mardi 30 novembre 2010

Anecdote cubaine: Un drôle de musée sur la tombe d'un célèbre québécois!

Ce qui est bien avec les voyages en indépendant, c'est que vous ne savez jamais ce que la journée vous réservera comme aventure... ou comme rencontre.
C'est ainsi qu'une balade dans le Vieux Havane, sur le bord de la baie, vous permet par hasard de tomber sur une sculpture hommage à Pierre Le Moyne d'Iberville, célèbre explorateur québécois né à Montréal dans les années 1600 alors que la ville était toujours Ville-Marie et le Québec pas encore le Québec. C'est que d'Iberville - les plus férus d'histoire s'en souviendront, je l'avais oublié si je l'ai jamais su - est mort à La Havane! On lui a donc rendu un hommage fort mérité avec cette sculpture monumentale qui trône à l'entrée de la Baie de La Havane, entre les vestiges des fortifications de la ville.
D'Iberville est mort en juillet 1706 et a été enterré dans l'église qui est devenue la cathédrale de La Havane. Aujourd'hui, si vous visitez la cathédrale et que - comme moi - vous décidez de grimper dans le clocher de l'édifice (en échange d'un peso), vous accéderez à une petite cour intérieure où se trouve l'escalier du clocher. Dans cette cour, il y a une plaque commémorative "À la mémoire d'un de ses plus illustres enfants" (inscrite en trois langue) installée là par la Ville de Montréal à l'époque où Camillien Houde était le maire de la ville et datée de 1935!
La dépouille de d'Iberville a toutefois été transféré plus tard au Palacio de los Capitanes Generales. Ce Palais abrite aujourd'hui le Museo de la Cuidad, le musée municipal de La Havane.
Nous avions prévu d'accorder quelques heures à la visite de ce musée, dont j'avais lu beaucoup de bien. Entré au musée vers les 16h, nous avons d'abord parcouru une grande salle de son rez-de-chaussée, où justement, on peut apercevoir un portrait de d'Iberville, ainsi que la pierre tombale marquant son dernier lieu de repos. En quittant cette salle fort intéressante, une préposée nous a demandé d'aller visiter l'étage d'abord plutôt que de poursuivre au rez-de-chaussée. Questionnant son insistance, nous apprenions que le musée ne fermait pas ses portes à 18h30 comme nous l'avions cru en entrant, mais plutôt à 17h! Nous devions nous presser, et la préposée nous a assuré que l'étage était plus intéressant.
Rendu en haut, nous avons rapidement compris que les gardiennes étaient pressées de fermer leurs salles après notre passage. Comme nous sommes en Amérique Latine, l'affaire prends rapidement une tournure imprévue. Dans une première salle, nous sommes immédiatement pris en charge par trois gardiennes qui s'improvisent guides en multipliant les informations sur tout ce qu'on voit et en nous demandant ensuite un pourboire. Comme elles nous indiquent que quelque touriste leur a laissé 5 dollars canadiens, je leur change ces dollars contre 5 pesos convertibles; elles gagnent au change (en plus de pouvoir utiliser cet argent localement) et ça ne me coûte pas trop cher de pourboire. Elles ferment la salle alors que nous passons dans la suivante... où la procédure se répète avec d'autres gardiennes-guides improvisées. Je troque cette fois 5 pesos convertibles pour 5 dollars américains, ce qui me coûte un peu moins cher que dans la première salle. Dans la salle suivante, on m'offre de prendre une photo (alors que c'est interdit dans ce musée si on ne paye pas un extra à cet effet au guichet). Une gardienne-guide s'empare alors de mon appareil pour me prendre en photo avec mon ami Arsenio devant un trône après avoir retiré la corde interdisant l'accès la cette pièce de collection (!). Je n'allais récupérer mon appareil que vingt minutes plus tard, après une folle visite éclair des salles du musée - visite ponctuée d'une foule d'informations dans une cascade de courtes conversations, de rigolades, d'échanges de pourboires (qui allait me finalement me coûter 3 des 5 dollars canadiens échangés à l'arrivée à l'étage) et de marche rapide dans les salles. On allait ressortir du Museo de la Cuidad avec le vague souvenir d'avoir vu le premier drapeau cubain fabriqué après l'indépendance, une barque dont nous avions oublié l'origine et le fait que des canadiens avaient participé à la guerre d'indépendance du côté des cubains contre l'Espagne.
Avant de quitter la dernière salle, nous avons été pris par une rafale d'informations débitée trop rapidement par la douzaine de gardienne accumulée autour de nous alors qu'une d'entre elles multipliait les photos avec mon appareil avant de me le remettre! L'ensemble a été tellement rapide que nous nous sommes retrouvés dehors avant d'avoir réalisé que notre visite était terminée, mais nous avons convenu que jamais de notre vie nous avions autant ri lors d'une visite de musée! J'allais constater par la suite, sans aucune surprise*, que toutes les photos prises en vitesse par les gardiennes-guides improvisées étaient floues... où on nous voit tous les trois avec un grand sourire à peine contrôlé sur visage. Une belle collection à la fois tordante et inutile, dont j'ai fait une sorte de collage souvenir. Ce flou est finalement une belle représentation de la rigolade générale qui a caractérisé cette visite surréaliste d'un musée autrement sérieux.
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* Comme je ne crois pas aux photos avec flash, je n'en prends jamais et le flash est désactivé sur ma caméra; que j'utilise toujours en mode semi-manuel. Ainsi, sans éclairage adéquat et sans stabilité, il était peu probable que les gardiennes aient pris de bonnes photos :-).

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