dimanche 4 mai 2008

Un oeil sur la Bolivie

Vous vous souvenez peut-être que lors de mon passage en Bolivie, l'été dernier, j'avais traité de la situation politique bolivienne et de son président de gauche Evo Morales.
Depuis quelques mois, les choses se sont gâtées pour Morales. Globalement, il a toujours l'appui de la majorité de la population, mais comme pratiquement tous les gouvernements de gauche au monde, il doit faire face à l'opposition de la plus riche droite.
Ainsi, la majorité des descendants européens blancs et métis de la Bolivie vivent dans la partie est du pays, cette partie, essentiellement en Amazonie, est aussi l'endroit où l'on trouve les richesses naturelles du pays (gaz naturel, terres agricoles et forêts). Or, la province de Santa Cruz, où sont concentrés ces opposants au régime Morales, tient aujourd'hui un référendum sur l'indépendance de Santa Cruz. Essentiellement, les dirigeants de cette province ont une position assez classique; ils préfèrent faire sécession que de partager cette richesse pour le bien être de l'ensemble des boliviens. Leur position n'a rien de nouveau, mais ils sont devenus plus actifs depuis l'élection de Morales et ses importantes réformes, notamment la nationalisation du gaz et ses projets de réformes agraires.
Là-bas, on parle du choc des classes sociales, puisque l'image de ce référendum est celui de riches citoyens qui refusent le partage de richesses proné par le gouvernement socialiste d'Evo Morales. Les militants de droite parlent évidemment d'un gouvernement communiste et certains d'entre eux n'éliminent pas la possibilité d'un conflit armé.
Il faut dire que Morales n'a pas aidé sa cause et a visiblement sous-estimé le problème que poserait la réaction des classes moyennes et riches boliviennes à ses idées de gauche.
(Pour les lecteurs qui cherche un parallèle, c'est un peu comme si un gouvernement canadien de gauche voulait mieux répartir les richesses de l'Alberta et que cette dernière décidait de faire sécession plutôt que de partager ses richesses naturelles).
Ajoutons également que c'est dans l'est que l'on retrouve la plus petite portion de boliviens d'origine Quechua et que c'est évidemment cette culture qui souffrirait le plus de voir la population de Santa Cruz déclarer son indépendance et laisser le reste de la Bolivie apauvrie. Les partisans de Morales semblent également prêts au pire. C'est donc, aussi, un conflit racial et culturel puisque le gouvernement Morales est le premier gouvernement bolivien depuis longtemps à être largement supporté par les Quechuas.
à suivre... dans quelques médias... en espérant que la pacifique Bolivie ne tombe pas en pleine guerre civile...
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Je suggère cet article de La Prensa de la Bolivie, sur les violences qui éclatent déjà dans certaines parties de la province de Santa Cruz, et sur l'incertitude qui règne aujourd'hui dans ce pays des Andes.
Le Washington Post traite également de la situation, avec quelques nuances importantes sur le niveau d'indépendance souhaité par des militants de Santa Cruz.
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Enfin, j'invite spécialement mes amis qui ont voyagé et séjourné en Bolivie à ajouter leur point de vue et leurs commentaires à ce billet.
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Photos: de Sucre, Bolivie, fête nationale, le 6 août 2007.

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