Hier soir, je suis allé, en quelques sortes, à Broadway, sans avoir à me rendre à New York.
J'ai vu mon premier musical directement sur Broadway, à New York, Phantom of the Opera, en 2006. J'ai adoré l'expérience, et je n'ai donc pas perdu de temps pour retourner à NY et y voir deux autres musical: Hairspray et RENT, ce dernier étant mon favori de tous.
N'ayant pas eu l'occasion de me rendre à New York avant les fêtes (ne désirant pas y aller pendant la grève des employés de scène qui a causé l'annulation de plusieurs spectacles à Broadway), je me suis rabattu sur un musical venu nous visiter ici-même à Montréal: Mamma Mia.
Mamma Mia est une comédie chantée écrite par Catherine Johnson à partir des chansons du groupe suédois ABBA. Vous vous souvenez certainement de quelques succès de ABBA, dont The winner takes it all et Dancing Queen.
En fait de musical de Broadway, Mamma Mia a tardé à se pointer à New York, puisque la première mondiale a eu lieu à Londres, en avril 1999 et la première nord-américaine a eu lieu à Toronto en mai 2000. Mamma Mia a trouvé sa place à Broadway en octobre 2001, après la fermeture de Cats et ses 7485 représentations en dix-huit ans au Winter Garden Theater.
Dans les normes régnant à New York, Mamma Mia est donc un musical relativement récent.
Mamma Mia est donc présenté cette semaine à la Place des Arts de Montréal (8 au 13 janvier) et j'ai eu le plaisir d'assister à la représentation d'hier soir (10 janvier).
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Mamma Mia raconte l'histoire de Donna et de sa fille Sophie. Sophie est sur le point de se marier et comme elle ne sait pas qui est son père, elle a déniché les noms de trois hommes dans le journal personnel de sa mère et les a invité au mariage, dans l'espoir d'y être accompagnée par son père lors de la cérémonie. Le problème, c'est que Donna n'a aucune idée duquel des trois est le père de Sophie et n'a revu aucun des trois hommes depuis 20 ans.
La première partie se déroule donc le jour précédant la noce, alors que les invités arrivent et la seconde partie se déroule le jour du mariage de Sophie. Le décor est une île grecque, où Donna exploite un petit hotel-bar depuis la naissance de Sophie.
Je n'ai jamais été le plus grand fan des chansons de ABBA, mais comme tout le monde, elle font partie de ma culture musicale globale; on a entendu et on entend encore plusieurs de leurs titres depuis leur apogée dans les années 70. C'est fascinant de constater à quel point on reconnait toutes les chansons, même si on n'a jamais possédé un seul disque d'ABBA.
J'ai trouvé fort amusant de voir comment l'auteur s'est tiré d'affaires pour construire son intrigue et son scénario en utilisant des chansons déjà existantes, sans pouvoir en changer un mot, chansons qui n'avaient pas du tout été écrites pour un musical à l'origine. (Pensez Moulin Rouge, mais en vous centrant sur les pièces à succès d'un seul groupe!)
L'intérêt ne vient pas seulement de certains trouvailles à ce niveau, mais aussi de la manière dont l'auteur s'y est pris pour utiliser des pièces données à une sauce différente de celle de la chanson originale. Par exemple, quand Sophie chante The Name of the Game a un de ses pères potentiels, les paroles prennent tout à coup une toute autre signification que lorsque ABBA chantait la pièce.
Le personnage de Donna était (20 ans avant) membre d'un trio de chanteuses, et cette idée permet aussi l'intégration de quelques pièces sans rapport avec l'intrigue, lors des retrouvailles du trio à l'occasion du mariage de Sophie. C'est là, entre autres, que l'on "case" Dancing Queen et Super Trooper. Il y a aussi quelques clins d'oeil amusants; dont le moment où Donan fredonne (hors-scénario) en arrière-plan et que l'on reconnait Fernando, aussi de ABBA mais absente du programme officiel de la soirée.
Côté décor, comme j'ai vu la version de tournée (présentée par Broadway across Canada), l'ensemble tenait à deux morceaux principaux et du mobilier, le tout ré-agencé par les comédiens entre les scènes de manière fluide, un choix de mise en scène moderne et efficace qui permet de jouer rapidement sur plusieurs tableaux sans faire de pause.
Mamma Mia offre aussi et surtout beaucoup d'humour. En ce sens, le terme français de Comédie Musicale fait ici plus de sens qu'avec RENT ou Phantom of the Opera (plus dramatiques que comiques). L'ensemble est traité avec légèreté (il aurait été difficile de faire trop sérieux avec les pièces d'ABBA) et la mise en scène m'a rapelé Hairspray, mais en moins éclaté. On rigole donc beaucoup, notamment pendant Chiquitita et I do I do I do I do I do.
Pour ma part, ce qui me plait le plus dans ces spectacles chantés à grand déploiment, c'est les pièces interprétées par la troupe entière, où des dizaines de personnages s'entrecroisent sur scène dans un apparent chaos mais savamment chorégraphié et qu'il y a crescendo et effervescence musicale. Mamma Mia n'offre pas autant de ces moments que RENT (un must dans le genre) et ses points culminants sont un peu plus tranquille, mais je retiens avec un grand sourire Money money money, The Winner takes it all, Mamma Mia et mon moment favori de la soirée, le délicieux Voulez-vous précédant l'entracte. Les salutations finales ont aussi donné un prétexte à une reprise de Dancing Queen en version délirante, qui a totalement conquis le public présent à la salle Wilfrid Pelletier.
Je note en terminant que ce public était de tous âges, mais plus concentré sur les strates suppérieures d'âges de la population, et j'ai cru remarqué une majorité de visage féminin dans la foule. Mais je n'ai pas porté attention plus que ça, alors c'est peut-être une impresison biaisée.
Enfin, comme pour les autres musicals que j'ai vu, Phantom of the opera (2004), RENT (2005) et Hairspray (2007), Mamma Mia fait l'objet d'une adaptation au cinéma, le film doit sortir l'été prochain. Je n'y vois pas là une tendance personnelle (je n'ai pour le moment vu qu'un seul de ces films), mais plutôt une tendance d'Hollywood toujours à l'affut de projets adaptés, surtout depuis le succès critique et public du film Chicago (2002), basé sur un musical à succès. La preuve, on a refait Hairspray après le succès à Broadway, celui-ci étant déjà l'adaptation d'un film homonyme (1988).
En conclusion, une autre excellente soirée à Broadway, et je recommande Mamma Mia à tous les amateurs du genre.
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