Il faut que je vous parle de Zaragoza, mais auparavant, je vais vous parler de Caesaraugusta.
Nous sommes en 14 avant J.C., et l'empereur romain Auguste vient de compléter la conquête de la péninsule ibérique (oui, encore lui, son époque a été marquante pour l'histoire de l'Espagne, alors Hispanie, puisqu'il a complété ce qui avait été débuté avant lui, essentiellement sous Jules César). Auguste réorganise donc politiquement la péninsule et dans la foulée, souvent pour récompenser les légionnaires à la retraite, fonde des villes dont ils auront le loisir. Ce serait le 23 décembre de cette année-là qu'aurait donc été fondée Caesaraugusta, qui, comme Augusta Emerita, contribue à la glorification de l'empereur lui-même en intégrant son nom à cette nouvelle cité.
Comme la cité avait une certaine importance, on y avait érigé un forum, un théâtre, et un pont de pierre enjambant la rivière, bref, les habituels manifestations de la civilisation romaine.
De l'ensemble de cette grande ville de l'époque romaine, il reste encore des vestiges relativement importants, comme cette muraille, des thermes ainsi qu'une partie du forum (aujourd'hui un musée in situ situé 7 mètres en-dessus du niveau actuel de la ville moderne).
La ville honore d'ailleurs toujours son fondateur, avec cette statue d'Augustus le long des restes des fortifications romaines.
Le teatro romano de Caesaraugusta n'est peut-être pas aussi impressionnant que celui d'Augusta Emerita, mais il demeure néanmoins plutôt bien conservé.
À la chute de l'empire, les visigoths entrent en ville, c'est le moyen-âge, air connu... mais la ville survit plutôt bien à cette époque, vu ses solides fortifications, et progresse sans cesse par la suite.
Point de vue d'aujourd'hui sur les murailles (en bas au centre). La tour carrée en bas au centre-droite est aussi érigée sur les restes d'une tour de l'époque romaine... Le reste, au-delà des murailles, c'est maintenant la 25e ville en importance en Europe, et c'est justement la ville dont je voulais vous parler: Zaragoza.
D'ailleurs, Zaragoza tire son nom des déformations historiques de son nom romain: [cae]SAR-A[u]GUS[t]A...
Sur les berges de la rivière Ebro, le vieux centre-ville de Zaragoza est animé par une grande place: Plaza del Pilar, dont le nom est dérivé de cette basilique: la Virgen del Pilar, une ambitieuse construction décorée d'une douzaine de tours, dont les quatre tours de coin dominent le paysage de la plaza (c'est de l'une de ces tours que la seconde photo précédant celle-ci a été prise).
L'ensemble du vieux-Zaragoza est donc un quartier compact, truffé de petits trésors historiques ou architecturaux, mais, contrairement aux petites villes historiques ou aux villages qui ont leur charme propre, Zaragoza est également une très grande ville, ce qui lui confère certains avantages (du point de vue de ce voyageur-ci, comme d'avoir un réseau de tram, par exemple). Sur ce cliché, on peut remarquer la tour - penchée - de l'église San Pablo.
Une grande ville, c'est aussi synonyme de grandes avenues et grands boulevards, bordés d'édifices de plusieurs étages et florissants de commerce local. Bon, cette photo a été prise pendant la sieste, donc il y a peu d'activité, mais on peut tout de même admirer l'endroit...
Nous sommes très éloignés de l'Andalousie et des califats que les Maures y avaient, mais néanmoins, un petit califat s'était installé à Zaragoza à l'époque où les almohades dominaient la partie sud de la péninsule. On retrouve donc plusieurs signes de l'architecture mudéjar qui a suivi. C'est le cas de plusieurs tours d'église, comme celle-ci, Santa-Maria-Magdalena, dont les détails sont remarquables.
La tour qui domine cette prise de la Plaza del Pilar est celle de la Seo, la cathédrale de Zaragoza, dont les bases datent du 12e siècle, mais l'allure actuelle remonte plus aux modifications et ajouts des 16e et 17e siècle (la tour est du 17e). La cathédrale est donc un intéressant mélange de gothique, mudéjar, baroque et néoclassique. À gauche sur la photo, on peut voir la Lonja, un élégant édifice renaissance qui servait de bourse de grains, mais qui sert aujourd'hui de salle d'exposition; j'y ai d'ailleurs vu une splendide exposition photo au moment de mon passage. Parmi les sculptures de la plaza, on remarquera, centre-droite, celle de Goya, près des gens qui s'amusent dans la fontaine publique. Goya est né à Fuendetodos, près de Zaragoza, qui l'a donc toujours considéré comme un artiste local.
Basilique del Pilar et Seo, à la nuit tombée.
Deux vues similaires, captées d'une des tours de la basilique; à gauche, le toit, les dômes et tours de la basilique, décorés de céramiques jaunes et bleues. À droite, une vue plus générale de la vieille ville à partir de cette tour. Note pour ceux qui se souviendront que j'ai le vertige en hauteur: Regardez la plus haute tour à droite; là où on voit des colonnes supporter le petit dôme. Pour prendre ces photos, j'étais au même endroit, à la même hauteur, dans la tour de coin opposée à celle que l'on voit ici. (Vous pouvez également retourner voir la 6e photo de ce billet pour avoir le point de vue d'en bas sur cette position en altitude).
Diptyque nocturne: à gauche, la Seo, à droite, la basilique.
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Zaragoza étant une grande ville, elle n'est pas sans défauts; ses gares de bus et de train sont combinées dans une abomination d'immeuble gigantesque mais désertique situé à des kilomètres du centre, et je n'ai vraiment pas eu le goût de visiter le site de l'exposition universelle de 2008 (des 106 pays participants, le Canada n'y était pas), l'affaire occupant évidemment une très vaste superficie accueillant des pavillons modernes en retrait de la ville... mais il faut dire que je n'y suis resté que quelques jours alors que la ville en méritait bien plus et a été un peu victimes des choix de vagabondages que je dois faire à chaque séjour à l'étranger.
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Avoir eu l'occasion (et j'y reviendrai peut-être), j'aurais pu m'installer pendant des semaines à Zaragoza; c'est une de ces villes accueillantes, comme Sevilla ou Salamanca qui, sans être une métropole, comme Madrid ou Barcelona, est assez grande et développée pour offrir beaucoup au voyageur, tout en demeurant assez petite pour lui permettre de la visiter de manière relaxante. Mon passage à Zaragoza, trop court, m'aura donc laissé un excellent souvenir.
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Nous sommes en 14 avant J.C., et l'empereur romain Auguste vient de compléter la conquête de la péninsule ibérique (oui, encore lui, son époque a été marquante pour l'histoire de l'Espagne, alors Hispanie, puisqu'il a complété ce qui avait été débuté avant lui, essentiellement sous Jules César). Auguste réorganise donc politiquement la péninsule et dans la foulée, souvent pour récompenser les légionnaires à la retraite, fonde des villes dont ils auront le loisir. Ce serait le 23 décembre de cette année-là qu'aurait donc été fondée Caesaraugusta, qui, comme Augusta Emerita, contribue à la glorification de l'empereur lui-même en intégrant son nom à cette nouvelle cité.
Comme la cité avait une certaine importance, on y avait érigé un forum, un théâtre, et un pont de pierre enjambant la rivière, bref, les habituels manifestations de la civilisation romaine.
De l'ensemble de cette grande ville de l'époque romaine, il reste encore des vestiges relativement importants, comme cette muraille, des thermes ainsi qu'une partie du forum (aujourd'hui un musée in situ situé 7 mètres en-dessus du niveau actuel de la ville moderne).
La ville honore d'ailleurs toujours son fondateur, avec cette statue d'Augustus le long des restes des fortifications romaines.
Le teatro romano de Caesaraugusta n'est peut-être pas aussi impressionnant que celui d'Augusta Emerita, mais il demeure néanmoins plutôt bien conservé.
À la chute de l'empire, les visigoths entrent en ville, c'est le moyen-âge, air connu... mais la ville survit plutôt bien à cette époque, vu ses solides fortifications, et progresse sans cesse par la suite.
Point de vue d'aujourd'hui sur les murailles (en bas au centre). La tour carrée en bas au centre-droite est aussi érigée sur les restes d'une tour de l'époque romaine... Le reste, au-delà des murailles, c'est maintenant la 25e ville en importance en Europe, et c'est justement la ville dont je voulais vous parler: Zaragoza.
D'ailleurs, Zaragoza tire son nom des déformations historiques de son nom romain: [cae]SAR-A[u]GUS[t]A...
Sur les berges de la rivière Ebro, le vieux centre-ville de Zaragoza est animé par une grande place: Plaza del Pilar, dont le nom est dérivé de cette basilique: la Virgen del Pilar, une ambitieuse construction décorée d'une douzaine de tours, dont les quatre tours de coin dominent le paysage de la plaza (c'est de l'une de ces tours que la seconde photo précédant celle-ci a été prise).
L'ensemble du vieux-Zaragoza est donc un quartier compact, truffé de petits trésors historiques ou architecturaux, mais, contrairement aux petites villes historiques ou aux villages qui ont leur charme propre, Zaragoza est également une très grande ville, ce qui lui confère certains avantages (du point de vue de ce voyageur-ci, comme d'avoir un réseau de tram, par exemple). Sur ce cliché, on peut remarquer la tour - penchée - de l'église San Pablo.
Une grande ville, c'est aussi synonyme de grandes avenues et grands boulevards, bordés d'édifices de plusieurs étages et florissants de commerce local. Bon, cette photo a été prise pendant la sieste, donc il y a peu d'activité, mais on peut tout de même admirer l'endroit...
Nous sommes très éloignés de l'Andalousie et des califats que les Maures y avaient, mais néanmoins, un petit califat s'était installé à Zaragoza à l'époque où les almohades dominaient la partie sud de la péninsule. On retrouve donc plusieurs signes de l'architecture mudéjar qui a suivi. C'est le cas de plusieurs tours d'église, comme celle-ci, Santa-Maria-Magdalena, dont les détails sont remarquables.
La tour qui domine cette prise de la Plaza del Pilar est celle de la Seo, la cathédrale de Zaragoza, dont les bases datent du 12e siècle, mais l'allure actuelle remonte plus aux modifications et ajouts des 16e et 17e siècle (la tour est du 17e). La cathédrale est donc un intéressant mélange de gothique, mudéjar, baroque et néoclassique. À gauche sur la photo, on peut voir la Lonja, un élégant édifice renaissance qui servait de bourse de grains, mais qui sert aujourd'hui de salle d'exposition; j'y ai d'ailleurs vu une splendide exposition photo au moment de mon passage. Parmi les sculptures de la plaza, on remarquera, centre-droite, celle de Goya, près des gens qui s'amusent dans la fontaine publique. Goya est né à Fuendetodos, près de Zaragoza, qui l'a donc toujours considéré comme un artiste local.
Basilique del Pilar et Seo, à la nuit tombée.
Deux vues similaires, captées d'une des tours de la basilique; à gauche, le toit, les dômes et tours de la basilique, décorés de céramiques jaunes et bleues. À droite, une vue plus générale de la vieille ville à partir de cette tour. Note pour ceux qui se souviendront que j'ai le vertige en hauteur: Regardez la plus haute tour à droite; là où on voit des colonnes supporter le petit dôme. Pour prendre ces photos, j'étais au même endroit, à la même hauteur, dans la tour de coin opposée à celle que l'on voit ici. (Vous pouvez également retourner voir la 6e photo de ce billet pour avoir le point de vue d'en bas sur cette position en altitude).
Diptyque nocturne: à gauche, la Seo, à droite, la basilique.
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Zaragoza étant une grande ville, elle n'est pas sans défauts; ses gares de bus et de train sont combinées dans une abomination d'immeuble gigantesque mais désertique situé à des kilomètres du centre, et je n'ai vraiment pas eu le goût de visiter le site de l'exposition universelle de 2008 (des 106 pays participants, le Canada n'y était pas), l'affaire occupant évidemment une très vaste superficie accueillant des pavillons modernes en retrait de la ville... mais il faut dire que je n'y suis resté que quelques jours alors que la ville en méritait bien plus et a été un peu victimes des choix de vagabondages que je dois faire à chaque séjour à l'étranger.
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Avoir eu l'occasion (et j'y reviendrai peut-être), j'aurais pu m'installer pendant des semaines à Zaragoza; c'est une de ces villes accueillantes, comme Sevilla ou Salamanca qui, sans être une métropole, comme Madrid ou Barcelona, est assez grande et développée pour offrir beaucoup au voyageur, tout en demeurant assez petite pour lui permettre de la visiter de manière relaxante. Mon passage à Zaragoza, trop court, m'aura donc laissé un excellent souvenir.
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