jeudi 31 décembre 2009

Hommage au chicken bus

Depuis le temps que j'en parle, et je le montre très peu...
Hier, nous sommes tous les trois partis en expédition pour visiter un tout petit site archéologique (dont je vous parlerai éventuellement dans les prochains jours). Nous avons eu à prendre quelques transports amusants, dont évidemment plusieurs chicken bus, ce qui m'a donné l'idée de consacrer un billet à ce mode de transport typiquement guatemaltèque. Tous les touristes en parlent, chacun se vante de vouloir l'essayer avant de quitter le pays, mais peu les prennent régulièrement comme nous l'avons fait à plusieurs reprises (Antigua-Chimaltenango, Xela-Chichicastenango aller-retour, Xela-Retalhuleu-El Asintal aller retour, etc). Nous avons entendu une touriste heureuse d'avoir survécu à son "expérience" de chicken bus après avoir fait le trajet Antigua-Jokotenango, une affaire de 5 minutes!
Le chicken bus, c'est à chaque fois une expérience qui va de l'inconfort à la douleur en passant par la crainte et la peur, qui peut engendrer de la frustration, bref, qui permet l'expérimentation d'un large spectre d'émotions. Les bus partent généralement de terminus miteux en marge d'un mercado semi-louche, et s'arrêtent partout sur la route pour déposer ou prendre des passagers. C'est irritant, il n'y a pas d'horaires, la vitesse varie de 2km/h (quand il y a peu de monde, l'opérateur veut rentabiliser le voyage et attend lentement que des voyageurs se pointent) à plus de 100km/h sur des routes sinueuses, sans que l'on sache quel déclic se fait dans la tête du conducteur entre ces deux extrêmes. On s'arrête dans les mercados, des vendeurs montent à bord, on se retrouve parfois à 7,8 ou 9 personnes de large par rangées, bref, ça a l'air bien incroyable comme mode de transport et ça l'est.
Mais ça marche. Et il est toujours facile de se rendre du point A au point B, peu importe où vous êtes en ville ou sur la route, il s'agit de faire un signe au bus désiré, il s'arrête, vous montez, qu'il y ait de la place ou pas. Et les tarifs sont incroyablement bas. (L'aller à Chichicastenango m'a coûté 2,65$ CDN pour les 2h30 de route). Le seul critère est d'accepter que vous serez traité sur le même niveau que le sac de riz à bord, et que vous ne soyez pas pressé. Car, en chicken bus, on ne sait jamais quand le bus va faire une pause pour une raison quelconque ni quand il va repartir ou quand il va prendre la route régionale plutôt que de passer de villages en villages pour tenter d'augmenter le nombre de passagers.
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Entonces, aqui son los Chicken Bus!



On les appelle chicken bus car les gens d'ici y montent avec toutes sortes de choses. Sacs de riz, poche de patates, tout ce que vous avez acheté est susceptible de faire le voyage avec vous à l'intérieur ou sur le porte bagage sur le toit. Il n'est pas si rare d'y voir des gens y monter avec des poulets vivants, achetés au marché, et ce fait a donné le surnom à ces autobus qui, officiellement, s'appellent "bus de seconde classe", et que les locaux appellent simplement camionetas.



Ils s'agit bien sur d'anciens bus scolaire de l'Amérique du nord. Certains sont de très vieux modèles, d'autres mieux tenus, mais ils ont une chose en commun: ils sont personnalisés avec des couleurs voyantes et l'ajout de flûtes et d'un système de son à hauts parleurs puissants pour le divertissement (ou l'abrutissement) des voyageurs. Celui-ci a un Garfield sur le côté.



Comme ils sont opérés par des hommes latinos, il n'est pas rare d'y trouver des images de poupounes sexy peintes un peu partout sur les accessoires. Paradoxalement, à l'intérieur, on retrouve surtout des images religieuses (catholiques) et des prières...



La plupart de ces engins ont été fabriqués par Blue Bird en Amérique... et certains des accessoires d'origine (comme ce garde-boue) ont miraculeusement survécu aux routes du Guatemala, à la manière de conduire en maniaque des locaux et au passage du temps.



Plusieurs adoptent une iconographie de BD ou de dessins animés, comme c'est le cas de ce road runner, par exemple. Évidemment, on espère en montant dans celui-ci que le conducteur n'en fait pas un mode de vie...



Vue quotidienne rassurante? On revoit un peu la mécanique avant de partir sur les routes et autoroutes du pays... S'il y a quelque chose de bien à voir que les conducteurs prennent soin de leur moteur, il y a quelque chose d'inquiétant à le voir rapiécer en broche à foin un moteur de bus avant de partir...



Le devant (haut) nous indique la route que le bus suivra. Celui-ci va de Huehuetenango à Retalhuleu en passant par Quetzaltenango, puis file vers Coatepeque... comme en font foi les inscriptions Huehue-Xela-Reu, il s'agit d'apprendre le langage d'abréviation et de surnoms des villes et villages, et le tour est joué. Notez aussi la prière sur la devanture de ce bus: "Seul le Christ est moi Roi"...



Une rareté - et un clin d'oeil, on dirait que c'est un chicken bus de luxe - Un bus Mercedes-Benz! :-). N'allez pas croire qu'il offre nécessairement une meilleur expérience que les Blue Bird. Après avoir été jugé inapte à rouler en Amérique du nord, il a passé 20 ans sur les routes du Guate, alors il n'y a plus beaucoup de différence entre les deux types de bus.



Esteban, avec courage (ou inconscience, c'était son premier très long trajet qui s'en venait, le matin du départ pour Chichi), va monter dans notre chicken bus. Un autre passager en profite pour faire cirer ses chaussures avant le départ.



L'intérieur de notre bus vers Chichi, où on peut lire la prière: "Accompagne-nous mon Dieu". Très rassurant, non?



Les vitres arrières ont aussi vu de meilleurs jours... C'est souvent craqué ou fêlé... On peut voir deux autres bus qui se préparent pour le départ derrière nous, dont le bus pour Reu, une destination que nous allions expérimenté quelques jours plus tard avec des résultats aussi épuisants que les autres trajets de chicken bus.
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2 commentaires:

  1. Je ne suis pas certaine que j'aurais pas mal au coeur dans ce bus Gi

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  2. Je peux te garantir que tu aurais mal au coeur... Une gravol semble désormais essentielle pour mes déplacements au Guatemala :-)
    Je m'abstiens seulement pour les navettes ou courtes durées, comme pour las fuentes Georginas... Mais même là, Esteban a eu mal au coeur... et ce n'était pas un chicken bus!

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