolière au Nigéria, avec des photos qui mettent en parallèle la réalité de la vie des nigériens "ordinaires" et de ceux qui profitent de cette exploitation. L'auteur réussi, avec quelques clichés seulement, à nous faire voir à quel point l'exploitation des ressources naturelles d'un pays qui n'est pas accompagnée d'un système de redistribution est révoltante.
Enfin, la troisième exposition, C-41, révélateur de photographes émergents, est consacrée aux talents québécois, qui présentent ici leurs clichés sous forme de thématiques diverses. Si certains sujets me sont apparus nettement moins frappants que pour les deux autres expositions, il demeure néanmoins intéressants de voir ce que font nos photographes à partir de ce qui est disponible ici.
L'ensemble des trois expositions est présenté jusqu'au 2 octobre. Cette année, c'est au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, dans une des salles du niveau de la Commune qui se prête parfaitement à ce genre d'exposition.
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Pour poursuivre sur le sujet de la photo de presse, je profite de l'occasion - et du fait que la lauréate de la photo de l'année soit sud-africaine - pour attirer votre attention sur un très bon film paru en 2011: The Bang Bang Club. Le "club" était le surnom semi-assumé d'un groupe de 4 photo-journalistes basés en Afrique du Sud pendant les mois précédent la première élection et la fin de l'Aparthied. Le film - basé sur des événements réels et adapté du livre signé de deux des photographes - suit le parcours de ceux par qui, justement, les images que nous voyons et qui permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans le monde, nous parviennent. C'est le parfait accompagnement à l'exposition World Press Photo, qui nous montre le résultat de leur travail.
Sans être un film outrageusement dramatique, ce n'est pas nécessairement un film facile à regarder non plus. Les violences qui déchiraient l'Afrique du Sud à l'approche de cette élection sont bien connues, mais n'en demeurent pas moins assez crues, surtout lorsque montrées sur un mode réaliste comme celui adopté dans le film. Le parcours psychologique de ces quatre amis en semi-concurrence est aussi fort intéressant; deux d'entre eux se sont mérités un Pulitzer pour leur cliché pris à cette époque, mais leur quotidien n'avait rien de rose pour autant.
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L'exposition est toujours aussi fascinante; que l'on soit plus ou moins sensible à certains choix des jurés, l'ensemble est d'une très grande qualité. L'édition 2011 ne fait donc pas exception. La photo lauréate du grand prix, le portrait d'une jeune afghane mutilée, est évidemment saisissante mais c'est loin d'être la seule photo saisissante de l'exposition. Le monde étant ce qu'il est et le photo-reportage étant ce qu'il est, l'ensemble des photos brosse un tableau assez sombre de l'année sur la planète; guerres, maux, violence et pauvreté font souvent plus la manchette que les histoires légères. N'empêche, ce genre de voyeurisme assumé est un mal nécessaire pour que le reste du monde apprenne ce qui se passe ailleurs.
Comme les sociétés occidentales sont relativement confortable et - généralement - à l'abri de ce genre de scènes douloureuses, il est nécessaire que ces images leur parviennent. Être au courant est le premier pas vers la conscience et vers l'action et depuis l'avènement de la mondialisation totale de l'économie et de la finance, nos actions et nos choix ont des impacts directs sur la vie de gens partout sur la planète; World Press Photo est aussi là pour nous le rappeler.
L'exposition est aussi un agréable voyage à la fois pour l'amateur de photo que pour l'amateur de cultures étrangères; deux de mes intérêts depuis des années. Car l'exposition de 2011 m'a semblé présenter plus de contexte dans les textes accompagnant les photos lauréates de 2011 qu'il n'y en avait par le passé; ces mises en contexte sont également très intéressantes. Enfin, l'exposition ne couvre pas que des événements qui ont marqué l'actualité mondiale; quelques reportages ciblés ont permis de réaliser des photos qui couvrent également divers sujets, comme le sport ou les paysages naturels; j'en prend pour exemple une étonnante photo d'un fou du cap qui s'apprête à atterrir et qui fixe l'objectif du photographe; un cliché absolument captivant (et qui compose un des posters de l'exposition à Montréal).
Comme à chaque année, l'exposition est aussi le parfait prétexte pour nous présenter d'autres expositions photos en parallèle (et comprises dans le prix du billet). C'est le cas d'Anthropographia, qui propose des séries de photos tirées de photo-reportages de 2011. Ces séries permettent une plus grande compréhension du contexte en plus de fournir à leurs auteurs les moyens de raconter leur histoire, ce que la simple exposition d'une photo permet rarement. C'est le cas, par exemple, de la série sur l'exploitation pétrolière au Nigéria, avec des photos qui mettent en parallèle la réalité de la vie des nigériens "ordinaires" et de ceux qui profitent de cette exploitation. L'auteur réussi, avec quelques clichés seulement, à nous faire voir à quel point l'exploitation des ressources naturelles d'un pays qui n'est pas accompagnée d'un système de redistribution est révoltante.
Enfin, la troisième exposition, C-41, révélateur de photographes émergents, est consacrée aux talents québécois, qui présentent ici leurs clichés sous forme de thématiques diverses. Si certains sujets me sont apparus nettement moins frappants que pour les deux autres expositions, il demeure néanmoins intéressants de voir ce que font nos photographes à partir de ce qui est disponible ici.
L'ensemble des trois expositions est présenté jusqu'au 2 octobre. Cette année, c'est au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, dans une des salles du niveau de la Commune qui se prête parfaitement à ce genre d'exposition.
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Pour poursuivre sur le sujet de la photo de presse, je profite de l'occasion - et du fait que la lauréate de la photo de l'année soit sud-africaine - pour attirer votre attention sur un très bon film paru en 2011: The Bang Bang Club. Le "club" était le surnom semi-assumé d'un groupe de 4 photo-journalistes basés en Afrique du Sud pendant les mois précédent la première élection et la fin de l'Aparthied. Le film - basé sur des événements réels et adapté du livre signé de deux des photographes - suit le parcours de ceux par qui, justement, les images que nous voyons et qui permettent de mieux comprendre ce qui se passe dans le monde, nous parviennent. C'est le parfait accompagnement à l'exposition World Press Photo, qui nous montre le résultat de leur travail.
Sans être un film outrageusement dramatique, ce n'est pas nécessairement un film facile à regarder non plus. Les violences qui déchiraient l'Afrique du Sud à l'approche de cette élection sont bien connues, mais n'en demeurent pas moins assez crues, surtout lorsque montrées sur un mode réaliste comme celui adopté dans le film. Le parcours psychologique de ces quatre amis en semi-concurrence est aussi fort intéressant; deux d'entre eux se sont mérités un Pulitzer pour leur cliché pris à cette époque, mais leur quotidien n'avait rien de rose pour autant.
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