vendredi 23 mai 2014

Padoue et l’importance des référents personnels en voyage

Canal de Padoue, il n'y a pas qu'à Venise, dans le Veneto
où il y a des canaux.
En début de voyage, mon père semblait relativement peu intéressé – trop loin de ses habitudes et sa routine, il a dû prendre quelques jours pour s’ajuster et s’habituer. C’est un réflexe normal pour n’importe quel voyageur qui n’a pas énormément d’expérience et j’ai tendance à l’oublier vu que le délai pour moi-même est de plus en plus court à mesure que je voyage. J’aurais donc dû être plus relax avec lui à ce moment-là. Il a ensuite semblé prendre de l’assurance et plus apprécier ce qu’il voyait, bien qu’il ne sera jamais quelqu’un d’expressif à ce niveau, donc son niveau d’appréciation demeure difficile à juger. En ce qui le concerne lui, il est clair que je n’ai pas réussi à lui transmettre l’intérêt que j’ai envers le voyage et les découvertes que l’on peut faire. Pourtant, lorsqu’on en a parlé à Padoue, il m’a avoué que malgré qu’il soit peu expressif, il fait un beau voyage.
Mes parents traversent la rue Dante, devant
la porte St-Pierre.
En France il y a huit ans, il avait semblé nettement plus intéressé et connecté à nos visites et explorations. Mais dans le cas de Paris, une partie de ce qu’on y trouve faisait déjà partie des référents personnels de mes parents. Tout le monde connaît la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, a entendu parler de Louis XIV et Versailles. Et dans le cas de mes parents, leur intérêt pour la chanson française leur avait créé des référents à Montmartre, sur les Champs Élysées, aux Jardins du Luxembourg, etc.
Je savais évidemment que mes parents avaient moins de référents en Italie qu’en France, malgré les souvenirs du cours classique de mon père (le latin, le Vatican, Pompéi, l’histoire de la Rome antique), et il m’était impossible de les forcer à en acquérir en les obligeant à lire sur le Moyen-âge ou la Renaissance, Michelangelo ou les Médici. Mais j’aurais pu tenir compte de ce manque de référents personnels dans nos choix de visite.
Cette révélation m’est venue malheureusement trop tard, à Padoue, en fin de voyage. Nous étions dans la basilique de Saint-Antoine (là où reposent les restes du saint), et mon père m’a raconté comment mon grand-père avait sa manière fort personnelle de prier ce saint : « Padoue, câlisse, aide-nous donc! » disait-il, en compagnie son ami polonais Stanislas Schumanski.
Mon père devant la maison habitée par
Galilée, lors de son séjour d'enseignement
à l'Université de Padoue entre 1592 et 1610.
À Padoue, devant la tombe de Saint-Antoine, mon père avait un fort référent personnel. Il se sentait concerné par sa visite, je pouvais le voir dans ses yeux, et son émotion était palpable pour la première fois du voyage, alors qu’il repensait à son père et ses souvenirs de jeunesse.
Aujourd’hui, alors que j’estime que j’aurais pu faire mieux pour que mes parents apprécient encore plus ce voyage relativement court, je me sens un peu coupable de ne pas avoir mieux pris en compte ce genre de facteur, et je trouve dommage que le voyage se termine, en sachant qu’aujourd’hui, je serais mieux équipé pour qu’ils en conservent des souvenirs impérissables.
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Blasons des étudiants de l'Université de Padoue, à
une époque où ce sont eux qui engageaient les
enseignants et où c'était un étudiant qui était doyen.

Prado del Vallee, qui se targue à être la plus grande place
d'Europe, est plus un parc ovale bordé d'un bassin,
lui-même entouré des édifices. L'ensemble est assez élégant.

Basilique St-Antoine, où reposent les restes du célèbre
patron des causes perdues.
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