dimanche 6 janvier 2008

Cuba 2008: Contexte (2)

J'ai souvent dis que je voulais voir Cuba avant la fin du règne de Fidel.
Le timing ne pourrait donc pas être meilleur, puisque le 20 janvier prochain, il y a justement des élections à Cuba.
Je serai alors (selon mon plan de voyage) dans la région de Santiago de Cuba, et c'est justement dans Santiago que Fidel Castro est, historiquement, candidat.
Cette année, pourtant, il n'est pas certain que Fidel sera candidat, et même s'il l'est et est réélu, rien ne nous assure qu'il acceptera le mandat confié.
Attendez un instant, avant de parler d'élections à Cuba, peut-être faudrait-il remettre en contexte les élections en question. Cuba n'est pas, à proprement parler, un modèle de démocratie, non? Jettons-y un oeil...
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En un mot ou deux, précisions que depuis 1959, Cuba est une république socialiste à parti unique, dirigée par un Président, d'abord élu député.
Le pays n'a donc qu'un parti, le Parti Communiste, et ce parti est constitué de députés régionaux et nationaux. Les élections visent à élire ces représentants du peuple au gouvernement, lesquels représentants se choisissent un chef. Depuis 1959, ce chef est Fidel Castro - ce qui en fait, au passage, le dirigeant avec le règne le plus long au monde actuellement.
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Comme vous le savez certainement, en 2006, Fidel a été hospitalisé, puis opéré et récupère lentement depuis, malgré son âge de 81 ans. Il a transmis les pouvoirs de lider maximo à son frère Raul Castro, 76 ans, qui dirige le pays depuis.
Pour les élections du 20 janvier 2008, Fidel a laissé entendre qu'il pourrait ne pas accepter un nouveau mandat. Officiellement, tout le monde s'attend à ce que Raul soit celui qui lui succèdera encore un moment, mais il y aura rapidement un après-Raul comme un après-Fidel.
Cet après-Castro est ce qui retient l'attention mondiale. Pour le moment, la transition commencée en 2006 semble se passer en douce.
À ce sujet, les élections du 20 janvier seront un événement fort intéressant à surveiller... a fortiori si j'ai l'occasion de surveiller la chose en direct, sur place.
Pour le moment, tout semble se dérouler dans l'ordre. le journal national Granma (journal du Parti Communiste) parle des préparatifs qui vont bon train et mentionne même que "La Ley ofrece el derecho de votar por la totalidad de los nominados, por uno, por varios o por ninguno de ellos, con entera libertad." ("La loi offre le droit de voter pour la totalité des candidats, pour un seul, pour quelques-uns ou pour aucun d'eux, avec entière liberté." - Ma traduction).
Les cubains semblent prendre leur droit de vote au sérieux, puisque lors du premier tour d'octobre dernier, plus de 95% de la population a exercé ce droit.
Notons aussi que pour se présenter aux élections cubaine, la loi n'oblige pas le candidat à être membre du Parti Communiste. Aux élections courantes, un tiers des candidats ne le sont d'ailleurs pas. Signe de changements? Aux élections prochaines du 20 janvier, plus de 300 000 jeunes ont droit de vote pour la première fois...
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à suivre...
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Photo: Un billet de 20 pesos cubain, de 1960, arborant la signature du Che, alors président de la banque centrale. (Un billet assez rare, Che en a signé en 1960 et 1961. J'ai ajouté une trame personnelle pour des raisons évidentes).

3 commentaires:

  1. Anonyme7:21 PM

    La grande crainte, que dis-je, la certitude, c'est que si le système socialiste tombe, il sera remplacé par une kleptocratie, comme en Russie. La mafia cubaine, à Miami, se frotte déjà les mains.
    Et quelle amélioration a connu l'ex-URSS? Elle est maintennat dirigée par l'ancien chef du KGB, qui amonopolisé le pétrole, fait emprisonner les opposants, assassiner les journalistes, et s'est rendu coupable de génocide en Tchétchénie (20% de la population éliminée, comme au temps de Staline, mais on n'en parle pas trop, ce sont des Musulmans).
    L'écart entre riches et pauvres s'est multiplié par cent, les retraités ont perdu leurs pensions... je m'arrête ici.
    Cuba a actuellement le meilleur taux d'alphabétisation du Tiers-Monde, la meilleure situation de santé publique, et l'une des pus belles capitales d'Amérique latine.
    On donne combien de temps à la «démocratie» pour effacer ces acquis?
    Moi je dis deux ans, maximum.

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  2. Cher Daniel,
    Tu as fort probablement (et tristement) raison, je crois bien.
    On pourrait ne parler très longuement.
    Cuba est aussi un des pays dont les habitants ont une des plus longue espérance de vie (aux alentours de 79 ans), par exemple.
    J'ai toujours l'impression que les exilés cubains de Miami se sont fabriqué une sorte de Cuba d'avant Fidel très idéalisée (d'autant plus que seuls les exilés très âgés peuvent l'avoir vécu) et semble ignorer toutes les attrocités du régime de Batista (dictature qui était alors supporté par les USA, hum la démocratie).
    L'espoir réside dans une transition douce de Fidel vers Raul, puis vers un des protégés de Fidel (il y a quelques ministres actuels qui pourraient faire un bon travail).
    Le problème, c'est que la silencieuse opposition le sera certainement moins après la mort de Fidel...
    Et en terme d'économie, tout le monde parle de Cuba comme d'un échec, mais imagine un instant que le Canada ait eu à vivre avec un embargo des USA pendant les 45 dernières années, je ne donnerait pas cher de notre économie.
    On s'étonnera de l'obstination des USA qui maintiennent l'embargo pour des raisons de "démocratie" mais qui ont des relations commerciales avec la Chine, pour ne nommer que cet exemple.

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  3. Anonyme5:34 PM

    Il faut en effet être hypocrite, ou imbécile, pour croire que la politique étrangère des États-Unis est dictée par l'amour de la liberté et de la démocratie.
    Enfin, tu pars en mission pour Cuba, tu nous diras si tu y as vu des bidonvilles, comme dans les autres pays d'Amérique latine que tu as visités, tous capitalistes si je ne m'abuse (du moins jusqu'à récemment dans le cas de la Bolivie et du Vénézuela).

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