mercredi 9 juin 2004

Le choc Culturel
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Ok, ici, je vous préviens, je ne pense pas avoir vécu un choc culturel conventionnel. Au contraire, pour le moment, je m’adapte assez bien (de mon point de vue) à ma situation ici, à la culture locale à la fois de Quito où j’habite, et à Lloa où je travaille avec les enfants. Mon choc culturel conventionnel a été assez faible, somme toute, à moins bien sur qu’il ne soit encore à venir et que naïvement, je ne m’en rende pas compte. J’ai ressenti un brin d’irritation la semaine dernière, j’étais un peu plus fatigué et les klaxons des voitures m’énervaient un peu. Ici, tout le monde conduit avec son klaxon. Une voiture normale ici, ça a quatre roues, un volant, et un klaxon, le reste est vaguement optionnel.
Non, mon choc culturel, il est venu d’Amérique du Nord. Et il s’appelle El Recreo.
C’est un centre commercial. Et il est bien secrètement gardé car ils n’en parlent pas dans les guides touristiques. Même mon Lonely Planet, qui parle de trois centres commerciaux modernes n’en parle pas. Les centres dont ils parlent n’ont rien de moderne, bien que pratiques, ils sont petits selon nos normes de centres commerciaux nord-américains et somme toute, ne valent pas vraiment le détour.
El Recreo, c’est une autre histoire. Pour ceux d’entre vous qui connaissez Montréal, El Recreo, c’est un peu comme le Carrefour Laval, rien de moins. En plein tiers-monde! C’est grand, moderne, nord-américain en tant que concept et ne contient que peu ou pas de bannières d’Amérique du Nord. Même pas de McDo ! Par contre, El Recreo est bel et bien un centre commercial moderne, et dans toute sa richesse et les prix des choses vendues dans les diverses boutiques, de vêtements, d’électronique, de jeux, etc. ainsi que dans sa foire alimentaire typique de ce genre de centre, on sent qu’il y a une classe de gens qui ont de l’argent à Quito. Je ne parle pas d’une poignée, je parle d’assez de population aisée pour rendre rentable un centre gros comme le carrefour Laval. Il y a un playzone, rempli d’arcade toutes plus neuves les unes que les autres, et c’est plein de jeunes et d’ados qui dépenses leur argent dans les machines. Choquant, rien de moins. Lors de ma première visite (j’y suis retourné pour le montrer à ma coloc), je l’ai découvert par hasard, puisque j’avais pris la ligne de trolley jusqu’au terminus, curieux de voir jusqu’où elle se rendait (aucune indication sur les cartes et plans d’ici). En sortant du Trolley, j’ai bien vu qu’il s’agissait d’un centre commercial d’allure récente. Mais en entrant, j’ai subi mon premier choc culturel.
Puisque le El recreo est bien choquant au sens premier du terme. J’avoue qu’après trois semaines avec les enfants de Lloa, qui sont si heureux lorsqu’ils se font offrir un crayon de plomb tout neuf, voir leur équivalent quiteño brûler 5 dollars en arcade a quelque chose de choquant. Je suis conscient qu’il existe des différences entre riches et pauvres partout sur la planète, mais pour un pays qui a de grandes difficultés économiques et dont une grande partie des enfants reçoivent à peine l’enseignement minimal, ma réaction a été assez prononcée. Même si je comprends bien, j’avoue avoir ressenti un choc assez fort pour que ça me prenne au moins une demi-heure à l’intérieur d’El Recreo pour me ressaisir. Précisons que El Recreo étant très loin de Gringolandia, il n’y a aucun touriste là. Des Quiteños, c'est tout. J’y ai vu deux personnes à la peau blanche : moi et Ariane, que j’ai emmené le lendemain pour lui montrer.
Détail amusant, pour elle, la réaction a été totalement différente. Elle est à Quito pour deux semaines avant d’aller enseigner elle aussi dans une petite ville, Cayambe. Entre temps, elle prend des cours d’espagnol. Ainsi, elle n’a pas encore vu ce que j’ai vu tous les jours dans un village comme Lloa. Aussi, ne s’étant pas encore complètement adaptée à la vie d’ici, pour elle, El Recreo a été agréable, puisqu’elle a pu y trouver quelques affaires qu’elle cherchait depuis quelques jours, donc au lieu d’être un choc culturel pour elle, ça a été une sorte de réconfort de retrouver quelque chose qui ressemble à chez nous.
J’ai fini par m’en remettre, et c’est vrai que ça peut être pratique, puisque par exemple, il y a des produits plus difficiles à trouver comme des barres d’énergie ou du gatorade qui pourraient m’être utiles pour ma hike du Pichincha… Ainsi, je survivrai à El Recreo comme au reste, j’imagine, mais ça a été un choc et je me disais que ça valait la peine d’en parler.

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