Comme je suis de passage au Lac St-Jean, j'ai fait un saut à Roberval, ma ville natale, pour voir comment vont les choses et (re)visiter certains lieux. Je trouve toujours intéressant de revoir la ville où j'ai passé mon enfance, à intervalle plus ou moins régulier, du point de vue d'un visiteur de passage, et avec le point de vue d'un voyageur dont l'expérience évolue au fil des voyages, entre chacune de mes visites à Roberval.
Roberval, comme beaucoup de villes au Québec, avait plus d'une paroisse, et donc, plus d'une église. Évidemment, au fil des ans, la relation des robervalois envers l'église catholique a suivi le même chemin que celle des québécois en général, et les paroisses, après avoir opéré une fusion, ont décidé de fermer et vendre une église et n'en conserver qu'une. J'ai vaguement suivi le dossier à distance, par simple intérêt envers ma vile natale, et j'avais été fort déçu d'apprendre que l'on vendait l'église St-Jean-de-Brébeuf, un bel édifice néogothique en granit rose du Lac St-jean, au profit de l'église Notre-Dame, une affaire de béton et d'acier assez laide, carrée et moderne.
Cette église, dont la construction remonte à 1967, a été érigée à la place d'une superbe petite église en bois qui avait été construite en 1873. Toute ma jeunesse, j'ai entendu les gens de Roberval dire que l'ancienne église avait été dévastée par un incendie et que c'était pour ça que l'on avait érigé cette église moderne après le désastre.
Le cadrage de cette photo n'est pas un hasard. On ne voit qu'une partie de l'église elle-même - on ne manque rien, elle est pyramidale et identique de tous les côtés. L'endroit au centre de la photo, et occupé aujourd'hui par un stationnement, est l'endroit où se tenait l'église de 1873. On aimerait que la ville, symboliquement, ait marqué lieu, comme on le fait dans plusieurs endroits pour souligner un élément historique, mais il est rare que les petites villes de région se préoccupent de ce genre de choses.
Si l'extérieur de l'église Notre-Dame est un truc horrible de mon point de vue, j'avoue que l'intérieur est beaucoup mieux et offre une belle surprise au visiteur. Le bois domine, même au plafond, et on peut y voir un orgue tout neuf, que l'on a installé à partir de tuyaux récupérés à Notre-Dame de Thetford Mines. C'est qu'en 2010, l'église a été victime d'un incendie qui a détruit une partie de son intérieur et abîmé son orgue.
Ce qui frappe le plus dans l'intérieur de Notre-Dame est une série de vitraux installés tout autour du bâtiment et qui forment une mosaïque colorée qui amène à l'intérieur, en conjonction avec le bois, une vie et une chaleur qui manquent si cruellement à son extérieur. (On peut aimer ou pas le design des vitraux, des représentations très modernes de l'histoire biblique, c'est une autre histoire).
Pour revenir aux histoires de mon enfance sur l'incendie ayant dévasté l'église de 1873... j'y ai cru jusqu'au jour où ayant accès aux archives de la Société d'Histoire, j'ai mis la main sur une photo spectaculaire montrant l'évolution de la construction de la nouvelle église... alors que la vieille église est toujours debout juste à côté!
Dire que j'étais étonné serait en deçà de la réalité. Non seulement on m'avait menti, mais en plus, c'était pour cacher une décision idiote de détruire un bâtiment historique, et au profit d'une construction moderne en plus! Argh. Certes, il y avait réellement eu un incendie à l'intérieur de l'église, mais comme pour celui de 2010 dans l'église actuelle, ce n'était pas suffisant pour détruire entièrement l'église... Roberval n'est probablement pas une exception au Québec, mais son histoire est jalonnée de destruction d'édifices patrimoniaux, et ce n'est pas comme si la ville en avait des centaines, pourtant.
Et à chaque fois qu'un nouveau dossier se produit, l'histoire se répète. Le mur pare-feu de la partie du couvent des ursulines, qui a survécu à un incendie elle aussi, est là pour nous rappeler que les ruines de la plus vieille partie ont été rapidement démolies, volontairement, sur une décision du maire (heureusement qu'il n'a jamais été maire de Rome ou d'Athènes, l'imbécile!).
Le Jardin qui a été installé offre maintenant quelques oeuvres d'art intégrées à son développement. Celle que l'on voit sur la photo s'intitule "Légèreté consistante" et est composée de nuages/rochers qui comprennent quelque jeu de lumière le soir venu.
Le Jardin des Ursulines est encore un projet en développement. On y retrouve plusieurs choses pour le moment, mais l'ensemble manque un peu de cohérence - en attendant que le projet soit complété, j'imagine - et il manque un lieu d'accueil clair qui permet de situer l'ensemble des éléments qui peuvent se visiter. On a par exemple, un damier qui doit servir à des parties d'échecs ou de dames géantes en plein air, un petit musée (qui était fermé lors de mon passage) et d'autres installations ayant servi aux ursulines à l'époque et dont le souvenir est rappelé par diverses plaques ou par cette murale un peu naïve peinte sur une dépendance.
S'il n'y a plus qu'une église à Roberval, c'est que l'on a vendu celle qui était St-Jean-de-Brébeuf et dont on voit le clocher dépourvu de ses cloches sur cette photo.
D'ailleurs, pour les amateurs de coïncidences intéressantes, c'est le lendemain du jour où on a retiré les cloches de St-Jean-de-Brébeuf qu'il y a eu incendie dans l'église Notre-Dame en 2010. Moi, avoir été catholique et robervalois, j'aurais pris ça comme un signe du ciel qu'on s'était trompé d'église!
Accessoirement, et pour ma petite histoire personnelle, l'immeuble que l'on voit à l'avant-plan appartenait à mon grand-père et une tante de mon père quand j'étais enfant. J'ai d'ailleurs déjà vécu dans l'appartement d'en haut, celui avec une verrière, puisque c'est là que vivaient mes parents à ma naissance.
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Roberval, comme beaucoup de villes au Québec, avait plus d'une paroisse, et donc, plus d'une église. Évidemment, au fil des ans, la relation des robervalois envers l'église catholique a suivi le même chemin que celle des québécois en général, et les paroisses, après avoir opéré une fusion, ont décidé de fermer et vendre une église et n'en conserver qu'une. J'ai vaguement suivi le dossier à distance, par simple intérêt envers ma vile natale, et j'avais été fort déçu d'apprendre que l'on vendait l'église St-Jean-de-Brébeuf, un bel édifice néogothique en granit rose du Lac St-jean, au profit de l'église Notre-Dame, une affaire de béton et d'acier assez laide, carrée et moderne.
Cette église, dont la construction remonte à 1967, a été érigée à la place d'une superbe petite église en bois qui avait été construite en 1873. Toute ma jeunesse, j'ai entendu les gens de Roberval dire que l'ancienne église avait été dévastée par un incendie et que c'était pour ça que l'on avait érigé cette église moderne après le désastre.
Le cadrage de cette photo n'est pas un hasard. On ne voit qu'une partie de l'église elle-même - on ne manque rien, elle est pyramidale et identique de tous les côtés. L'endroit au centre de la photo, et occupé aujourd'hui par un stationnement, est l'endroit où se tenait l'église de 1873. On aimerait que la ville, symboliquement, ait marqué lieu, comme on le fait dans plusieurs endroits pour souligner un élément historique, mais il est rare que les petites villes de région se préoccupent de ce genre de choses.
Si l'extérieur de l'église Notre-Dame est un truc horrible de mon point de vue, j'avoue que l'intérieur est beaucoup mieux et offre une belle surprise au visiteur. Le bois domine, même au plafond, et on peut y voir un orgue tout neuf, que l'on a installé à partir de tuyaux récupérés à Notre-Dame de Thetford Mines. C'est qu'en 2010, l'église a été victime d'un incendie qui a détruit une partie de son intérieur et abîmé son orgue.
Ce qui frappe le plus dans l'intérieur de Notre-Dame est une série de vitraux installés tout autour du bâtiment et qui forment une mosaïque colorée qui amène à l'intérieur, en conjonction avec le bois, une vie et une chaleur qui manquent si cruellement à son extérieur. (On peut aimer ou pas le design des vitraux, des représentations très modernes de l'histoire biblique, c'est une autre histoire).
Pour revenir aux histoires de mon enfance sur l'incendie ayant dévasté l'église de 1873... j'y ai cru jusqu'au jour où ayant accès aux archives de la Société d'Histoire, j'ai mis la main sur une photo spectaculaire montrant l'évolution de la construction de la nouvelle église... alors que la vieille église est toujours debout juste à côté!
Dire que j'étais étonné serait en deçà de la réalité. Non seulement on m'avait menti, mais en plus, c'était pour cacher une décision idiote de détruire un bâtiment historique, et au profit d'une construction moderne en plus! Argh. Certes, il y avait réellement eu un incendie à l'intérieur de l'église, mais comme pour celui de 2010 dans l'église actuelle, ce n'était pas suffisant pour détruire entièrement l'église... Roberval n'est probablement pas une exception au Québec, mais son histoire est jalonnée de destruction d'édifices patrimoniaux, et ce n'est pas comme si la ville en avait des centaines, pourtant.
Et à chaque fois qu'un nouveau dossier se produit, l'histoire se répète. Le mur pare-feu de la partie du couvent des ursulines, qui a survécu à un incendie elle aussi, est là pour nous rappeler que les ruines de la plus vieille partie ont été rapidement démolies, volontairement, sur une décision du maire (heureusement qu'il n'a jamais été maire de Rome ou d'Athènes, l'imbécile!).
Le Jardin qui a été installé offre maintenant quelques oeuvres d'art intégrées à son développement. Celle que l'on voit sur la photo s'intitule "Légèreté consistante" et est composée de nuages/rochers qui comprennent quelque jeu de lumière le soir venu.
Le Jardin des Ursulines est encore un projet en développement. On y retrouve plusieurs choses pour le moment, mais l'ensemble manque un peu de cohérence - en attendant que le projet soit complété, j'imagine - et il manque un lieu d'accueil clair qui permet de situer l'ensemble des éléments qui peuvent se visiter. On a par exemple, un damier qui doit servir à des parties d'échecs ou de dames géantes en plein air, un petit musée (qui était fermé lors de mon passage) et d'autres installations ayant servi aux ursulines à l'époque et dont le souvenir est rappelé par diverses plaques ou par cette murale un peu naïve peinte sur une dépendance.
S'il n'y a plus qu'une église à Roberval, c'est que l'on a vendu celle qui était St-Jean-de-Brébeuf et dont on voit le clocher dépourvu de ses cloches sur cette photo.
D'ailleurs, pour les amateurs de coïncidences intéressantes, c'est le lendemain du jour où on a retiré les cloches de St-Jean-de-Brébeuf qu'il y a eu incendie dans l'église Notre-Dame en 2010. Moi, avoir été catholique et robervalois, j'aurais pris ça comme un signe du ciel qu'on s'était trompé d'église!
Accessoirement, et pour ma petite histoire personnelle, l'immeuble que l'on voit à l'avant-plan appartenait à mon grand-père et une tante de mon père quand j'étais enfant. J'ai d'ailleurs déjà vécu dans l'appartement d'en haut, celui avec une verrière, puisque c'est là que vivaient mes parents à ma naissance.
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