vendredi 28 juin 2013

Cinéma-voyage: Chili

Note: Ce billet s'inscrit dans la série Cinéma-Voyage.
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Ce billet de cinéma-voyage nous emmène en Amérique du Sud, au Chili, plus précisément, et nous ramène également dans le passé, puisque l'action de NO se déroule en 1988.
NO raconte l'histoire du référendum chilien sur le maintient au pouvoir du dictateur Augusto Pinochet. Le plébiscite, organisé après 15 ans de pouvoir et sous la pression de la communauté internationale, devait être arrangé par les autorités pour être gagné d'avance, mais par soucis de transparence envers la communauté internationale, on avait permis à l'opposition, le comité du non (le NO du titre) de profiter de 15 minutes de télévision par jour pendant les 27 jours de la campagne.
Le film suit la campagne du point de vue de René, un publicitaire qui se retrouve en partie responsable de la campagne télévisée du Non, employé d'une agence dont le patron offre ses services au régime, en faveur du Oui et de Pinochet. Coups bas, menaces, intimidation envers les membres de l'équipe de tournage, copie des concepts et logos, la campagne du Oui mise sur les stratégies habituelles de la droite autoritaire.
Le défi de la coalition du Non est multiple, puisqu'en plus de la peur d'aller voter contre le dictateur, plusieurs se doutent bien que le résultat sera arrangée, donc qu'il semble inutile de s'impliquer ou d'aller voter, sans parler de ceux qui par principe, croient que de participer est de reconnaître l'autorité de celui qui organise le plébiscite. La plupart cherchent donc simplement à utiliser cette campagne, sans espoir de la gagner, pour dénoncer le régime et ses atrocités, mais René réussi à convaincre les responsables qu'il leur faut plutôt une campagne positive. Il développe donc son concept autour du thème du bonheur qui s'en vient, avec un logo en arc-en-ciel et des publicités bucoliques sur l'avenir d'un Chili sans Pinochet. Évidemment, sa stratégie sera mise à dure épreuve pendant la campagne, autant par ses alliés que par ses ennemis.
NO est donc un film politique qui intègre plusieurs éléments historiques, et dont la chute nous est déjà connue pour peu que l'on connaisse l'histoire de l'Amérique latine. L'intérêt du scénario repose donc non pas dans le "qu'arrivera-t-il", mais dans le "comment". Le réalisateur a donc opté pour des images réalistes, dont le grain est souvent apparent, et a tourné en format 4/3 comme on le faisait en 1988, ce qui lui permet l'intégration d'images d'archive sans que le spectateur ne puisse repérer ces insertions dans ce docu-fiction qui nous est raconté. Le toujours excellent Gael Garcia Bernal - devenu un acteur incontournable des productions socio-politiques latino-américaines - interprète René avec subtilité et caractère (et il semble que l'acteur puisse adopter à peu près n'importe quel accent espagnol au fil des ans, jouant ici un chilien revenu d'exil depuis peu).
Notons en terminant que NO - qui vient tout juste de sortir en DVD - était en nomination aux plus récents Oscars, dans la catégorie des meilleurs films en langue étrangère (avec Rebelle, de Kim Nguyen et Amour, qui a remporté l'Oscar).
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