"Le pouvoir (et l'argent) doit-il toujours l'emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s'interroger publiquement?"
Poser la question est y répondre.
Un court billet-réaction, suie à la publication de la nouvelle sur le règlement hors-cour de la poursuite de Barrick Gold contre les auteurs et le petit éditeur Écosociété, qui avaient publié le livre Noir Canada, sur les abus des compagnies minières canadiennes en Afrique.
J'avais fait écho à cette publication - et à cette poursuite - dans un billet précédent, m'étant moi-même penché sur l'implication des compagnies canadiennes et la complicité du gouvernement du Canada dans leurs agissements au Guatemala. Tout mon intérêt pour cette histoire est venu en fait de la gène, du malaise et disons-le clairement, de la peur, de gens que j'ai rencontré au Guatemala avec qui j'avais abordé le sujet des compagnies canadiennes. Même les coopérants du projet d'accompagnement Québec-Guatemala n'avaient pas osé se prononcer sur le sujet ou être cité concernant l'implication du Canada dans les violences et les violations de droits humains au Guatemala.
Dans le communiqué de presse du règlement hors-cour, on mentionne que le livre sera retiré du marché et que les auteurs évitent ainsi "un procès de 40 jours et de multiples procédures représentant en soi des coûts financiers, humains et moraux colossaux" Noire journée pour la liberté d'expression de ceux qui osent poser des questions aux grands riches de ce monde.
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Dans une lettre publiée dans le journal Le Devoir en décembre 2010, et signée par une trentaine de professeurs de droit, on pouvait déjà lire:
" Les auteurs de Noir Canada n'ont sans doute rien fait de plus que le travail auquel on s'attend des penseurs et des chercheurs au sein de chaque collectivité. Derrière la poursuite dont ils sont l'objet, demeure une question fondamentale: peut-on encore être critique dans notre société? Le pouvoir (et l'argent) doit-il toujours l'emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s'interroger publiquement? Au-delà de ce que recouvre la notion d'atteinte à la réputation, c'est donc l'avenir de la pensée qui se jouera ici".
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Malgré tout, on retrouve les paragraphes suivants à la fin du communiqué de presse annonçant le règlement.
"Les Auteurs réitèrent ce qu’ils ont écrit dans l’introduction de Noir Canada, à savoir que « cet ouvrage ne constitue pas une condamnation sommaire de sociétés » qu’il cite, et qu’ils ne s’étaient pas donné pour mandat d’assurer ultimement la véracité des allégations que le livre développe à partir de documents publics. Les Auteurs maintiennent que Noir Canada a été écrit afin de susciter un débat public sur la présence controversée d’intérêts canadiens en Afrique et d’en appeler à la création d’une commission d’enquête sur cette présence canadienne en Afrique. Ils maintiennent toujours cette position et continuent de s’enquérir du rôle des sociétés privées actives en tant que partenaires commerciaux auprès de représentants politiques africains engagés dans des conflits armés. Écosociété considère que Noir Canada est pertinent et d’intérêt public, que la thèse qui y est développée constitue une contribution essentielle à la pensée critique et méritait d’être publiée. Écosociété entend poursuivre sa mission d’éditeur indépendant qui publie des essais d’intérêt public visant à susciter des débats de société".
Poser la question est y répondre.
Un court billet-réaction, suie à la publication de la nouvelle sur le règlement hors-cour de la poursuite de Barrick Gold contre les auteurs et le petit éditeur Écosociété, qui avaient publié le livre Noir Canada, sur les abus des compagnies minières canadiennes en Afrique.
J'avais fait écho à cette publication - et à cette poursuite - dans un billet précédent, m'étant moi-même penché sur l'implication des compagnies canadiennes et la complicité du gouvernement du Canada dans leurs agissements au Guatemala. Tout mon intérêt pour cette histoire est venu en fait de la gène, du malaise et disons-le clairement, de la peur, de gens que j'ai rencontré au Guatemala avec qui j'avais abordé le sujet des compagnies canadiennes. Même les coopérants du projet d'accompagnement Québec-Guatemala n'avaient pas osé se prononcer sur le sujet ou être cité concernant l'implication du Canada dans les violences et les violations de droits humains au Guatemala.
Dans le communiqué de presse du règlement hors-cour, on mentionne que le livre sera retiré du marché et que les auteurs évitent ainsi "un procès de 40 jours et de multiples procédures représentant en soi des coûts financiers, humains et moraux colossaux" Noire journée pour la liberté d'expression de ceux qui osent poser des questions aux grands riches de ce monde.
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Dans une lettre publiée dans le journal Le Devoir en décembre 2010, et signée par une trentaine de professeurs de droit, on pouvait déjà lire:
" Les auteurs de Noir Canada n'ont sans doute rien fait de plus que le travail auquel on s'attend des penseurs et des chercheurs au sein de chaque collectivité. Derrière la poursuite dont ils sont l'objet, demeure une question fondamentale: peut-on encore être critique dans notre société? Le pouvoir (et l'argent) doit-il toujours l'emporter sur le droit de savoir, ou du moins sur le droit de s'interroger publiquement? Au-delà de ce que recouvre la notion d'atteinte à la réputation, c'est donc l'avenir de la pensée qui se jouera ici".
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Malgré tout, on retrouve les paragraphes suivants à la fin du communiqué de presse annonçant le règlement.
"Les Auteurs réitèrent ce qu’ils ont écrit dans l’introduction de Noir Canada, à savoir que « cet ouvrage ne constitue pas une condamnation sommaire de sociétés » qu’il cite, et qu’ils ne s’étaient pas donné pour mandat d’assurer ultimement la véracité des allégations que le livre développe à partir de documents publics. Les Auteurs maintiennent que Noir Canada a été écrit afin de susciter un débat public sur la présence controversée d’intérêts canadiens en Afrique et d’en appeler à la création d’une commission d’enquête sur cette présence canadienne en Afrique. Ils maintiennent toujours cette position et continuent de s’enquérir du rôle des sociétés privées actives en tant que partenaires commerciaux auprès de représentants politiques africains engagés dans des conflits armés. Écosociété considère que Noir Canada est pertinent et d’intérêt public, que la thèse qui y est développée constitue une contribution essentielle à la pensée critique et méritait d’être publiée. Écosociété entend poursuivre sa mission d’éditeur indépendant qui publie des essais d’intérêt public visant à susciter des débats de société".
Hugo, moi je suis désespérée car je crois que l'on arrivera jamais à changer le monde. J'ai lu tous tes articles et je me dis: plus on se bat, moins on réussi. Un jour peut-être.....
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