mercredi 13 septembre 2006

La violence (presqu'en direct): une tentative d'explication de l'innexplicable.

Difficile d'être indifférent à ce qui s'est passé dans l'ouest du centre ville de Montréal cet après-midi.
D'abord, une partie du drame s'est déroulé au Collège Dawson, et mon père a été avant sa retraite un professeur de collège. Mon amie Suzie étudie dans un collège (elle y était aujourd'hui), alors les environnement scolaires victimes de violence, ça me touche beaucoup de manière indirecte - ou à tout le moins ça déclenche mon imaginaire. On pense tout de suite aux gens que l'on connaît et qui sont dans les mêmes environnements.

De plus, ce midi, je ne savait rien du drame, et j'étais jusqu'à 15h dans le vieux Montréal. Après une course à la Place des arts, j'ai voulu prendre le métro vers Atwater où j'avais rendez-vous avec mon ami Daniel Sernine. Or on m'informe que le métro (ligne verte) est arrêté indéfiniment. Une panne, comme il en arrive parfois, est la première explication qui vient à l'esprit. J'ai donc pris le bus sur Maisonneuve jusqu'à Guy (il n'allait pas plus loin, ce qui devenait déjà indicateur que quelque chose de plus qu'une panne s'était produit).
Puis j'ai marché jusqu'à Atwater, ou à tout le moins jusqu'au AMC (ancien Forum de Montréal), pour me rendre compte que le quartier était bouclé, encerclé par des forces policières de Montréal et les forces spéciales d'intervention de la Sûreté du Québec. Des caméras de divers réseaux et stations tout autour ainsi que deux hélicoptères survolant le secteur m'ont clairement indiqué que ça devait être quelque chose de sérieux.

Enfin, j'ai entendu vaguement par des passants qu'il s'agissait de coups de feu. Par la suite, un peu par hasard au café du Forum, Daniel et moi sommes tombés sur une agente qui nous a dit qu'un tireur avait d'abord tiré sur quelqu'un au coin de Maisonneuve, avant de s'enfuir sur le campus du collège Dawson et de continuer à tirer. Le tireur se serait suicidé (une information contredite plus tard par les informations officielles lues dans les médias électroniques, de même que celle des premiers tirs sur la rue plutôt qu'au collège).

J'écris donc ceci avant de savoir réellement ce qui s'est produit - j'imagine que j'écouterai les nouvelles du soir puisque les médias électroniques se font avares de faits nouveaux ou éclairants. On ne sait toujours rien sur les motifs du ou des tireurs, peut-être ne le sauront nous réellement jamais en fait, même si c'est dans notre nature de vouloir connaîtres les motifs, comme pour nous rassurer que l'on est généralement à l'abri de ce genre de choses, et que nous ne sommes en rien responsables.
Bien sûr, on se demande comment un jeune (les informations parlent de quelqu'un dans la vingtaine - un étudiant du collège?) a pu mettre la main sur un AK-47 (selon le site de radio-canada, c'est ce fusil semi-automatique qui était l'arme utilisée).

Quand j'ai quitté le AMC quelques heures plus tard, le métro Atwater et le quartier étaient toujours bouclés - et on parlait de rumeur d'autres tireurs, entre autre au Square Westmount. Les médias nous ramèneront probablement Polytechnique et Concordia puisque ces drames se sont aussi déroulés dans des environnements scolaires. Pour moi, il s'agit de récupération médiatique un peu stupide de la part de médias en mal d'informations et de scoop et d'histoires exclusives. Car la question n'est pas là.
On aura beau dire qu'il s'agit d'un problème de société, qu'il faut se remettre en question et tout, il reste que nous ne sommes jamais à l'abri de ce genre de violences. Évidemment, l'accessibilité à une arme aussi puissante est hautement questionnable - l'accès aux armes ne pourra jamais être contrôlé mais avouez qu'avec une vieille carabine de chasse calibre 28 à une balle, il est plus ardu de faire 20 victimes en 15 minutes en tirant un peu au hasard. Et ce commentaire n'est même pas un appui au désormais célèbre registre canadien des armes à feu - une autre abbération politique qui sert autant les pour que les contres sont maintien - la question ici n'est pas tant de savoir qui avait cette arme, puisque le tireur doit maintenant être identifié, mais plutôt de comment il a pu se la procurrer (sans compter que ça ne doit pas être donné comme arme, en plus). Mais la question n'est pas là non plus.

On aura beau chercher à comprendre, je ne pense pas que l'on ne comprenne jamais ce genre de choses, car celui qui a tiré sur ces gens - probablement des victimes du hasard - devait avoir des pensées qu'inconsciemment, nous ne voulons pas comprendre, ni partager. Il est alors plus facile de secouer la tête d'incompréhension. Et de poursuivre sa vie.
Après tout, qu'est-ce qu'on peut réellement faire d'autre?

Je termine en faisant un lien avec ce que j'ai exploré depuis deux jours sur ce blogue, puisque c'est toute la question, en fait.
Toute violence, peu importe comment elle est exprimée, ne peut d'après moi qu'engendrer plus de violence, puisqu'elle s'affiche comme une solution possible à un problème, et que fatalement, quelqu'un quelque part, finira par penser que la solution à son ou ses problèmes passe par cette violence.
Voilà où se trouve l'explication à ce qui s'est passé aujourd'hui dans l'ouest du centre-ville de Montréal, où j'ai passé ma fin d'après-midi, par hasard.

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