J'en avais parlé lors du passage à Montréal de l'édition 2008, et je connais la chose seulement depuis l'an dernier, alors que je suis tombé dessus par hasard à Amsterdam.
Je parle de l'exposition World Press Photo, dont l'édition 2009 est présentée en ce moment au Musée Juste pour Rire de Montréal.
Si je trouve que le prix d'entrée (de 12$) est un peu cher pour une exposition photo, il faut admettre que le billet donne aussi accès à trois autres expositions et que l'ensemble permet de passer quelques agréables heures à admirer des photos saisissantes, si c'est votre tasse de thé.
L'exposition principale à elle seule comporte une grande quantité d'oeuvres de très grande qualité sur une variété de thèmes. Parmi ceux-ci, on note plus de sport que dans l'édition 2008 (il me semble), mais avec la tenue des Olympiques l'an dernier, c'était inévitable. Comme en 2008, il semble que la guerre et les conflits armés en général fournissent encore beaucoup de matériel pour les photographes de presse internationaux.
Les sujets naturels offrent des photos parmi les plus mémorables: ces éclairs issus d'un nuage de cendre volcanique en Patagonie, ce léopard des neiges en Himalaya ou encore le tourbillon orange dans le désert sont celles qui me viennent à l'esprit au moment d'écrire ceci.
J'ai aussi bien aimé l'humilité du groupe de photos de Barack Obama - un autre sujet inévitable de cette dernière année.
Le cliché gagnant du premier prix est saisissant, mais son impact est un peu désamorcé par la description de la scène - qui est différente de ce que ne laisse croire un premier regard. Par contre, l'idée derrière et ce que ce cliché exprime comme réalité - en plus de la qualité de la composition elle-même - lui a mérité la palme de photo de presse de l'année.
Si je déteste habituellement le Musée juste pour Rire (l'édifice à l'air crappy de l'extérieur et de l'intérieur, vraiment pas mon style), j'avoue que ses grandes salles désespérément vides à très hauts plafonds et structure apparente est un excellent endroit pour une exposition de ce genre de photos et de montage. La mezzannine du 4e étage permet aussi d'avoir une vue aérienne de l'ensemble de l'exposition.
Comme ma visite s'est fait en fin d'après-midi, j'avais le désavantage d'avoir à jouer avec les rayons de soleil pour bien voir certains clichés. Par contre, les effets de lumières perlaient joliment dans les salles.
[D'accord, ils ne perlaient pas vraiment, c'est une inside joke sur quelques descriptions françaises accompagnant les photos - en général de très bon niveau, mais avec parfois, d'étranges choix de traduction: Obama devenant un simple "protagoniste de faits divers".].
L'exposition attenante, Anthropographia, est issue du concours de photo-reportage sur les droits humains. Avec des sujets souvent plus dur que la World Press, elle n'en demeure pas moins très intéressante à visiter. Je retiens les plus touchantes, comme celles de ce cimetière aux Philipines, celles de Managua ou celle d'Iquitos au Pérou, puisqu'elles traitent de sujstes qui sortent du cercle habituel (et prévisible quand on parle de droits humains) que forment les enfants-soldats, les enfants-travailleurs et les victimes de conflits armés.
Du côté nord-américain, les photos prises au Weapon Social Club du Kentucky sont particulièrement dérangeantes.
Un étage au-dessus, on peut aussi visiter La Foire de l'image, une exposition regroupant des oeuvres de photographes canadiens (plus de 400 photos). Si certains montages (ou set-up) sont amusants, les photos les plus intéressantes demeures celles réalisées de manière classique, quel qu'en soit le sujet.
Une exception ici: une des photos-montage, réalisée à partir de clichés des escaliers de la Grande Bibliothèque. L'effet, avec la mousse bleu isolante sur la poutre de l'immeuble, est une idée de mon ami Daniel (qui a pris cette photo*).
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Les autres expositions présentées complétaient agréablement le parcours - notamment celle de Jacques Nadeau, dont le groupe d'hommes publics (incluant Jean Charest et l'ex-PDG de la Caisse de dépôts) côtoyait le groupe de fraudeurs célèbres (Jones, Lacroix, mafiosi). Une touche d'ironie (involontaire?) qui fait sourire le visiteur.
Une des raisons pour lesquelles je n'aime pas beaucoup l'édifice du Musée juste pour rire est aussi son emplacement. Il est juste assez à l'écart de Ste-Catherine et du quartier des spectacle pour ne pas y appartenir, il est situé dans une sorte de nowhere entre Maisonneuve et Sherbrooke, sur une portion de St-Laurent qui aurait grand besoin de ménage urbain...
Le terrain vague où se trouve l'édicule de la station de métro St-Laurent illustre d'ailleurs parfaitement l'ambiance du secteur.
Par contre, l'endroit offre beaucoup d'opportunités de photos... pittoresques et colorées :-)
(Les tagger manquent de matériel ou démontrent seulement l'étendue de leur paresse physique et intellectuelle: ils taggent même des blocs de ciment!)
Les devantures de boutique sur ce segment de rue sont souvent amusantes, malgré une allure glauque et parfois même sordide... Vous notez les trois petits triangles dans la vitrine, en bas à droite? Hum, il s'agit de... ah, et puis non, trop ridicule et sordide pour que j'imprime ça ici, allez voir par vous-mêmes.
C'est d'ailleurs ce que j'ai fait avec Daniel, nous sommes entré dans cette boutique-là, et ma foi, à part l'habituel bordel de ce genre de nique-à-feu, c'était moins glauque et sinistre que ne laisse croire la façade. [Il s'agit de vêtement à vendre ou à louer pour se costumer.]
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* [Je prends la liberté de publier la photo prise par Daniel, puisqu'elle l'a été avec mon appareil].
Merci de ne pas avoir publié le cliché qui fait la paire avec la dernière photo ci-haut.... :O)
RépondreSupprimerWorld Press, Anthropologica... il y a de tout, comme depuis les quelques années que je fréquente cette expo. Les photos de drames ou de désastres sont évidemment celle qui me frappent le plus, comme celles prises au Khazakstan, dans les villages environnant un ancien site d'essais nucléaires. Il s'agit de mutants de tous âges, et de victimes de divers cancers. Si vous vous rappelez la faune humaine rencontrée par le personnage de Schwarzenegger dans les mines de Mars (dans Total Recall, 1990), vous avez une bonne idée de ce que montrent les photos en question...
Pour ceux et celles qui croient que la (ma) SF exagère...