mardi 8 novembre 2011

Allons-vous survivre au progrès?

Soyons ambitieux; dans la question posée dans le titre de ce billet, le "nous", c'est l'espèce humaine.
- L'humain survivra-t-il?
- À quoi, me demandez-vous?
- À lui-même.
Et je ne parle pas de guerres, même si cet aspect finira bien par arriver quand les ressources limitées de la planète que nous occupons seront (vraiment) en trop petites quantités pour la population mondiale (l'occident).
Le réalisateur Mathieu Roy est venu traiter de cette question à l'émission Tout le monde en parle il y a quelques semaines dans le cadre de la sortie du film documentaire Surviving progress, qu'il a co-réalisé avec Harold Crooks. Le film pose un constat plus qu'alarmant au sujet de l'utilisation des ressources de la terre, actuellement, et de la dégradation des capacités de celle-ci à renouveler la plupart de ces ressources.
Bien qu'il soit basé sur le livre de Ronald Wright, A short history of progress, le film fait également place aux interventions du généticien David Suzuki, de la primatologue Jane Goodall, de l'écrivaine Margaret Atwood et même du physicien Stephen Hawking.
Sous la ligne directrice de l'exploration des conséquences du progrès de l'humanité sur son seul habitat, le film pose la question de sa survie en faisant quelques plongeons dans quelques histoires locales; une en Chine et une dans la forêt amazonienne au Brésil par exemple, en plus de mettre en parallèle la situation mondiale actuelle à celle des civilisations du passé, avec les exemples de Rome ou de la civilisation Maya. Le message est simple: la fin d'une civilisation, ça s'est déjà passé avant, mais avant, il y avait d'autres espaces pour recommencer ou continuer l'expérience humaine. Cette fois-ci, la terre est utilisée à pleine capacité, il n'y a pas d'après, si ça échoue. Le propos est clair: on ne parle pas d'une éventuelle extinction dans mille ans ou dans 500 ans; on parle d'une extinction d'ici cent ans, et probablement moins.
Ce film souffrira d'être vu par une audience déjà convaincue des problèmes qu'il aborde. On y dénonce évidemment le modèle néolibéral de croissance à tout prix, expliquant que ce modèle pousse à la surconsommation, laquelle nous a lancé à vitesse grand V vers le mur que l'on commence à voir venir devant nous.
«Dans le film, nous évoquons ce concept de pathologie idéologique propre aux civilisations qui se sont effondrées par le passé parce que leurs dirigeants, leurs élites, ont été aveuglés par de fausses idéologies. Or, aujourd’hui, nos élites adhèrent à cette croyance au progrès, au néo-libéralisme économique, à cette croissance à tout prix. Et ça, c’est une illusion! C’est une pathologie idéologique.»
- Mathieu Roy, co-réalisateur, au journaliste André Duchesne, de La Presse. 30 octobre 2011.
Surviving Progress, dans la mouvance de nombreux documentaires récents sur la situation mondiale, sera probablement judicieusement évité par les grands décideurs de ce monde, et probablement évité par ignorance par les masses qui préfèrent se mettre la tête dans le sable et poursuivre leur recherche de bonheur dans la consommation à grande échelle.
Parmi les nombreux intervenants du film, j'avoue avoir été particulièrement touché par Vaclav Smil, un professeur spécialiste en énergies. Sa vigueur et ses convictions sont contagieuses; les raisonnements soutenant le film sont si simples, souligne-t-il, qu'il a peine à croire que les gens ne réalisent pas qu'ils sont vrais. L'évidence est tellement frappante qu'il ne comprend pas comment les gens font pour l'ignorer encore et ne peut s'empêcher de ne pas rester calme devant ce qui devient de plus en plus inévitable.
Les spectateurs au courant de la situation mondiale n'apprendront pas beaucoup de nouvelles choses avec ce film, mais il a le mérite de présenter beaucoup d'informations de manière claire, bien documentée et bien vulgarisée.
Et si vous n'avez pas encore compris, alors allez voir ce film... avant que le monde dans lequel vous ne vivez ne vous permette plus de le faire. Vous aurez compris que malgré ses quelques rares pistes de solutions peu convaincantes (déménager sur Mars, se transformer grâce aux manipulations génétiques, etc.), le film peut avoir un effet assez déprimant pour les spectateurs n'ayant pas encore compris la gravité de la situation. Un des intervenants de Surviving Progress cite George Lucas, qui mentionnait qu'une des solutions possibles serait de se trouver une autre planète au plus vite, puisque celle-ci achève de pouvoir nous faire vivre. Quand même le réalisateur de rêveries comme Star Wars dit ça...
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