Suite a la revolucion, il y a eu une vague d'immigration en provenance d'Haiti vers l'est de Cuba. Le résultat est la forte présence d'une population noire et métissée... et francophone dans la province de Santiago. On dit ici que depuis, l'idée d'apprendre le francais comme langue seconde fait partie des moeurs des habitants de Santiago. Le développement du tourisme franco-canadien dans le secteur a évidemment encouragé les employés du secteur touristique a le faire également... Ainsi, il est courant d'entendre les cubains parler francais lorsqu'ils s'adressent aux touristes. Ils le font meme avant de leur parler en anglais.
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Mon hotel, le Carisol, "appartient" a Cubanacan, une co-entreprise détenue par une agence cubaine et des intérets privés canadiens. Deux drapeaux a l'entrée du complexe (Cuba, et Canada) le rappellent aux visiteurs. L'absence totale de produits américains est aussi un rappel constant de l'embargo, si jamais on ne remarquait pas les panneaux dénoncant cette décision politique des USA qui parsement les routes de la province. Incidemment, c'est le premier endroit au monde ou je met les pieds et suis incapable d'acheter du Coca Cola. C'est, en quelques sortes, rafraichissant. :-)
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J'ai croisé Ronaldo en après-midi, jeudi, alors que je faisais un petit inukshuk avec des coraux trouvés sur la plage publique a l'extérieur de la propriété de l'hotel. Ronaldo est professeur d'éducation physique au niveau primaire en avant-midi. Le soir, il travaille dans une discotheque de Baconao, le village qu'il habite, a 7 km du complexe cubano-canadien Carisol los Corales. Ronaldo m'a invité a découvrir un resto de cuisine typique dans son village, ou la nourriture est "bien meilleure que ce que tu mangeras a l'hotel ici", en me disant que si j'étais intéressé, je n'avais qu'a le retrouver ici sur la plage, qu'il y passait chaque apres-midi.
Sur la route entre le Carisol et Baconao, a environ 2 km de l'hotel, il y a un étrange musée en pleine air... mais il est fermé. Mais comme mon ami Ronaldo est un ami du gars qui est responsable du musée, Ronaldo m'a donc ouvert la grille pour me permettre de visiter gratuitement ce museo meso-americano. Le museo en question met en valeur une série de reproductions Mayas et Olmeques (cultures pre-colombiennes du Mexique) disposées dans des grottes et formations rocheuses naturelles de la chaine de montagne de la Gran Piedra. L'ensemble est un peu déglingue et étrange, mais pas inintéressant, et Ronaldo m'affirme qu'un spécialiste de sculpture doit venir sous peu pour effectuer une restauration des monuments.
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Si le museo meso-americano ne propose pas d'artefacts ou reproductions d'artefatcs des sociétés pré-colombienne cubaines, c'est que contrairement aux habitants du continent, les indigenes cubains n'avaient pas une vie tres évoluée en terme de société ou d'architecture, lors de l'arrivée de Colomb, puis de Velasquez. Comme la population indigene a été entierement décimée par les espagnols (combats, esclavage et maladie combinés), a peu pres rien n'a survécu de leur histoire, et aucun artefact important n'a survécu. J'ai lu qu'il y a quelques petroglyphes a quelque part a l'est d'ici, mais il semble fort compliqué de s'y rendre.
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Si entendre les cubains parler francais a quelque chose de sympathique, la multitude de québécois en vacances ici est définitivement un élément qui détruit le sentiment de dépaysement ressenti face a la culture locale, au paysages et au climat.
Heureusement, des que l'on sort du "resort", on se retrouve pratiquement le seul touriste dans les environs. Une fois a Santiago, on voit quelques backpackers (yeah!) et quelques groupes de touristes venus en excursions en bus de leur complexe tout inclus.
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Jeudi soir, au buffet du souper, un trio de musicien (deux guitaristes et un joueur de maracas) ont interprété quelques classiques espagnols, dont Besame Mucho, mais aussi Guantanamera et une balade romantique a Che Guevara.
Je ne peux que m'interoger sur ce que le Che aurait pensé des vacanciers internationaux venus dépenser leur argent - gagné dans des pays ou, pour la plupart, l'écart entre riches et pauvres s'accroit. Heureusement pour la mémoire du Che, les vacanciers ne sont pas américains :-)
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Incidemment, comme dans plusieurs pays latinos, le Che fait figure de héros et de potentiel commercialisable pour les touristes. Par contre, comme la libre entreprise n'est pas florissante dans le coin (!), on retrouve moins de marchandises a l'effigie du Che qu'ailleurs en Amérique Latine.
N'empeche, parfois, on a l'impression que l'image du Che est le cadeau de Fidel a l'industrie touristique.
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a suivre...
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