À Cuba, il y a deux devises.
La première est la devise officielle du pays, le peso cubano, appelé aussi moneda nacional (MN). Ce peso "pèse" de 1/35 à 1/25 $ CDN. (Info non vérifié en date d'aujourd'hui...).
La seconde devise - qui n'a aucune valeur sur le marché international - est le peso convertible (CUC).
Cette seconde devise est réservée aux touristes, qui doivent payer leurs dépenses à Cuba en peso convertibles.
Officiellement, un étraner ne devrait jamais avoir de moneda nacional en sa possession. Les cubains sont censé transiger seulement en CUC avec les touristes.
Car, pour les prix, le système est assez simple. Le prix, par exemple, d'un filet mignon au restaurant La Libertad de Santiago, est de 4,50. C'est donc 4,50 MN pour un cubain, et 4,50 CUC pour un touriste.
Comme le CUC n'a pas cours mondial (et n'est pas suporté par l'économie du pays), on doit l'acheter sur place et c'est la banque centrale de Cuba qui fixe arbitrairement les taux de change. En ce moment, par exemple, un CUC = 1,14 $ CDN. (En théorie, lors de son adoption comme monnaie alternative touristique, le CUC devait demeurer au pair avec la devise américaine).
C'est dire que notre filet mignon est payé 25 fois plus cher par un touriste que par un cubain.
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Comme le touriste doit se procurrer des CUC pour son séjour, il doit le faire en payant avec une devise reconnue (le $ CDN, par exemple) et contribue ainsi à l'entrée massive de devises étrangères et de bonne valeur au pays.
C'est un système - à deux vitesses - qui empêche les touristes de profiter du bas cout de la vie à Cuba. Cette politique monétaire unique en son genre est peut-être une excellente manière de soutenir l'économie d'un pays pauvre, mais le corrolaire est que Cuba devient un pays où il est le plus dispendieux de voyager de toute l'Amérique Latine. (Ceci d'après mon expérience personnelle).
Par exemple, une chambre à Santiago, en casa particular (donc moins cher qu'un hotel/hostel), coute 23-25 CUC la nuit. Pour l'équivalent de ce prix, je passe trois nuits à Quito ou à Panama, et facilement 2 nuits au Pérou ou au Costa Rica. Et je ne parle même pas du Nicaragua, Guatemala ou de la Bolivie!
Cet état de fait est quelque chose de bon pour Cuba et ses habitants, globalement, mais le président de la banque centrale doit manipuler ses taux avec attention... Pour un touriste, il est facile de décider d'aller passer ses vacances ailleurs, ce ne sont pas les tout-inclus qui manquent dans les Caraibes... C'est donc un jeu plus complexe qu'il n'y parait.
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Étrangement, la plupart des canadiens dans les resorts ne touvent pas que les choses soient si chères. Évidemment, ils ne sont pas le type de voyageur qui se déplace en indépendant habituellement, ainsi ils ne connaissent de l'Amérique Latine que les plages de la République Dominicaine, du Mexique, de la Floride (!) et du Costa Rica, pour les plus aventureux.
[Anecdote amusante, j'ai entendu une femme québécoise répondre à son mari qui lui demandait si telle ou telle activité était plus chère au Mexique l'an dernier. Elle lui a dit: "Ah, c'était pareil, c'était 20 pesos. C'était en pesos aussi au Mexique". Savoureux, non, surtout quand on sait que le peso mexicano pèse trois fois moins que le peso convertible cubain?]
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Il est vrai que pour le moment, à peu près tout, même en CUC, coûte un peu moins cher qu'au Canada. Le filet mignon à 4,50 CUC est un excellent exemple de repas impossible à trouver pour ce prix au Canada. Le touriste a donc l'impression que ce n'est pas cher du tout, pour certains aspects de la vie touristique cubaine.
On ne peut pas, par exemple, faire une heure de taxi pour 25$ à Montréal! Mais une bière acheté à l'épicerie, à l'unité, vous coûtera à peu près la même chose. Par contre, on peut passer la nuit à l'hostel HI du centre-ville de Montréal pour moins de 25 CUC...
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Ainsi, voilà pourquoi Cuba est le pays du tiers-monde le plus dispendieux à visiter.
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Même s'ils n'ont aucune valeur sur le marché mondial des devises, j'ai tout de même conservé quelques billets CUC pour ma collection personnelle... Et - bien sûr, voyons - j'ai aussi mis la patte sur des pesos cubanos également pour cette même collection...
;-)
Il est facile d'obtenir des pesos national en l'exigeant à l'arrivée comme nous l'avons fait la semaine dernière prétextant que nous allions dans l'arrière pays ou le CUC n'a pas court. Résultat des courses, 3500 pesos national pour 100 euro.
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